518 {Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | 76 an" 1 J MB décembre 1793 de mon civisme et de mon amour pour la liberté, au dedans et au dehors. J’ai persécuté Bes ennemis et je leur ai juré une guerre impla¬ cable. l « Salut, union et fraternité. « Le commandant temporaire, ' « Feorenval. » Garnier, représentant du peuple à Alençon, annonce la victoire remportée au Mans sur les rebelles, par les troupes de la République, dans lesquelles s’est trouvée l’armée de Mayence, qui s’est si glorieusement battue dans les plaines de Dol. H annonce également que La Roche-jacquelin et un de ses aides de camp ont été tués par Westermann. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Garnier (2). Garnier de Saintes, représentant du peuple, à la Convention nationale. «•'Alençon, le 24 frimaire, l’an II de la République. « La ville du Mans, citoyens collègues, n’a pas été longtemps au pouvoir des brigands; nos braves républicains, du nombre desquels était l’armée. de. Mayence, qui s’est si glorieuse¬ ment battue dans les plaines de Dol, les ont chassés le 22, après un combat opiniâtre et san¬ glant. • « Leur artillerie leur a été presque toute enlevée, et la terreur poursuit tellement ces dévots sanguinaires, que dans les vingt-quatre heures, ils ont fait une fugue jusqu’à Laval. « Flous avons fait avertir toutes les communes environnantes de courir sur les fuyards, et de tous les côtés elles les arrêtent ou les fusillent; celle .de Confie en a arrêté pour sa part 72, et leur procès ne sera pas long. « Rossignol poursuit ces brigands avec une rapidité qui ne leur laissera l’espoir ni de se rallier ni de se grossir. « Ils conservent encore une sorte d’audace féroce au milieu de leur défaite, mais si on ne •les abandonne plus, et que surtout sans cesse harcelés pour nos troupes, ils ne puissent gagner le temps de sevépandre dans les campagnes et de s’y approvisionner, la famine achèvera de détruire en peu, ce qui aura échappé au fer de nos républicains. « -Salut~ et fraternité. G-arnier ( de Saintes ) . « P. S: Je" reçois dans ce moment une lettre de Beaumont, par laquelle on me marque que La Rochejacquelein et un de ses aides de camp ont été tués par Westermann (3). (1) Procgs-verbaux de la Convenlion, t. 27, p .220. • (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 801. Journal des Débals el des Décrets (frimaire an II, n° 454, p. 358); Journal de la Montagne [n° 34 du 27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 272, col. 1]. (3) Applaudissements, d’après les Annales patrio¬ tiques et littéraires [n° 350 du 27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 1581, col. 1]. Les représentants du peuple à Commune-Affranchie font part à la Convention de leurs pénibles travaux, et de ceux de la Commission révolutionnaire, qui remplit ses devoirs avec une sévérité stoïque et une impartiale rigueur : ils annoncent qu’üs ont découvert le satellite Boumissac de Marseille, conduisant sa femme sur un âne, dans une retraite obscure; et l’ont fait conduire, de suite, dans cette commune, pour qu’ü expie, en présence du peuple, sa féroce oppression. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des représentants du peuple à Commune-Affranchie (2). Les représentants du peuple envoyés dans Com¬ mune-Affranchie pour y assurer le bonheur du peuple avec le triomphe de la République, dans tous les déparlements environnants, et près Varmée des Alpes, à la Convention natio¬ nale. « Citoyens collègues, « Nous sommes arrêtés sans cesse dans la rapidité de notre marche révolutionnaire par de nouveaux obstacles qu’il faut franchir, par des complots toujours renaissants qu’il faut étouf¬ fer; notre pensée, notre existence tout entière sont fixées sur des ruines, sur des tombeaux, où. nous sommes menacés d’être ensevelis nous-mêmes. Et cependant nous éprouvons de secrètes satisfactions, de solides jouissances; la nature reprend ses droits, l’humanité nous semble ven¬ gée, la patrie consolée et la République sauvée, assise sur ses véritables bases : sur les cendres de ces lâches assassins. « Ah ! si une sensibilité aussi mal conçue que dénaturée n’égarait la raison publique, ne trom¬ pait la conscience générale, ne paralysait quel¬ quefois le bras nerveux qui est chargé de lancer la foudre populaire, si la justice éternelle n’était retardée dans son cours terrible par des excep¬ tions qui, pour épargner des larmes à quelques individus, font couler des flots de sang, si une sainte et courageuse proscription contre tous les oppresseurs était prononcée avec la même éner¬ gie dans toute l’étendue de la République, de¬ main Toulon serait évacué et nos infâmes ennemis, dans leur désespoir, tourneraient contre eux-mêmes leurs poisons, leurs poignards, ils s’anéantiraient de leurs propres mains. « Nous devoos donner un témoignage public d’estime aux travaux assidus de la Commission révolutionnaire que nous avons établie. Elle remplit ses devoirs pénibles avec une sévérité stoïque et une impartiale rigueur. C’est en pré¬ sence du peuple, sous les voûtes de la nature, qu’elle rend la justice, comme le ciel la rendrait lui-même. Des applaudissements nombreux et unanimes sanctionnent ses jugements, les con¬ damnés eux-mêmes qui, jusqu’à la lecture de (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 220. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 801. Supplément au Bulletin de la Convention nationale du 7e jour de la 3e décade du 3e mois de l’an II (mardi 17 décembre 1793); Moniteur universel [n° 87 du 27 frimaire an II (mardi 17 décembre 1793), p. 352, col. 2]. Aulard : Recueil des acles el de la correspon¬ dance du comilé de Salul public, t. 9, p. 363. [Convention nationale ] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f EE™!» 519 leur sentence répandaient l’or et l’argent pour acheter un voile de patriotisme qui puisse cou¬ vrir leurs crimes, nous écrivent qu’ils méritent la mort, mais qu’ils demandent grâce pour ceux qui ne furent que leurs complices. u La terreur, la salutaire terreur est vraiment ici à l’ordre du jour, elle comprime tous les efforts des méchants, elle dépouille le crime de ses vêtements et de son or; c’est sous les hail¬ lons honorables de la misère que se cache le riche royaliste, fumant encore du sang des répu¬ blicains; c’est sous la bure que nous avons découvert le satellite Boumissac, conduisant sa femme sur un âne, dans une retraite obscure, où il espérait dérober à la justice les attentats dont il souilla si longtemps la commune de Marseille. Nous le ferons conduire demain dans cette com¬ mune pour qu’il y expie, en présence du peuple, sa férooe oppression. « Commune-Affranchie, le 22 frimaire, l’an II de la République une et indivisible. « Albitte; La Porte; Collot d’Herbois; Fouché. » Il a été fait lecture d’une lettre du conseil du département du Tarn, qui annonce que le ba¬ taillon le Venqeur, qu’il a levé pour venger l’assassinat de Beauvais, marche contre Toulon depuis le 7 frimaire. Un membre a rappelé, en abrégé, les traits de l’énergie révolutionnaire que cette Administra¬ tion et les patriotes du Tarn ont montrée depuis 1789, pour étouffer, dans leur source, tant d’insurrections et de mouvements contre-révo¬ lutionnaires qui se sont manifestés dans ce département : il a demandé qu’il fût décrété que cette Administration et ces patriotes ont bien mérité de la patrie. La Convention nationale décrète la mention honorable et l’insertion au « Bulletin » de la lettre de cette Administration (1). Suit la lettre du conseil du département du Tarn (2). Le conseil du département du Tarn , à la Convention nationale. « Castres, le 9 de frimaire, an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Représentants du peuple, « Le 28 vendémiaire, nous vous avons envoyé copie de notre arrêté concernant la levée d’un bataillon destiné à venger la mort de Beauvais; vous avez vu par l’extrait de notre procès-verbal en date du 25 que les républicains du Tarn avaient juré de venger l’outrage fait à la nation française, non par des paroles, mais par des actions. Nous nous empressons aujourd’hui de vous annoncer les heureux effets de cet élan patriotique. Le succès a répondu à notre attente : Je bataillon le Vengeur est en marche depuis le 7 de ce mois. (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 27, p. 221. (2) Archives nationales, carton C 285, dossier 825. « Si nous sommes parvenus à aplanir ics divers obstacles occasionnés par la levée actuelle des citoyens sujets à la première réquisition et par le dénuement d’armes et d’effets d’habillement, nous en sommes redevables au zèle ardent et au dévouement généreux de nos concitoyens. Ils ont entendu les accents plaintifs de la patrie. A la voix de cette tendre mère, ils ont volé au poste qu’elle leur assignait dans la classe hono¬ rable de ses défenseurs, sans calculer leurs sacri¬ fices ni les dangers qu’ils allaient affronter. Plu¬ sieurs même ont étouffé les cris de la nature, en se rappelant qu’ils étaient citoyens avant d’être pères ou époux... Nous avons vu avec atten¬ drissement des pères de famille abandonner leurs foyers et venir avec les gages précieux de leur amour se ranger sous le drapeau tricolore. Quelques citoyens qui, à cause de leur âge avancé, avaient paru peu propres à soutenir les fatigues de cette glorieuse entreprise, ont ré¬ clamé avec énergie de leur exclusion, et nous nous sommes vus forcés de céder à leurs ins¬ tances. « Le 6, veille du départ, nous avons eu la douce satisfaction de voir ce bataillon sous les armes. Les cris de: Vive la Montagne ! Périssent les tyrans! Vengeance ou la mort! retentissaient dans tous les rangs, et c’est au milieu des accla¬ mations d’une foule immense de citoyens qu’ils ont prêté entre nos mains le serment solennel de ne poser les armes qu’après la destruction de Toulon et de tous les ennemis de la Répu¬ blique. « Toulon, nous ont-ils dit, expiera ses « forfaits, la mort de Beauvais sera vengée, ses « infâmes assassins seront terrassés, ou la terre « s’abreuvera du sang des républicains du Tarn. » « Représentants du peuple, tels sont les senti¬ ments énergiques qui animent nos frères, ils les déploieront dans les combats, et prouveront aux satellites des despotes que les hommes libres ne jurent jamais en vain. » (Suivent les signatures.) Compte rendu du Bulletin de la Convention (1). On a fait lecture d’une lettre du département du Tarn, qui annonce que le bataillon le Vengeur, qu’il a levé pour venger l’assassinat de Beau¬ vais, est parti le 7 frimaire pour marcher contre Toulon. Un membre a rappelé les traits d’énergie révo¬ lutionnaire que cette administration et les pa¬ triotes du Tarn ont montré depuis 1789, pour étouffer dans leur source tant d’insurrections et de mouvements contre-révolutionnaires qui se sont manifestés dans ce département, et dont il avait déjà donné un détail plus ét ndu à l’As¬ semblée. Il a rappelé l’arrêté pris par cette admi¬ nistration pour cette levée qui fut approuvée par les représentants du peuple Gaston, Fabre, Taillefer et par la Convention qui a déjà décrété plusieurs fois la mention honorable en faveur de cette administration et de ses patriotes, à raison de leur dévouement à la Révolution. Mention honorable. (1) Supplément au Bulletin de la Convenlion natio¬ nale du 7e jour de la 3e décade du 3e mois de l’an II (mardi 17 décembre 1793).