564 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 1 *!r !'rimai,re “ # ■ (21 novembre 1/93 l’égalité. Depuis l’heureuse révolution qui régé¬ nère le peuple français, elle a sans-cesse prouvé l’étendue de son patriotisme par les effets les plus réels; elle vient d’en donner une nouvelle preuve. Le département lui annonça samedi au soir que l’armée de l’Ouest, après avoir éprouvé un échec à Laval, s’était retirée à Angers dans le plus grand dénuement d’habille¬ ment et d’équipement. Au même instant les membres de la Société se réunissent; 93 paires de souliers, 88 chemises, 9 habits, 5 vestes, 13 cu¬ lottes, 35 paires de bas, 5 paires de guêtres, 3 pan¬ talons, une paire de bottes et une paire de bro¬ dequins sont déposés sur l’autel de la patrie, et portés à Angers pendant la nuit. « Elle saisit cette circonstance pour adresser à la Convention l’adresse ci-jointe (1), elle vous prie de la mettre sous ses yeux et de l’assurer que son dévouement pour la patrie est à toute épreuve : liberté, égalité ou la mort est sa devise. « Le Baugé * 'président de la Société républicaine de « Derrière. » Le district de Pontrieux écrit que huit jours après avoir fourni leur contingent dans un ba¬ taillon destiné à s’opposer aux rebelles de la Ven¬ dée, les citoyens de ce district ont, en 24 heures, levé et fait rendre à Saint-Brieuc 900 hommes, sur l’avis que le département leur donna que Laval était au pouvoir des ennemis et que le dan¬ ger augmentait; ceux qui n’avaient que des fusils de chasse marchaient comme les autres avec le plus grand courage, et précédés de vivres. Le 18 brumaire, le département écrivit que les rebelles menaçaient Dinan; aussitôt tout le monde s’est levé en masse, et il est parti plus de 4,000 hommes approvisionnés pour quinze jours. Ce district a fourni à peu près 8,000 hom¬ mes pour la défense de la République, tant sur terre que sur mer; aussi n’y reste-t-il plus que des vieillards et des enfants. Les femmes s’offrent pour monter la garde. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des administrateurs et procureur syndic du district de Pontrieux (2). La Société populaire séant au Puy témoigne sa reconnaissance à la Convention de la fermeté qu’elle a montrée en livrant au glaive vengeur les représentants infidèles qui conspiraient la ruine du gouvernement populaire (2). Suit la lettre de la Société populaire d'n Puy (3). La Société populaire des Amis de la liberté et de V égalité séante au Puy, au Président de , la Convention nationale. « Le Puy, ce 16e jour du 2e mois de l’an II de la République une et indivisible. « Citoyen Président, « L’inflexible Romain immola ses enfants au salut de la République. « La Convention, aussi ferme que lui, livre au glaive vengeur des lois ces représentants infi¬ dèles qui ont eu l’audace de conspirer la ruine du gouvernement populaire : les Brissot, les Ver - gniaud, les Carra et complices ont déjà subi la peine due à leurs forfaits; l’exemple d’une aussi prompte justice a excité notre admiration et fait éclater notre joie. Nous nous empressons de vous transmettre notre tribut de reconnais¬ sance. Puisse cet exemple frappant faire rentrer dans le néant tous les conspirateurs; puisse le reste impur du marais, demeuré captif sous les rochers de la Montagne, être bientôt terrassé par elle. « Tels sont nos vœux, ils sont ceux de francs sans-culottes; que les annales de la Révolution conservent à jamais la mémoire de ce jour glo¬ rieux où la représentation nationale a, par sa fermeté, sauvé le vaisseau de la République. « Le Vahier, président; Bresson, secrétaire; Richour; Pihic, secrétaire. » (1) Cette pièce n’était pas jointe à la lettre. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 4. [_ (3) Archives nationales, carton C 285., dossier 827. Les administrateurs et procureur syndic du dis¬ trict de Pontrieux, à la Convention natio¬ nale. « Pontrieux, département des Côtes-du-Nord, le 16e jour du 2e mois de l’an II de la République, une et indivisible. « Citoyens représentants, - « Le district de Pontrieux a toujours été un des premiers à fournir son contingent dans les différentes forces parties pour aller, tant aux frontières qu’à la Vendée, combattre les ennemis de notre liberté. Nous devons à nos concitoyens de vous instruire que huit jours après avoir fourni notre contingent dans un bataillon des¬ tiné à s’opposer à l’entrée des rebelles de la Vendée sur notre territoire, nous avons, en 24 heures, levé et fait rendre à Saint-Brieuc, neuf cents hommes, sur l’avis que le départe¬ ment nous donna, il y a huit jours, que Laval était au pouvoir des ennemis, et que le danger augmentait. Nous n’avons pu armer tous ces hommes de fusils de calibre, parce que nous n’en avons que peu, mais ceux qui n’avaient que des fusils de chasse, comme les autres, marchaient animés du plus grand désir de mesurer leurs forces avec celles de nos ennemis. « Craignant la disette de vivres, nous fîmes partir en avant 250 quintaux tant blé que fa¬ rine de froment, et, comme en cet endroit de 1,300 âmes nous n’avions point de farines à notre disposition, l’habitant s’empressa d’en fournir, et le pauvre qui n’avait qu’un demi-boisseau venait l’offrir pour la nourriture de ceux qui partaient. « En un mot, citoyens représentants, nous devons à nos concitoyens de vous assurer qu’il n’est point de district plus disposé à faire des sacrifices et à verser son sang pour le main¬ tien de la République, une et indivisible. « Poussez à bout votre sublime ouvrage, (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 4. (2) Archives nationales, carton G 284, dossier 819,