[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, f ÿ Sé£SreÎTO3 temple lui fût eonsaeré à l’ avenir et qu’il fût nommé des commissaires pour faire tous les arrangements convenables à cet effet. L’assemblée a applaudi à tous les développe¬ ments donnés par ce membre sur cet objet, et a unanimement délibéré que la principale église de cette ville serait à l’avenir le temple de la raison et qu’il y serait célébré, décadi prochain, une fête civique à laquelle les commissaires municipaux, les juges de paix, les assesseurs seraient invités d’assister, ainsi que toutes les sociétés voisines auxquelles la nôtre est affi¬ liée. • Un membre a demandé que les prêtres de cette commune, salariés par la nation, ne le fûssent plus à l’avenir, et que la Convention nationale fût instamment priée d’en ordonner la suppres¬ sion. La motion, appuyée de toutes parts, mise aux voix, a été unanimement adoptée, et l’assemblée a délibéré que dans l’adresse à la Convention nationale, adoptée au commence¬ ment de cette séance, il serait inséré le vœu bien prononcé de la société pour la suppression de ce traitement national, dans notre commune, comme conforme aux principes de la liberté et de l’égalité des cultes. Un membre a exposé avec énergie les senti¬ ments qui devaient animer les citoyens aux approches de la fête de la raison; il a demandé que pour étouffer jusqu’aux moindres traces du fanatisme, qui aurait si longtemps divisé les catholiques et les protestants, tous les membres et citoyens présents fussent invités à noyer dans des embrassements fraternels, des souvenirs amers pour des cœurs républicains, et qu’on ne prononçât plus ces noms à l’avenir, tout devant se confondre dans le temple de la raison pour en cultiver les principes. Les applaudissements généraux qu’a obtenus cette motion, ont été la preuve de la sensation profonde qu’elle a causée; mise aux voix, elle a été unanimement adoptée, et les embrasse¬ ments les plus affectueux ont suivi cette déter¬ mination. Cette scène intéressante a fait couler les larmes de la sensibilité. Les oitoyennes présentes à la séance, participant à la joie générale, se sont donné entre elles les mêmes marques de frater¬ nité, et ont recueilli les vifs applaudissements de l’assemblée. Sur la motion d’un membre, il a été unani¬ mement délibéré que tous les bancs et chaises des différentes églises ou temples seraient trans¬ portés au temple de la raison, comme un signe de réunion générale. Collationné par nous, président et secrétaires : Lacoste Mon laits ur, président ; Souliagou cadet, secrétaire; Cayla, secrétaire . Les jeunes Montagnards de 18 à 25 ans, du district de Nantua, département de l’Ain, expo¬ sent qu’ils forment un bataillon composé de 1150 hommes, et demandent à être exceptés de la loi qui ordonne l’incorporation. Renvoyé au comité de la guerre (1). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p, 177 435 Suit un extrait de leur adresse, d'après le Bulletin de là Convention (I). Les Montagnards du bataillon du district de Nantua, département de l’Ain, observent 4 1 a Convention que le cri de la patrie en danger a été entendu par tous les patriotes de ce dis¬ trict. A la vue du décret du 23 août dernier, tous les citoyens de l’âge de 18 à 25 ans se sont levés et, dans trois jours 1 150 républicains ont été organisés et formés en bataillon. • Des citoyens de la Flèche apportent l’or et l’ar¬ genterie de leurs églises : « Les rebelles de la Vendée dévastent en ce moment notre malheu¬ reux pays, disent-ils, mais ils font d’inutiles ef¬ forts pour faire partager leurs sentiments parri¬ cides à nos concitoyens. Ils ont juré la liberté ou la mort; ils tiendront leurs serments. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit V adresse des citoyens de La Flèche (3) A la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Nous sommes chargés par les citoyens jde La Flèche, de vous présenter les effets d’or” et d’argent qui servaient précédemment au Culte catholique; il était juste d’employer au service de la patrie des richesses enlevées à nos pères par la superstition et l’hypocrisie. Nous venons de déposer à l’administration des Domaine» nationaux 300 marcs d’argenterie et un grand nombre d’ornements d’église. « Citoyens représentants, les rebelles de la Vendée dévastent en ce moment notre malheu¬ reux pays, mais ils font d’inutiles tentatives pour faire partager leurs sentiments parricides à nos concitoyens; ils ont juré la liberté ou la mort, ils tiendront leurs serments. « Citoyens représentants, la famine va suivre le passage de cette horde barbare. Déjà nous étions réduits à la plus grande détresse avant tant de ravages : quelle sera maintenant notre situation? Pères du peuple, nous vous en con¬ jurons, jetez sur nous un regard bienveillant et ne souffrez pas que ceux d’entre nous qui ont échappé au fer des rebelles périssent ensuite faute de subsistances. « Au surplus quel que soit le sort qui nous attend, nous ne cesserons jamais de chérir la liberté et l’égalité. « Paris, 24 frimaire, 2e de la République. Tostée, commissaire ; Panneau, commissaire * Le citoyen Aimé Goupilleau, représentant du peuple dans la 9e division, écrit qu’il a levé 1100 chevaux vigoureux dans ce pays qui n’est (1) Premier supplément au Bulletin de la Conven¬ tion du 4e jour de la 3e décade du 3e mois (samedi 14 décembre 1793). (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 178, (3) Archives nationales, carton C 284, dossier 815.