14 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE et l’humanité, d’avoir renversé un système de férocité, avilissant pour la nation, destructif de la liberté ; ils les invitent à continuer de frapper la horde impure des sanguinaires partisans de cet affreux système, à maintenir le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix, à anéantir toute faction qui voudroit établir une autorité rivale de celle que le peuple leur a confiée et enfin à rester à leur poste jusqu’à ce qu’ils aient consolidé le gouvernement républicain et fondé sur des bases inébranlables le bonheur de la nation. La Convention nationale décrète la mention honorable de ces diverses adresses et leur insertion au bulletin (15). a [Les administrateurs du département des Deux-Sèvres à la Convention nationale, Niort, le 1er brumaire an HT] (16) Représentons Qu’elles sont consolantes les vérités morales et politiques qui étincellent dans l’adresse que vous avez présentée au peuple français ! et qu’ils savent rassurer l’homme de bien, les principes philantropiques qu’y déployent votre sagesse et votre justice ! des individus, masqués de saint nom de patriotes, n’ont pas frémi en avançant que l’humanité était incompatible avec le patriotisme!... O vous, qui aimez le peuple, vous dont les travaux continuels n’ont pour but que l’intérêt du peuple, vous enfin qui, en chérissant la patrie vous déterminez à faire jouer tous les ressors de la justice pour la consommation du grand oeuvre révolutionnaire, vous avez senti, en l’entendant proférer dans votre sein, toute l’horreur de ce blasphème nationicide, le républicanisme n’est que le règne et la pratique des vertus ; pourquoi faut-il donc que des scélérats tentent d’étouffer dans le coeur des hommes ce sentiment délicieux qu’y entretient la nature, qui est lui-même la pré-mière vertu, et qui peut être regardé comme la source féconde des actions les plus admirables de leur vie? Ils doivent peu compter sur l’effet de leurs maximes atroces, tous ces monstres énivrés de sang. Représentans, vous les connaissez, ils ne sont pas éloignés de vous; vous savez que le crime ne s’agite maintenant avec violence que pour se soustraire à l’impunité ; mais quelques soient ses efforts, quelques ayent étés ses mouvemens pour vous donner le change sur l’opinion du peuple, en mandiant et colportant des adresses mensongères, il n’échappera pas à votre sollicitude paternelle. Votre décret sur les sociétés populaires est le coup de vent favorable qui assure au vaisseau de la République un port heureux et tranquile. Entendez les habitans des Deux-Sêvres, entends) P.-V., XLIX, 73-74. (16) C 324, pl. 1395, p. 17. dez ceux de la France entière, porter jusque dans votre sanctuaire auguste les accens de la reconnoissance et de la joie que sait inspirer la fierté de votre attitude, le peuple français pourrait il n’être pas satisfait lorsqu’il voit enfin ceux à qui il en a confié la puissance légitime, seuls distributeurs de la justice nationale, prêts à foudroyer la horde des cannibales et des dominateurs, et à tendre une main secourable à l’honnête homme persécuté!... oui, Représentans, nous ne doutons plus de notre bonheur; les français sont prononcés, votre adresse est pour eux un point de ralliement général, et si les tartufes qui feignent maintenant de s’attacher aux principes qu’elle contient, tentent jamais de les dénaturer, pour ramener le sis-tème qu’ils chérissent; qu’ils tremblent!... dès cet instant le peuple irrité ne temporise plus avec eux, et d’un coup de sa massue terrible, on le verra venger enfin les flots de sang humain dont leur férocité s’est abreuvée. Tribault, président, Morand, secrétaire greffier et 4 autres signatures. b [Les administrateurs du département du Bec-d’Ambès à la Convention nationale, s. d.] (17) Liberté, Égalité. Représentans du Peuple Français Le tiran était abbattu, mais la tirannie alloit renaître de ses cendres, des hommes vociféraient pour la liberté et ils voulaient l’anarchie qui conduit au despotisme, la france n’avait qu’un moyen de leur résister : la Convention et l’union du peuple avec elle, ils voulaient aussi vous calomnier pour nous laisser flotter sans boussolle et s’emparer du gouvernail. Vous vous êtes moins occupé de votre danger que celui du peuple, votre adresse est venue confirmer l’espoir qu’avoient fait naître vos comités réunis. Les principes sont rétablis, malheur à celui qui voudra les violer, la vertu longtems méconnue, se présente enfin à une grande nation qui la chérit; elle ne sera pas comme l’avoit imaginé l’intrigue, un vain mot à la mode introduit dans la langue du peuple pour l’amuser et le distraire jusqu’à ce qu’une nouvelle conjuration fut ourdie. Vous nous rapellés l’exemple de nos enfans combattant pour la liberté, doivent-ils présumer que l’oppréssion de leur famille soit la récompense que les intriguans veulent mettre à leurs sacrifices. Ils ont voulu nous diviser pour nous perdre, mais nous nous aimons, nous sommes unis pour les accabler; l’horreur de l’ordre les fera fuir, frappés d’épouvante et nous devrons à vos sages conseils ce triomphe nouveau. (17) C 324, pl. 1395, p. 6. SÉANCE DU 19 BRUMAIRE AN III (9 NOVEMBRE 1794) - N» 7 15 Amitié, fraternité, unité, indivisibilité de la République. La Convention seule, voila nos sen-timens et nos voeux. D. Vevod, président, Lafargue, Monville, Mignot, Gajebrune, adjoints, Fellixe, vice-greffier. c [Le conseil général du district de Port-Brieuc à la Convention nationale, le 1er brumaire an III] (18) Égalité, Liberté, Fraternité. Citoyens Représentans, Après avoir abattu les tyrans et la tyrannie ; après avoir frappé de la massue nationale la horde impure des brigands, des scélérats, des hommes féroces dont la suprême jouissance consistait à s’abreuver de sang humain, il vous restait à montrer au peuple les destinées que vous lui préparez et à fixer l’opinion publique que le système affreux des coupe-têtes et des noyeurs tenait dans une incertitude déchirante. C’est ce que vous avez fait par votre adresse du 18 vendémiaire dont les principes resteront a jamais gravés dans tous les coeurs républicains. Grâces immortelles vous soient rendues, vertueux représentans. Le jour du bonheur luit pour le français ; il va oublier tous ses maux ou s’il s’en ressouvient encore ce ne sera que pour bénir la main qui les aura guéris. Ce peuple sensible, généreux, humain, applaudit à votre mâle energie, qui l’a délivré du plus avilissant et du plus horrible despotisme, il compte sur la promesse que vous venez de lui faire de rester à votre poste jusqu’à ce que vous n’ayiez consolidé son bonheur sur les bases impérissables de la liberté, de l’égalité, de la justice et de la vertu. Achevez votre tâche, braves représentans! Le peuple français a remis sa foudre dans vos mains. Lancez-la sur ces êtres indignes du nom d’hommes qui voudraient encore déchirer la patrie et ressusciter, avec le terrorisme sanguinaire le régné des fripons et des brigands!!! Purgez enfin une bonne fois le sol de la liberté de ces anthropophages qui, pour dominer plus à leur aise, voulaient faire de la France un vaste cimetière, sans doute parce qu’ils connaissent cette maxime remarquable d’un philosophe célèbre à qui vous venez au nom d’une nation que vous êtes si dignes de représenter, de rendre le plus bel hommage : « Les pays les moins peuplés sont les plus propres à la tyrannie. Les bêtes féroces ne régnent que dans les déserts. » Pour nous, citoyens Représentans, toujours dévoués à la cause sacrée du peuple, nous jurons de verser, s’il le faut jusqu’à la dernière (18) C 324, pl. 1395, p. 9. goûte de notre sang pour la défense des vérités éternelles et des principes consolateurs développés dans votre adresse aux Français. Vive à jamais la République ! vive la Convention nationale et nos braves armées. Henry, vice-président, Barbédienne, agent national et 6 autres signatures. d [Les membres du tribunal de district de La Ferté-Bernard à la Convention nationale, le 1er brumaire an III] (19) Égalité, Liberté. Pour obtenir l’amour le secret est d’aimer. Citoyens représentants La lecture de votre adresse au peuple fran-cois du 18 vendémiaire a été faitte publiquement dans notre séance du 29. Les principes purs que vous y proclamés ger-moient depuis longtemps dans nos coeurs, ils en ont reçû plus facilement les salutaires impressions; tout jusqu’au stile y respire la justice, la douceur, la bienfaisance, l’humanité, vertus sans lesquelles nous ne croyons pas qu’il puisse exister de véritable patriotisme; car le patriotisme aime l’humanité et ne la détruit pas ; cette epoque a jamais mémorable pour les francois va devenir pour eux l’aurore d’un beau jour. Puisse le soleil de la justice qu’elle nous anonce, dissiper tous ces nuages orageux ou se formoient les foudres destructeurs qui en tombant ecrasoient indistinctement l’innocent comme le coupable. Loin de nous ces hommes tigres qui ne vou-droient voir voguer le vaisseau de la Révolution qu’au milieu d’une mer de sang; qui ne voudroient employer que la terreur qui fut toujours l’arme du despotisme et de la tyrannie, non pour nous conduire mais pour nous asservir; loin de nous cette maxime barbare d’un monstre couronné oderint me dum metuant ; votre proclamation qui prononce anatheme contre ces êtres féroces et votre conduitte sage et ferme depuis les événements des 9 et 10 thermidor ont déchiré la robe sanglante dont ces monstres avoient osé couvrir la statue de la liberté sans doute a dessein de la faire abhorer du peuple francois et de tout l’univers. Votre adresse enfin va fixer l’opinion publique, elle va devenir le régulateur des vrais patriotes, des citoyens sages et vertueux, des francs et sincères républicains et rallier à nos drapeaux une foule de freres et d’amis que le terrorisme aurait pû en ecarter. Alors et c’est alors que l’édifice majestueux de la République francoise que vous avés bâti (19) C 324, pl. 1395, p. 8.