200 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE h [Les officiers municipaux de la commune de Cas-seneuil à la Convention nationale, Casseneuil, le 25 vendémiaire an III] (52) Législateurs, Quelle époque plus glorieuse que les journées des 9 et 10 thermidor fut plus digne d’être gravée au Panthéon de notre histoire. Fut-il pendant le cours de la révolution, des événements qui ayent porté chez les amis de l’humanité et de la liberté le sentiment d’une allégresse plus pire et plus satisfaisante... elle est donc détruite cette tyrannie antropophâge dont les fastes des tems les plus reculés n’ont pas pu retrasser l’exemple... Ce sceptre de fer qui frappoit de deuil et de désolation la malheureuse France est donc brisé ? Cet échaffaudage du crime ruisselant du sang de l’innocence et du patriotisme est donc anéanti ? Le glaive étincelant de la raison, de l’humanité outragée a enfin ramené l’auguste empire de la justice... grâces vous soient rendues, législateurs, vous qui tant de fois avés sauvé la Patrie, et qui dans cette dernière crise l’avés préservée d’une ruine totale! Ah, c’en est donc fait de la triste liberté devenue la proye de l’immoralité la plus désastreuse et de la sceleratesse la plus profonde, comprimée par la terreur, elle vous ont été arrachée à jamais... mais l’amour sacré des principes vous embrâsant de ce courage exterminateur qui compte pour rien les plus grands dangers la bientôt replacée sur son pied-destal, tandis que le moderne Néron et ses complices sanguinaires ont exhalé sur l’échafaud leur odieuse vie. Oui magnanimes législateurs, c’est pour votre énergie et l’humanité de vos suffrages dans cette lutte audacieuse du crime contre la vertu, que la patrie goûte de jour en jour, qu’elle jouit du bonheur social. Qu’il étoit affreux le système du triumvirat, alors l’exercice des vertus civiques étoit un délit patricide, mais en le pulvérisant vous avés détendu le ressort magique, et désormais le citoyen s’abandonnera aux mouvements qu’inspire l’amour de la liberté et de l’égalité. Gloire à jamais vous soit rendue. Quoi!... tandis que de tous les points de la République, les transports de joye annoncent la reconnoissance des peuples, tandis que les voûtes du prytanée national retentissent des hommages et des félicitations rendues à vos immortels travaux, se pourroit-il que la faction liberticide abbatue par vous relevât une tête hideuse?... des intrigants, de vils partisans du terrorisme se débattoient-ils pour faire rétrograder l’opinion universelle ?... Législateurs, vous avés en main la massue d’Hercule... frappés... écrasés les cent têtes de l’hydre. Pour nous qui n’avons dévié des bases fondamentales sur lesquelles repose la Constitution républicaine, nous n’aurons jamais d’autre point de ralliement, d’autre phônal [sic] que la Convention nationale ; et si entraînés, moins par la perversité de nos cœurs que par une erreur (52) C 328 (1), pl. 1447, p. 8. passagère, nous pouvions nous écarter un instant de cette impartialité qui doit caractériser des fonctionnaires publics, votre adresse au Peuple français, sublime leçon des principes du gouvernement démocratique, nous rappeleroit à la règle sacrée des devoirs qui seuls peuvent consolider le triomphe de la liberté, mère de toutes les vertus. Salut et fraternité. Colonge, maire, Claverie, Dupérié, Vidal, LABORIE, officiers municipaux, FABRE aîné, secrétaire greffier et 1 autre signature. i [Adresse de la société populaire de Cyprien-sur-Dordogne à la Convention nationale, s.l.n.d] (53) Citoyens représentans, Grâces immortelles vous soient rendües ! Nos âmes trop longtemps comprimées par la terreur, vont enfin reprendre leur énergie. Le féroce Robespierre n’est plus, mais son ombre cruelle s’agitoit encore, et animoit de ses fureurs, de vils intrigans, aussi scélérats que lui. Votre adresse sublime au peuple français que nous avons écoutée plusieurs fois avec enthousiasme, va commencer leur supplice ; ils ne sont pas faits pour connoitre la vertu, la justice. Si la patrie est agitée, a qui faut-il s’en prendre ? N’est-ce-pas à ces monstres qui usent de tous les crimes pour s’en assurer l’impunité ? Législateurs, vous êtes véritablement les pères de la patrie, les principes que vous venés de consacrer, vous assurent, avec notre amour, une gloire immortelle. Ces principes ont toujours été ceux de la société populaire de Cyprien, la Convention a toujours été son seul point de ralliement. Dignes représentans d’un peuple libre, continuez vos glorieux travaux, soyez toujours l’effroi des méchans, qu’ils ne puissent plus lever une tête audacieuse. Protégés l’innocent, l’agriculteur, l’homme utile. Loin de nous ces hommes qui ne respirent que par le crime et le sang, ils n’ont jamais eu qu’un patriotisme usurpé, vos loix vont en purger les sociétés. Nous avions trois ou quatre des ces êtres immoraux qui jettoient le trouble et la division parmi nous, ils faisoient les robespierres, ils persécu-toient les patriotes, nous les avons expulsés, plains de rage et de fiireur de se voir démasqués, ils ont juré de se venger, ils promènent un [illisible] contre quelques uns de nos magistrats, qui ont le plus mérité de la patrie, et qui ont toute la confience du peuple. Ils ne réussiront pas, le règne du crime est passé. Législateurs, restés à votre poste et foudroyés tous ceux qui voudraient une autorité rivale à la votre. Un attachement inviolable à vos principes, une soumission entière à vos sages décrets, un amour sincère pour la liberté et l’égalité, voila représentans, les sentimens qui animeront tou-(53) C 328 (2), pl. 1456, p. 10. SÉANCE DU 6 FRIMAIRE AN III (26 NOVEMBRE 1794) - N° 6 201 jours les membres de la société populaire de Cyprien sur Dordogne. Suivent 85 signatures. j [Les républicains membres de la société populaire de Dinan à la Convention nationale, s.l.n.d .] (54) Représentans, A vous seuls appartenoit le droit de diriger l’opinion publique, et vous l’avez fixé d’une manière digne de vous par votre adresse au peuple français. Les principes d’une étemelle vérité que vous y avez consacrée étoient gravés dans nos cœurs et nous les avions hautement proclamés, sous la hache même du terrorisme. Nous avons applaudi avec la France entière à votre énergie, et nous venons aujourd’hui vous féliciter de nouveau sur la sagesse de votre décret du 25 vendémiaire relatif aux sociétés, par lequel, en supprimant les abus qui s’y étoient introduits, vous les rappeliez à leur institution primitive, toujours soumis aux loix émanées de la Convention, unique dépositaire de l’autorité souveraine. Nous jurons d’y demeurer constamment attachés et de ne nous en jamais séparer. Vie la république. Vive la Convention nationale. Suivent 116 signatures. I [La société populaire de Mont-Hippolyte à la Convention nationale, s.l.n.d .] (55) Citoyens représentants, Tous nos cœurs ont tressailly à la lecture de votre adresse au peuple français, et nous melons avec joie les élans de notre reconnoissance à ceux de toute la France. Après le neuf thermidor, après la chûte des tyrans et des traitres, il man-quoit encore quelque chose à votre gloire, vos vœux sont remplis, vous nous avés donné cette adresse où l’exposé majestueux de vos principes et en assurant notre bonheur, va nous acquérir sur les cœurs des peuples un nouveau triomphe aussi sublime que celui que notre courage et l’effort de nos armes nous ont acquis sur les tyrans et leurs satellites. Cet écrit, ce triomphe de la vertu, va retentir dans tout l’univers comme le bruit de nos succès et de nos victoires, et toutes les nations vont apprendre que le peuple français, courageux et invincible, vertueux et juste, ennemi de la tyrannie, consacre à jamais les principes purs de l’humanité et de la justice. Nous en pressentions l’influence heureuse; l’intrigue se cache, le crime pâlit, la calomnie (54) C 328 (2), pl. 1456, p. 11. (55) C 328 (2), pl. 1456, p. 12. n’aiguise plus ses armes sanglantes, le patriote oprimé voit ces mêmes cachots où gémissoient la vertu, receler ces hommes de sang qui la persécutèrent de toutes parts. Qu’il est déchirant le tableau des malheurs dont le département du Gard a été le théâtre ! Nos soupirs y étoient des crimes, nos gémissements des forfaits, nos plaintes étoient étouffées par l’oppression: les prisons regorgoient de citoyens vertueux qu’on y avoit entassés. Un tribunal respirant et le carnage et le meurtre rou-gissoit les places publiques d’un sang innocent. Chaque jour présentoit des victimes nouvelles et chaque jour offrait aux citoyens gémissants, ou des veuves éplorées, ou des orphelins malheureux plongés dans la désolation ou dans les larmes. Nous attendions avec constance un terme à nos maux; les regards fixés sur la Convention nationale, tout notre espoir étoit en elle; cet espoir ne fut pas trompé. De votre sein, nous vîmes sortir la foudre qui écrasa les Coûtons [sic] et les Robespierre, qu’ils tremblent leurs imitateurs, leurs agents et leurs complices, qu’ils voyent, étincelant dans vos mains et suspendu sur leurs têtes, le glaive qui puni les tirans. Sans doute il existe encore des hommes de sang qui désireroient l’anarchie et le meurtre ; sans doute il en existe encore de ces hommes pervers pour qui le trouble est un besoin. Oui, oui, il en existe de ces agitateurs sanguinaires pour qui le désordre est la richesse et la ressource; mais qu’ils sachent ces hommes de sang qu’il n’est plus de grâce pour eux, que le crime ne compose jamais avec la vertu, que l’infamie, la honte et la mort seront bientôt leur partage ; qu’ils sachent enfin, que les clameurs de quelques furieux n’expriment pas le vœu d’un grand peuple. Ce peuple est debout et vous crie qu’il veut être libre, entendés sa voix ; tandis que ses cohortes républicaines terrassent les ennemis du dehors, il veut à son tour anéantir avec vous tous les ennemis du dedans, tous les factieux qui l’agitent, tous les intrigants qui le trompent, tous ces hommes qui troubleroient ou retarde-roient, dans la carrière de la vertu, la marche imposante de la représentation nationale. Ce peuple est uni, ce peuple veille sur elle pour venir au premier signal l’entourer et la défendre. Ce peuple ne voit que vous et la liberté, pour elle et pour vous, il est prêt à donner ses biens, il est prêt à verser son sang. Avec vous nous voulons la République, avec vous nous voulons l’exécution des loix, avec vous, nous voulons anéantir les factieux, les tirans et la tirannie. Comme vous, nous ne voulons plus que quelques fripons en imposent à la masse immense d’une nation vertueuse et libre. Vous commençâtes, achevés votre ouvrage, déchirés d’une main le masque qui cache ces hommes perfides, qui empruntent des mots sacrés pour cacher des projets coupables. Avec l’autre, sortés le glaive étincelant que vous confia un grand peuple, qu’il frape, et qu’il ne reste, des ces hommes pervers, pour leçon et pour exemple aux scélérats que le souvenir de leur honte et de leur infamie. Vous voulez le bonheur du peuple, vos décrets que dictent l’amour de la justice et des hommes,