380 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens représentants, Encore une époque mémorable de notre révolution dans les fastes de notre histoire. Ce n’étoit pas assés que nos troupes républicaines triomphassent partout; à la victoire seule que vous venez de remporter étoit attaché le salut de la République. Il s’est bien trompé le scélérat Couthon, vil suppôt du monstre Robespierre, lorsqu’il a osé vous dire : « Nous sçauons que le jour où la Convention seroit attaquée, seroit celui où la contre-révolution s’opéreroit ». La Convention a été attaquée, et la liberté a été sauvée. Comme Catilina dans le sénat de Rome, Robespierre a osé insulter, menaçer la Convention au sein de la Convention. Vous avez eu, touts, la fermeté de Caton, et plusieurs d’entre vous, l’éloquence et la prévoyance de Cicéron. Nous vous devons encore une foix le salut de la République. Qu’ils tremblent actuellement les tyrans coalisés ! Qu’ils tremblent, ces factieux, agitateurs, meneurs et dominateurs du dedans ! Un peu plus tôt, un peu plus tard la République les exterminera. Touts les républicains sont solidaires d’honneur et de dangers; nous avons touts frémi, ainsi que les tribunes, au récit de celui que vous avez couru : la représentation nationale égorgée, les patriotes sacrifiés, et tout ce qui n’auroit pas été digne de la colère du féroce et sanguinaire tyran, asservi sous un joug de fer ! France, voilà quel étoit ton sort sans la clairvoyance, la sagesse, la force et l’énergie de tes représentants ! Plus près de vous que nous, les sections de Paris ont volé à votre secours; quel beau moment pour elles que celui où, s’il l’eût fallu, elles vous eussent fait un rempart de leurs corps; l’histoire parlera d’elles en parlant de la fameuse nuit du 9 au 10 thermidor, voilà leur récompense. Et vous aussi, jeunes guerriers, élèves de l’école de Mars, vous avez voulu sauver les pères de la patrie; Continuez à bien mériter d’elle; votre jeunesse bouillante, votre ardeur guerrière ne vous permettront jamais de calculer les dangers, mais souvenez-vous toujours de cette vérité éternelle : sans moralité point de vertu, sans vertu point de République ! Vive la Convention, vive la République une, indivisible et impérissable ! (1). [Applaudissements] . z' [Les off. mun. et membres du conseil tf1 de la comm. de Saint-Flour, à la Conv.; s.d.] (2) Citoyens représentans, La lutte scandaleuse du vice contre la vertu est donc terminée. Vous avez anéanti, dans la mémorable nuit du 9 au 10 thermidor, avec un (1) Collationné VAISSIÈRE (secrét.), BORY fils (présid.), ÜAUDÉ (secret.), R. PACHINET (secrét.). (2) C 313, pl. 1 246, p. 2. Mention dans B‘n, 29 therm. (2e suppf); Ann. R. F., n° 251. courage et une énergie dignes des plus beaux jours de Rome, cette coalition effrayante d’hommes ambitieux et immoraux, dont les longs crimes avoient répandu la consternation dans l’âme des républicains. Grâces immortelles vous soient rendues ! Que n’avés-vous pu être témoins des embrassements et des félicitations réciproques des habitants de cette commune, comme à la suite des plus grands dangers surmontés ! Achevez, généreux représentans, d’affermir la liberté ! Vous avez encore à faire rentrer dans le néant, pour lequel ils sont fait, les audacieux suppôts de la conjuration, soudoyés à Paris et dans les départements pour étouffer la vérité, perve[r]tir la morale, rompre le lien social, et établir la plus horrible tyrannie sur le massacre des fondateurs de la liberté. Un sistème infernal a force d’effrayer et de tourmanter l’opinion publique, en seroit venu jusques à la faire délirer; et, dans beaucoup d’endroits, le peuple se demandoit si les mesures révolutionnaires étoient établies contre les patriotes ou contre les aristocrates. Représentans, point de pardon aux conspirateurs contre la liberté ! De quel masque qu’ils se couvrent, les mesures révolutionnaires doivent les ateindre tous. Point de relâche surtout ! Le crime veille toujours et ne pardonne jamais. Disposez de nos bras et de nos vies. Vous nous avez appris à les sacrifier. Les habitants de Saint-Flour, toujours étrangers aux factions et aux individus, invariablement attachés aux principes et à la Convention, sont décidés, comme leurs braves frères de Paris, à triompher avec elle, ou à périr pour la deffendre, s’il le falloit. Au moment du départ du courrier, nous apprenons que, dans le partage que les conjurés s’étoient fait de la République, Couthon devoit exercer la tyrannie dans les Pirennées et les montagnes d’Auvergne. S’il fût venu à Saint-Flour, il y auroit trouvé la mort ! P. Beaufils (off. mun.), Coster (off. mun.), Basset, Vidal, Béraud (off. mun.), Esbrard, Desfauret (off. mun.), Amoyat, Bourcret (off. mun.) [et 2 signatures illisibles (dont celle du maire)]. a" [Les administrateurs du distr. de Saint-Flour, à la Conv.; Saint-Flour, 15 therm. II] (1) Représentans du peuple, Le génie de la liberté française vient, encore une fois, de veiller sur elle. Au récit de l’hideuse conjuration des nouveaux Catilinas, l’administration et nos administrés présens à la séance ont frémi d’horreur. A ce mouvement spontané ont bientôt succédé le calme et la joie en apprenant l’attitude imposante qu’a pris la (1) C 313, pl. 1 246, p. 1; Débats, n° 688, 384; Moniteur (réimpr.), XXI, 445; J. Fr., n° 684. Mention dans B‘n, 29 therm. (2e suppf).