SÉANCE DU 30 PRAIRIAL AN II (18 JUIN 1794) - N0’ 74 ET 75 727 74 Un membre [BRIEZ] , au nom du comité des secours publics, fait adopter le décret suivant : « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des secours publics sur la pétition du citoyen François Tor-chepot, maire de la commune de Blis-et-Born, département de la Dordogne, lequel, après un mois de détention, a été acquitté et mis en liberté par jugement du tribunal révolutionnaire de Paris, du 27 prairial présent mois; > Décrète que, sur la présentation du présent décret, la trésorerie nationale paiera au citoyen Torchepot la somme de 200 liv., à titre de secours et indemnité, et pour l’aider à retourner dans son domicile éloigné de 130 lieues. » Le présent décret ne sera pas imprimé » (1) . 75 Un membre [BARERE], au nom du comité de salut public fait lecture des dépêches officielles de l’armée du Nord. Elles annoncent la prise importante de la ville d’Ypres, soumise au pouvoir de la République, après 12 jours de tranchée ouverte et après divers combats dans lesquels nos troupes ont constamment remporté la victoire, et donné des preuves de valeur et de courage les plus héroïques. 6000 ennemis faits prisonniers, 100 pièces de canon, des armes, des munitions et des magasins, sont le fruit de ce succès. Le même membre annonce aussi le résultat d’un combat sous les murs de Charleroi, dans lequel nos braves républicains ont tué 3,000 ennemis et fait 600 prisonniers. Enfin il donne le détail des différentes prises faites sur mer et entrées dans les ports de la République (2). BARERE : Le comité fait travailler en ce moment chez le commissaire de la marine à un tableau général du commerce maritime fait depuis 9 mois par les frégates de la République. Ces commerçants à canons, qui ne sont ni fédéralistes ni contre-révolutionnaires, ont rempli nos ports et nos magasins de vivres et de vaisseaux appartenant à l’ennemi. C’est une assez belle spéculation commerciale que celle des croisières bien placées, et dont le secret est impénétrable aux espions britanniques. Ce tableau sera augmenté de 10 vaisseaux marchands au lieu de 7 que nous avions annoncé être conduits dans nos ports par l’escadre rentrée à Brest. (1) P.V., XXXIX, 405. Minute de la main de Briez. Décret n° 9559. Reproduit dans B4", 30 prair. (suppl*); Mon., XXI, 11. (2) P.V., XXXIX, 405. Btn, 30 prair. et 1er mess.; J. Sablier, n° 1386; Débats, n° 636, p. 453; J. Mont., n° 53; Mess, soir, n° 669; Rép., n° 181; J. Lois, n° 628; C. Univ., n° 900; Ann. R.F., n° 200; J. Fr., n° 632; M.U., XLI, 10. Voir ci-après, séance du 1er mess., n° 49. Aujourd’hui nous pouvons ajouter à ce tableau du commerce fait par nos frégates une prise faite sur le tyran de Sardaigne. Il est entré ces jours derniers dans le port de la Montagne une frégate sarde de 36 canons; elle a été prise après 2 heures de combat par la frégate de la République la Boudeuse, armée également de 36 canons, et commandée par le citoyen Charbonnier. Il n’a perdu que 4 hommes dans le combat, et 3 blessés. Il vient d’entrer encore à Rochefort (courrier du 29 prairial) un brick anglais de 80 tonneaux, chargé d’huile d’olive, pris par la corvette YEpervier. Un autre bâtiment anglais chargé de liqueurs, genièvre, tabac, étain. Il est entré à Brest (même courrier) un navire hollandais de 180 tonneaux, venant de Lisbonne, avec un chargement de sel, pris par la frégate le Brutus. Un navire de 70 tonneaux, allant à Bilbao, chargé de froment, pris par le même; Le navire anglais le Tirol, de 90 tonneaux, armé d’un canon et d’un pierrier chargé d’approvisionnements, pris par la frégate la Proserpine ; Le navire anglais le Sully, de 500 tonneaux, armé de 6 canons, allant à Amsterdam, chargé d’eau-de-vie, vin d’Alicante et autres marchandises, pris par la corvette la Montagne. Ainsi donc la marine fait aussi ses récoltes sur la mer, et devient aussi fertile que notre territoire. Quant à l’armée du Nord, ses succès sont en permanence jusqu’à présent. Nous aurions pu vous donner depuis plusieurs jours des nouvelles favorables de la partie gauche de l’armée du Nord. Destinée à combattre la partie de nos ennemis la plus forte et la plus disciplinée, elle avait obtenu plusieurs succès qui n’étaient que préparatoires du grand coup que les républicains étaient chargés de porter à l’Autriche et aux brigands coalisés; mais nous avons pensé qu’il ne peut être offert à la Convention nationale que des résultats majeurs et que nous pouvons présenter, à une République qui a 12.000.000 hommes sous les armes, que des victoires décisives. D’ailleurs il est des marches et des procédés militaires qui doivent être secrets jusqu’au plein succès. Le siège d’Ypres, cette place la plus forte de la West Flandre, que Vauban avait toujours regretté de ne pouvoir joindre à ses travaux, était commencé depuis quelques jours. Mais cette partie importante du grand royaume du grand duc dYork n’a pu tenir contre la valeur républicaine. (On applaudit). Nous ne vous dirons rien des sorties faites par une garnison nombreuse; elles ont été repoussées par nos volontaires et les positions occupées par les troupes coalisées qui voulaient faire lever le siège ont été prises par l’armée du Nord. (Nouveaux applaudissements) . La journée du 25 de ce mois a été une des plus glorieuses de la campagne, et Clairfayt, avec son corps d’élite, a perdu en un jour l’argent et l’eau-de-vie distribués avec profusion à ses machines à fusil. Dans ce moment, la République peut tourner ses regards vers le port ennemi qui a été le théâtre de tant de trahisons et le passage des brigands vomis par l’Angleterre. SÉANCE DU 30 PRAIRIAL AN II (18 JUIN 1794) - N0’ 74 ET 75 727 74 Un membre [BRIEZ] , au nom du comité des secours publics, fait adopter le décret suivant : « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des secours publics sur la pétition du citoyen François Tor-chepot, maire de la commune de Blis-et-Born, département de la Dordogne, lequel, après un mois de détention, a été acquitté et mis en liberté par jugement du tribunal révolutionnaire de Paris, du 27 prairial présent mois; > Décrète que, sur la présentation du présent décret, la trésorerie nationale paiera au citoyen Torchepot la somme de 200 liv., à titre de secours et indemnité, et pour l’aider à retourner dans son domicile éloigné de 130 lieues. » Le présent décret ne sera pas imprimé » (1) . 75 Un membre [BARERE], au nom du comité de salut public fait lecture des dépêches officielles de l’armée du Nord. Elles annoncent la prise importante de la ville d’Ypres, soumise au pouvoir de la République, après 12 jours de tranchée ouverte et après divers combats dans lesquels nos troupes ont constamment remporté la victoire, et donné des preuves de valeur et de courage les plus héroïques. 6000 ennemis faits prisonniers, 100 pièces de canon, des armes, des munitions et des magasins, sont le fruit de ce succès. Le même membre annonce aussi le résultat d’un combat sous les murs de Charleroi, dans lequel nos braves républicains ont tué 3,000 ennemis et fait 600 prisonniers. Enfin il donne le détail des différentes prises faites sur mer et entrées dans les ports de la République (2). BARERE : Le comité fait travailler en ce moment chez le commissaire de la marine à un tableau général du commerce maritime fait depuis 9 mois par les frégates de la République. Ces commerçants à canons, qui ne sont ni fédéralistes ni contre-révolutionnaires, ont rempli nos ports et nos magasins de vivres et de vaisseaux appartenant à l’ennemi. C’est une assez belle spéculation commerciale que celle des croisières bien placées, et dont le secret est impénétrable aux espions britanniques. Ce tableau sera augmenté de 10 vaisseaux marchands au lieu de 7 que nous avions annoncé être conduits dans nos ports par l’escadre rentrée à Brest. (1) P.V., XXXIX, 405. Minute de la main de Briez. Décret n° 9559. Reproduit dans B4", 30 prair. (suppl*); Mon., XXI, 11. (2) P.V., XXXIX, 405. Btn, 30 prair. et 1er mess.; J. Sablier, n° 1386; Débats, n° 636, p. 453; J. Mont., n° 53; Mess, soir, n° 669; Rép., n° 181; J. Lois, n° 628; C. Univ., n° 900; Ann. R.F., n° 200; J. Fr., n° 632; M.U., XLI, 10. Voir ci-après, séance du 1er mess., n° 49. Aujourd’hui nous pouvons ajouter à ce tableau du commerce fait par nos frégates une prise faite sur le tyran de Sardaigne. Il est entré ces jours derniers dans le port de la Montagne une frégate sarde de 36 canons; elle a été prise après 2 heures de combat par la frégate de la République la Boudeuse, armée également de 36 canons, et commandée par le citoyen Charbonnier. Il n’a perdu que 4 hommes dans le combat, et 3 blessés. Il vient d’entrer encore à Rochefort (courrier du 29 prairial) un brick anglais de 80 tonneaux, chargé d’huile d’olive, pris par la corvette YEpervier. Un autre bâtiment anglais chargé de liqueurs, genièvre, tabac, étain. Il est entré à Brest (même courrier) un navire hollandais de 180 tonneaux, venant de Lisbonne, avec un chargement de sel, pris par la frégate le Brutus. Un navire de 70 tonneaux, allant à Bilbao, chargé de froment, pris par le même; Le navire anglais le Tirol, de 90 tonneaux, armé d’un canon et d’un pierrier chargé d’approvisionnements, pris par la frégate la Proserpine ; Le navire anglais le Sully, de 500 tonneaux, armé de 6 canons, allant à Amsterdam, chargé d’eau-de-vie, vin d’Alicante et autres marchandises, pris par la corvette la Montagne. Ainsi donc la marine fait aussi ses récoltes sur la mer, et devient aussi fertile que notre territoire. Quant à l’armée du Nord, ses succès sont en permanence jusqu’à présent. Nous aurions pu vous donner depuis plusieurs jours des nouvelles favorables de la partie gauche de l’armée du Nord. Destinée à combattre la partie de nos ennemis la plus forte et la plus disciplinée, elle avait obtenu plusieurs succès qui n’étaient que préparatoires du grand coup que les républicains étaient chargés de porter à l’Autriche et aux brigands coalisés; mais nous avons pensé qu’il ne peut être offert à la Convention nationale que des résultats majeurs et que nous pouvons présenter, à une République qui a 12.000.000 hommes sous les armes, que des victoires décisives. D’ailleurs il est des marches et des procédés militaires qui doivent être secrets jusqu’au plein succès. Le siège d’Ypres, cette place la plus forte de la West Flandre, que Vauban avait toujours regretté de ne pouvoir joindre à ses travaux, était commencé depuis quelques jours. Mais cette partie importante du grand royaume du grand duc dYork n’a pu tenir contre la valeur républicaine. (On applaudit). Nous ne vous dirons rien des sorties faites par une garnison nombreuse; elles ont été repoussées par nos volontaires et les positions occupées par les troupes coalisées qui voulaient faire lever le siège ont été prises par l’armée du Nord. (Nouveaux applaudissements) . La journée du 25 de ce mois a été une des plus glorieuses de la campagne, et Clairfayt, avec son corps d’élite, a perdu en un jour l’argent et l’eau-de-vie distribués avec profusion à ses machines à fusil. Dans ce moment, la République peut tourner ses regards vers le port ennemi qui a été le théâtre de tant de trahisons et le passage des brigands vomis par l’Angleterre.