[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ™ aéSbre�îfô 61 Les députés extraordinaires d’Amiens (Crepin, Aurelin, Duroisel et Decaien) lisent, à la barre, une adresse de la Société populaire de cette com¬ mune, par laquelle on demande vengeance d’un attentat commis à la représentation nationale, en la personne de Dumont, représentant du peuple dans le département de la Somme, et que Dumont reste en commission pour achever l’extinction de l’aristocratie et du fanatisme. La Convention nationale renvoie cette pétition à ses comités de Salut public et de sûreté générale, pour lui en faire un prompt rapport (1). Le citoyen Gabriel Robert, président du comité civil et militaire de Narbonne, écrit à la Conven¬ tion nationale, que les qualités d’homme et de citoyen étant les seules qui conviennent aux vrais républicains, il envoie ses lettres de prêtrise, etc., et renonce à la pension qui y était attachée. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre du citoyen Gabriel Robert (3). Gabriel Robert, 'président du comité civil et mili¬ taire, aux citoyens Président et membres de la Société républicaine. Salut, santé et fraternité. « Narbonne, le 2 frimaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyens amis et frères, « Les qualités d’homme et de citoyen sont les seules qui conviennent aux vrais républi¬ cains, à ceux dont la conduite ne s’est jamais démentie depuis la Révolution. On ne doit point conserver des titres qui puissent en faire sup¬ poser d’autres. Je vous envoie ceux qui étaient encore en mon pouvoir, et auxquels je renonce ainsi qu’à la pension qui y était attachée. Je vous prie de les transmettre à la Convention nationale. Puissiez-vous oublier les qualités auxquelles ils avaient donné lieu, pour ne vous rappeler que celle que la nature m’a donnée. « Vive la Montagne ! a Robert. » Le citoyen Pérault, maire de Villeneuve-sur-Yonne, demande à la Convention nationale de faire ordonner le transport d’une caisse contenant 21,360 livres en numéraire et 6 couverts d’ar¬ gent, dont il est dépositaire, et qui a été saisie sur le citoyen Besson, administrateur du dépar¬ tement d’Yonne, que son fils lui faisait passer par le coche d’Auxerre. Renvoyé au comité des inspecteurs de la salle (4). On procède à l’appel nominal pour la nomi¬ nation d’un président. Voulland réunit 106 voix sur 144; il est pro¬ clamé Président de la Convention nationale (5). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 35. [_■ (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 35. [ (3) Archives nationales, carton C 283, dossier 811. f (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 35. j (5) Ibid. On procède à un second appel pour la nomina¬ tion de trois secrétaires. Les membres élus sont : Bourdon (de VOise ), Chaudron-Rousseau et Chenier; le président les proclame secrétaires de la Convention natio¬ nale (1). La séance est levée à 9 heures (2). Signé : Romme, Président; Roger-Ducos, Philippe aux, Frecine, Merlin (de Thion-ville), Reverchon, Richard, secrétaires. ADDENDUM à la séance de la Convention nationale du 8 frimaire an II. (Jeudi 38 novembre 1793). Hymne composé en l’honneur du citoyen Chalier par le citoyen Rousseau, secré¬ taire d’une section du comité d’ins¬ truction publique de la Convention (3). Compte rendu du Bulletin de la Convention (4). A la mémoire immortelle du républicain Chalier, judiciairement assassiné à Ville-Affranchie (Lyon). Le républicain T. Rousseau consacre et, dédie cet hymne civique: Air ? Allons, enfants de la patrie. Quels cris troublent donc le silence Qui règne au fond de ces tombeaux? Ce sont les cris de l’innocence, Victime des plus noirs complots : (bis) Calmez-vous ombres outragées, Bravant leurs efforts impuissants, Nous marchons contre vos tyrans, Dès ce jour vous serez vengées. Aux armes, citoyens, tous, jusques à son nom, Jurez (bis) d’anéantir cet infâme Lyon. Mais parmi ces ombres plaintives, Que vois-je? celle de Chalier ! Chalier que des mains oppressives Ont frappé du fer meurtrier : (bis ) Tremblez ! vils suppôts des despotes, Que tout votre sang répandu Venge l’honneur et la vertu Du plus grand des vrais sans-culottes. Aux armes, citoyens, etc. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 35. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 36. (3) Voy. Archives parlementaires, t. LXXX, séance du 8 frimaire an II, p. 289, col. 1, la lettre par laquelle le citoyen Rousseau transmet à la Conven¬ tion cet hymne que nous n’avons pu insérer en même temps que la lettre de transmission parce que nous ne l’avions pas retrouvé aux Archives nationales. Depuis, nous l’avons découvert dans le Bulletin de¬ là Convention du 16 frimaire, et c’est pourquoi nous le donnons en addendum à la fin de cette dernière séance. (4) Second Supplément au Bulletin de la Conven¬ tion nationale du 16 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique une et indivisible (vendredi 6 décembre 1793). ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ ” ar] “ ( 7 décembre 1793 62 [Convention nationale.] Par cinq fois la hache fatale Atteint notre illustre héros, Par cinq fois d’une ardeur égale Je l’entends répéter ces mots : (bis) « Snr mon sort digne d’envie, Gardez-vous de vous attendrir; Mes amis, on meurt sans souffrir, Lorsque l’on meurt pour sa patrie. » Aux armes, citoyens, etc. O Républicain ! ô grand homme ! Reçois nos tributs et nos vœux; Dans leurs beaux jours la Grèce et Rome T’auraient placé parmi les Dieux; (bis) Mais sous l’empire des lumières, Quand l’amour fait les immortels, Où dois-tu trouver des autels, Sinon dans l’âme de tes frèrés? Aux armes, citoyens, etc. Que vos hymnes, que vos cantiques, Fiers appuis de la Liberté, Retracent les vertus civiques De ce patriote exalté : (bis) Mais contre les enfants du crime, S’il déploya son zèle ardent, O bon peuple qu’il aimait tant, Songe qu’il en fut la victime... Aux armes, citoyens, etc. Pour vous, témoins de cette fête, Qui ne connûtes point Chalier, Sachez qu’au cœur le plus honnête, Il joignit un courage altier ! (bis ) Conservant toujours l’équilibre Au milieu des plus grands effrois, Il vécut l’esclave des lois, Et sut mourir en homme libre. Aux armes, citoyens, etc. Le républicain T. Rousseau, secrétaire d’une section du comité d’instruction publique de la_ .Convention. CONVENTION NATIONALE Séance du 17 frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. (Samedi, 7 décembre 1793.) La" Société républicaine et sabotière de Mon-toire, département de Loir-et-Cher, envoie 30 liv. 6 s. en argent et une médaille d’argent, données par les citoyens Dondas, l’Etoille, Roulleau fils, Gervais Oderet, Clairian l’aîné, et les citoyennes Anne Fournier, Angélique Marauday et Scolas¬ tique Rignon, membres de cette Société. Mention honorable, insertion au« Bulletin » (1). (1) Procès-verbauœ de la Convention, 1. 27, p. 36’ Suit la lettre du 'président de la Société populaire de Montoire (1). Au citoyen Président de la Convention nationale. « Paris, 17 frimaire, l’au II de la Répu¬ blique française. » Citoyen Président, Je t’ai écrit hier pour te demander à paraître aujourd’hui à la barre de la Convention. Je joins ici le discours que je désire prononcer; tu verras, en le lisant, le double objet de ma députation. J’attends tes ordres pour mon ad¬ mission à la barre, dans la salle des pétition¬ naires. « Maranday, Député près les représentants du peuple par la commune et la Société populaire de Montoire, département de Loir-et-Cher. » A la Convention nationale (2). « Citoyens représentants, « Le règne de la superstition est passé. Les préjugés, enfants de l’ignorance, ont fait place à l’éternelle raison, la vérité seule triomphe ; tels les heureux fruits d’une révolution qui, en régé¬ nérant les Français doit ass.irer à jamais leur bonheur. « Citoyens représentants, la commune de Montoire, dont je suis l’organe, ne veut recon¬ naître d’autres lois que celles de la Convention, d’autre culte que celui de la raison. Elle m’a député pour vous offrir les vases d’or et d’argent qui étaient en son pouvoir. Ces hochets qui, de¬ puis tant de siècles, n’avaient servi qu’à perpé¬ tuer l’erreur et le fanatisme, vont avoir, pour la première fois, un but véritablement utile, celui de concourir à l’affermissement et à la prospé¬ rité de la République (3). Législateurs, vous n’avez conquis la liberté que du jour où vous avez frappé le dernier tyran, vos mesures fermes et vigoureuses pour¬ ront seules la consolider. La commune de Mon¬ toire, composée de vrais républicains, en vous félicitant sur vos travaux, vous conjure de n’a¬ bandonner votre poste qu’après avoir assis la liberté sur des bases inébranlables. Citoyens, j’ai dans ce moment la double jouis¬ sance de représenter à la fois et la commune de Montoire et la Société populaire dont je suis membre. Au nom de cette dernière je suis chargé de vous offrir des médailles et pièces d’argent, les seules au pouvoir de cette société, qui n’est riche qu’en patriotisme. Je vous offre encore en son nom un cavalier, vrai républicain, qu’elle vient d’équiper et d’armer à ses frais et tout prêt à se rendre où la défense de la patrie l’appellera. Il attend sa des¬ tination (4). Je dépose sur votre bureau, pour la même (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 812. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 812. (3) Voy. ci-après, même séance, p. 85, le para¬ graphe du procès-verbal visant ce don patriotique. (4) Voy. ci-après, même séance, p. 85, le para¬ graphe du procès-verbal visant ce don patriotique.