[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES i 9 nivôse an U A») ' I 29 décembre 1793 * 3° Trois serviettes dont une bonne; les deux autres moyennes, et sont employées à empa¬ queter les chemises; 4° Cent soixante-une chemises, dont vingt-quatre neuves, sous les numéros 1 et 10; 5° Quatre-vingt-six chemises bonnes, sous les numéros 2, 3, 4, 11, 16, 17 et 12; 6° Vingt-quatre moyennes, sous les nu¬ méros 5 et 12; 7° Trente-huit qui ne sont bonnes qu’à faire des compresses, bandes et charpie, sous les nu¬ méros 6, 14 et 19; 8° Cinq chemises sans manches, mauvaises, sous le numéro 13; 9° Deux paires de bas de laine; 10° Une paire de souliers; 11° Un ballot de compresses et bandes, pe¬ sant cent vingt-quatre livres; 12° Un ballot de charpie pesant cent vingt-quatre livres ; 13° Il y a vingt-deux chemises qui ne sont pas comprises dans le présent état, n’étant bonnes à rien. Les objets ci-dessus sont renfermés en sept ballots : Le premier contient quatre douzaines de che¬ mises, sous les numéros 1, 2, 3 et 4; Le second contient quatre douzaines de che¬ mises, sous les numéros 5, 10, 11 et 18; Le troisième contient trois douzaines de che¬ mises, sous les numéros 12, 16 et 17; Plus deux chemises seules, quatre draps, deux paires de bas, une paire de souliers; Le quatrième contient trois douzaines de che¬ mises, sous les numéros 14 et 19. Plus deux chemises et cinq chemises sans manches. Sous le numéro 8, dix draps et une couver¬ ture; Le cinquième contient des bandes, compresses et vieilles serviettes; Le sixième contient de la charpie; Et le septième contient neuf chemises, sous le numéro 6, propres à faire de la charpie et des bandes. XXXII. Ode sur la prise de Toulon par les Français (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Despotes orgueilleux dont l’Europe avilie Honorait en tremblant le pouvoir usurpé; Connaissez les soldats d’un peuple détrompé. Craignez la France rajeunie. D’un ridicule espoir vous fûtes enivrés : _ Voyez le fer vengeur suspendu sur vos têtes, Et n’espérez jamais conserver de conquêtes Sur les Français régénérés. Des traîtres corrompus par l'or de vos ministres A la flotte ennemie ont pu livrer un port; Mais de nos défenseurs un seul et noble effort A détruit leurs projets sinistres. (1) Cette odesur la prise de Toulon n est pas men¬ tionnée au procès-verbal de la séance du 9 nivôse an II; mais elle figure en entier dans le Bulletin de la Convention de cette séance. (2) Second supplément au Bulletin de la Convention nationale de la séance du 9 nivôse an II (dimanche 29 décembre 1793). 1" SÉRIE, T. LXXXII. Quoi ! Trois peuples ligués ont assiégé Toulon ! Naples, Londres et Madrid, unis pour le défendre, N’auront donc remporté de cette ville en cendre Que débris et confusion ! Vous ne comptez jamais que sur la perfidie, Agents déshonorés des tyrans imposteurs; Et le fer à la main, nos bataillons vainqueurs Abjurent la diplomatie. En vain par vos trésors des brigands soudoyés De l’infâme Vendée inondaient les campagnes; La foudre a retenti sur la sainte Montagne, Et dans leur sang, ils sont noyés. La raison a dompté l’hydre du fanatisme; N’espérez plus mouvoir un ressort trop usé; Notre auguste sénat tour à tour a brisé Le sceptre et le fédéralisme. Les peuples ont appris à dériver leurs fers, Le genre humain reprend ses vertus naturelles, Et de l’égalité les douceurs fraternelles Vont s'étendre sur l’univers. Pénétrez dans Toulon, cohortes intrépides, L’opprimé vous appelle au fond de ses cachots, Et l'Anglais éperdu fait bouillonner les flots Sous ses escadres homicides. Mais, dans les souterrains, quel fantôme plongé Vient frapper vos regards de son ombre sanglante ! C’est BEAUVAIS; il respire I Ah I Comblez son [attente Nous le pleurions, il est vengé. C.-L. Fontaine. XXXIII. Le CALENDRIER RÉPUBLICAIN, PAR LE CITOYEN Lambert, de Romans, receveur de la RÉGIE NATIONALE AUX ANDELYS (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Aie : On compterait les diamants. Les jours, les mois et les saisons, Tout cède aux lois de l’harmonie; De l’erreur les combinaisons Font place au compas du génie. Il trace le cours du destin, Détruit celui de l’imposture, Et calque l’an républicain Sur la marche de la nature. A la voix des législateurs, Un nouveau monde vient d’éclore; Mensonges, préjugés, erreurs, Tout disparaît à son aurore. Le vieux cadran change soudain, L’aiguille est perfectionnée, Et le temps, d’un pas plus certain, Marque les jours, les mois, Tannée. Autour de ce cercle parfait, Le bonheur va tourner sans cesse. Que l’œil contemple ce bienfait, Le chef-d’œuvre de la sagesse. Brisons le monument grossier Du mensonge et de l’ignorance; Et du nouveau calendrier, Chantons le père et la naissance. (1) Le calendrier républicain n’est pas mentionné au procès-verbal de la séance du 9 nivôse an II; mais il figure en entier dans le Bulletin de la Conven¬ tion de cette séance. (2) Second supplément au Bulletin de la Convention nationale de la séance du 9 nivôse an II (dimanche 29 décembre 1793). 31 482 (Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 2® 3�bœ 1793 Premier mois. Vendémiaire. L’aimable automne ouvre en riant La porte de la destinée Et la gaîté sonne en chantant La première heure de l’année. Les ris, les jeux, l'amour, le vin Animent la nature entière, Et Bacchus, le verre à la main, Proclame le Vendémiaire. Deuxième mois. Brumaire. De la terre l’exalaison (sic) Vient épaissir notre atmosphère; Le brouillard cache l’horizon Voilà d’où naquit le Brumaire. Alors, le sage agriculteur Caresse la terre amoureuse, • Et jette en son sein créateur L’espoir d’une récolte heureuse. Troisième mois. Frimaire. Bientôt la nature vieillit, L’aquilon chasse sa parure; Aussitôt, sa beauté s’enfuit Et frimas blanchit la verdure. Chacun, auprès de son tison, Se console avec sa bergère; L’amour adoucit la saison Et fait oublier le Frimaire. Quatrième mois. Nivôse. La neige tombe et l’horizon Eblouit l’œil de sa tristesse; Tout vient refroidir la raison, Tout paralyse la tendresse. Cette monotone blancheur Vieillit jusqu’à la moindre chose; Elle imprime un ton de douleur Sur la nature et sur Nivôse. Cinquième mois. Pluviôse. Bientôt le fluide élément, En se mariant à la terre, Féconde le germe naissant Qui, dans peu, doit la rendre mère. Fleuve, mer, fontaine et ruisseau, De l’eau, tout reçoit l’existence; Pluviôse est l’enfant de l’eau, Et le père de l'abondance. Sixième mois. Ventôse Eole, en déchaînant les vents, Détruit l’empire de Neptune; De leurs souffles froids et bruyants, Tout ressent l’atteinte opportune i L’arbre gémit, crie et se rompt; L’oiseau fuit d’une aile légère, Et l’homme répare l’affront Fait par Ventôse à la chaumière. Septième mois. Germinal. L’hiver fuit, le printemps renaît. La glace fond, le ruisseau coule; La terre agit, l’herbe paraît Et la nature se déroule. Germinal qui s’épanouit Du jeune âge paraît l’emblème. Oui, l’âge, comme lui s’enfuit; Mais, hélas ! revient-il de même 1 Huitième mois. Floréal. Alors, le caressant Zéphir Vient éveiller l’aimable Flore; Et le fruit heureux du plaisir Est la rose qui vient d'éclore. A la raison, offrons des fleurs; C’est l’offrande de l’innocence : Que Floréal soit pour les cœurs Le mois de la reconnaissance. Neuvième mois. Prairial. Les prés offrent au laboureur Le fruit direct de la nature; Son bras nerveux, avec ardeur, Fauche la fleur et la verdure. L’heureux mois de la fenaison Est aussi celui de l’ivresse, Et Prairial, sur le gazon A vu renverser la sagesse. ' Dixième mois. Messidor. Gérés, écoute les accents D’un grand peuple, puissant et juste Fais naître tes riches présents Sous ton bras lier, libre et robuste. Il dédaigne l’argent et l’or, Fer et blé sont les vœux du sage : Qu’il trouv.e l’un dans Messidor, L’autre sera dans son courage. Onzième mois. Fervidor. L’éclair brille, le vent mugit; L’air s’enflamme, l’orage gronde; Le nuage s’évanouit. Et le soleil brûle le monde. Fervidor, enfant de Vulcain, N’offre que tempête et qu'orage, Mais l’homme se console au bain Ou sous la fraîcheur d’un ombrage. Douzième mois. Fructidor. Pomone vient offrir le fruit Que vient cueillir la gratitude, Et la République applaudit A sa tendre sollicitude. Ainsi sa bienfaisante main Remplit nos greniers d’abondance, Et de nos mois forme la fin En assurant notre existence. [Convention national*.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { J Membre 1793 483 Les sans-culotlides. Trop orgueilleuse antiquité, Tu vantais tes jeux olympiques; Ose, aux jeux de la vanité, Comparer nos fêtes civiques : Là, tes histrions corrompus Corrompaient des peuples timides j Ici, la fête des vertus Consacre nos sans-culottides. Par le citoyen Lambert, receveur de la régie nationale, aux Andelys. ANNEXE N» 1 4 la séance «le la Convention nationale «lu n nivôse an II (Dimanche S» décembre 1193), Comptes rendus, par divers journaux, du rapport fait par Hérault de Séchelles sur sa mission dans le Haut-Rhin (1). I. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (2). Hérault. Pendant que les soldats de la liberté repoussent victorieusement, loin du département du Bas-Rhin, les vils satellites des despotes, et que, presque chaque jour, vous en apprenez de nouveaux succès, je viens de remplir la mission qui m’avait été confiée, de garantir la sûreté intérieure des départements du Rhin. J’y ai épuré les Sociétés populaires, les autorités constituées; j’y ai accéléré le mouvement révo¬ lutionnaire, ranimé l’exécution des lois, l’assi¬ gnat, le maximum, la taxe : je l’ai délivré des traîtres qui, par leurs liaisons criminelles avec l’extérieur, en compromettaient la sûreté; et ma conscience me rend le témoignage que cette partie de la République n’a plus besoin que d’être soutenue. Elle est complètement re¬ montée à la hauteur de la Révolution; et les patriotes qui y étaient sans force et sans appui, ont repris l’énergie avec laquelle on conserve la liberté. Je me borne, dans cet instant, à vous présenter cet aperçu général. Je n’entrerai point dans de plus longs détails pour ne pas abuser de vos moments. Comme j’ai eu l’honneur d’être calomnié pour avoir rempli mon devoir, et que je rapporte des pièces décisives à cet égard, il est essentiel que ma conduite soit scrupu¬ leusement examinée et mise au plus grand jour; je le demande avec instance. Mais, soit que je rende ce compte au comité de Salut publie, soit que je vous le fasse parvenir par la voie de l’impression, on verra qui, de mon dénonciateur ou de moi, a le plus sincèrement servi la Répu¬ blique. :< Qu’il me soit permis, cependant, de vous occuper un instant d’une inculpation qui ne méritait pas d’éprouver un ami sincère de la (I) Voy. ci-dessus, même séance, p. 464, le compte rendu du Moniteur. (2) Journal des Débats et des Décrets (nivôse an II, n° 467, p. 140). Révolution, et dont le patriotisme pur ne s’est jamais démenti. J’ai appris que j’avais été dénoncé comme ayant des liaisons criminelles avec Pereyra, Prmy et Dubuisson. Quant à Pereyra et Dubuisson, je ne les ai vus que quatre ou cinq fois; je les connais à peine. J’ai rencontré Proly plus souvent, au milieu des patriotes avec lesquels il était très répandu. Au reste, je déclare que, devant moi, il ne lui a échappé aucun propos contre-révolutionnaire. S’il en eût proféré un seul, je me serais honoré d’être le premier à le dénoncer. Je l’ai d’ailleurs moins connu que ne l’ont fait beaucoup de patriotes dont le civisme ne peut être révoqué en doute. J’ajoute que j’ai été absent pendant huit mois ; j’en ai passé six dans le département du Mont-Blanc et deux au Rhin. Durant cette absence, je n’ai eu aucune correspondance avee les individus qui vous ont été dénoncés. Je vais plus loin encore : quand même je me serais trompé sur leur compte, remarquez qu’un décret de la Convention porte qu’ils ont bien mérité de la patrie pour avoir dénoncé Dumouriez; et mon erreur ne pourrait m’être imputée à crime qu’autant que je persisterais à les soutenir, en dépit des patriotes qui ont reconnu en eux des intentions criminelles. Au surplus, ce n’est pas par mes paroles que je veux être jugé, mais par mes actions. On. accuse Pereyra, Proly et Dubuisson de complots ultra-révolutionnaires et d’avoir voulu détruire la liberté en outrant les mesures qui dpivent la consolider. Eh bien ! je me suis toujours comporté comme si j’avais eu le pressentiment des décrets que la Convention nationale rendait; je me suis toujours conformé à l’esprit dont je savais que le comité de Salut public était pénétré. D’avance, je me suis renfermé dans la limite où le bien que l’on fait ne peut jamais devenir un mal et où l’ardeur du patriotisme ne peut que mûrir la liberté et ne la compromet jamais. On m’accuse encore d’avoir voulu diviser les patriotes : Moi ! qui ai dénoncé et fait arrêter un émissaire des puissances étrangères, un Français parricide, qui s’ efforçait de nous désu¬ nir, de nous séparer de Danton notamment, et qui voulait priver la France de la brûlante et redoutable énergie de ce soutien de la liberté. Et comment me serais-je abandonné à des liaisons criminelles, moi qui, depuis l’âge de six ans, n’ai eu qu’un seul ami : et c’est Le-peletier, dont vous avez placé l’image dans cette enceinte. O toi, mon ami, dont la vertu fut toujours mon modèle, avec qui je fus en butte aux persécutions et aux vengeances des parlementaires et des nobles, heureux martyr ! je suis prêt à me précipiter, comme toi, au milieu des poignards, des assassins liberticides ; mais fallait-il que je fusse atteint par le poignard d’un républicain. Citoyens, voilà ma profession de foi. Si, avoir été jeté par ma naissance dans une caste justement proscrite et que je combattis cons¬ tamment à côté de Lepeletier, est un crime que je doive expier par de nouveaux sacrifices ; s’il est dans la Convention un seul de mes collègues qui me voie avec crainte ou défiance dans le comité de Salut pubhc, si quelqu’un croit que ma présence puisse y être nuisible à la chose publique, je le prie de voter pour l’acceptation de ma démission que je vous propose. Alors, rentré dans le sein de l’Assem-. blée, j’inviterai mes collègues à juger ma cou-