SÉANCE DU 11 FRUCTIDOR AN II (28 AOÛT 1794) - N° 37 49 mousselines et autres marchandises, pris par la frégate La Railleuse. Un bâtiment anglais de 45 tonneaux, pris par la frégate L’Insurgente, chargée de salaisons. Prises faites par les frégates l’Alceste, La Vestale, et le brick Le Républicain, conduites à La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Un brick anglais, de 14 canons, 4 obus de 36, et 6 pierriers. Un navire anglais, de 180 tonneaux, chargé de bois de construction. Un idem, de 200 tonneaux, chargé d’huile d’olive. Un bâtiment espagnol de 130 tonneaux, chargé de bled. Un navire de 295 tonneaux, chargé de vin, huile, savon et autres marchandises pour Amsterdam. Un idem, de 200 tonneaux, chargé de douel-les pour Alicante. Une barque espagnole et deux bateaux pao-listes corses coulés à fond. Il [Treilhard, au nom du comité de Salut public] (80) fait aussi un rapport sur la prise de Valenciennes et celle du Fort L’Ecluse', il est accueilli par les plus vifs applaudisse-mens. Treilhard : En vous annonçant la prise du Quesnoy, le comité de Salut public se flattoit d’annoncer bientôt celle de Valenciennes : son espoir n’a pas été déçu. L’armée de la République occupe cette place : le comité en a ce matin été instruit par la voie du télégraphe : il vous donnera les détails aussitôt qu’ils lui seront parvenus. (Vifs applaudissements.) Ce succès n’est pas le seul que je suis chargé d’annoncer à la Convention : l’intrépidité républicaine est au-dessus de tous les obstacles; et l’étendand tricolore flotte dans ce moment sur une des plus fortes clefs de la Hollande, sur le fort de l’Ecluse. Voici la lettre de notre collègue Lacombe Saint-Michel: (De l’Ecluse, Flandre hollandaise, le 9 fructidor àn II, le représentant du Peuple Lacombe Saint-Michel à ses collègues du comité de Salut public.) La prise audacieuse de l’isle de Cassandrie était le Préliminaire de celle de la forteresse de l’Ecluse. Nous y sommes entrés ce matin, après vingt-deux jours de tranchée ouverte : le drapeau tricolore flotte sur les tours de cette ville; et à la honte de la Hollande, il faut que l’emblème de la liberté rentre chez elle par le droit de conquête. L’attaque de cette place prouvera que les Républicains français ne sont pas moins constans pour surmonter les obstacles que l’art et la nature opposent à la prise des places, qu’ils sont audacieux à vaincre leurs ennemis en rase campagne. En vain les écluses levées ont inondé les environs de la place; il n’y restait qu’une digue fort étroite sur laquelle on pouvait cheminer; encore était-elle inondée deux fois par jour par la haute marée. En vain des feux croisés étaient dirigés sur ce point d’attaque; rien n’a arrêté nos intrépides républicains. Malgré le feu le plus meurtrier, malgré la contrariété des temps, la sape a été conduite avec la simple fascine jusqu’à la portée du pistolet des batteries de la place. J’ai vu nos soldats dans l’eau et dans la boue jusqu’à la ceinture, qui, bien loin de se rebuter, criaient : Vive la République Inous n’en aurons pas le démenti. Enfin l’assaut avait été résolu; les troupes l’attendoient avec cette impatience qu’irrite les obstacles, lorsque la garnison a demandé à capituler; et l’on ne pouvoit pas refuser de recevoir comme prisonniers de guerre, des soldats qui n’avoient fait que leur devoir. Ce sera sans doute une belle page à ajouter à l’histoire de cette guerre, que la prise de cette ville. Il n’a fallu rien moins que le courage le plus intrépide pour vaincre les éléments réunis, dont le moindre était le feu. Les maladies qui nous accabloient donnoient aux autre soldats la volonté décidée de finir par tous les moyens possibles. Au lieu de marcher aux batteries par des tranchées profondes de six pieds, suivant l’usage, ils alloient souvent à découvert avec une intrépidité qui n’a pas d’exemple. C’est ainsi qu’une place qui s’est défendue plusieurs fois pendant trois et quatre mois, est tombée en notre pouvoir au bout de vingt-deux jours. Le général Moreau qui dirigeoit ce siège, aidé du général Eblé pour l’artillerie, et du chef de brigade Dejean pour le génie, mérite les plus grands éloges. Parmi nombre de traits honorables, il en est un qui mérite plus particulièrement d’être cité : celui du citoyen Buiron, grenadier du premier bataillon de la Marne, qui au milieu d’une grêle de mitraille et de mousqueterie, a été jusqu’à la crête des glacis éteindre quatre pots à feu i’un après l’autre. La Convention regrettera qu’une si belle action de valeur ait eu des suites fâcheuses, puisqu’il a fini par recevoir une balle qui l’a blessé légèrement à la tête. A présent je dois vous parler de cette prise importante sous les rapports utiles; non pas quand à la ville elle-même, car nos canonniers n’ont pas laissé une seule maison habitable; mais nous avons trouvé 150 bouches à feu, dont plus de moitié en bronze, beaucoup de fer coulé, cent milliers de Poudre, Près de 8 000 fusils, dont 6 000 neufs. Je vous ferai passer incessamment un détail plus exact et la capitulation. La garnison prisonnière est de 2 000 hommes. ( Cette lettre a été souvent interrompue par les plus vifs applaudissements.) (80) D’après Bull., 11 fruct. 4