558: [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. Il" novembre T793 L’Assemblée décrète que le premier livre d’éducation qui paraîtra, il en sera envoyé un exemplaire à cet enfant; il sera écrit à son père et à sa mère une lettre de félicitations. CONVENTION NATIONALE Séance du 1er frimaire, l’an II de la République française une et indivisible. — Séance du matin. (Jeudi 21 novembre 1793.) Des députés de la commune de Saint-Arnould (Saint-Arnoult), district de Dourdan, départe¬ ment de Seine-et-Oise, invitent la Convention à rester à son poste jusqu’à la paix. Us annoncent que depuis la réorganisation de leur commune par le représentant du peuple Couturier, et la formation d’un comité de surveillance, cette commune est à la hauteur des circonstances; les gens suspects sont incarcérés. La municipalité a fait abattre la croix qui était sur la principale place, et l’a remplacée par un jeune chêne; elle a fait enlever les grilles de fer des églises pour en faire des fusils. Elle apporte le reste de l’argenterie qui servait au culte catho¬ lique, qu’elle a abjuré pour professer la religion de la nature et de la liberté. La députation dépose aussi les lettres de prêtrise du citoyen Douche, ci-devant vicaire de cette commune, qui s’est marié. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la 'pétition de la commune de Saint-Ar-noult (2). Pétition à la Convention nationale, par la com¬ mune de la Montagne, ei-devant Saint-Ar¬ noult, département de Seine-et-Oise, district de Dourdan. « Représentants du souverain, fondateurs de la République française, une et indivisible, « Députés des corps constitués de la com¬ mune ci-devant Saint -Arnoult, et actuellement canton et commune de la Montagne, nom que nous avons substitué au premier, d’après votre décret du 25e jour du 1er mois de l’an II de la République, « Nous venons de la part de nos commettants prier la Convention de ne pas se désemparer qu’elle n’ait consolidé l’établissement de la liberté; « Et l’assurer que depuis la réorganisation de notre commune par le représentant du peuple Couturier, et la formation d’un comité de (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 1. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 819. surveillance et de Salut public, dont tous les membres de ces deux corps ont été choisis parmi les républicains et les vrais sans -culottes, que la terreur est à l’ordre du jour et que notre commune est à la hauteur des circons¬ tances. Elle avait dans son sein un petit nom¬ bre de citoyens qui ne voyaient pas avec plaisir s’établir et se consolider l’égalité et la liberté : elle vient de les faire incarcérer. « Elle a juré une haine ftnplacable aux mal¬ veillants, aux traîtres et aux accapareurs; son comité de surveillance a constamment les yeux ouverts sur eux. « Elle vient de faire abattre une croix, em¬ blème du fanatisme, qui était sur la principale place de la commune et substituer à la même place un jeune chêne, qui rappellera à nos neveux que cette place fut choisie par nous comme le point de ralliement de la liberté, et où s’est enfoui le fanatisme pour ne jamais reparaître. « Elle vient de faire disparaître de la seule église qui lui reste tout ce qui pouvait rappeler l’inégalité, et enlever les grilles de fer qui y étaient pour en faire forger des armes qui ser¬ viront, à nos jeunes défenseurs, à poursuivre les tyrans coalisés jusque dans leurs repaires. « La commune qui nous envoie a fait remettre au représentant du peuple Couturier, une voi¬ ture chargée de cuivre et de fer provenant de la dépouille totale de son église. « Dans ce convoi est un ci-devant saint Ar¬ noult qui, soi-disant, faisait autrefois des mi¬ racles ; lorsqu’il futdans la voiture, je le sommai, au nom de la République, de faire miracle, et il fut sourd à ma voix, et son départ ne laissa aucun regret dans notre commune ; « Les autres saints, les crucifix et le reste de l’argenterie consistant en calices, patène, ci¬ boire et un soleil qui ne pouvait plus répandre sur nous que la lumière de la superstition, et nous avons abattu tout ce qui pouvait en rappeler le souvenir. « Notre procès-verbal était clos, lorsque nous avons encore découvert les trésors de trois confréries : Sainte-Seariberge, Sainte-Perpétue et Saint -Arnoult. « Nous déposons sur le bureau le reste de ces hochets, des républicains n’en ont plus besoin. « Législateurs, notre dieu, désormais, sera la liberté, pour culte, la fraternité, et pour notre devise : mort aux tyrans. « Nous vous demandons la confirmation du nom que nous avons substitué à notre com¬ mune, en ayant expulsé le saint dont elle portait le nom; nous ne voulons rien qui pût rappeler son souvenir. Et depuis son départ elle a choisi celui de la Montagne-sur-E&marde, petite ri¬ vière qui arrose ses murs. « Nous déposons sur le bureau les lettres de prêtrise du ci-devant vicaire de notre commune, le citoyen Douche. Il vient, comme nous, d’ab¬ jurer le fanatisme, et d’épouser une veuve très vertueuse et sans fortune, chargée d’un enfant de six ans; comme c’est un vrai Jacobin, et un sans -culotte, nous vous demandons pour lui une place dans un bureau qui puisse lui pro¬ curer de quoi vivre, car il est sans pain. « Nous demandons la confirmation de la translation du bureau de la poste aux lettres de Rochefort, en notre commune, ainsi que nous l’a accordée le représentant du peuple Couturier. » (Suivent 17 signatures, j