SÉANCE DU 22 FRUCTIDOR AN II (8 SEPTEMBRE 1794) - N° 1 349 de leur force, ont soutenu le caractère de républicanisme qu’elles ont toujours manifesté depuis le commencement de la Révolution. L’administration centrale du département des Hautes-Pyrénées, paye le tribut aux principes sacrés de la liberté, de l’égalité, en témoignant à la Convention nationale, combien elle admire son attitude imposante et énergique, lorsqu’elle a fait tomber les têtes parricides, qui, en s’élevant au-dessus des loix ont voulu précipiter la patrie dans l’abyme par le meurtre des patriotes. Elle paye aussi un tribut à la Convention, en lui exprimant l’horreur que lui ont inspiré les complots horribles de cette infâme conspiration qu’elle vient de frapper, et dont elle l’invite à poursuivre les restes impurs. Jeanty, pour le secrétaire général, et cinq autres signatures. d [La société populaire de Wissembourg, Bas-Rhin, à la Convention nationale, le 22 thermidor an II, pour l’anniversaire du 10 août ] (5) Nous avons frémi de vos dangers et dans le moment où ils étoient extrêmes, nous vivions dans la sécurité, nous avons célébré le 20 prairial la fête de l’Etre Suprême, il y avait dans chaque commune un autel, nos vœux pour le peuple et pour les représentants étoient notre encens, il étoit pur, il étoit digne de luy. Le 20 messidor, nous avons célébré une fête en l’honneur des armées victorieuses de terre et de mer nous avons célébré le 14 juillet; aujourd’huy l’anniversaire du 10 août nous rappelle votre victoire du 10 themidor, nous vous votons une adresse citoiens représentans, le peuple de Wissembourg trop longtemps calomnié a eu ses victimes aussi mais parlerions-nous de nos maux quand nous ne pouvons penser qu’à vous féliciter de votre énergie. Les cannibales français, les usurpateurs de votre pouvoir ont perdu en même tems leur funeste ascendant et le jour. Le masque de Robespierre étoit soulevé depuis le 7 prairial où dans un discours astucieux il trouvait deux peuples en France, un débonnaire et obéissant, l’autre babillard et toujours à la tribune, citoiens représentans, l’homme qui hait le peuple berçant [?] les actes de sa liberté en est le plus grand ennemy. Mais votre fermeté encore a sauvé la patrie, et combien de fois ne l’avez-vous pas sauvée, toujours vous avez fait votre devoir, la postérité reconnoissante vous décrétera une étemelle mention honorable, elle répétera ce que nous crions aujourd’huy avec le plus doux transport, vive la Convention nationale, vive la République une et indivisible, périssent à jamais tous les usurpateurs. Gastine, président, Aurich, secrétaire et deux autres signatures. (5) C 320, pl. 1 317, p. 21. e [Le dixième bataillon du Var à la Convention nationale, au bivouac des landes de Vertou, près Nantes, le 24 thermidor an II\ (6) Liberté, Egalité ou la mort Représentants, Et nous aussi nous venons vous féliciter de votre énergie. Pour cette fois vous avez presque tari la source du crime puisque vous en avez anéanti les principaux auteurs. Robespierre, Couthon, Saint-Just, périsse à jamais votre exécrable mémoire, ainsi que tous vos adhérents; que prétendoient-ils donc ces triumvirs modernes ? ils se flatoient sans doute d’assoir leur tirannie sur les cendres encore fumantes des vrais amis de la patrie ? Les traitres, avoient-ils oublié que le temple de la liberté est étemel, que la main hardie et toute puissante qui en posa les fondements inébranlables commença par le cimenter du sang de l’infâme Capet, et ne cessera de l’arroser avec celui des ambitieux de toutes espèces. A peine eûmes-nous appris le juste châtiment de ces conspirateurs que les cris répéttés de vive la République, vive la Convention, ont retenti de toutes parts et ont porté l’épouvante dans l’âme des rebelles dont nous sommes environnés. Nous avons planté à leur barbe, l’arbre de la liberté sur un sol jusqu’à présent souillé par la présence des restes impurs des brigands de la Vendée. Sages législateurs, restez fermes à votre poste, continuez à marcher à pas de géant dans la carière imense et pénible que vous avez à parcourir. Toujours grands, toujours justes, ne cessez de vous montrez les ennemis implacables du vice puissant et accrédité; frappez le de mort, extirpez en jusqu’à la dernière racine et sur son tombeau élevez un monument à la véritable vertu et à la probité dont ces scélérats ont tant de fois profané l’auguste nom. Quand à nous, soldats républicains bien plus faits pour nous battre que pour politiquer, en nous défiant plus que jamais de ces hommes à grande réputation nous jurons un attachement inviolable à la République et à la représentation nationale. Nous jurons sur nos armes de faire triompher la liberté et l’égalité, ou de nous ensevelir sous leurs ruines. Guidal, chef du bataillon et deux pages de signatures. f [Les administrateurs du district de Montadour, ci-cevant Saint-Sever, département des Landes, à la Convention nationale, s. d.] (7) Citoyens Représentans, Les conspirateurs, les traîtres du 9 au 10 thermidor avaient-ils donc oublié que la (6) C 320, pl. 1 317, p. 15. (7) C 319, pl. 1 306, p. 21. Bull., 22 fruct. 350 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Convention est le même sénat qui a jugé tous les ennemis de la Liberté et démasqué leur perfidie ? avaient-ils donc pensé qu’on pouvait ici comme à Rome partager une république une et indivisible ? Faibles ennemis, insectes politiques, il ne restera de vos vils complots que des cendres, et une terrible leçon pour quiconque serait encore tenté de vous imiter. Citoyens Représentans, restez à votre poste, la République est votre ouvrage, vous l’embellissez de loix étemelles comme la nature, vous punissez les traîtres avec une énergie qui surpasse la rapidité de la pensée, votre nom est ainsi un arrêt de mort pour les conspirateurs, et un point de raliement pour les français. Vive la Convention, Darnaut, agent national, Casteltz, vice-président, et sept autres signatures. g [La société républicaine de Langres, département de la Haute-Marne, à la Convention nationale, s. d.] (8) Citoyens Représentants l’histoire de la Révolution française nous apprend combien la masse des pouvoirs dans la main d’un seul est contraire au gouvernement républicain, et la sagesse du décret du trois fructidor nous tran-quilise pour l’avenir sur les maux que cet abus pouvoit enfanter. Toutes les autorités deviennent un fléau lorsque l’impunité peut éloigner les magistrats de la ligne de démarcation des pouvoirs qui lui sont confiés, vous avez présumé que la permanence des comités révolutionnaires tendoient à organiser la tyrannie et aussitôt vous avez décrété pour le salut du peuple que les membres en seroient périodiquement renouvellés. Par cette mesure heureuse le citoyen en place veille au salut de la république, et il ne s’y occupe point de ses passions, la certitude d’être surveillé à son tour le rend sage et prudent, et le républicain paisible affranchi du joug de l’artitraire jouit avec fermeté des bienfaits de la révolution. La société populaire de Langres applaudit avec transport aux nouveaux coups que vous venez de porter au despotisme. C’est maintenant qu’elle va croire au règne étemel de la liberté et de l’égalité. Salut et fraternité. Les membres composant le comité de correspondance. Guerinos, Thevenin, secrétaire. (8) C 319, pl. 1 306, p. 22. h [La société populaire de Montbron, département de la Charente, à la Convention nationale, le 30 thermidor an II\ (9) Citoyens représentans, Le courage et l’énergie que vous avez développés dans les journées des 9 et 10 thermidor, en vous rendant à jamais célèbres dans les annales de la République, vous ont mérité à juste titre le nom de pères du peuple, de bienfaiteurs de l’humanité. Depuis trop longtemps les français avaient courbé la tête sous le joug de la plus infâme tirannie. Sur tous les points de la République l’influence du sistème oppressif et destructeur des triumvirs se faisait sentir; partout leurs maximes machiavéliques étaient en pratique. Le citoyen s’isolait et n’osait se communiquer. La méfiance régnait de tous côtés et le mécontentement perçait à travers les efforts qu’on faisait pour le cacher, tandis que ces nouveaux Marcus s’efforcaient à nous prouver que nous étions libres, que la terreur n’existait que pour les ennemis de la chose publique. Les patriotes étaient opprimés, incarcérés, et livrés à un tribunal sanguinaire qui partageait leurs forfaits. Toute justification leur était interdite; les pères, les mères, les épouses, les parens et amis ne pouvaient s’intéresser pour eux sans partager leur malheureux sort. Un sceptre de fer s’appesantissait sur la tête des français crédules, et il forgeait lui-même les fers qui devaient l’enchaîner, mais en vain le vice pour couvrir ses crimes emprunte-t-il les traits de la vertu, en vain la tirannie prend-elle le masque de la liberté, l’illusion cesse bientôt. Vous avez dissipé ce fantôme, il a disparu comme les spectres de la Mort aux rayons d’un beau jour, et en punissant les coupables, vous avez appris à l’univers que, sous quelques dehors que se présentent les ennemis, le peuple français en triomphera toujours. C’est à vous maintenant, citoyens représentans, à réparer les maux que les scélérats ont fait. Le vaisseau de l’état vous est confié, il était sur le point d’être englouti avec la liberté, vous l’avez sauvé du naufrage. Le grand caractère que vous avez montré, nous assure qu’il échappera à tous les dangers. Il nous assure des loix sages, à l’ombre desquelles le citoyen respirera sans craindre l’air pur de la liberté. Elles protégeront l’innocent et inspireront l’effroy aux tirans et aux traitres. Pour nous, citoyens représentans, aplaudissant à vos travaux, entièrement dévoués à vos décrets, nul sacrifice ne nous coûtera pour vous aider à accomplir les hautes destinées du peuple français. Marandout, président, Dieuemard, Pavio, secrétaire. (9) C 320, pl. 1 317, p, 20.