[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. j 19 �Xe«93 503 portent les drapeaux des ci-devant' confréries, le comité de surveillance de cette commune, douze députés de celle de Lille étaient du cortège, qui traversa toute la cité et se rendit sur la place d’armes où un feu était préparé pour y recevoir tous les restes d’effigies qui insul¬ taient encore à l’égalité. Toute la masse du peu¬ plé se livra à des danses, et des airs de vive la République furent répétés des milliers de fois. L’on se porta ensuite à la Société populaire où le peuple réitéra le serment de vivre libre ou. de mourir. Le citoyen Duchâteau, curé de Frielinghien, commune du canton, remit â la Société ses lettres de prêtrise dont le brûlement a été décrété et exécuté dans la salle de ses séances, séance tenante, pendant lequel brûlement, un député de la Société de Lille a chanté l’hymne des Marseillais. _ Un membre a ensuite demandé à ce qu’il n’y ait plus de prêtres soi-disant constitutionnels ni inconstitutionnels, qu’ils ne soient salariés que viagèrement ; que les temples que la Con¬ vention nationale, par des vues politiques, a jugé à propos de laisser jusqu’alors à la disposi¬ tion des ministres du culte catholique soient réunis aux domaines nationaux, pour être employés pour hôpitaux, casernes, halles, etc. Il est ainsi au procès-verbal. H. Top, président; Bat art jeune ; Droulet, secrétaire. Arrêté de la Société populaire et révolutionnaire d’Armentières, district de Lille, département du Nord (1). La Société populaire et révolutionnaire d’Ar¬ mentières, dans sa séance extraordinaire et mémorable du 22 brumaire, sur la motion de différents de ses membres, a arrêté que dans un état républicain il ne devait point y avoir de culte publiquement reconnu; de culte dont les ministres soient salariés par la nation entière ; qu’il fallait porter le dernier coup au fanatisme en déclarant qu’il ne sera plus reconnu d’indi¬ vidus sous la dénomination de curé, de vicaire et de prêtre, constitutionnel ou non; que les édifices qu’ils appelaient églises, serviraient désormais de temples dédiés à la liberté, à l’éga¬ lité et au bon sens; que les marques du fana¬ tisme qui les décorent maintenant y seraient remplacées par les emblèmes sacrés de tout ce qui peut contribuer à éclairer le peuple et à propager le républicanisme; que. les droits de l’homme y seraient gravés au front d’un autel dédié à la patrie; que la Constitution, ce chef-d’œuvre de L’esprit humain, y serait encadrée par extraits et servirait d’ornement à ce temple; que les vieillards et les enfants, images parlantes des deux âges de la nature, s’y rassembleraient foutes les décades et y tiendraient heu de tous les saints, de toutes les Vierges et de toutes les images qui ont servi si longtemps à nous fana¬ tiser,, à nous abuser et à endormir notre raison ; que tout le peuple, ce jour-là, s’y rassemblerait aussi, et que lés vrais amis de la chose publique y prêcheraient les bonnes mœurs, la charité envers le prochain, surtout envers lés indigents, l’amour sacré de la patrie et les droits de la li¬ berté et de Légalité que tout homme apporte en naissant. Ces morales vaudront bien lés men¬ songes dont ces prêtres, que la patrie vient de rejeter de son sein, empoisonnaient nos cœurs et nos esprits. En conséquence, cette Société a arrêté que quatre commissaires se transporteraient à l’ins¬ tant à la municipalité d’Armentières, pour l’exé¬ cution et les mesures à prendre à ce sujet ; que les argenteries qui se trouveraient dans les ci-devant églises seraient transportées sur-le-champ au directoire du district de Lille; que ces mêmes commissaires porteraient aux re¬ présentants du peuple ce redoutable arrêté qui anéantit enfin tous les insectes du fanatisme, pour y donner leur approbation, et qu’ils le porteraient aussi, ce foudroyant arrêté, à nos frères de la Société révolutionnaire de Lille. Pour copie conforme : Signé : Casimir Delacroix, président; B ayart jeune et Duchosal, secrétaires. Aujourd'hui, vingt-deux brumaire, l’an deuxième de la République une et indivisible. Nous, membres composant le conseil général de la commune d’Armentières, assemblés au lieu ordinaire de nos séances, ayant pris en grande considération l’arrêté de la Société popu¬ laire et révolutionnaire de eette ville, dont le contenu précède, avons délibéré unanimement qu’il serait exécuté selon sa forme et teneur, En conséquence, toutes les argenteries trou¬ vées dans le temple du culte fanatique, situé en cette commune, seront transférées à Lille pour en faire hommage à la Convention nationale, par le citoyen Top, président du comité de surveil¬ lance, en nous rapportant décharge, confor¬ mément au désir de la commune. Signé : Gombert, maire; Roilart, ofjfieier municipal; D élan gre, P. Horin, B. -P. Glorian, Caron, J.-B.-C. Mourit, P.- J. Desremaux, notables ; Dehem, Delacroix fils aîné, Vaillant, Burier. Le comité de surveillance d’Armentières, qui a pris communication de l’ arrêté de la Société populaire, de la décision de la municipalité qui précèdent, ravi de voir l’esprit public de cette ville à la, hauteur des vrais principes de la Révo¬ lution, a, en adhérant à ces grandes mesures, vu avec enthousiasme que la raison et le bon sens viennent de triompher de L’ignorance et du fanatisme. Armentières, le 22 brumaire, l’an II de la République. Signé : Tof, président; François Bayard jeune, Delsipe, Honoré Leclercq, Mer¬ cier, Viart et Droulez, secrétaires. Vu et approuvé avec la satisfaction républi¬ caine qui anime tous les défenseurs de la raison et les amis de la philosophie, par nous représen¬ tants du peuple envoyés près l’armée du Nord, le 23e jour de brumaire, Fan II de la République française. Signé : Châles et Isoré. Pour copie conforme : Signé : Bayart jeune et Droulet, secrétaires de la Société républicaine d' Armentières. Pour copie conforme à l'original : Gombert, maire (PArmentières. fl} Archives nationales , carton C 278', dossier 743.