ARCHIVES RAW-BWNTAIRES. 19,Q ' IConventian nationale.] Dans thermidor, les feux brûlants de la canicule furent apaisés dans l’eau des thermes ou dans les bains ; on repoussa les attaques d’un ciel dévorant en se plongeant dans les fontaines, et les ruisseaux subjuguèrent les efforts du soleil. Tel fut thermidor. « Le mois fructidor ferma l’année en présen¬ tant ses offrandes. Les fruits tombèrent sous leur propre poids; on ramassa dans l’intérieur de ses domiciles cette douce jouissance des âpres hivers; ils charmèrent les banquets fra¬ ternels lorsque le froid Borée a tout desséché, et que la nature entière, ensevelie dans la tor¬ peur, a coupé le sentiment aux végétaux. « L’année républicaine eut donc un rapport suivi avec le système de la République; elle fut conçue d’après les objets qui doivent assu¬ rer la force de l’État, c’est-à-dire l’agriculture et tout ce qui tient au labourage. L’année fut terminée par les cinq jours complémentaires, consacrés aux grandes fêtes nationales sous le nom des sans-culottides. On y célébra la vertu qui forme les héros, le génie de la liberté qui stimule la bravoure, l’opinion qui rassemble les esprits et éloigne les controverses, le travail qui donne le bonheur; enfin, l’on célébra le jour des récompenses et l’on y distribua des palmes à ceux qui avaient bien mérité, au guerrier qui avait terrassé des adversaires, au marin qui rompit sur l’océan le criminel espoir des tyrans, à la femme fidèle qui n’eut pas l’impudeur de croire qu’une perfidie était un agrément, aux enfants vertueux, aux vieillards qui apprêtaient leurs tombeaux en faisant des vœux pour l’éter¬ nelle durée de la République. « Telles furent les causes qui dénommèrent les nouveaux mois de la liberté. Tant qu’ils subsisteront la gouvernement du peuple sera. solennellement reconnu; la République coulera avec l’année révolutionnaire, et ses mois rappel¬ leront à vos souvenirs les objets les plus chers à des citoyens : la vertu, la liberté, le sentiment républicain, l’amour du travail et l’espoir des récompenses. « La Société des amis de l’égalité et de la liberté, séante à Rochefort, arrête que ce dis¬ cours sera imprimé pour être envoyé à la Con¬ vention, aux Jacobins, aux sociétés affiliées, etc. « Premier frimaire an II de la République, une et indivisible. « Signé ; Lequinio, représentant du peuple, président; Bektotjt, ex-président; Fré¬ déric, Clissiè, Grabeuil, Gahdriaüx, secrétaires. » Les représentants du peuple près les armées et les départements du Midi annoncent que des fêtes vraiment républicaines ont remplacé les mômeries prescrites par la superstition et par la fourberie; le décadi 10 frimaire deux prêtres se sont mariés à deux citoyennes pauvres, mais vertueuses; ils envoient l’état de l’or, argenterie, diamants, perles, etc., des églises, chapelles et émigrés du district de Saint-Maximim. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 75. j Suit la lettre de Fréron et Barras, représentants du peuple près les armées et les départements du Midi (1). Les représentants du peuple près les armées et les départements du Midi, au citoyen Président de la Convention nationale. « Marseille, le 11e jour de frimaire, l’an II de la République française, une et indi¬ visible. « Un grand homme disait avec raison que la philosophie faisait à pas lents le tour du monde ; déjà nous apercevons ici les premiers rayons de cette sainte raison que les Parisiens adorent. Aujourd’hui des fêtes vraiment nationales, vrai¬ ment républicaines, ont succédé aux mômeries prescrites par la superstition et la fourberie. Hier, fête de la décade, deux ci-devant prêtres sans-culottes, abjurant leurs erreurs, ont solen¬ nellement pris pour épouses deux citoyennes vertueuses, mais pauvres comme eux. Nous avons servi de témoins à cette union, nous avons conduit les époux à la municipalité et notre cortège, précédé du char de la liberté, réuni aux citoyens qui célébraient la fête de la décade, a parcouru Marseille et est arrivé à la maison commune aux acclamations du peuple et aux cris mille fois répétés de Vivent la Êépuhlique, la Maison et la Montagne ! Un banquet civique, dont nous avons fait les frais, a réuni les époux et les martyrs de la Révolution. Le soir, le peuple a applaudi aux sentiments et aux vertus républicaines de Brutus, qu’on a représenté de par lui et pour lui. « La municipalité en écharpe, prévenant le décret qui regarde le théâtre comme une école publique, a reçu de chaque acteur le serment que la loi impose aux instituteurs. « Vous trouverez ci-joint (2) l’état des ri¬ chesses trouvées dans le seul district de Baint - Maximin; vous voyez que les saints du Midi entendent, comme ceux du Nord, la voix dé la patrie qui les appelle. Ça ira. Ça va. « Salut et fraternité. « Fréron ; Puni Barras. ». Dupin, procureur général syndic du départe¬ ment de l’Hérault, envoie l’état nominatif de 37 prêtres qui ont abdiqué leur état en renonçant à leurs fonctions. Insertion au « Bulletin » et mention civique (3), (1) Archives nationales, carton AFn 186, pla¬ quette 1538, pièce 28. Aulard : Recueil des actes cl de la correspondance du comité de Salul public, t. 9, p. 93. (2) Cet état a élé renvoyé au comité des finances, ainsi qu’il résulte du reçu ei-dessous ; COMITÉ DES FINANCES. Reçu du citoyen Dupoxnmereulle une pièce adressée audit comité, par celui de Salut public, savoir ; l'étal de l’or, de T argenterie, diamants, perles des églises, chapelles et émigrés du district de Saint-Maximin ■ Cejourd’hui 10e jour de pluviôse à 11 heures du malin de l'an II de la République française, une et indivisible. Huguenot, secrèiaire commis . (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p, 75, [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j !g 101 Suit la lettre de Dupin, procureur général sy ndic du département de V Hérault (1). • Le procureur général syndic du département de V Hérault, au Président de la Convention natio¬ nale. « Montpellier, le 11 frimaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « L’article 3 de l’arrêté du département, dont je t’ai adressé une expédition le 7 du présent mois, détermine qu’il sera envoyé chaque décade, à la Convention nationale, les listes des ci-devant prêtres qui auront renoncé aux fonctions du sacerdoce. Tu trouveras ci-joint la première dé ces listes : les ci-devant prêtres qui y sont com - pris sont au nombre de trente-sept. L’adminis¬ tration, citoyen président, me charge de te prier d’inviter la Convention à décréter la mention honorable de ces citoyens rendus entièrement à la société. « Dupin. » Département de l’Hérault. Première décade de frimaire de Van second de la Bépublique française, une et indivisible. Liste des citoyens qui ont renoncé a L’EXpRCICE DES FONCTIONS DU CULTE (2) : Basset, aumônier de l’hôpital Saint -ii loi de Montpellier ; Bardot, curé de Liausargues ; Reynaudy, d’ Embrun, lieutenant au bataillon des Hautes-Alpes ; Alric, curé de Saint -Denis de Ginestet ; Bertholon, professeur de physique expéri¬ mentale; Arnaud, principal du collège de Montpellier; Martin, ci-devant cordelier à Lodève; Salze, ci-devant chanoine à Lodève; Monsservin, curé de Castelnaud ; Goubert, curé de Miidaison ; Poule, curé de Boisseron ; Bary, curé de Saint-Denis de Montpellier; Truchement, curé de Saint-Pierre de Montpel¬ lier; Gauthier, curé de Notre-Dame de Montpel¬ lier; Tondut, vicaire de ladite paroisse ; Chiris, curé de Saint -François de Montpel¬ lier; Radier, vicaire de ladite paroisse; Mar a val, ministre protestant à, Montpellier et à Pignan. Bringer, curé de la Yerune; Bresson, Courtet, Stasinski, à Montpellier; Lignon, vicaire de Saint -François de Mont¬ pellier; Rnyter, curé de Lattes; Simon, curé de Soumont; Teissering, pro-curé de Fozières; B aile, curé de Vendargues; Poulet, curé de Perols ; Maurel, curé de NotrerDauie de Londres; Gautier, curé de Saint-Jean de Vedas; fl) Archives nationales, carton G 284, dossier 824. (2) Archives nationales , carton Ç 284, dossier 824. Rabejac, Yigouroux, à Lodève; Montels, au Puech ; Laporte, ancien pro-curé de Saussan ; Dejean, curé de Gigean; Altabesse, curé de Treviès; Sisteron, curé de Sainc-Bauziette de Putois. Fait et arrêté à Montpellier le onzième fri¬ maire de l’an second de la République française, Une et indivisible. Par les administrateurs composant le conseil du département de l'Hérault. (Suivent 17 signatures.) Le citoyen Voulland, Président occupe le fauteuil (1). Le directoire du district de Bar-sur-Seine fait part du bon esprit gui règne dans ce district; il annonce qu’vui bataillon complètement armé et formé de 11 compagnies nerveuses, attend avec impatience l’ordre de combattre; que toutes les contributions arriérées sont payées, toutes celles de 1791 payées, celles de 1792 presqu’en entier; que celles de 1793 ne tarderont pas à l’être; et que 49 lots d’émigrés, produisant 900 livres à 1Q0 pistoles de revenu, ont été vendus 86,000 li¬ vres, ce qui prouve que chez eux l’on ne croit point aux revenants. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2), Suit la lettre des administrateurs du directoire du district de Bar -sur Seine (3). Le directoire du district de Bar-sur-Seine, à la Convention nationale. « Nous faisons peu d’adresses, mais nous agis¬ sons. Les mots sont équivoques, les faits sont expressifs. L’exécution prompte et sévère de la loi fait sa plus sûre approbation. « Tout est ici debout pour le soutien de la République-Après avoir, eu 1792, fourni déjà plus de 2,000 défenseurs centre les satellites dès despotes; après en avoir envoyé 300 autres au mois de mars, une nouvelle compagnie est sortie de ce district au mois de juillet centre les rebelles de la Yendée. Deux compagnies se sont ensuite rendues, au mois d’août, près l’armée de la Moselle; au mois de septembre, il a fourni son contingent dans la levée des 30,000 hommes de cavalerie. Aujourd’hui un bataillon, complète¬ ment organisé et formé de 11 compagnies ner¬ veuses, n’attend qu’avec impatience Tordre de combattre les esclaves des tyrans. « Toutes les contributions arriérées sont payées; toutes celles de 1791 sont acquittées, celles de 1792 le sont presque en entier, celles de 1793 ne tarderont pas. « L’aliénation des biens nationaux a toujours été d’un grand prix; les paiements se font avec empressement. « Les meubles des émigrés sont vendus; les immeubles sont en vente; 40 lots d’émigrés produisant au ci-devant à peu près un revenu de 900 à 1,000 livres ont été vendus les 13 et 14 fri-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 75. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 75. (3) Archives nationales, carton C 284, dossier 824,