164 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Citoyens représentants La journée du dix aoust vit triompher les droits du peuple des efforts d’un tiran couronné ; mais l’orgueil et l’embition préparoient un autre genre de tirannie sous le masque d’une popularité usurpée. Robespiere qui meditoit le projet d’asservir son pays parut dans la journée du trente un mai le plus ardent deffenseur de la liberté, dans celle du 9 termidor il invoquoit au nom du peuple la commune de paris pour anéantir la convention nationale et convertir la Republique en oligarchie. Robespiere n’est plus : les hommes interressés à propager ses principes et ses maximes demendent aujourd’hui que la liberté que vous avez sauvée soit remise sous l’egide de la terreur, selon eux les opinions sont des délits, les citoyens oprimés sont des enemis du bien public, la liberté de la presse est un abime que les aristocrates creusent sous les pas des patriotes. Ces vosifferations, législateurs effreyroient encore les citoyens paisibles, a peine sortis de l’etat de stupeur, si votre courage ne mainte-noit la justice a l’ordre du jour; cette justice sévère qui ne laisse pas impunis ny les continuateurs de Robespiere ny les autres contre révolutionnaires sous quelque forme qu’ils se présentent. Que les sociétés populaires qui ont rendus de si grands services a la Révolution soient circonscrites dans de justes bornes, que la Convention soit le centre unique de l’impulsion du gouvernement, les vrais amis de la liberté et de l’égalité se ralliront toujours autour d’elle ; ils lui feront un rempart contre les anarchistes, les fripons ; les dilapidateurs seront connus ; les talents, la probité ne seront plus des titres de proscriptions; les arts et le commerce reprendront leur effort et vous recevrez, législateurs, les bénédictions d’un peuple qui a droit d’attendre de vous son bonheur. Tels sont les voeux et les espérances des habitants de la commune d’Aubusson. Vive la République, vive la Convention. J. Charles, agent national et vingt autres signatures dont celles de six officiers municipaux. 14 La société populaire de Brestot, district de Pont-Audemer, département de l’Eure, demande le maintien de la liberté la plus étendue de la presse, l’activité dans l’instruction publique, un maximum inviolable pour les objets de première nécessité, la réforme des corps constitués qui ont perdu la confiance, elle demande que le citoyen Legris, ci-devant prêtre, agent national du district de Pont-Audemer, soit requis de rester à son poste. Renvoyé au comité de Salut public (21). (21) P.-V., XL VIII, 94-95. 15 La société populaire de Montrond, district de Poligny, département du Jura, félicite la Convention sur ce qu’elle a fait dans la journée du 10 thermidor; elle demande le rapport du décret lancé contre le Jura, assure qu’elle regardera toujours la Convention comme son seul et unique point de ralliement et l’invite à ne pas quitter son poste que le vaisseau qu’elle gouverne ne soit arrivé et bien assuré au port. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoyé au comité de Salut public (22). 16 Les membres composant la société populaire, révolutionnaire et régénérée de La Mothe-Héraye [ci-devant La Mothe-Saint-Héraye, Deux-Sèvres] et le peuple de la commune réunis, se plaignent de ce que les départemens de l’Ouest, dont ils font partie, ont été calomniés à la tribune de la Convention nationale; ils assurent qu’ils ne connoîtront jamais pour centre unique que la Convention : ils sont debout pour faire disparoître tous les tyrans et les factieux. Mention honorable, insertion au bulletin (23). [Les membres composant la société populaire révolutionnaire et régénérée de La Mothe-Héraye et le peuple de la commune réunis à la Convention nationale, le 12 vendémiaire an III] (24) Liberté, Egalité ou la mort. Représentans du peuple Nous faisons partie des départements de l’Ouest, nous avons vû par le n° 357 du Moniteur Universel que ces départements ont été calomniés a votre tribune et notre silence pourroit nous faire soupçonner coupables si nous ne nous hâtions de détruire cette imposture. Législateurs, nous avons toujours voulu la République, une et indivisible, notre point de raliment a ete dans tous les tems la Convention nationale et nous ne connoissons et ne recon-noitrons jamais que ce centre unique. Si un nouveau tirand ou quelques factieux osoient se montrer pour rivaliser avec vous, parlés ! nous sommes debout pour les faire disparoitre. Longtems la terreur a été à l’ordre du jour, des hommes de sang auroient voulu l’éterniser ; (22) P.-V., XL VIII, 95. (23) P.-V., XL VIII, 95. (24) C 325, pl. 1405, p. 26. Bull., 8 brum. SÉANCE DU 8 BRUMAIRE AN III (29 OCTOBRE 1794) - N° 17 165 mais la voie du patriotisme a sçü étouffer les cris de l’intrigue. Examinés ces hommes qui sans cesse vous disent que les aristocrates et les modérés triomphent et que les patriotes sont oprimés, et vous verrés si ce ne sont pas de ces etres qui voient avec desespoir echaper de leurs mains impures la puissance dont le despotisme les avoit revêtu pour étoufer la liberté naissante, de ces etres courbés sous le poids de leurs crimes et de leurs forfaits, qui ne veulent que le pillage et la destruction et dont le front est encore teint du sang des malheureuses victimes qu’ils ont imolés a leur ambition et a leur vengence particulières. Législateurs vous avés sauvé la liberté dans la nuit du 9 au 10 thermidor, achevés votre ouvrage, écrasés d’une main hardie tous les lieutenants de Robespierre et leurs infâmes val-lets. L’intrigue et le crime ne doivent pas exister sous le régné de la liberté et de la justice. Périssent a jamais ceux qui voudroient nous rendre les fers que nous avons brisés. Tel est le voeu de tous les hommes libres. Tel est le nôtre. Les membres composant la société populaire révolutionnaire et régénérée à la Mothe-Heraye et le peuple de la commune réuni. Suivent 81 signatures. 17 La section de la commune de Dijon [Côte-d’Or], dite de l’Égalité, annonce son indignation contre les conspirateurs en tout genre et son voeu fortement prononcé pour le règne de la justice, pour le respect de la liberté individuelle, pour l’obéissance à la loi et le ralliement absolu et universel vers la Convention. Mention honorable, insertion au bulletin (25). [Le vice-président de la section de l’Egalité de la commune de Dijon au président de la Convention nationale, le 2 brumaire an IIU (26) Citoÿen président La section de l’Egalité de la commune de Dijon, pénétrée des grands principes, consacrés dans l’Adresse de la Convention nationale au peuple français, ÿ a unanimement adhéré ; elle me charge citoÿen président de te faire passer son acte d’adhésion en t’invitant à le mettre sous les ÿeux de la Convention nationale; elle me charge pareillement de t’adresser quelques exemplaires du discours prononcé par son président a la séance a laquelle, assista le représentant du peuple Calés, en commission dans le département de la Côte-d’Or qui en demanda (25) P.-V., XL VIII, 95. (26) C 325, pl. 1405, p. 25. l’impression et l’envoi à la Convention nationale, ce qui fut ainsi ordonné par la section. J’ai accepté avec d’autant plus de plaisir, citoÿen président de remplir les vües de la section dans cette circonstance que j’ai proffessé dans tous les tems les principes que vient de proclamer solemnellement la Convention nationale. Salut et fraternité. Carnot, vice-président de la section de l’Égalité de la commune de Dijon, Vallet, secrétaire. [La section de la commune de Dijon dite de l’Égalité à la Convention nationale, s. d.] (27) Représentans du peuple, De même que toutes les factions liberticides ont été anéantis successivement par la puissance nationale qui vous est confié, de même le développement de vos principes a dissipé sans retour les vapeurs orageuses dont les intri-gans, les fripons, les conspirateurs enfin les contrerévolutionnaires en tous genres vouloient encore surcharger l’horizon politique. O dignes représentans du peuple! nous le disons honnêtement et franchement avec vous : Justice, Justice, non plus cette furie implacable des passions, toujours altérée de sang qui flétrissait l’humanité, profannoit la liberté et l’égalité et nous déshonorait aux yeux de l’Europe attentive mais cette justice calme comme la vertu, soigneuse comme la prudence et inaltérable comme la vérité. Honneurs à toutes les vertus; elles sont la baze indestructible d’une République. Guerre à tous les etres immoraux ; ils ne peuvent être que les esclaves et les partisans secrets et actifs des rois. Respects pour la liberté individuelle ; elle est la meilleure garantie de la liberté générale. Obéissance entière à la loi; elle est l’expression de la volonté générale et y donner atteinte c’est attenter à la souveraineté du peuple. Raliement absolu et universel vers la Convention, dépositaire du pouvoir souverain; c’est s’insurger contre le peuple que de s’insurger contre elle... S’insurger contre elle! Quels hommes assez audacieux oseraient en concevoir seulement la liberticide idée ! Si cependant par le plus incompréhensible des événemens, il arrivoit que quelque nouveaux tyrans bouffis d’orgueil, gorgés d’ambition et entrainés par le penchant habituel du crime, voulussent porter une main sacrilège sur la représentation nationale, parlez, parlez, Représentans du peuple nous n’acoureront pas, nous volerons nous unir à vous pour faire rentrer dans le néant [ illisible ]. Suivent 217 signatures dont celle du receveur de l’agence nationale des domaines. (27) C 325, pl. 1405, p. 24. Bull., 15 brum. (suppl.).