SÉANCE DU 11 BRUMAIRE AN III (1er NOVEMBRE 1794) - N° 22 285 e [La société populaire régénérée de la commune de Pont-Chalier à la Convention nationale, s. d.] (84) Liberté, Égalité. Législateurs. Pour annéantir les tyrans il suffît d’un mouvement d’indignation dans un peuple libre; mais pour étouffer les factions et ramener les esprits au véritable point de raliment; au respect des loix, a l’amour du bien public, il faut toute la prudence humaine. Votre adresse aux français en est un précieux mouvement. Oüi Législateurs, c’est maintenant qu’un nouveau jour nous éclairé et qu’un spectacle vraiment plain de charmes porte l’allegresse et la paix dans nos âmes qu’y avoit déjà fait naitre le rapport de Lindet. Pénétrés de vos principes salutaires nous nous garantirons des agitations de l’intrigues et des manoeuvres de la malveillance. L’homme immoral qui se fait un besoin de la bassesse et de la dégradation ; l’homme avide des fonctions publiques parce quelles servent sa domination, l’homme de sang surtout qui ne marche qu’armé de torches et de poignards seront banis de nous comme des fléaux desolateurs; à la probité, a la modestie, au vrai mérite seuls nous offrirons de sincères hommages. Ouis pour jamais à la Convention, nous la reconnoitrons tousjours pour être le centre unique de toutte puissance. Vive la Republique Vive la Convention! Régnée, président et 87 autres signatures. f POULTIER fait lecture d’une adresse de la commune de Dunkerque (85). [Le conseil général de la commune de Dunkerque à la Convention nationale, le 27 vendémiaire an III ] (86) Liberté, Égalité ou la Mort. Citoyens Réprésentants, Votre addresse au peuple françois a été lue à notre séance publique de ce jour ; les applau-dissemens unanimes et reitérés dont elle a été (84) C 325, pl. 1407, p. 8. Bull., 14 brum. (suppl.). (85) J. Fr., n° 767. (86) C 323, pl. 1388, p. 23. Bull., 16 brum. (suppl.) ; Débats, n° 769, 593-594; Moniteur, XXII, 398; Mess. Soir, n° 806; J. Mont., n° 19; J. Perlet, n° 769; J. Fr., n° 767 ; Ann. Patr., n° 670 ; Ann. R. F., n° 41 ; C. Eg., n° 805 ; F. de la Républ., n° 42; Gazette Fr., n° 1034; M. U., XLV, 185-186. couverte par tous les membres du conseil et par nos concitoyens présens aux tribunes, nous sont un sur garant qu’elle renferme l’opinion et le voeu de tous. Maintenés en les principes avec le même courâge qui a abattu le tiran et toutes les factions liberticides ; vous aurez fixé l’époque du bonheur de l’humanité. Vous avés l’entière confiance du peuple ; dépositaires de sa massue, ne craignés pas de vous en servir pour abattre tous ses ennemis, de quelques masques qu’ils se couvrent; il a juré la liberté, l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la République, il tiendra ce serment. Les habitans de Dunkerque vous renouvellent le leur par notre orgâne, tels ils se sont montrés aux perfides anglois lorsqu’ils étaient sous leurs murs, tels ils se montreront toujours pour défendre la Représentation nationale leur seul et unique point de ralliement. Vive la République, Vive la Convention. Dunkerque, le 27e vendémiaire l’an 3eme de la République française une et indivisible. Longeville, Coppin, maire et 36 autres signatures. Un membre expose que cette commune qui avoit changé son nom en celui de Dunes-Libres, demande à reprendre son ancien nom, sous lequel elle s’est distinguée en diverses occasions (87). POULTIER a appuyé l’humble requête de cette commune, et a fait valoir, pour toucher l’Assemblée les services qu’elle a rendus à la République et particulièrement sa belle défense contre le fameux duc d’York. Il sembloit qu’il ne devoit pas y avoir plus de difficulté à permettre de reprendre un nom que de le quitter (88). g [La société populaire régénérée et la commune de Dax à la Convention nationale, s. d.] (89) Égalité, Fraternité, Liberté. Citoyens Représentans Pour achever le grand oeuvre de la Révolution, il faloit encore imposer silence aux factieux, arracher le masque aux faux patriotes, reprendre d’une main hardie la liberté, qui est une propriété de la vertu et non du crime. Pères du Peuple, vous avez commencé ce sublime ouvrage, achevez de fixer le bonheur des fran-cois ! écrasés toutes les factions, tous les partis, ils savent qu’on arrive au despotisme par (87) Débats, n° 769, 594. (88) Mess. Soir, n° 806. J. Mont., n° 19; J. Perlet, n° 769; J. Fr., n° 767 ; Ann. Patr., n° 670; Ann. R. F., n° 41; C. Eg., n° 805 ; F. de la Républ., n° 42 ; Gazette Fr., n° 1034 ; M. U., XLV, 186. Voir ci-dessous Arch. Parlement., n° 32. (89) C 325, pl. 1407, p. 12. 286 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE la désorganisation préméditée, et c’est là le plan de nos énémis, comme c’est leur unique ressource, ceux qui cherchent a vous diviser, a rivaliser vos pouvoirs, a s’emparer de l’initiative des loix, sont les vrais conspirateurs. Monestier (de la Lozère) à paru parmi nous : il a développé notre courage révolutionnaire trop longtems engourdi par la terreur ; ici toutes les passions ont disparu, hors une seule, celle que nous inspire l’amour de la patrie; il nous à montré la consolidation de la liberté dans le gouvernement révolutionnaire, qui sera juste et bon tant que vous en tiendrez les rênes et que vous deffendrés aux passions personnelles et a la terreur de le souiller. Nos biens, le sacriffïce de nos vies, des efforts de tous les genres pour le maintien de la Convention nationale, voilà ce que nous vous offrons avec tous les françois ; Oui avec tous les françois et certes, il faudrait douter de l’affermissement de la liberté, si l’on pouvoit croire un instant, que les admirateurs de vos glorieux travaux ne sauraient parvenir en vous environnant, a étouffer les hurlemens de quelques desorganisateurs et a faire respecter la Représentation nationale. Les membres composant la société populaire et régénérée et la commune de Dax. Suivent 89 signatures. h [Le conseil général, le tribunal de paix et les citoyens de la commune de Triel à la Convention nationale, le 30 vendémiaire an 1/7] (90) Citoyens Réprésentants Vous avez entendu le voeu des français et votre adresse paternelle dont chaque expression porte le caractère de la loyauté française en réalisant nos espérances, a dissipé toutes les incertitudes, rallié tous les vrais citoyens, démasqué tous les traîtres, signalé tous les conspirateurs. Qu’ils ont été coupables envers cette nation généreuse et sensible dont ils avoient usurpé la confiance par une longue et profonde dissimulation, les scélérats qui ont voulu régner sur elle et sur vous par la terreur et par la mort? Mais enfin combien ils sont dignes de sa colère et de sa vengeance, ceux qui paraissent regretter, ceux qui voudraient faire revivre un système de stupeur et d’opression qui a pesé trop longtems sur tous les points de la République. Raison, justice, humanité, tels doivent être les elemens de toute organisation sociale ; telles doivent être les bases du gouvernement d’une nation libre, fière et éclairée ; telle a du être la profession de foy politique de la Convention nationale et nous disons avec elle que toute opinion qui s’en écarte est un blasphème. (90) C 323, pl. 1388, p. 33. En vain les restes impurs d’une faction homicide s’agitoient encore pour troubler la paix que vous veniez d’assurer à tout citoyen vertueux qui veut sincèrement le bonheur et la liberté de sa patrie; tous les voiles sont déchirés et l’homme le moins instruit, le moins en garde contre les trompeurs saura désormais avec votre déclaration à la main, discerner l’honnête et véritable patriote, amis des moeurs et des lois et reconnaître le fourbe et l’intrigant qui n’en ont que le masque ; il saura surtout repousser avec horreur et dénoncer avec courage l’imposteur, le vrai contre-révolutionnaire, l’apôtre du meurtre et du brigandage, qui chercheroit à lui persuader que la soif du sang est une vertu républicaine, et que plus on égorge de victimes plus on cimente le triomphe de la révolution. Et quel est le français, s’il est digne de ce nom, qui pouroit préférer à l’empire de la loi que vous venez de rétablir, l’avilissant et barbare despotisme auquel votre energie vient de nous soustraire ? Laissons les infâmes complices de Robespierre, laissons ses vils agents, ses féroces satellites pleurer sur les ruines de ce cahos anarchique, de ce régime monstrueux, où il n’y avoit de liberté que pour les ennemis de toute liberté, de paix que pour les bourreaux, de sûreté que pour les voleurs et les assassins, où l’homme de bien qui pouvoit être utile étoit obligé de se cacher, où les talens étoient devenus des titres de proscription, où la crainte entravoit les fonctionnaires publics, où un espionage ténébreux se glissoit partout pour empoisonner tout, où enfin par un rafinement incroyable de cruauté le même individu étoit jugé deux fois, suspect le même jour pour deux causes absolument contraires. Le matin pour avoir eû un air triste, le soir pour avoir été surpris avec un visage plus serein... Et c’est au moment où les françois sortant de cet état pénible d’angoisse, de contrainte et d’effroi, s’élancent avec entousiasme vers la Convention nationale pour la remercier d’avoir brisé leurs fers, en se resaississant elle même de son indépendance et de toute sa dignité, c’est dans ce moment qu’on oseroit leur reprocher leur joye et à vous l’accueil que vous faites aux homages qu’ils vous adressent! On vous a dit, Citoyens Réprésentants, et l’on vous l’a dit pour vous inquiéter, qu’une réaction très marquée s’étoit fait sentir dans toute la République après la chûte des derniers conspirateurs. Oui sans doute il y a eû une réaction et elle a dû être d’autant plus éclatante que les âmes longtems comprimées par la terreur ne pouvoient manquer, en reprenant leur ressort, de sentir fortement leur retour à la confiance et à la sérénité; oui, il y a eû une réaction et vous jouissez de ses heureux résultats en voyant tout ce qui vous entoure prendre l’attitude qui convient à des hommes libres ; une douce sérénité remplace la sombre mélancolie qui flêtrissoit toutes les physionomies, les élans du coeur et de l’esprit succèdent au silence de la mort ; la tyrannie des triumvirs n’étoit propre qu’à faire des traitres, des hypocrites, des esclaves; et tel a été au contraire l’effet naturel de ces réactions dont on a eu la maladresse