422 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES [ 28 brumaire an il ' ' 18 novembre 1193 reste fixé sur une longue série de monstres qu’il vous désigne à frapper. « Ainsi donc vos travaux ne sont point finis. Et puis il ne vous suffit pas de nous avoir montré, du haut de la Montagne sainte, la terre promise, vous devez nécessairement nous y conduire, y pénétrer avec nous, afin de nous abreuver tous ensemble du lait et du miel qui en décou¬ lent. « Brocard ; Girard, procureur syndic ; Follet ; L anDrie ; X. B odau ; Carteret fils, secrétaire. « Jussey, 18 brumaire de l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. » Les administrateurs du directoire du district de Romorantin envoient à la Convention 9 croix ci-devant Saint-Louis et 7 brevets : ils invitent la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit V adresse des administrateurs du direc¬ toire du district de Bomorantin (2). Les administrateurs composant le directoire du district de Bomorantin, aux citoyens repré¬ sentants du peuple. « Citoyens représentants, « Vous avez abattu la tyrannie, vous avez écrasé le fédéralisme, vous affermissez chaque jour par des mesures sages et vigoureuses les bases de la Constitution que vous avez créée. L’union qui règne dans votre sein depuis la mémorable journée du 31 mai a produit tous ces avantages à la France, et lui assure la per¬ fection prochaine de l’édifice sublime et majes¬ tueux dont vous avez posé les fondements. « Restez donc à votre poste, citoyens repré¬ sentants, c’est le vœu de nos administrés, c’est le nôtre, c’est celui de toute la République qui, avant de vous accorder du repos, vous de¬ mande l’anéantissement de ses ennemis inté¬ rieurs et extérieurs, et l’organisation d’un bon gouvernement calqué sur les principes de la liberté et de l’égahté. « Nous vous envoyons neuf croix, dites de Saint-Louis, qui nous ont été remises en exé¬ cution de votre décret du 28 juillet dernier. Le métal dont elles sont composées servira plus utilement à soutenir les droits de la liberté, qu’à flatter la vanité humaine. « Nous y joignons sept brevets, les deux autres étant restés dans les bureaux de la guerre. « Fait en directoire, à Romorantin, le 22 bru¬ maire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Dubuisson, président; Daimond; Ba-raillier ; Taillarda; Millot, pro¬ cureur syndic; Brinet; Drouet, secré¬ taire. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 299. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 755. Etat des croix dites de Saint-Louis et des brevets remis aux municipalités de V arrondissement du district de Bomorantin, en exécution du décret du 28 juillet 1793 (1). 1° Moreau -Châssis, ancien capitaine dans les troupes des colonies, une croix et un brevet du 11 mai 1771; 2° Jean Garde, ancien lieutenant d’infanterie, une croix et un brevet du 14 mai 1786; 3° Claude Tribard, ancien maréchal des logis de la gendarmerie, une croix et un brevet du 23 juin 1771; 4° Bernard Gelhay, lieutenant des invalides, une croix et un brevet, du 10 avril 1791; 5° Chevalier, dit Duthou, ci-devant garde de la porte, une croix et un brevet, du 13 dé¬ cembre 1791; 6° Etienne-Louis -Guillaume Leconte de Biè¬ vres, ci-devant garde de la porte, une croix et un brevet du 13 décembre 1791; 7° Bernard de Sauveterre, capitaine réformé dans le régiment Royal -Piémont cavalerie, une croix et un brevet, du 2 mars 1791; 8° Perrault Mongivray, ci-devant garde de la porte, une croix sans brevet; 9° Jules-César Humery, de la Boissière, ci-devant garde de la porte, une croix sans brevet. Ces deux derniers assurent que leur brevet est au bureau de la guerre. Le tout envoyé à la Convention nationale le 22 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. Certifié véritable par moi, secrétaire du dis¬ trict de Romorantin, Drouet, secrétaire. Lettre du représentant du peuple dans les dé¬ partements de la Somme et du Pas-de-Calais, par laquelle il annonce les abjurations qui lui ont été faites par plusieurs prêtres : il s’estime heureux d’avoir, il y a trois mois, le premier dé¬ chiré le voile du fanatisme et de la superstition. Insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre d'André Dumont, représentant du peuple dans les départements de la Somme et du Pas-de-Calais (3). André Dumont, représentant du peuple dans les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et de l'Oise, à la Convention nationale. « Le 4e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II de la République française, une, indivisible et impérissable. « Citoyens collègues, « A peine je quittais les murs de Paris, qu’un ci-devant prêtre vint m’annoncer qu’il venait de déclarer à ses concitoyens qu’il cessait d’être l’organe de l’imposture, et il me remit ses lettres de prêtrise; un autre prêtre m’avait déjà remis aussi son brevet d’impunité, mais celui-là (1) Archives nationales, carton C 279, dossier 755. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 299. (3) Archives nationales, carton C 278, dossier 737. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 418. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENT AIRES . if novembre *1793 423 accompagna sort dépôt d’un© lettre si bien écrite et si vraie que je ne peux me dispenser d’en rapporter certains passages que je vous engage à rendre publics, les voici : « Vouloir être prêtre et républicain en même « temps, cela n’est pas possible, il faut donc « abjurer l’un ou renoncer à l’autre; mais entre « la servitude et la liberté, l’indécision du « choix serait un crime. Recevez donc, citoyen, « recevez ces feuilles orgueilleusement parées du « sceau de Monseigneur, recevez ces pouvoirs « sacrés de faire un dieu et de gouverner les « consciences; que la flamme qui les dévore soit « le signal de la naissance d’un nouveau défen-« seur de la liberté et de l’égalité. « Que le fanatisme alarmé vienne me reprocher « une désertion si hardie, que ne lui reproche-« rais-je pas à mon tour ! Sans parler dés maux « qu’il a faits à ma patrie, par quels sentiers « tortueux ne m’a-t-il pas conduit pendant « quatre ans pour obtenir des lettres de prê-« trise auxquelles il a joint lés conditions les « plus anti-sociales ! Il a fallu parcourir les « plaines arides de la théologie au milieu des « ténèbres. La théologie de l’homme libre, c’est « la nature. » « Cette lettre se termine par cette phrase remarquable : « Les saisons productrices sont la preuve de « l’existence d’un Etre suprême, comme elles « sont les motifs de notre amour, et rien dans « la nature nef ressemble plus à ses ministres, « que l'hiver qui dévore tout et ne produit rien; « quelle singularité inconcevable de vouloir res-« sembler à un Dieu créateur, par Vendrait qui « lui ressemble le moins. » « Si aux vérités incontestables que contient cette lettre il fallait ajouter encore à l’horreur que doivent inspirer la grande majorité des prêtres, je vous annoncerais que Desbois, ex-dé¬ puté et évêque dans ce département, lui qui, par des réponses inciviques dans un interroga¬ toire fut conduit à Bicêtre avec huit à neuf dou¬ zaines d’animaux noirs de son espèce, vient de m’écrire une lettre très courte et très précise dans laquelle il proteste que depuis six mois il professe des sentiments absolument opposés à ceux qu’il a manifestés; je vais faire imprimer son interrogatoire, et à mi-marge, sa lettre. « Au moment où je vous écris, je reçois une nouvelle lettre d’un prêtre qui me déclare qu’il maudit l’instant où il se décida à l’être, et se justifie en me disant qu’il ne l’a fait que pour secourir une mère pauvre, qu’il ne reconnaît d’autre culte que celui de la liberté et de l’éga¬ lité, d’autre religion que l’amour de la patrie, d’autre évangile que celui de la raison. « Je me félicite sans cesse d’avoir, le premier, il y a trois mois, déchiré le voile et fait déclarer à deux escamoteurs, à Montreuil, qu’ils n’avaient été jusque-là, avec leurs habits noirs, que des arlequins ou des pierrots qui endormaient les hommes pour vivre à leurs dépens. « Si à ma première réquisition 400 saints sont venus à votre barre jurer de se faire battre pour la défense de la patrie, aujourd’hui leur corps d’armée se rallie autour de moi, leurs meubles remplissent un appartement de la Commission, et pour le peu qu’ils continuent, ils feront ce que je désirerais bien que nous puissions faire dans la Belgique : ils amènent tout et ne lais¬ sent rien. « J’ai hier rassemblé le peuple. Au milieu de 6 à 7,000 citoyens, j’ai livré bataille aux geô¬ liers de tous les saints et à leurs gardes, et la raison ayant terrassé ces prôneurs de l’impos¬ ture, les républicains ont délivré la sainte armée que la Commission révolutionnaire rassemble ici : un vicaire épiscopal avec cinq à six bedeaux ayant entendu le peuple applaudir à la clôture de la principale église et à sa nouvelle nomina¬ tion de temple de la raison et de la vérité, a voulu finir comme il avait commencé: il se bor¬ nait à enlever clandestinement les effets qui lui convenaient, mais il est maintenant avec sa valetaille ecclésiastique dans une prison; je vais frapper le fer tandis qu’il est chaud, si cela continue il faudra destiner un lieu pour recevoir Barrière-garde de cette sainte et sacrée armée. « Mon absence momentanée des départements que je parcours avait fait lever la crête aux aris¬ tocrates jusqu’alors inconnus, je les fais jour¬ nellement incarcérer et il en résulte encore l’échec d’un nouveau complot. « Je vous assure que si l’on tient ferme sur les mesures révolutionnaires, tous les citoyens, à l’envi, iront écraser les tyrans et leurs esclaves; Compiègne renfermait encore certains feuillants, on les ramasse, et en y passant j’ai nettoyé l’ad¬ ministration du district et la commune. Pa¬ tience, Ça ira et Ça va. « Dumont. « P. -S. Encore un prêtre qui se déprêtrise, la débâcle devient générale, bientôt nous dirons : plus de prêtres et beaucoup de républicains. » Sur la demande du citoyen Marissau (Marcis-seau), soldat au 89e régiment d’infanterie, con¬ vertie en motion, d’ordonner l’échange d’un assi¬ gnat de 300 livres dont il estlporteur, avec des assignats de petite valeur. La Convention passe à l’ordre du jour (1). Suit la demande du citoyen Marcisseau (2) : Nicolas Marcisseau, soldat au 89e régiment d'in¬ fanterie, aux citoyens composant la Convention nationale. « Expose que dès le 27 mai dernier, il est entré au service de la République dans l’armée du Nord. Il y a combattu les esclaves des des¬ potes coalisés, jusqu’au moment où une blessure qu’il avait reçue ayant momentanément inter¬ rompu son service, il fut conduit .à l’hôpital à Senlis, dans les premiers jours d’octobre der¬ nier (vieux style). Là, il a appris que les assi¬ gnats à face royale d’une valeur supérieure à 300 livres étaient démonétisés et qu’ils ne se¬ raient plus admissibles même dans les caisses nationales après le 1er janvier prochain. « L’exposant portait sur lui presque toute sa fortune, consistant en un assignat de 300 livres qu’il destinait à pourvoir aux besoins extraor¬ dinaires qui pourraient lui survenir. Il a obtenu à Senlis la permission de venir à Paris pour y réclamer près du ministre de la guerre la solde, qui lui est due pour avoir conduit 138 hommes (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 299. (2) Archives nationales, carton G 281, dossier 772.