[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 3? S™ 1793 8° bec] sera insérée au « Bulletin », avec une invita¬ tion à tous les citoyens à n’user dans leur langage que d’expressions propres à pénétrer tous les esprits du principe immuable de l’égalité (1). Suit la pétition du citoyen Malbec (2). « Citoyens représentants, « Les principes de notre langue doivent nous être aussi chers que les lois de notre république. « Nous distinguons trois personnes pour le singulier et trois pour le pluriel, et au mépris de cette règle, l’esprit de fanatisme, d’orgueil et de féodalité nous a fait contracter l’habitude de nous servir de la seconde personne du pluriel, lorsque nous parlons à un seul. « Beaucoup de maux résultent encore de cet abus, il oppose une barrière à l’intelligence des sans-culottes, il entretient la morgue des pervers, et l’adulation, sous le prétexte du respect, éloigne les principes des vertus fra¬ ternelles. « Ces observations, communiquées à toutes les sociétés populaires, elles ont arrêté à l’una¬ nimité que pétition vous serait faite de nous donner une loi portant réforme de ces vices. « Le bien qui doit résulter de notre soumission à ces principes sera une preuve première de notre égalité, puisqu’un homme quelconque ne pourra plus croire se distinguer en tutoyant un sans-culotte, lorsque celui-ci le tutoiera, et de là moins d’orgueil, moins de distinction, moins d’inimitiés, plus de familiarité apparente, plus de penchant à la fraternité, conséquemment plus d’égalité. « Je demande au nom de tous mes commet¬ tants un décret portant que tous les républi¬ cains français seront tenus, à l’avenir, pour se conformer aux principes de leur langue, en ce qui concerne la distinction du singulier au pluriel, de tutoyer sans distinction ceux ou celles à qui ils parleront en seul, à peine d’être déclarés suspects, comme adulateurs, et se prêtant, par ce moyen, au soutien de la morgue qui sert de prétexte à l’inégalité entre nous. « Malbec. » Compte rendu du Moniteur universel (3). Une députation des Sociétés populaires de la ville de Paris, demande que tous les individus qui ont quitté les villes où ils étaient domiciliés pour aller habiter leurs châteaux, soient tenus, ainsi que ceux qui sont inutiles à la culture de la terre, de rentrer dans les villes sous peine (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 226. (2) Archives nationales, carton G 280, dossier 762. — Bulletin de la Convention du 10e jour de la lre dé¬ cade du 2e mois de l’an II (jeudi 31 octobre 1793). — Moniteur universel [n° 42 du 12 brumaire an II (samedi 2 novembre 1793), p. 171, col. 3]; Journal de la Montagne [n° 152 du 11e jour du 2e mois de l’an II (vendredi 1er novembre 1793), p. 115, col. 1]. (3) Moniteur universel [n° 42 du 12 brumaire an II (samedi 2 novembre 1793), p. 171, col.;4 3]. Voy. d’autre part ci-après, annexe n° 2, p. 91, le compte rendu, d’après divers journaux, de l’admission à la barre de cette députation et de la discussion à la¬ quelle donna lieu la pétition du citoyen Malbec. d’être regardés comme suspects et traités comme tels. Cette pétition (1) est renvoyée au comité de sûreté générale. Un membre de la députation prenant ensuite la parole. (Suit le texte de la pétition que nom avons insérée ci-dessus.) Philippeaux. Je demande la mention hono¬ rable de cette adresse et l’insertion au Bulletin, L’approbation solennelle que lui donnera l’As¬ semblée sera une invitation qui équivaudra à un décret, et tous les citoyens s’empresseront d’adopter ce langage fraternel. Basire. Une invitation ne suffit pas; il faut un décret, qui imprimera aux citoyens un carac¬ tère analogue à notre régime républicain, et duquel il résultera de grands avantages. Charlier. Je voudrais, si cela pouvait faire l’objet d’un décret, que par le mot vous on désignât un aristocrate, comme on le fait par le mot de Monsieur. La proposition de Philippeaux est décrétée. Sur le rapport d’un membre du comité des finances [Frécine* (2)], section des assignats et monnaies, la Convention rend le décret suivant : « La Convention nationale, après avoir entendu son comité des finances, section des assignats et monnaies; « Considérant que les besoins du service exi¬ gent que les coupures de l’assignat de 75 livres, et celles de 10 et 15 sous, décrétées le 6 du 1er mois, soient converties; savoir ; celles de 75 livres en celles de 25 livres, et celles de 10 et 15 sous en celles de 5 livres; « Considérant en outre que tous les emblèmes de royalisme et les effigies du dernier tyran, gra¬ vées et fondues pour être imprimées sur les assi¬ gnats, doivent être anéanties comme les assi¬ gnats qui portaient ces empreintes; « Décrète ce qui suit : Art. 1er, « Les 100 millions d’assignats de 75 livres, les 60 millions d’assignats de 15 sous et les 40 millions d’assignats de 10 sous, décrétés le 6 du 1er mois, seront convertis en une pareille somme d’assignats; savoir, ceux de 75 livres en une pareille somme d’assignats de 25 livres, et ceux de 10 et 15 sous en une pareille somme d’assignats de 5 livres, dont la fabrication sera sur-le-champ mise en activité d’après les formes déterminées par la section des assignats et monnaies. (1) Nous n’avons pu découvrir le texte exact de cette pétition, qui, d’ailleurs, ainsi que le lecteur a pu s’en rendre compte, n’est pas mentionnée au pro¬ cès-verbal. (2) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 277, dossier 729.