132 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE pour s’instruire des lois d’ordre, d’harmonie et d’égalité qui doivent servir de modèle aux fondateurs d’un gouvernement libre. Jusqu’ici nous n’avons reconnu, et nous ne reconnoitrons jamais d’autre centre d’unité, d’autre point de ralliement que la Convention nationale. C’est parce que nous avons senti fortement le besoin de cette union, que nous avons résisté aux amorces trompeuses du fédéralisme ; c’est pour renforcer plus étroitement s’il est possible les bens indissolubles qui nous attachent à nos représentants, que dans l’ordre de nos entretiens civiques, nous plaçons au premier rang le respect et la soumission la plus entière aux loix de la République ; c’est encore pour donner à nos frères de ce district l’exemple de notre obéissance, que nous nous sommes empressés d’exécuter le décret que vous avez rendu sur les sociétés populaires, quoique nous ne l’ayons pas encore reçu officiellement. Mais dans le même tems que nous subordonnons tous nos sentiments, toutes nos opinions à la loi qui commande, nous ne souffrirons par que la voix turbulente des intrigants et des ambitieux, étouffe parmi nous celle de la raison et de la vérité. Nous continuerons d’exercer la plus active surveillance, envers tous les ennemis de la bberté et de l’égalité, de quelque masque qu’ils se couvrent. Nous opposerons même s’il le faut, la résistance la plus vigoureuse à tous les genres d’aristocratie. Sous la domination des tyrans, le gouvernement ne veut que des esclaves: sous l’empire de la justice, la République ne demande que des citoyens. Représentants, nous avons remis entre vos mains le dépôt de notre félicité: vous en avez posé les fondements sur les principes étemels de la vertu ; perfectionnez votre ouvrage ! Soutenez d’une main sûre les rênes du gouvernement ! que la rapidité de son action révolutionnaire semblable à celle d’un char armée en guerre, renverse tout ce qui s’oppose à sa marche vers le bonheur commun ! Si la puissance nationale dont vous êtes armés pouvoit être insuffisante pour anéantir les factieux et les conspirateurs, nous avons du courage et des bras à vous offrir : nous volerons auprès de vous, pour vous faire un rempart de nos corps, et ce même fer, dont nous nous servons pour creuser les sillons nourrissiers de la patrie, sera dans nos mains un instrument terrible qui la vengera de ses ennemis. Suivent 91 signatures. v [Les citoyens de la société populaire de Mores-tel à la Convention nationale, Morestel, le 15 brumaire an III] (41) Citoyens représentants, Les citoyens agricoles de la société populaire de Morestel ont ressenti la plus vive joie à la lecture de votre adresse au peuple français. Les (41) C 328 (2), pl. 1454, p. 29. principes sacrés que vous développés ont pénétrés leurs cœurs d’attendrissement et d’admiration ; saisis du saint enthousiasme de la liberté, ils se sont élancés dans votre sein comme le centre unique ou doit aboutir toutes leurs affections, comme le point de ralliement de tous les Français. Nous manquons d’expressions pour vous témoigner tout notre reconnaissance ; au défaut d’orateurs ; recevés dans la simplicité et la sincérité de notre ame notre entier dévouement à la chose publique. Notre société populaire uniquement concentrée dans son institution, dont le but est d’instruire, d’éclairer, de propager les vertus républicaines, de répandre les vérités lumineuses puisées à notre foyer, secondera vos généreux efforts. L’affermissement, la stabilité de la République une et indivisible, voila nos vœux : attentifs à votre voix, parce que c’est la voix du peuple, nous voulons qu’elle seule soit prépondérante, que tous tombent devant sa volonté profondément méditée, nous ne souffrirons jamais qu’aucun frelon de son bourdonnement impur empêcha votre profonde sagesse de parvenir jusqu’à nous, que vos sublimes travaux reçoivent le moindre obstacle, la moindre opposition; nous aiderons, nous pousserons le char révolutionnaire jusqu’à son terme, et nous nivellerons tout ce qui pourroit entraver sa marche. Ces sentiments sont ceux de toutes nos contrées, hélas ! Ces contrées ont été déchirées par les agents perfides de Robespierre. La terreur, l’épouvante et la mort précédoient leurs coupables desseins, ils ont laissé des traces sanglantes de leurs projets hberticides, des épouses pleurent un époux, des fils pleurent un père..., les cris de vive la République se fesoient à peine entendre... mais grâces vous soient rendues, nous respirons, votre énergie a pulvérisé les trai-tres, et le baume consolant que vous avez répandu calmera toutes les douleurs. Nos regards désormais libres et assurés ne s’arrêtent plus derrière nous, nous en voions que le but, et la grande famille fait retentir toute à la fois jus-ques dans votre enceinte, vive à jamais la République. Que tous les François ne soient qu’un, que les despotes coahsés qui comptent plus sur les divisions qu’ils alimentent à grands frais, que sur leurs satelbtes esclaves qui tombent devant les défenseurs de la liberté, apprennent enfin que nous ne faisons qu’un seul grouppe autour de la Convention, consternés, on les verra bien vite s’humilier devant la représentation nationale et reconnoître l’indépendance du peuple françois. Courage, sages législateurs, achevés votre ouvrage, c’est sous l’auspice de l’être suprême que vous l’avés commancé, votre fermeté et la masse du peuple fera le reste. Oui cet être dont on nous ravissoit l’idée consolante est la seule puissance celeste qui nous reconnoissions, plus de jésus, de cleristus, d ’agnus dei, de même nous ne connoissons sur terre que les mandataires du peuple, plus de dominateurs, de dilapidateurs, de triumvirs. Si quelque nouvel assassin de la liberté, vouloit encore à travers des fleuves de sang se frayer le chemin du trône, donnés le SÉANCE DU 4 FRIMAIRE AN III (24 NOVEMBRE 1794) - N° 7 133 signal de ralliement... nous avons remis nos armes et nos salpêtres, mais nous avons nos faulx et nos fers de charrue, nos bras robustes et vigoureux engloutiront les traitres. Nous possédons le brave Gauthier, il n’a ni moustaches, ni grand sabre, il n’est point escorté de dragons... mais entourré d’hommes probes et vertueux, de patriotes prononcés, de véritables amis du peuple, il sait allier la justice et la sévérité, faire aimer et respecter les lois, enraciner le germe heureux des vertus républicaines et porter tous les cœurs à la Convention. Suivent 33 signatures. w [La société populaire d’Ingouville à la Convention nationale, Ingouville, Le 13 brumaire an III\ (42) Liberté, Égalité, République ou la mort. Citoyens représentans du peuple, Nous nous empressons de vous transmettre notre voeu sur votre adresse énergique au peuple français. Elle est le marteau de la cloche, qui rallie tous les peuples sous le drapeau de la liberté, qui sonne la dernière heure des tyrans, des scélérats, des intrigans conjurés contre le bonheur de la société ; elle est la boussole qui conduira dans le port du salut, avec le vent de la victoire, le vaisseau de la République. N’en abandonnez pas le gouvernail, citoyens représentants, qu’il n’ait franchi tous les écueils et que vous n’ayez conjuré pour jamais les orages, qui l’ont tant de fois mis en péril. Vive la République, vive la Convention nationale. Salut, Force, Justice. Les citoyens de la Maison Commune d’Ingouville soussignés. Suivent 24 signatures. x [La société populaire de la commune de Save-nay à la Convention nationale, Savenay, le 30 vendémiaire an III\ (43) Citoyens représentants, Reconnaissance et bénédictions éternelles soient à jamais rendues aux pères de la patrie qui viennent de substituer l’empire indestructible de la justice, de la raison, de l’humanité et des vertus républicaines au régime affreux de la terreur, des vexations et des vengeances que le dernier tyran et ses complices, plus féroces, plus sanguinaires que Dracon, avaient réussi à organiser. (42) C 328 (2), pl. 1454, p. 25. (43) C 328 (2), pl. 1454, p. 32. Ô vous nos dignes législateurs, nos vrais soutiens, l’objet de tous nos vœux et de notre admiration, notre unique point de ralliement, continuez à démasquer les traîtres, à déjouer toutes les factions ! Dans vos mains sont les destinées de 25 millions d’hommes, qui attendent de vos lois dictées par la justice et votre profonde sagesse, le bonheur, la gloire et la prospérité nationale. Ah, combien nos cœurs flétris par la crainte et la stupeur universelle se sont dilatés ! quelle occasion de joie ! de quel enthousiasme nous avons été pénétrés en entendant la lecture si intéressante de votre adresse au peuple français, où vous avez manifesté vos principes et vos sublimes sentimens ! Cette époque mémorable, le triomphe des vertus sur le vice, du courage sur la scélératesse a fait une telle impression sur nos âmes qu’elle ne nous a laissée de force que pour nous écrier, d’une voix unanime, dans les plus vifs transports de la gratitude et de l’allégresse : vive à jamais la République et la Convention nationale ! Savenay, le 30 vendémiaire, an 3ème de la République une et indivisible. Suivent 37 signatures. y [Les citoyens de la société populaire et des tribunes de Béthune à la Convention nationale, s.l.n.d .] (44) Citoyens représentans, Et nous aussi nous avons tressaillis de joïe à la lecture de votre sublime Adresse ; elle a achevée de fermer les playes profondes que nous avoit faites la tirannie, que vous avez si justement proscrite, elle nous assure la liberté et ses bienfaits que la scélératesse et l’intrigue étoient parvenus à nous presqu’entièrement arracher. Nouveaux tirans ! Dominateurs perfides ! vous êtes anéantis et la République est sauvée. Grâces immortelles vous en soient rendues Représentans du Peuple français, vous avez parlé et tous les crimes ont disparus. Invariablement attachés à la Convention nationale et à ses principes sacrés, nous jurons de concourir de tous nos moyens au triomphe de la liberté et de l’égalité. Nous jurons d’exercer la surveillance la plus active sur les aristocrates ; les hommes immoraux, les dilapidateurs de la fortune publique, les intrigans et les meneurs qui prétendroient encore se relever du coup terrible que vous leur avez porté. Nous jurons de n’écouter que vous et comme vous nous ne nous écarterons jamais des principes de sagesse, de justice et d’humanité qui rendront autant d’amis à la République que le régime acerbe, que nous destestons, lui en enle-voit chaque jour. Restez à votre poste, dignes représentans, achevez vos glorieux travaux et bientôt nous n’aurons plus d’ennemis. (44) C 328 (2), pl. 1454, p. 20.