218 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. A 6 Mmaire an II ■* (26 novembre 1793 N3 110. N° 108. Adresse aux représentants du peuple à la Con¬ vention nationale, par les vrais sans-culottes composant la Société populaire de Quillebeuf, district de Pont-Audemer, département de l'Eure (1). « Citoyens, « A peine sommes-nous nés que nous croyons devoir vous exprimer l’allégresse que nous avons ressentie, tant en général et chacun en parti¬ culier, des jours mémorables des 31 mai, 1er et 2 juin derniers. Nous sommes marins, nous ne connaissons point le langage des flatteurs, nous sommes simples, mais vrais. « Recevez l’hommage respectueux des braves sans-culottes qui vous invitent à rester à votre poste pour y terminer la juste cause d’un peuple qui a juré de faire triompher la liberté et F égalité ou de mourir en les défendant. « Lemoine, président; D. Chenu, secrétaire; Amand, secrétaire, « Quillebeuf, le 17 octobre 1793, l’an II de la République française une et indivisible; » N» 109. Besançon (2). « Besançon, le 16 octobre 1793, 2e de la République française, une et indivi¬ sible. « ' Citoyens conventionnaires (sic), « Depuis longtemps et de toutes parts les cris de la patrie en danger se font entendre et vous imposent le devoir de rester au poste d’honneur où vos commettants vous ont placés. Le temps limité de vos pouvoirs est illusoire tant que la France ne jouira pas de vos immortels travaux. Ne descendez de la sainte Montagne qu’ après y avoir élevé et affermi la liberté. Oui, représentants, il faut que la Montagne soit le Capitole des Français ou la roche tarpéienne des traîtres. Alors, vous reviendrez dans vos foyers jouir de la reconnaissance républicaine de vos soeurs de la Société de la Montagne séant à Be¬ sançon. « Voitot, président; Perrot, secrétaire; Dupont, membre du comité de corres¬ pondance. » (I) Archives nationales, carton C 281, dossier 776. (2) Ibid. Saint-Amand [Saint-Amand-Montrond], département du Cher (1). « Saint-Amand, département du Cher, le 29 septembre 1793. l’an II de la Répu¬ blique française une et indivisible. « Pères de la patrie, « Les dangers qui l’investissent, et les infâmes trahisons qui ne cessent d’environner le berceau de la liberté, nous portent à vous exprimer notre vœu, celui d’hommes libres qui vous invitent à ne quitter le poste où la confiance nationale vous a placés, qu’ après que les satellites des despotes auront été chasses du territoire de la République et que nos armes victorieuses auront fait mordre la poussière à tous les rebelles de l’intérieur. Nous appréhendons surtout que le vaisseau républicain n’arrivât (sic) pas au port, si dans ces circonstances périlleuses, son gouver¬ nail venait à être manié par des hommes nou¬ veaux qui n’auraient pas le fil de toutes les conspirations, et qui laisseraient peut-être échouer notre liberté parce qu’ils n’auraient pu sur-le-champ se concerter sur les mesures de la sauver. D’ailleurs, pères de la patrie, serait-ce le temps de rentrer dans vos foyers? Dans un moment où l’or de Pitt, dont la politique infer¬ nale ne repose que sur le crime, est le régulateur de tous les complots liberticides ! Dans un moment où les stipendiés des tyrans souillent toujours de leur présence le sol de l’égalité; dans un moment où l’occident et le midi de la République sont le théâtre de la guerre civile; dans un moment où tant d’insatiables mono¬ poleurs sur tous les objets de commerce et les denrées de première nécessité, tuent de toutes parts la chose publique ; dans un moment enfin où vous avez mis la terreur à l’ordre du jour. « Loin de vous ensevelir dans votre retraite, où quelques voix perfidement aristocratiques vous rappellent, mais où notre indignation vous poursuivrait sans relâche parce que vos âmes auraient manqué de courage et de résolution, restez à votre poste, que le jour d’exterminer tous les conspirateurs ne soit plus différé. Her¬ cule est debout, dirigez sa massue, dignes mon¬ tagnards, et vous aurez sauvé la patrie. « Les membres composant la Société des Amis de la liberté et de l'égalité de Saint-Amand, département du Cher. » (Suivent 48 signatures.) N° 111. La Société républicaine de Luxeuil, à la Convention nationale (2). « Citoyens représentants, « La Société républicaine de Luxeuil a été sur-1) Archives nationales , carton G 281, dossier 776. 2) Ibid, (Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f6f "“‘mbr " 1793 219 prise du grand nombre de traîtres qui ont suc¬ cessivement paru depuis le commencement de la Révolution, mais elle a frémi de l’extrava¬ gance et de la turpitude des scélérats qui, mêlés dans la Convention, ont conspiré contre tous les Français, dont le sang ne devrait se verser que pour la défense commune. Leur accusation an¬ nonce à ses yeux leur châtiment : tant de com¬ plots la rendent farouche et inexorable. Que ces fédéralistes, ces exécrables complices des rois, ces ennemis de l’union et de la liberté ren¬ trent au néant. Puisse la Montagne écraser de son poids tous les monstres et s’élever sur leur tombeau. « La Société adresse son vœu à la Convention pour qu’elle ne quitte point son poste jusqu’à la paix. « Girard ot, 'président; Gentil, secrétaire. « Séance du 10 octobre 1793, l’an II de la République une et indivisible. » N° 112. La Société populaire d'Orange à la Convention nationale (1). « Législateurs, « Le fédéralisme est terrassé, le germe de la guerre civile a été étouffé avec ce monstre, sur sa tombe profonde et sacrilège s’élève avec majesté la colonne inébranlable de la liberté dont la Montagne où vous siégez est l’adorable symbole. Cependant des adresses perfides vous parviennent pour vous engager à vous retirer, ou du moins à expulser de votre sein les restes impurs du marais, dont, pendant trop longtemps les miasmes ont infecté l’horizon que vous habi¬ tez. Méfiez-vous, législateurs, de ces manœuvres criminelles, que peuvent contre notre bonheur quelques scélérats échappés aux éclats des ro¬ chers que vous fîtes jaillir, le 31 mai dernier, sur leurs coupables complices. Croyez que nos lâches ennemis veulent tenter ce dernier effort pour introduire parmi nous la discorde et la désorganisation. Plus d’une fois déjà, nous nous en rappelons avec l’ attendrissement de la recon¬ naissance; plus d’une fois déjà vous avez sauvé la patrie. Achevez donc votre ouvrage. Inébranlables sur votre roc, devenus la terreur de nos ennemis, restez-y, intrépides montagnards, jusqu’à la paix heureuse et prochaine, époque où vous irez recueillir le tribut d’admiration et de reconnaissance que nous devons à vos vertus. « Les membres du comité de correspondance de la Société populaire d'Orange. « Mouttet, fils aîné ; F. Benet ; Durand fils, greffier; Abeillon. » N° 113. La Société populaire et républicaine de la ville et canton de Luzy, à la Convention nationale (1). « Législateurs, « Du moment où la Montagne, semblable à l’éruption imprévue d’un volcan a vomi de son sein les vampires qui, en paralysant toutes les sages mesures qui eussent pu nous conduire au bonheur, nous ont, par une multitude de trahi¬ sons inouïes fait essuyer des revers et des pertes incalculables, trahisons qui ont mis la liberté et la patrie à deux doigts de leur perte, de ce moment, dis-je, la Convention a pris l’attitude fière et imposante qui convient à une grande nation et a donné à la France une Constitution républicaine, chef-d’œuvre de la philosophie, symbole de la vertu et du bonheur qui anéantit cette Constitution monstrueuse, plus que jamais idolâtrée par l’aristocratie et opiniâtrement protégée par le fer et le canon des despotes cou¬ ronnés : c’est de ce code monarchique que se sont rapidement succédé les complots sangui¬ naires qui ont réduit le peuple à se suffire à lui-même. Ne voyons-nous pas, en effet, nosféroces ennemis employer contre nous tous les fléaux destructeurs qui peuvent désoler l’humanité : le fer, le feu, la famine, le pillage ne sont-ils pas sans cesse à l’ordre du jour? Mais la patience, le courage et l’énergie du peuple, en mesure avec la misère que la tyrannie lui fait éprouver, le préserveront des écueils. « Législateurs, nous bénissons vos travaux, rtos neveux en seront reconnaissants et la postérité vous immortalisera. Vous avez posé les fonde¬ ments de la République, achevez votre ouvrage. Ce que vous avez fait jusqu’à présent, afin de prévenir le naufrage, est trop cher à la patrie pour en abandonner le gouvernail. Gardez-vous surtout d’ordonner la réunion des assem¬ blées primaires, pour renouveler la représenta¬ tion nationale, vos successeurs ne nous seraient pas un gage assuré du salut de la France : il n’appartient qu’à vous de nous conduire au port. « Le souverain veut la République une et indi¬ visible; il a juré d’être libre, il tiendra ses ser¬ ments et ne capitulera pas avec les rois; les cohortes ennemies souillent notre territoire et nous ont enlevé quelques places, mais ces échecs ne feront qu’augmenter le courage et l’énergie du peuple; il se lèvera en masse, soutiendra la Constitution qu’il a adoptée et les tyrans, expul¬ sés et subjugués par la force de nos armes, seront contraints de renoncer à l’infâme projet de nous asservir. « Le François, secrétaire; Belin;- Jourdieu, secrétaire; Debrte, président. N° 114. Millan [ Millau ] (2). « Millau, le 1er octobre 1793, l’an II de la République une et indivisible. « Mandataires du souverain, « Et nous aussi, nous voulons être du nombre (1) Archives nationales, carton G 281, dossier 776. (2) Ibid. 1) Archives nationales, carton G 281, dossier 775.