[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 373 sieurs articles sont successivement décrétés. L’un d’eux porte que les pères, mères, tuteurs ou curateurs pourront à leur choix envoyer leurs enfants ou pupilles aux écoles du premier degré d’instruction, en observant des conditions qui sont exprimées dans les articles suivants. Danton s’oppose à cette mesure. Il pense que nous appartenons tous à la République avant d’appartenir à nos familles; que nul n’est le maître de ne pas donner d’instruction à ses enfants, ce qui arriverait, si on laissait aux pères la faculté d’envoyer ou de ne pas envoyer leurs enfants aux écoles ; que nous ne devrons la régé¬ nération des mœurs et la destruction de tous les préjugés qu’au mélange de tous les citoyens, qui s’opérera dans les écoles communes; que si les pères pouvaient garder chez eux leurs enfants, les aristocrates, les riches, les égoïstes leur trans¬ mettraient leurs préjugés et les propageraient dans une génération que l’on veut en garantir. Il demande que l’on soit tenu d’envoyer les enfants aux écoles communes. Cette proposition est décrétée. CONVENTION NATIONALE Séance du 22 frimaire, l’an II de la République, française, une et indivisible, au soir. (Jeudi, 12 décembre 1793.) Le citoyen Voulland occupe le fauteuil. La séance est ouverte à 7 heures 1/2. Un des secrétaires donne lecture des pièces ci-après (1) : Les représentants du peuple près les années réunies de l’Orient et des Côtes de Brest, Prieur, Francastel et Bourbotte, écrivent d’Angers le 18 de ce mois, que nos affaires continuent à bien aller; que dans la journée d’hier l’arrière-garde des brigands a été mise en déroute par notre ca¬ valerie : que plus de 2,000 de ces scélérats ont mordu la poussière, parmi lesquels sont plus de 40 cavaliers, et un chef à panache blanc, ayant une ceinture noire et blanche qui renfermait 500 louis en or. La même lettre porte que l’armée des rebelles a été mise en déroute entre Beaugé et la Flèche; que les chemins sont couverts des cadavres des brigands; que l’armée de Charette est également en pleine déroute, et que nos braves républicains en poursuivent les débris. Insertion au « Bulletin » (2). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 146. (2) Ibid. Suit la lettre des représentants du peuple près les armées réunies de V Ouest et les Côtes de Brest (1). Les représentants du peuple près les armées réunies de V Ouest et des Côtes de Brest, au comité de Salut public. « Angers, 18 frimaire, II heures du soir, l’an II de la République française, une et indivisible. « Nos affaires continuent à bien aller, ci¬ toyens collègues, la journée d’hier a été heu¬ reuse, notre cavalerie a mis en déroute l’arrière-garde de l’armée des brigands et 2,000 de ces scélérats ont mordu la poussière. Parmi les morts sont plus de 40 cavaliers et un chef à panache blanc et ceinture blanche et noire; il avait 500 louis d’or dans sa bourse. Nous atten¬ dons des nouvelles sur l’attaque qui a eu lieu aujourd’hui. « Le dernier arrêté que vous nous avez envoyé est exécuté relativement aux généraux. Le brave Rossignol va partir pour défendre les côtes de l’Océan et organiser une armée qui sera utile à la République. Le général Marceau, désigné par la lettre du ministre pour commander jus¬ qu’à l’arrivée du général Turreau, est arrivé ce soir de Saint -Mathurin et a pris le commande¬ ment de l’armée de l’Ouest. Nous partons avec lui demain matin pour Baugé. La nouvelle direction que paraît prendre l’ennemi a déter¬ miné une nouvelle marche pour nos troupes; les colonnes se rapprochent, et au moment où un succès certain se présentera, elles se jetteront sur les brigands. Il ne nous manque, pour répon¬ dre de leur destruction totale, que l’arrivée des 15,000 hommes de l’armée du Nord, à Alençon ou Laval. Hâtez leur marche le plus possible : en les attendant, nous ferons tous nos efforts pour qu’ils n’aient qu’à se féliciter avec nous de la destruction totale de l’armée des brigands. Marceau nous assure que vous pouvez être tranquilles sur le passage de la Loire. « Le 19 frimaire, à 9 heures du matin, les nouvelles d’aujourd’hui sont encore favorables. Les ennemis ont été attaqués entre Baugé et La Flèche par notre infanterie. Iis ont été mis en pleine déroute. Ils ont été repoussés pen¬ dant trois lieues, les chemins sont jonchés des cadavres des brigands; ils sont actuellement à La Flèche, où nos troupes vont les poursuivre, nous partons avec le général Marceau pour les rejoindre. « On nous a amené hier soir un prêtre de la Vendée déguisé en brigand. Il recevra aujour¬ d’hui le prix de ses forfaits. « Prieur (de la Marne) ; Bourbotte, Fran¬ castel. « P. S. Nous recevons à l’instant une lettre d’Haxo qui nous annonce qu’il a mis en déroute l’armée de Charette, qu’il est à la poursuite de ses débris et que bientôt il les aura exterminés. (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 800. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 269; Bulletin de la Convention du 3e jour de la 3e décade du 3' mois de l’an II (vendredi 13 décembre 1793).