406 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE s’il peut fournir à la commission chargée du recensement du code civil des lois, quelques matériaux pour élever un monument que tous les peuples libres voudront avoir pour modèle (1) . Cette seconde partie comprend les décrets de la Convention depuis le 22 septembre 1792 (vieux style) jusqu’au 12 germinal dernier, époque de la suppression du conseil exécutif provisoire (2) . Mention honorable de l’hommage, insertion au bulletin, et renvoi à la commission chargée du recensement et de la vérification des lois. 44 Le conseil-général de la commune d’Amiens fait hommage à la Convention nationale du discours qui sera prononcé le 20 prairial, jour de la fête célébrée en l’honneur de l’Etre-Suprême. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . [Discours pour la fête du 20 prair. II] (4) Concitoyens frères et amis, C’est aujourd’hui que la voix imposante de la Loi, d’accord avec les accents simples et touchants de la nature, réunit tous les Français pour rendre un hommage solemnel à l’Etre Suprême. En est-il un plus digne que celui que présente, à l’Univers étonné, le spectacle attendrissant d’une multitude innombrable de frères, assemblés, au même jour, à la même heure, sur tous les points habités du territoire d’une vaste et naissante République, soumettant à l’auteur de la nature des esprits amis de la vérité, lui offrant des cœurs embrasés du feu sacré de l’amour de la liberté de l’égalité; n’agissant que par la douce impulsion du sentiment de la bienfaisance. Désorganisateurs, malveillants, vils esclaves des despotes, parricides impies, répandus sur la surface du Globe, ou disséminés et cachés parmi nous, apprenez enfin, que la République Française n’a point fondé les vertus de ses enfans, ni sur la superstition, ni sur le fanatisme, encore moins sur l’absurde athéisme, mais sur la base simple et solide d’une piété naturelle, affectueuse et reconnoissante. Quel mortel pourroit élever son stile à la hauteur majestueuse du sublime objet de cette piété ? Nous sommes trop foibles et trop bornés. Mais comme le disoit l’un de nous (5) , des enfans qui s’entretiennent des bontés de leur père s’expriment toujours assez bien. Ce sera donc pour nous pénétrer des bontés du Père de la nature, que nous nous rappelle-(1) P.V., XXXIX, 98. B*n, 28 prair. (2« suppl*). (2) J. Mont., n° 44. (3) P.V., XXXIX, 98. (Minute du P.V. C 305, pl. 1149, p. 7); Bin, 28 prair. (2e suppl‘) et 4 mess. (1er suppl*); J. Sablier, n° 1366. (4) C 305, pl. 1149, p. 8. (5) Fauchon (off. mun.). rons l’idée des prodiges admirables de sa toute puissance inséparables de son intelligence et de sa bienfaisance. Puissions-nous nous en rendre dignes, en cultivant les biens qui coulent de cette source divine, la liberté, la vérité et l’amour de nos semblables. Puisse l’attrait des vertus qui en seront les fruits, et qui distingueront les Français, l’aspect du bonheur qu’elles leur procureront, réunir bientôt à eux tous les autres peuples de la terre, en bannir à jamais l’affreuse discorde, et toutes les calamintés des guerres cruelles qu’elle traine à sa suite, et ne plus former du genre humain qu’une seule et même famille, unie par la liberté, l’égalité, la vérité et la bienfaisance, ne reconnoissant pour auteur de tous ces vrais biens que l’Etre Suprême, et lui offrant le pur hommage de leurs vertus. Le faste des prétendus Grands, le vain éclat des Trônes ne sont que des Phosphores qui brillent un instant sur quelques points de cette terre, et qui ne rendent que plus sombre et plus triste la profonde misère qui les environne. Ces faux brillants seront bientôt éclipsés par la douce lumière de la liberté, de l’égalité, de l’union et de la prospérité répandus sur tout le genre humain. Ce désir plait à l’Etre Suprême. Il est digne de sa grandeur et de sa bienfaisance. Que les orgueilleux insensés qui osent nier son existence, n’allèguent point les maux de la superstition ni ceux du fanatisme : le système àbsurde de l’athéisme en eût occasionné de bien plus funeste encore; il eût banni la vérité et la raison; il eût enlevé aux infortunés les consolations de l’espérance; il eût appris à raisonner contre la conviction intime de sa conscience; il eût dégradé l’esprit humain; il eût ramené tous les vices et l’esclavage qui en est la suite. L’orgueil de l’Athée prouve l’Etre qu’il nie. Par quel principe, par quel secret ressort son esprit s’élance-t-il toujours vers ce qu’il appelle la vérité ? Il ose imaginer un hasard aveugle; et voilà son Dieu. Tout le génie qu’il emploie à bâtir son désolant système dépose encore contre sa folle opinion. L’auteur seul de toute vérité a pû nous inspirer le désir de connoître la vérité; et pour le remercier, ingrat, de t’avoir doué de cette admirable faculté, qui te distingue de la brute, tu méconnoîs ton divin bienfaiteur ! Sa toute puissance, son intelligence, sa bienfaisance ne brillent elles pas de toute part ? La Terre, les vastes Mers, le retour invariable des Saisons, les Astres innombrables qui roulent dans les Cieux; l’incommensurable étendue de l’Univers; l’ordre et l’harmonie avec lesquelles chacun de ces Globes immenses, qu’il embrasse, parcourt l’orbite qui lui est tracé, n’anoncent-ils pas un Etre tout-puissant, une intelligence suprême qui a tout produit, tout ordonné. A la seule idée des foibles connoissances que l’astronomie nous procure à cet égard, l’esprit humain est saisi d’admiration, d’effroi et de respect. Ce Globe que nous habitons, qui nous paroît si grand; que la plupart de nous ne parcou-rerons jamais; dont les plus hardis navigateurs n’ont pu encore faire le tour entier; ce Globe, de 5000 lieues de diamètre et de 9000 de circon-406 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE s’il peut fournir à la commission chargée du recensement du code civil des lois, quelques matériaux pour élever un monument que tous les peuples libres voudront avoir pour modèle (1) . Cette seconde partie comprend les décrets de la Convention depuis le 22 septembre 1792 (vieux style) jusqu’au 12 germinal dernier, époque de la suppression du conseil exécutif provisoire (2) . Mention honorable de l’hommage, insertion au bulletin, et renvoi à la commission chargée du recensement et de la vérification des lois. 44 Le conseil-général de la commune d’Amiens fait hommage à la Convention nationale du discours qui sera prononcé le 20 prairial, jour de la fête célébrée en l’honneur de l’Etre-Suprême. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . [Discours pour la fête du 20 prair. II] (4) Concitoyens frères et amis, C’est aujourd’hui que la voix imposante de la Loi, d’accord avec les accents simples et touchants de la nature, réunit tous les Français pour rendre un hommage solemnel à l’Etre Suprême. En est-il un plus digne que celui que présente, à l’Univers étonné, le spectacle attendrissant d’une multitude innombrable de frères, assemblés, au même jour, à la même heure, sur tous les points habités du territoire d’une vaste et naissante République, soumettant à l’auteur de la nature des esprits amis de la vérité, lui offrant des cœurs embrasés du feu sacré de l’amour de la liberté de l’égalité; n’agissant que par la douce impulsion du sentiment de la bienfaisance. Désorganisateurs, malveillants, vils esclaves des despotes, parricides impies, répandus sur la surface du Globe, ou disséminés et cachés parmi nous, apprenez enfin, que la République Française n’a point fondé les vertus de ses enfans, ni sur la superstition, ni sur le fanatisme, encore moins sur l’absurde athéisme, mais sur la base simple et solide d’une piété naturelle, affectueuse et reconnoissante. Quel mortel pourroit élever son stile à la hauteur majestueuse du sublime objet de cette piété ? Nous sommes trop foibles et trop bornés. Mais comme le disoit l’un de nous (5) , des enfans qui s’entretiennent des bontés de leur père s’expriment toujours assez bien. Ce sera donc pour nous pénétrer des bontés du Père de la nature, que nous nous rappelle-(1) P.V., XXXIX, 98. B*n, 28 prair. (2« suppl*). (2) J. Mont., n° 44. (3) P.V., XXXIX, 98. (Minute du P.V. C 305, pl. 1149, p. 7); Bin, 28 prair. (2e suppl‘) et 4 mess. (1er suppl*); J. Sablier, n° 1366. (4) C 305, pl. 1149, p. 8. (5) Fauchon (off. mun.). rons l’idée des prodiges admirables de sa toute puissance inséparables de son intelligence et de sa bienfaisance. Puissions-nous nous en rendre dignes, en cultivant les biens qui coulent de cette source divine, la liberté, la vérité et l’amour de nos semblables. Puisse l’attrait des vertus qui en seront les fruits, et qui distingueront les Français, l’aspect du bonheur qu’elles leur procureront, réunir bientôt à eux tous les autres peuples de la terre, en bannir à jamais l’affreuse discorde, et toutes les calamintés des guerres cruelles qu’elle traine à sa suite, et ne plus former du genre humain qu’une seule et même famille, unie par la liberté, l’égalité, la vérité et la bienfaisance, ne reconnoissant pour auteur de tous ces vrais biens que l’Etre Suprême, et lui offrant le pur hommage de leurs vertus. Le faste des prétendus Grands, le vain éclat des Trônes ne sont que des Phosphores qui brillent un instant sur quelques points de cette terre, et qui ne rendent que plus sombre et plus triste la profonde misère qui les environne. Ces faux brillants seront bientôt éclipsés par la douce lumière de la liberté, de l’égalité, de l’union et de la prospérité répandus sur tout le genre humain. Ce désir plait à l’Etre Suprême. Il est digne de sa grandeur et de sa bienfaisance. Que les orgueilleux insensés qui osent nier son existence, n’allèguent point les maux de la superstition ni ceux du fanatisme : le système àbsurde de l’athéisme en eût occasionné de bien plus funeste encore; il eût banni la vérité et la raison; il eût enlevé aux infortunés les consolations de l’espérance; il eût appris à raisonner contre la conviction intime de sa conscience; il eût dégradé l’esprit humain; il eût ramené tous les vices et l’esclavage qui en est la suite. L’orgueil de l’Athée prouve l’Etre qu’il nie. Par quel principe, par quel secret ressort son esprit s’élance-t-il toujours vers ce qu’il appelle la vérité ? Il ose imaginer un hasard aveugle; et voilà son Dieu. Tout le génie qu’il emploie à bâtir son désolant système dépose encore contre sa folle opinion. L’auteur seul de toute vérité a pû nous inspirer le désir de connoître la vérité; et pour le remercier, ingrat, de t’avoir doué de cette admirable faculté, qui te distingue de la brute, tu méconnoîs ton divin bienfaiteur ! Sa toute puissance, son intelligence, sa bienfaisance ne brillent elles pas de toute part ? La Terre, les vastes Mers, le retour invariable des Saisons, les Astres innombrables qui roulent dans les Cieux; l’incommensurable étendue de l’Univers; l’ordre et l’harmonie avec lesquelles chacun de ces Globes immenses, qu’il embrasse, parcourt l’orbite qui lui est tracé, n’anoncent-ils pas un Etre tout-puissant, une intelligence suprême qui a tout produit, tout ordonné. A la seule idée des foibles connoissances que l’astronomie nous procure à cet égard, l’esprit humain est saisi d’admiration, d’effroi et de respect. Ce Globe que nous habitons, qui nous paroît si grand; que la plupart de nous ne parcou-rerons jamais; dont les plus hardis navigateurs n’ont pu encore faire le tour entier; ce Globe, de 5000 lieues de diamètre et de 9000 de circon- SÉANCE DU 19 PRAIRIAL AN II (7 JUIN 1794) - N° 44 407 férence, s’il étoit vu de l’une des Etoiles que l’on distingue à peine avec les meilleurs Télescopes ne paroitroit non plus qu’un point imperceptible. L’antique erreur avoit pourtant fait de cet Atome le centre de l’univers : elle assujettissoit le Soleil, tous les Astres qui tournent autour de lui, tous les autres Astres des Cieux à faire leur révolution en un seul jour autour de la Terre. D’illustres amis de la vérité détruisirent cette erreur dans ces derniers siècles aux dépens de leur liberté. Depuis Copernic, Kepler et Galilée, il est reconnu que c’est la Terre qui tourne, chaque jour sur elle même, ce qui produit les jours et les nuits, et en un an autour du Soleil, ce qui ramène constamment et successivement les quatre Saisons. Ce Soleil qui nous éclaire, qui vivifie notre Terre, qui fait pousser la Verdure, éclore les Fleurs, et mûrir les Fruits, a été regardé par des Nations renommées comme l’auteur de la nature : ils l’adoroient. La vérité a encore détruit cette erreur. Cet Astre immense a été mieux connu : il est un million de fois plus gros que notre terre; il en est distant de plus de 30 millions de lieues; mais il n’est ni le principe, ni même le centre de l’univers. D’autres Globes, appellés Planettes, circulent autour de lui. Mercure qui en est le plus prochain, quoiqu’à 12 millions de lieues, fait sa révolution en 87 jours. Saturne, qui en est le plus éloigné, et à 300 millions de lieues, ne la fait qu’en 29 ans et demi; ce dernier, environné d’un large anneau, est accompagné de 5 Satellites ou Lunes qui décrivent chacune leur cercle autour de lui; la plus éloignée de ces Lunes bien plus grosse que la Terre ne parcourt son cercle qu’en 79 jours. Nous omettons Mars, recommandable à son éclat rougeâtre; Venus si brillante, connue sous le nom d’étoile du matin ou du berger, et Jupiter accompagné aussi de 4 satellites. Une autre planette a été nouvellement découverte en 1781 par Herschel, elle en porte le nom. La durée de sa révolution est de 83 ans. Sa distance est de 656 millions de lieues, son diamètre de 13000 lieues, ce qui fait 39000 lieues de circonférence. Bien au-delà de l’orbite du plus éloigné de tous ces globes, une multitude d’astres brillent à nos yeux pendant une nuit sereine; ils parois-sent ne point changer de place malgré leur scintillement : pour cette raison on les appelle étoiles fixes. Leur nombre présumé surpasse celui de 400 millions; le nombre de celles que les yeux humains, aidés de tous les efforts de l’art n’ont pu encore discerner, est encore au-dessus. Chacune de ces étoiles fixes est pourtant un soleil plus grand que le notre, qui éclaire, échauffe et vivifie comme lui d’autres terres, d’autres mondes. Ces Comètes autrefois effrayantes, dont le cours est en apaprence irrégulier, reparaissent aussi après la révolution de 5 à 6 siècles, et sont soupçonnés appartenir à quelqu’un de ces mondes. Dans cette immensité à peine avons nous songé à la Lune qui tourne en un mois autour de notre terre, qui n’en est éloignée que de 90 mille lieues et qui éclaire une partie de nos nuits. Cette majestueuse grandeur de l’univers; l’ordre admirable et simple qui règne dans toutes ses parties n’annoncent-ils pas une intelligence suprême ? Et c’est ainsi que la découverte de la vérité fait mieux connoître l’auteur de toute vérité. Si un Sauvage, élevé dans les forêts, amené pour la première fois chez une nation civilisée, entroit dans l’un de ces hardis édifices élevés par l’industrie humaine, et qu’il en attribuât la construction au hazard, on riroit de son assertion; on la regarderoit comme l’effet d’une grossière et stupide ignorance. Dédaigneux Athée, tu es plus stupide plus ignorant encore que ce Sauvage quand tu t’obstine à attribuer l’ordre de l’univers à je ne sais quel hazard, quelle fatalité ou quelle nature. Que peut-on entendre par La nature, si ce n’est l’assemblage de tous les corps, de tous les Etres, ordonné conservé par des règles certaines et invariables. Par fatalité ou nécessité un concours forcé de causes qui produisent un effet inévitable. Enfin, par hazard un concours fortuit de ces mêmes causes produisant des effets non prévus ni ordonnés. Mais ces règles certaines, invariables de la nature, quel en est l’auteur ? Ce concours fatal de causes qui produit des effets, par quelle force est-il amené? Si ce n’est point par un Etre intelligent, ce ne seroit donc que par un hazard aveugle, qui ordonneroit, qui dirigerait, qui conserverait toutes choses ? Quelle prodigieuse étendue de génie n’a-t-il pas fallu à ces foibles mortels qui ont cherché à expliquer le système du monde, les uns par des tourbillons, les autres par une attraction et une gravitation ! quel sagacité; quelle ordre développé dans leurs chimériques imaginations ! Et ils veulent que la réalité même de toutes choses soit livrée aux caprices aux heurtemens d’un hazard aveugle. Abandonnons ces misérables systématiques à toute la triste aridité de leurs désolantes idées. Elevons nos méditations vers l’Etre Suprême, reconnoissons sa toute puissance dans la grandeur de la nature. Ceux qui veullent enchaîner cette fille de l’Etre Suprême, dans les fers de la fatalité, ou la laisser exposée à tous les événemens fortuits d’un hazard aveugle, ne méritent pas d’être dissuadés; ils sont indignes de la vérité, de la liberté, et peu propres aux actes de bienfaisance qui caractérisent le vrai Républicain. Cultivons ces divins présens; maintenons, défendons la liberté; cherchons la vérité; faisons toujours le bien. La réunion de tous les despotes contre notre liberté ne fera qu’accélérer la combustion et la conflagration des Thrônes : la liberté, la vérité et la raison subsisteront : elles éclaireront tous les peuples et dissiperont les erreurs et les préjugés. Mais sans cette vertu céleste qui rend l’homme semblable à l’Etre Suprême; sans la bienfaisance; la liberté et la vérité deviendraient pour les humains des dons funestes qui les plongeraient dans l’abime du mal; l’anarchie et tous les vices en seroient la suite désastreuse. Notre Région a toujours eu le bonheur d’être le séjour naturel de la bienfaisance; cette vertu s’y est toujours manifestée par des traits qui nous semblent particulièrement propres. La franchise, l’humanité, la tendre commisération, SÉANCE DU 19 PRAIRIAL AN II (7 JUIN 1794) - N° 44 407 férence, s’il étoit vu de l’une des Etoiles que l’on distingue à peine avec les meilleurs Télescopes ne paroitroit non plus qu’un point imperceptible. L’antique erreur avoit pourtant fait de cet Atome le centre de l’univers : elle assujettissoit le Soleil, tous les Astres qui tournent autour de lui, tous les autres Astres des Cieux à faire leur révolution en un seul jour autour de la Terre. D’illustres amis de la vérité détruisirent cette erreur dans ces derniers siècles aux dépens de leur liberté. Depuis Copernic, Kepler et Galilée, il est reconnu que c’est la Terre qui tourne, chaque jour sur elle même, ce qui produit les jours et les nuits, et en un an autour du Soleil, ce qui ramène constamment et successivement les quatre Saisons. Ce Soleil qui nous éclaire, qui vivifie notre Terre, qui fait pousser la Verdure, éclore les Fleurs, et mûrir les Fruits, a été regardé par des Nations renommées comme l’auteur de la nature : ils l’adoroient. La vérité a encore détruit cette erreur. Cet Astre immense a été mieux connu : il est un million de fois plus gros que notre terre; il en est distant de plus de 30 millions de lieues; mais il n’est ni le principe, ni même le centre de l’univers. D’autres Globes, appellés Planettes, circulent autour de lui. Mercure qui en est le plus prochain, quoiqu’à 12 millions de lieues, fait sa révolution en 87 jours. Saturne, qui en est le plus éloigné, et à 300 millions de lieues, ne la fait qu’en 29 ans et demi; ce dernier, environné d’un large anneau, est accompagné de 5 Satellites ou Lunes qui décrivent chacune leur cercle autour de lui; la plus éloignée de ces Lunes bien plus grosse que la Terre ne parcourt son cercle qu’en 79 jours. Nous omettons Mars, recommandable à son éclat rougeâtre; Venus si brillante, connue sous le nom d’étoile du matin ou du berger, et Jupiter accompagné aussi de 4 satellites. Une autre planette a été nouvellement découverte en 1781 par Herschel, elle en porte le nom. La durée de sa révolution est de 83 ans. Sa distance est de 656 millions de lieues, son diamètre de 13000 lieues, ce qui fait 39000 lieues de circonférence. Bien au-delà de l’orbite du plus éloigné de tous ces globes, une multitude d’astres brillent à nos yeux pendant une nuit sereine; ils parois-sent ne point changer de place malgré leur scintillement : pour cette raison on les appelle étoiles fixes. Leur nombre présumé surpasse celui de 400 millions; le nombre de celles que les yeux humains, aidés de tous les efforts de l’art n’ont pu encore discerner, est encore au-dessus. Chacune de ces étoiles fixes est pourtant un soleil plus grand que le notre, qui éclaire, échauffe et vivifie comme lui d’autres terres, d’autres mondes. Ces Comètes autrefois effrayantes, dont le cours est en apaprence irrégulier, reparaissent aussi après la révolution de 5 à 6 siècles, et sont soupçonnés appartenir à quelqu’un de ces mondes. Dans cette immensité à peine avons nous songé à la Lune qui tourne en un mois autour de notre terre, qui n’en est éloignée que de 90 mille lieues et qui éclaire une partie de nos nuits. Cette majestueuse grandeur de l’univers; l’ordre admirable et simple qui règne dans toutes ses parties n’annoncent-ils pas une intelligence suprême ? Et c’est ainsi que la découverte de la vérité fait mieux connoître l’auteur de toute vérité. Si un Sauvage, élevé dans les forêts, amené pour la première fois chez une nation civilisée, entroit dans l’un de ces hardis édifices élevés par l’industrie humaine, et qu’il en attribuât la construction au hazard, on riroit de son assertion; on la regarderoit comme l’effet d’une grossière et stupide ignorance. Dédaigneux Athée, tu es plus stupide plus ignorant encore que ce Sauvage quand tu t’obstine à attribuer l’ordre de l’univers à je ne sais quel hazard, quelle fatalité ou quelle nature. Que peut-on entendre par La nature, si ce n’est l’assemblage de tous les corps, de tous les Etres, ordonné conservé par des règles certaines et invariables. Par fatalité ou nécessité un concours forcé de causes qui produisent un effet inévitable. Enfin, par hazard un concours fortuit de ces mêmes causes produisant des effets non prévus ni ordonnés. Mais ces règles certaines, invariables de la nature, quel en est l’auteur ? Ce concours fatal de causes qui produit des effets, par quelle force est-il amené? Si ce n’est point par un Etre intelligent, ce ne seroit donc que par un hazard aveugle, qui ordonneroit, qui dirigerait, qui conserverait toutes choses ? Quelle prodigieuse étendue de génie n’a-t-il pas fallu à ces foibles mortels qui ont cherché à expliquer le système du monde, les uns par des tourbillons, les autres par une attraction et une gravitation ! quel sagacité; quelle ordre développé dans leurs chimériques imaginations ! Et ils veulent que la réalité même de toutes choses soit livrée aux caprices aux heurtemens d’un hazard aveugle. Abandonnons ces misérables systématiques à toute la triste aridité de leurs désolantes idées. Elevons nos méditations vers l’Etre Suprême, reconnoissons sa toute puissance dans la grandeur de la nature. Ceux qui veullent enchaîner cette fille de l’Etre Suprême, dans les fers de la fatalité, ou la laisser exposée à tous les événemens fortuits d’un hazard aveugle, ne méritent pas d’être dissuadés; ils sont indignes de la vérité, de la liberté, et peu propres aux actes de bienfaisance qui caractérisent le vrai Républicain. Cultivons ces divins présens; maintenons, défendons la liberté; cherchons la vérité; faisons toujours le bien. La réunion de tous les despotes contre notre liberté ne fera qu’accélérer la combustion et la conflagration des Thrônes : la liberté, la vérité et la raison subsisteront : elles éclaireront tous les peuples et dissiperont les erreurs et les préjugés. Mais sans cette vertu céleste qui rend l’homme semblable à l’Etre Suprême; sans la bienfaisance; la liberté et la vérité deviendraient pour les humains des dons funestes qui les plongeraient dans l’abime du mal; l’anarchie et tous les vices en seroient la suite désastreuse. Notre Région a toujours eu le bonheur d’être le séjour naturel de la bienfaisance; cette vertu s’y est toujours manifestée par des traits qui nous semblent particulièrement propres. La franchise, l’humanité, la tendre commisération, 408 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le respect des loix, des propriétés et des personnes ont toujours distingués les habitans des bords de la Somme, et les ont fait jouir du calme de la paix : combien la liberté et la vérité ne perfectionneront-elles pas encore cette vertu territoriale. Que l’on n’aille point nous accuser de circonscrire et nos louanges et nos désirs du bien dans les bornes étroites des vallons qui nous ont vu naître. La République entière les partage; nous avons signalé notre inébranlable attachement à son unité, à son indivisibilité; nous ne nous les y bornons même pas; nous y comprenons tout le genre humain; nous embrassons aussi dans l’élan de nos désirs l’étendue infinie de l’univers. Tous les mondes, tous les globes qu’il renferme, œuvre de la toute puissance ne sont certainement pas déserts; l’Etre Suprême les a, par un effet de sa bienfaisance, peuplés d’êtres intelligents; si ces êtres différent de nous par la nature du globe qu’ils habitent, de l’atmosphère qui l’environne, de la plus ou moins grande proximité du soleil qui l’éclaire; tous doivent avoir et ont certainement, ainsi que nous, l’amour de la liberté, de la vérité et de la bienfaisance, par ce que ces trois qualités divines découlent de la source primitive de tous biens et qu’elles se répandent et agissent sur tous les êtres intelligens. Unissons-nous donc par la pensée à tous ces Etres, pour célébrer le père commun de tous; que le même désir les anime et les unisse à nous dans ce même instant; que de tous les mondes, que de chacun de leurs globes parte un tribut de louange qui en forme un concert universel. Que l’union, la concorde, l’égalité régnent ainsi dans toute l’étendue de l’univers : c’est l’hommage qui soit digne de la toute-puissance, de l’intelligence et de la bienfaisance de l’Etre Suprême. [Extrait des délibérations; 9 prair. 71]. Devisme Notable, l’un des Commissaires nommés le 7 de ce mois, pour présenter un plan des préparatifs à faire à l’occasion de la Fête de l’Etre Suprême, a fait au nom de ses Collègues lecture de ce Plan, qu’ils ont dressés de concert avec Rousseau Ingénieur. Ouï l’Agent National, Le Conseil Général arrête unanimement ce qui suit. 1°. Le plan présenté est unanimement adopté; il sera publié et affiché dans toute l’étendue de la Commune, afin que tous les Citoyens soient avertis de ce qui doit se faire et qu’ils puissent concourir chacun selon leurs forces et leurs talens, à l’exécution; 2°. Il sera envoyé un Exemplaire de ce Projet à la Société Populaire, avec invitation de concourir aussi à son exécution; 3°. Attendu que les Finances de la Commune sont insuffisantes pour subvenir aux besoins journaliers les plus urgents, il sera ouvert une Souscription volontaire dont le produit sera consacré à la dépense de la Fête; 4°. Si ce produit excède la dépense, le surplus sera versé dans la caisse des Pauvres; 5°. Le montant des Souscriptions sera reçu soit par les Comités de Surveillances des cinq arrondissements, soit à la Maison Commune par le citoyen Duclos, chef de Bureau près le Bureau Municipal. Les Comités seront priés de recevoir ce qui leur sera apporté par les citoyens de leur arrondissement, d’en tenir note, et de faire verser le tout ès-mains du citoyen Duclos; 6°. Tous les citoyens seront invités par une publication, à contribuer à cette dépense. Les Membres du Conseil Général ont à l’instant souscrit en la Séance et réalisé ès-mains du citoyen Duclos, le montant de chacun leur Souscription; 7°. Et sera la présente imprimée avec le plan des préparatifs et de l’ordre de la solemnité de la Fête; 8°. Les Commissaires nommés en la Séance du 7, qui sont savoir : Anselin, Dumoulin, Officiers Municipaux, Croquoison, Devisme, Prud’homme et Cozette Notables, prendront le soin de l’exécution de tout ce qui concerne la Fête et même de l’observation de l’Ordre de la marche et des Cérémonies le jour de sa célébration. Ils y inviteront au nom du Conseil Général les Corps Adminisratifs, Judiciaires et Militaires, ainsi que chacun des Artistes et Amateurs de Musique. Fait en la Chambre du Conseil de la Maison Commune. Signé Fanchon ( présid .), Janvier (secr. greffier). [Plan de la fête à l’Etre Suprême ]. Le 19 au soir la cloche du Béfroi annonce la Fête par 3 sonneries dans l’espace d’une demie heure; Le 20 au lever de l’aurore, la même cloche frappe les airs; ses sons joints au bruit du Canon et à celui des Tambours, deviennent le signal de la distribution du secours extraordinaire, accordé aux indigents des sections. Les Citoyens domiciliés sur la place du Marché au Fil, dans la rue au Lin, et en suivant dans celle du Cours, jusqu’à la Porte de la Hautoye, s’empressent d’orner les façades de leurs Maisons de Banderoles Tricolores, de Guirlandes de verdure et de Fleurs. Les Femmes, les Enfans, les Vieillards, les Jeunes Gens des deux Sexes, pénétrés de l’auguste cérémonie qui va avoir lieu, s’occupent à l’envi de la rendre éclatante. Les échelles sont dressées, des tapis sont jettés sur les appuis des croisées, le nétoyement des places et des rues s’oper avec soin, tout travaille, tout s’agite. Une joie tumultueuse et pure affecte les Esprits; les préparatifs sont achevés. A huit heures se réunissent dans la salle du Conseil de la Maison Commune les trois Corps Administratifs ; Les Tribunaux Civils, Criminels, ceux de Police Correctionnelle, de Conciliation, de Commerce, les Juges de Paix avec leurs Assesseurs, les cinq Comités de Surveillance, et la Société Populaire dans la grande Salle à côté. Les Commandans de la Place et Agens Militaires, tels que le Général de Division, l’Adjudant Général, le Commandant Temporaire, les Commissaires des Guerres, le Commandant de Légion et l’Etat-Major de la Garde Nationale dans la Chambre ci-devant dite de Commerce; Les professeurs de Musique et Amateurs avec leurs instrumens dans la Salle à rez de Chaussée; 408 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le respect des loix, des propriétés et des personnes ont toujours distingués les habitans des bords de la Somme, et les ont fait jouir du calme de la paix : combien la liberté et la vérité ne perfectionneront-elles pas encore cette vertu territoriale. Que l’on n’aille point nous accuser de circonscrire et nos louanges et nos désirs du bien dans les bornes étroites des vallons qui nous ont vu naître. La République entière les partage; nous avons signalé notre inébranlable attachement à son unité, à son indivisibilité; nous ne nous les y bornons même pas; nous y comprenons tout le genre humain; nous embrassons aussi dans l’élan de nos désirs l’étendue infinie de l’univers. Tous les mondes, tous les globes qu’il renferme, œuvre de la toute puissance ne sont certainement pas déserts; l’Etre Suprême les a, par un effet de sa bienfaisance, peuplés d’êtres intelligents; si ces êtres différent de nous par la nature du globe qu’ils habitent, de l’atmosphère qui l’environne, de la plus ou moins grande proximité du soleil qui l’éclaire; tous doivent avoir et ont certainement, ainsi que nous, l’amour de la liberté, de la vérité et de la bienfaisance, par ce que ces trois qualités divines découlent de la source primitive de tous biens et qu’elles se répandent et agissent sur tous les êtres intelligens. Unissons-nous donc par la pensée à tous ces Etres, pour célébrer le père commun de tous; que le même désir les anime et les unisse à nous dans ce même instant; que de tous les mondes, que de chacun de leurs globes parte un tribut de louange qui en forme un concert universel. Que l’union, la concorde, l’égalité régnent ainsi dans toute l’étendue de l’univers : c’est l’hommage qui soit digne de la toute-puissance, de l’intelligence et de la bienfaisance de l’Etre Suprême. [Extrait des délibérations; 9 prair. 71]. Devisme Notable, l’un des Commissaires nommés le 7 de ce mois, pour présenter un plan des préparatifs à faire à l’occasion de la Fête de l’Etre Suprême, a fait au nom de ses Collègues lecture de ce Plan, qu’ils ont dressés de concert avec Rousseau Ingénieur. Ouï l’Agent National, Le Conseil Général arrête unanimement ce qui suit. 1°. Le plan présenté est unanimement adopté; il sera publié et affiché dans toute l’étendue de la Commune, afin que tous les Citoyens soient avertis de ce qui doit se faire et qu’ils puissent concourir chacun selon leurs forces et leurs talens, à l’exécution; 2°. Il sera envoyé un Exemplaire de ce Projet à la Société Populaire, avec invitation de concourir aussi à son exécution; 3°. Attendu que les Finances de la Commune sont insuffisantes pour subvenir aux besoins journaliers les plus urgents, il sera ouvert une Souscription volontaire dont le produit sera consacré à la dépense de la Fête; 4°. Si ce produit excède la dépense, le surplus sera versé dans la caisse des Pauvres; 5°. Le montant des Souscriptions sera reçu soit par les Comités de Surveillances des cinq arrondissements, soit à la Maison Commune par le citoyen Duclos, chef de Bureau près le Bureau Municipal. Les Comités seront priés de recevoir ce qui leur sera apporté par les citoyens de leur arrondissement, d’en tenir note, et de faire verser le tout ès-mains du citoyen Duclos; 6°. Tous les citoyens seront invités par une publication, à contribuer à cette dépense. Les Membres du Conseil Général ont à l’instant souscrit en la Séance et réalisé ès-mains du citoyen Duclos, le montant de chacun leur Souscription; 7°. Et sera la présente imprimée avec le plan des préparatifs et de l’ordre de la solemnité de la Fête; 8°. Les Commissaires nommés en la Séance du 7, qui sont savoir : Anselin, Dumoulin, Officiers Municipaux, Croquoison, Devisme, Prud’homme et Cozette Notables, prendront le soin de l’exécution de tout ce qui concerne la Fête et même de l’observation de l’Ordre de la marche et des Cérémonies le jour de sa célébration. Ils y inviteront au nom du Conseil Général les Corps Adminisratifs, Judiciaires et Militaires, ainsi que chacun des Artistes et Amateurs de Musique. Fait en la Chambre du Conseil de la Maison Commune. Signé Fanchon ( présid .), Janvier (secr. greffier). [Plan de la fête à l’Etre Suprême ]. Le 19 au soir la cloche du Béfroi annonce la Fête par 3 sonneries dans l’espace d’une demie heure; Le 20 au lever de l’aurore, la même cloche frappe les airs; ses sons joints au bruit du Canon et à celui des Tambours, deviennent le signal de la distribution du secours extraordinaire, accordé aux indigents des sections. Les Citoyens domiciliés sur la place du Marché au Fil, dans la rue au Lin, et en suivant dans celle du Cours, jusqu’à la Porte de la Hautoye, s’empressent d’orner les façades de leurs Maisons de Banderoles Tricolores, de Guirlandes de verdure et de Fleurs. Les Femmes, les Enfans, les Vieillards, les Jeunes Gens des deux Sexes, pénétrés de l’auguste cérémonie qui va avoir lieu, s’occupent à l’envi de la rendre éclatante. Les échelles sont dressées, des tapis sont jettés sur les appuis des croisées, le nétoyement des places et des rues s’oper avec soin, tout travaille, tout s’agite. Une joie tumultueuse et pure affecte les Esprits; les préparatifs sont achevés. A huit heures se réunissent dans la salle du Conseil de la Maison Commune les trois Corps Administratifs ; Les Tribunaux Civils, Criminels, ceux de Police Correctionnelle, de Conciliation, de Commerce, les Juges de Paix avec leurs Assesseurs, les cinq Comités de Surveillance, et la Société Populaire dans la grande Salle à côté. Les Commandans de la Place et Agens Militaires, tels que le Général de Division, l’Adjudant Général, le Commandant Temporaire, les Commissaires des Guerres, le Commandant de Légion et l’Etat-Major de la Garde Nationale dans la Chambre ci-devant dite de Commerce; Les professeurs de Musique et Amateurs avec leurs instrumens dans la Salle à rez de Chaussée; SÉANCE DU 19 PRAIRIAL AN U (7 JUIN 1794) - N° 45 409 Les Tambours au nombre de 24, commandés par un Tambour Major, se rangent sur la Place même de la Maison Commune, ainsi qu’un Piquet de Cavalerie et un Détachement armé de la Garde Nationale; Les Citoyens et Citoyennes classés suivant les 4 âges de la vie, occupent le surplus de la Maison Commune, les Cours, la Halle Foraine, et la grande Salle de la Mal-maison; Le restant de la Garde Nationale, les Vétérans et autres Corps de toutes armes sont sur la Place du Marché aux Herbes prêts à se porter aux endroits indiqués; La Vieillesse des deux sexes porte à la main des Pampres; la Virilité des branches de Chêne, l’adolescence de légères branches d’arbrisseaux, et l’Enfance des Bleuets; Les Corps Administratifs, Judiciaires etc. sont accompagnés de leurs Bannières; Les Individus des deux sexes désignés pour figurer dans la dernière Scène de la Fête, ont à la main, savoir : les Mères, les Nourrices et les femmes enceintes, des Bouquets de Roses, les Filles des Corbeilles de Fleurs, les Jeunes Gens leurs Epées ou Sabres nuds. A 9 heures la Cloche du Béfroi annonce le départ. Les Citoyens des deux sexes sont déjà formés sur deux Colonnes. A gauche les hommes, à droite les femmes. Il marchent avec recueillement, en silence; chaque individu a à la main son signe distinctif. Le Piquet de Cavalerie est en tête. Les Tambours et la Musique viennent ensuite, puis un détachement de la force armée avec ses Drapeaux. Les Corps Constitués, la Société Populaire, les Chefs militaires suivent par Grouppes, et sont distribués, à égales distances, dans la longueur et entre les deux colonnes, suivant l’ordre ci-après. Les trois Corps Administratifs réunis entourent un char traîné par quatre Taurreaux couverts de Festons et de Guirlandes sur lequel brille un trophée composé des Instrumens des Arts et Métiers et des productions du territoire Français. Les Tribunaux Civils, Criminels, ceux de Police Correctionnelle, de Conciliation, de Commerce, les Juges de Paix et leurs Assesseurs forment un second Grouppe; Viennent ensuite les membres des cinq Comités de Surveillance. Après ce Grouppe se présente celui de la Société Populaire, au milieu duquel s’élève un Pavillon de forme quarrée, surmonté d’un Globe imitant la terre, sur laquelle repose un faisceau. Ce Pavillon sert d ’umbraculum aux Tables des Droits de l’Homme et du Citoyen. Il est porté par huit Membres. Enfin, paroit le Grouppe des Commandants Militaires, des Chefs de la Garde Nationale, des Commissaires des Guerres et des Ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le Cortège est fermé par un détachement de la Force Armée. Pendant la marche l’Encens fume dans des Cassolettes placées entre les diférents Grouppes et portées sur des Brancards. Les Musiciens chantent et accompagnent de leurs Instrumens des Strophes en l’honneur de l’Eternel, le peuple en répète les finales. Arrivés au bout de la grande allée du cours, le Maire et les trois Corps Administratifs montent sur la Montagne ou est planté l’Arbre de la Liberté. Les Pères avec leurs fils, les Mères avec leurs filles, les Nourrices, les Enfans en bas âge se rangent sur la partie qui leur est désignée. Après un moment de silence et de contemplation des beautés de la nature, après un hommage secret et pur dirigé vers le grand Etre, auteur de toutes choses, des chants et une Musique harmonieuse se font entendre, à ces chants succèdent des Discours analogues au sujet de la Fête; les Orateurs ont fini... Alors tout se meut sur la Montagne. Vieillards, Femmes, Jeunes Gens, Enfans de tout sexe. Des chants accompagnés d’une musique délicieuse rétentissent dans les airs, des embrassements fraternels se donnent, l’airain éclate, les Mères pressent leurs enfans contre leur sein, les jeunes gens font briller leurs Epées, et jurent en présence de leurs pères, de vaincre ou de mourir libres. Les jeunes filles jettent les fleurs de leurs Corbeilles vers le ciel. Tous les cœurs sont touchés. De douces larmes coulent des yeux, les échos répètent les cris chers aux François, Vive la République, Vive la Liberté, Vive l’Egalité. Des Orchestres répandus sur plusieurs points de la promenade terminent les plaisirs de la Fête. Fait et rédigé par Nous soussignés Officiers Municipaux de la Commune d’Amiens, Commissaires en cette partie et par l’Ingénieur-Architecte de la Commune. Signé Anselin (Off. mun.), Devisme, L. Cro-quoison, Pierre Cozette (notables), Rousseau. 45 Le citoyen Audemet, de la section du Panthéon-Français, est admis à la barre, et présente à la Convention nationale plusieurs grappes de raisins noirs et blancs, en fleurs, qu’il a cueillies ce matin dans le département de Paris; H dit: il faut espérer qu’à la cérémonie de demain il y aura des groupes d’enfans parés de ces précieux dons de la nature; rien ne plait tant à la divinité que ces images riantes de la population des hommes, des effets de leurs travaux, et de la fécondité des terres. Il n’en étoit pas ainsi sous les despotes, ces monstres ne vouloient d’hommes et de richesses qu’autant qu’il leur en falloit pour se gorger de plaisir, et la devise de ces bêtes féroces étoit : Meurs, ou n’existe que pour moi (1) . Le Citoyen AUDEMET : Représentons du peuple français, Je vous ai apporté le 15 de ce mois des épis de seigle en grains et des épis fleuris de froment et de toutes les autres espèces de céréales, à l’exception de l’avoine, et même des plantes de sarrazin déjà en pleine fleur aussi, chose agréablement étonnante en pareille saison. (1) P.V., XXXIX, 98. Bln, 26 prair.; C. Univ. 21 prair. SÉANCE DU 19 PRAIRIAL AN U (7 JUIN 1794) - N° 45 409 Les Tambours au nombre de 24, commandés par un Tambour Major, se rangent sur la Place même de la Maison Commune, ainsi qu’un Piquet de Cavalerie et un Détachement armé de la Garde Nationale; Les Citoyens et Citoyennes classés suivant les 4 âges de la vie, occupent le surplus de la Maison Commune, les Cours, la Halle Foraine, et la grande Salle de la Mal-maison; Le restant de la Garde Nationale, les Vétérans et autres Corps de toutes armes sont sur la Place du Marché aux Herbes prêts à se porter aux endroits indiqués; La Vieillesse des deux sexes porte à la main des Pampres; la Virilité des branches de Chêne, l’adolescence de légères branches d’arbrisseaux, et l’Enfance des Bleuets; Les Corps Administratifs, Judiciaires etc. sont accompagnés de leurs Bannières; Les Individus des deux sexes désignés pour figurer dans la dernière Scène de la Fête, ont à la main, savoir : les Mères, les Nourrices et les femmes enceintes, des Bouquets de Roses, les Filles des Corbeilles de Fleurs, les Jeunes Gens leurs Epées ou Sabres nuds. A 9 heures la Cloche du Béfroi annonce le départ. Les Citoyens des deux sexes sont déjà formés sur deux Colonnes. A gauche les hommes, à droite les femmes. Il marchent avec recueillement, en silence; chaque individu a à la main son signe distinctif. Le Piquet de Cavalerie est en tête. Les Tambours et la Musique viennent ensuite, puis un détachement de la force armée avec ses Drapeaux. Les Corps Constitués, la Société Populaire, les Chefs militaires suivent par Grouppes, et sont distribués, à égales distances, dans la longueur et entre les deux colonnes, suivant l’ordre ci-après. Les trois Corps Administratifs réunis entourent un char traîné par quatre Taurreaux couverts de Festons et de Guirlandes sur lequel brille un trophée composé des Instrumens des Arts et Métiers et des productions du territoire Français. Les Tribunaux Civils, Criminels, ceux de Police Correctionnelle, de Conciliation, de Commerce, les Juges de Paix et leurs Assesseurs forment un second Grouppe; Viennent ensuite les membres des cinq Comités de Surveillance. Après ce Grouppe se présente celui de la Société Populaire, au milieu duquel s’élève un Pavillon de forme quarrée, surmonté d’un Globe imitant la terre, sur laquelle repose un faisceau. Ce Pavillon sert d ’umbraculum aux Tables des Droits de l’Homme et du Citoyen. Il est porté par huit Membres. Enfin, paroit le Grouppe des Commandants Militaires, des Chefs de la Garde Nationale, des Commissaires des Guerres et des Ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le Cortège est fermé par un détachement de la Force Armée. Pendant la marche l’Encens fume dans des Cassolettes placées entre les diférents Grouppes et portées sur des Brancards. Les Musiciens chantent et accompagnent de leurs Instrumens des Strophes en l’honneur de l’Eternel, le peuple en répète les finales. Arrivés au bout de la grande allée du cours, le Maire et les trois Corps Administratifs montent sur la Montagne ou est planté l’Arbre de la Liberté. Les Pères avec leurs fils, les Mères avec leurs filles, les Nourrices, les Enfans en bas âge se rangent sur la partie qui leur est désignée. Après un moment de silence et de contemplation des beautés de la nature, après un hommage secret et pur dirigé vers le grand Etre, auteur de toutes choses, des chants et une Musique harmonieuse se font entendre, à ces chants succèdent des Discours analogues au sujet de la Fête; les Orateurs ont fini... Alors tout se meut sur la Montagne. Vieillards, Femmes, Jeunes Gens, Enfans de tout sexe. Des chants accompagnés d’une musique délicieuse rétentissent dans les airs, des embrassements fraternels se donnent, l’airain éclate, les Mères pressent leurs enfans contre leur sein, les jeunes gens font briller leurs Epées, et jurent en présence de leurs pères, de vaincre ou de mourir libres. Les jeunes filles jettent les fleurs de leurs Corbeilles vers le ciel. Tous les cœurs sont touchés. De douces larmes coulent des yeux, les échos répètent les cris chers aux François, Vive la République, Vive la Liberté, Vive l’Egalité. Des Orchestres répandus sur plusieurs points de la promenade terminent les plaisirs de la Fête. Fait et rédigé par Nous soussignés Officiers Municipaux de la Commune d’Amiens, Commissaires en cette partie et par l’Ingénieur-Architecte de la Commune. Signé Anselin (Off. mun.), Devisme, L. Cro-quoison, Pierre Cozette (notables), Rousseau. 45 Le citoyen Audemet, de la section du Panthéon-Français, est admis à la barre, et présente à la Convention nationale plusieurs grappes de raisins noirs et blancs, en fleurs, qu’il a cueillies ce matin dans le département de Paris; H dit: il faut espérer qu’à la cérémonie de demain il y aura des groupes d’enfans parés de ces précieux dons de la nature; rien ne plait tant à la divinité que ces images riantes de la population des hommes, des effets de leurs travaux, et de la fécondité des terres. Il n’en étoit pas ainsi sous les despotes, ces monstres ne vouloient d’hommes et de richesses qu’autant qu’il leur en falloit pour se gorger de plaisir, et la devise de ces bêtes féroces étoit : Meurs, ou n’existe que pour moi (1) . Le Citoyen AUDEMET : Représentons du peuple français, Je vous ai apporté le 15 de ce mois des épis de seigle en grains et des épis fleuris de froment et de toutes les autres espèces de céréales, à l’exception de l’avoine, et même des plantes de sarrazin déjà en pleine fleur aussi, chose agréablement étonnante en pareille saison. (1) P.V., XXXIX, 98. Bln, 26 prair.; C. Univ. 21 prair.