576 [Convention nationale.] ARCHIVES IX. Adresse des républicains de la commune et du canton de Lezoux (1). « Représentants du peuple français, « La patrie est en danger, vous voulez la sau¬ ver, vous seuls pouvez la sauver; restez donc à votre poste et continuez vos glorieux travaux jusqu’à l’anéantissement du dernier de nos ennemis. Que celui qui oserait proposer la con¬ vocation de la législature, avant cette heureuse époque, soit déclaré infâme et traître à la patrie. Tel est le vœu le plus ardent des républicains de la commune et canton de Lezoux, district de Thiers, département du Puy-de-Dôme. (Suivent 45 signatures.) Le citoyen Sirgant fait hommage du discours qu’il a prononcé à la fédération de 1793. La Convention nationale décrète la mention honorable de toutes ces adresses et offrandes civiques, avec l’insertion au « Bulletin » (2), Discours prononcé par J. Sirgant, curé de Saint-Martin, à la fédération du 10 août 1793, Van II de la Dépublique française, à Penne (3). Chers concitoyens, C’est aujourd’hui le grand jour du désespoir des aristocrates, et de l’allégresse de tous les bons Français. C’est aujourd’hui qu’à Paris, sur l’autel de la patrie, la nation va faire l’hom¬ mage du vote de tous les départements; c’est là que la masse de la sanction générale de la Constitution, en faisant le plus beau monument de cet autel, en faisant le charme de la France entière par son concours, en fera aussi la force, le lustre et la fidélité ; c’est là qu’éclatera dans la splendeur, la sagesse de vos représen¬ tants. Cette fédération que vous célébrâtes l’an passé le 14 juillet, a été fixée à ce jour 10 août, à jamais mémorable; l’explosion qui se fit à Paris, tel jour que celui que nous respirons, électrisa l’esprit et le courage des braves et fidèles habitants de cette grande cité, ce fut un coup de massue assommant contre les anar¬ chistes. Un monstre en perfidie y décela ses forfaits, qu’il avait eu l’astuce de couver sour¬ dement dans son sein; il fut forcé de chercher un asile au milieu de nos représentants, alors même qu’il les faisait assassiner; ses agents furent terrassés, et l’ égalité gémissante encore sous le poids du despotisme leva fièrement la tête, secoua les préjugés, et remplit la France de sa majesté. Mais, oh horreur ! ce fut au prix douloureux et affligeant de la perte d’une mul¬ titude d’excellents patriotes, par un combat qui fera époque dans les annales du monde entier; le glaive de la loi a fait justice du tyran qui était l’auteur dej ces asassinats ; mais ses pareils (U Archives nal anales, carton C 280, dossier 766. (?) Proeès-verbair de la Convention, t. 25, p. ,61. (3) Archives nationales , carton C-280, dossier 766. PARLEMENTAIRES, j KS ,*,"93" n’en sont pas tous atteints encore; qu’ils chan¬ gent ou qu’ils disparaissent. Chers frères, écartons loin de nous ces images désolantes, pour ne nous livrer qu’au doux plai¬ sir de célébrer notre fête civique avec des élans de volupté qui épouvantent nos ennemis par des traits salutaires. La fédération est un nœud du moral avec le physique, des sentiments et de la force ; rendez, mes frères, ce nœud indissoluble; il consiste à former un tissu, une chaîne d’esprits, de cœurs, de de corps, forces et de courage ; nouez ces rapports ; qu’un amour mutuel, que la franchise, la sin¬ cérité vous unissent cordialement ! Que 25 mil¬ lions d’individus qui forment la République française ne fassent plus qu’une famille liée par les mêmes intérêts, par les mêmes vœux. Quel rempart, mes frères, à opposer à vos ennemis ! Vous serez invincibles. Vos ennemis connaissent la supériorité que vous avez sur eux à tous égards; vos braves héros leur en ont fait sentir les terribles effets ; ils leur sont devenus si redou¬ tables, que pour leur faire tête, ils ne trouvent d’autre moyen que celui de la lâcheté, de la bassesse, des plus honteuses trahisons et des plus détestables assassinats; ils les ourdissent journellement par les trames mercenaires de l’or. Mais le glaive de la loi et de la vengeance planent sur la tête des scélérats qu’ils corrom¬ pent, et qui ont l’infamie de se laisser séduire à la honte, à l’opprobre du genre humain. Voilà, royalistes, aristocrates, vos professeurs, vos maîtres, voilà l’étendard monstrueux sous lequel vous vous rangez, en foulant aux pieds, honneur, sentiments, religion; n’aurez-vous pas honte de suivre de tels guides? Revenez de votre aveuglement ; rentrez dans le giron de vos frères, vous n’y trouverez qu’ oubli du passé, un amour inaltérable par la joie de votre retour. Vous n’y trouverez que le charme de la douceur et de la bienfaisance ! Montrez-vous dignes du nom fran¬ çais; votre gloire l’exige; votre bonheur en dé¬ pend, je vous y exhorte au nom du Tout-Puis¬ sant; il vous assure son concours par l’oracle du Saint-Esprit, combattez, dit-il, pour la jus¬ tice, et Dieu combattra, renversera vos enne¬ mis pour vous. Quelle promesse, mes chers frères et amis, de la part du Dieu des armées, du Dieu fort, et fut -il jamais de cause plus juste que celle que vous défendez? Il n’en est donc pas que le ciel doive mieux protéger, et il est fidèle dans ses promesses : si Dieu est pour vous, l’univers entier ne serait qu’un faible roseau devant vos armées, et les projets infâmes de vos ennemis, qu’il décèle, sont une preuve par¬ lante de sa protection. Soyez entre vous, vrais frères, vrais amis, tout tremblera devant un corps aussi inébranlable; la loi de Dieu vous ordonne cette fraternité, fraternitatis amatores; de vous aimer les uns les autres, Diligite alterutrum; et sous ses auspices la Convention nationale vous ordonne d’en faire ici le serment solennel; je le prononce pour moi, etc. Que des chants d’allégresse fassent retentir les airs de notre grande satisfaction; que de tendres embrassements nous prouvent vos liai¬ sons ; que les plaisirs innocents président à cette fête; que chacun en savoure à longs traits les délices. Venez tous, que je vous serre dans mes bras, et que mon cœur dilaté expire de joie et de plaisir.