{Convention national ARCHIVES mMÆWENTÂIEES. .4 *§ Noue avons semé des fleurs sur la tombe de Gasparin, nous lui avoue rendu tes derniers devoirs. « Nous avons eu la douce satisfaction de voir accourir à cette pompe funèbre les habitants de toutes les communes voisines. L’expression de la douleur était peinte sur leur front; vous eussiez dit qu’ils avaient perdu leur père, leur . époux, leur enfant. Tls se rappelaient entre eux ses vertus, le bien qu’il leur avait fait, celui qu’ils en attendaient encore; nous les avons vus se presser autour de nous, s’enor¬ gueillir des témoignages d’affliction que nous rendions à la mémoire de Gasparin : ils parais¬ saient se les approprier. « Nous l’avons élevé, disaient-ils, il était vertueux, il est mort. Le souvenir de ses vertus ne mourra jamais parmi nous, nous les rappellerons à nos enfants : pourraient -ils ne pas l’imiter? « Gasparin eut d’autant plus de mérite à rester vertueux qu’il fut environné de vices; il résista à la corruption de . la plupart des co -députés du département; il osa se lever contre eux et leur arracher le masque qui les couvrait. » A ces mots, tous les coeurs ont paru s’électriser, et, comme de concert, chacun veut transmettre à la postérité, avec la mémoire de Gasparin, l’amour que ses concitoyens lui portèrent. Que l’Administration déclare, s’écrie l’un (le procureur général syndic en remplacement), que la mémoire de Gasparin nous est chère; qu’elle le déclare au nom du département de Vaucluse; que son buste soit placé au milieu de nous, ajoute un autre (Chapuy), que son génie nous surveille, qu’il dirige toutes nos opérations. Gasparin n’est pas le seul qui doit guider nos pas s’écrie-t-on d’un autre côté (Agricole, Moureau), Marat, un des fondateurs de la Révolution, un des premiers martyrs de la liberté, nous indique le chemin qui conduit à la gloire; que son buste, placé à côté de celui de Gasparin, nous rappelle que nous devons braver tous les dangers pour affermir la Révo¬ lution. Toutes ces différentes motions sont accueillies avec transport, et l’Administration déclare, dans un saint enthousiasme, que la mémoire de Gasparin est chère au département de Vau¬ cluse, que son buste et celui de Marat seront placés dans la salle de ses séances et que copie du procès-verbal sera de suite adressé à la Convention nationale, comme un hommage qu’elle rend aux vertus des défenseurs de la Montagne. Bosse, vice-président; Cottif.k-Jei.iax, se¬ crétaire général. Procès-verbal d'autopsie (1). Nous, médecins et chirurgiens de cette ville d’ Orange, ayant été requis, par les commissaires du département de Vaucluse et ceux des corps constitués et de la Société, populaire de cette dite ville, de procéder à l’ouverture du cadavre du citoyen Gasparin, représentant du peuple, décédé le jour d’hier entre onze heures et midi, (1) Archives nationales, carton-G 283, dossier 808. nous serions «rendus flans te cour du «collège fie cette dite ville, où reposait, sur une table, te corps dudit citoyen Gasparin. Et après l’avoir dégagé de son suaire, nous avons vu toute l’habitude du corps dans un état de putréfac¬ tion extrême, et la face tellement défigurée que les personnes même les plus familières audit citoyen Gasparin n’auraient pu le recon¬ naître. Nous avons trouvé la peau couverte, flans certaines parties et particulièrement à la face, flTiydatid.es remplies d’une humeur sa-nieuse. La putréfaction de ce cadavre était telle qu’on ne pouvait l’ aborder sans précautions. Cependant, pour calmer les inquiétudes du •peuple sur les causes de la mort du citoyen Gasparin, nous aurions procédé, en présence desdits citoyens commissaires et beaucoup d’autres, à l’ouverture de la poitrine et, après avoir enlevé le sternum, nous avons trouvé le lobe gauche du poumon gangrené, tandis que le resté de ce viscère, ainsi que le cœur, étaient dans un état ordinaire; le cœur a été extrait pour être embaumé. Nous avons procédé ensuite à l'ouverture du bas ventre; nous y avons trouvé l’estomac et tous les autres viscères dans un état assez ordinaire et sans aucune ulcération ni excoria¬ tion. Enfin l’ouverture de la tête ne nous a fourni aucune preuve d’altération flans les parties y contenues. Il nous paraît résulter de l’état du cadavre de Gasparin, que ce représentant du peuple n’a pas été ravi à la République par TeÊet d’aucun poison. Les grands travaux auxquels ce digne citoyen s’est livré pour la Révolution minaient depuis longtemps sa complexion et préparaient sourdement la perte que nous dé¬ plorons. Le citoyen Gasparin, à la suite de tant de fatigues, avait le sang abreuvé d’une hu¬ meur acrimonieuse; cet état des choses, ame¬ nant tôt ou tard la dissolution entière de ce principe de la vie, amène nécessairement la gangrène dans le sang et conséquemment te mort. Tel est notre avis. A Orange, le vingt-deux du second mois de l’an second de la République française, une et indivisible. (Suivent 28 signatures.) Arrêté (1). Extrait du registre du Conseil d' administration du département de Vaucluse. Séance publique du 28 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. L’Administration du département de Vau¬ cluse, le procureur général syndic en remplace¬ ment entendu. Arrête que les citoyens Arnoux et .Fabre - présenteront à la Convention nationale la vais¬ selle trouvée dans la maison de l’émigré Gram-mont, pesant cent vingt-six mares et sept onees, et qu’ils remettront ensuite au directeur de (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 808 374 [Convention nationale.] l’hôtel des monnaies, dont ils rapporteront un récépissé. Bosse, vice-président; Cotti er - J ulli an , se¬ crétaire général. Les président et accusateur public du tribunal criminel du département de Vaucluse, à la Convention nationale (1). t Avignon, 28 brumaire, l’an II de la République. « Représentants, » « Les commissaires du département de Vau¬ cluse, chargés de porter à la Convention le cœur du valeureux Gasparin, votre collègue et notre compatriote, mort à la suite de ses travaux patriotiques, sont aussi chargés de déposer sur l’autel de la patrie cent vingt-six marcs sept onces, vaisselle d’argent que nous avons découvert dans la maison que nous occu¬ pons, comme rentiers,* et que le ci-devant Gram-mont avait recéléo dans quatre murs avant son émigration. « Nous ajoutons à cela une paire de boucles d’argent qu’un vertueux et pauvre patriote offrit dans la dernière séance de l’assemblée composée des députés de toutes les Sociétés populaires du département de Vaucluse, la¬ quelle dura huit jours, et qui ne fut convoquée que pour exprimer son vœu, bien prononcé, de maintenir l’existence de votre décret sur l’organisation de ce département. Cette as¬ semblée, composée de vrais sans-culottes, vous vota des remerciements; elle chargea quatre commissaires de vous présenter les procès-ver¬ baux de ses séances, et de vous exprimer sa vive reconnaissance : votre énergie soutenue mérite celle de tous les Français, et l’admira¬ tion du monde. « Une décoration de l’ancien régime militaire vous sera encore offerte : elle a été arrachée par nous à un de ces fédéralistes que nous ju¬ geons, aux termes de vos décrets des 19 mars, 7 et 9 avril, 10 mai et 5 juillet derniers. Nous croyons marcher sur vos traces, en mettant toute l’activité et toute la sévérité possibles dans les jugements des traîtres à la patrie. « Depuis l’existence du tribunal criminel du département de Vaucluse, trois émigrés et huit chefs de révolte sont tombés sous le glaive de la loi. Claude-Joseph Bertrand Provenchères, seigneur du Ghassing, ci-devant noble, âgé de 28 ans, natif d’Augeroles, district de Thiers, département du Puy-de-Dôme, aide de camp de l’audacieux et perfide Precy, nous fut dé¬ noncé le 18 brumaire, à 10 heures du matin, par 10 hussards du 1er régiment, qui, venant de Ville-Affranchie, se rendaient sous les murs de la Ville esclave de Toulon. Provenchères fut convaincu, il avoua, et le même jour, à (1) Archives nationales, carton G 283, dossier 808. 10 frimaire an H 30 novembre 1793 7 heures du soir, son arrêt fut prononcé. Il fut mis à mort dans les vingt-quatre heures. « Périssent tous les traîtres et vivent la Répu¬ blique et la Montagne! « Le Président du tribunal criminel du dépar¬ tement de Vaucluse, Fouçjue. L'accusateur public, F. Barjurel; Remusat, juge. Le Président du tribunal criminel du département de Vaucluse, à la Convention nationale (1). « Avignon, 28 brumaire, l’an II de la République. « Représentants, « L’Assemblée constituante revêtit les juges d’un chapeau dit à la Henri IV ; l’étymologie, autant que la ridiculité de la forme, doivent répugner à des républicains. Je demande qu’au chapeau vous substituiez un bonnet dit à la Jean-Jacques ; que les plumes noires devien¬ nent aux trois couleurs, et qu’au lieu d’un habit noir, les dispensateurs de la justice soient revêtus d’un bleu national. La couleur noire, en nous retraçant l’existence des anciens robins, nous devient odieuse. « Le président du tribunal criminel du dépar¬ tement de Vaucluse, « Fouque. « L'accusateur public, « F. Barjurel ». Compte rendu du Moniteur universel (2). Une députation des Sociétés populaires d'O-range, d' Avignon et de l'administration du dé¬ partement de Vaucluse est admise. L'orateur. Citoyens représentants, nous ve¬ nons exprimer dans le sein de la Convention nos regrets sur la mort d’un des plus intrépides défenseurs du peuple. Gasparin, entièrement dévoué à la liberté, est mort victime de son zèle. On a recueilli avec soin les paroles qu’il prononça en rendant le dernier soupir; elles donneront (1) Archives nationales, carton G 283, dossier 808. Ce document ne se réfère pas à la mission spéciale qui avait été confiée aux administrateurs du dépar¬ tement de Vaucluse. Il a sans doute été glissé par erreur dans les pièces annexes. (2) Moniteur universel [n° 71 du 11 frimaire an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 287, col 2]. D’au¬ tre part, le Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 438, p. 136), le Journal de la Montagne [n° 18 du 11e jour du 3e mois de l’an II (dimanche 1er décembre 1793), p. 143, col. 1) et Y Auditeur na¬ tional [n° 435 du 11 frimaire an II (dimanche 1er dé¬ cembre 1793), p. 2] rendent compte de l’admission ARCHIVÉS PARLEMENTAIRES.