SÉANCE DU 17 VENDÉMIAIRE AN III (8 OCTOBRE 1794) - N08 37-38 401 de la République se liguent pour calomnier, intimider, perdre les patriotes et anéantir avec eux la Révolution, c’est au milieu de ces orages que les amis de la chose publique doivent se rallier, se serrer dans les sociétés populaires pour écraser les malveillants, et déposer dans le sein de la Convention leurs voeux et leur sollicitude. Pour nous, citoyens représentants, nous remplirons ce devoir sacré avec courage et avec confiance ; et nous aurons toujours pour devise ; respect pour la Convention nationale, centre du ralliement des républicains, haine pour les tyrans, les modérés et les aristocrates leurs infâmes complices. Vive la Convention! vive la République. Les sans-culottes d’Autun, Brivault, président, Souberbielle, Lenoir, Mercan-don, Croisier, secrétaires. 37 La société populaire de Parly, département de l’Yonne, demande que la Convention déclare qu’elle restera toujours unie avec les vrais patriotes, et que les riches égoïstes, les ennemis des sociétés populaires, ceux qui se laissent traîner par le char de la révolution, ceux qui tiennent le peuple des campagnes dans l’ignorance de ses droits et qui craignent un juste nivellement, que les ambitieux et les intrigans sont vos ennemis et ceux de la République. Renvoyé au comité de Sûreté générale (57). [La société populaire de Parly à la Convention nationale, s. d.] (58) Citoyens Représentans, Nous ne sommes point affiliés aux Jacobins, et cependant nous n’en partageons pas moins les inquiétudes et la douleur de tous les vrais amis de la liberté. Ceux qui veulent sincèrement le bonheur des hommes ne sont-ils pas tous animés des mêmes sentimens? La Convention nationale est le centre de tous nos efforts et de toutes nos espérances; mais la Convention nationale elle-même pourroit-elle jamais oublier les importans services que la société des Jacobins a constamment rendus depuis cinq ans à la cause populaire? C’est dans l’histoire de la révolution, dans les époques mémorables de notre régénération et dans les séances de la Convention nationale, que nous les trouverons toujours gravés en caractères ineffaçables. Des ambitieux, des intrigans ont pu sans doute se glisser dans cette société célèbre, et profaner quelques instans le nom de vrais Jacobins si cher aux vrais patriotes; mais la (57) P. V., XLVII, 36. (58) J. Mont., n 1. masse des Jacobins est pure. Ceux qui ont combattu la tyrannie royale, lorsque la nation entière étoit encore courbée sous son joug odieux ; ceux que Capet détestoit; ceux contre qui La-fayette, Dumouriez, Luckner vouloient ramener leurs armées; ceux dont Pitt a promis la destruction aux tyrans coalisés, comme le garant de leurs triomphes; ceux dont vous vous êtes servis vous-mêmes pour abattre le trône et le fédéralisme; ceux enfin qui font entendre une voix courageuse ; aujourd’hui qu’ils ne sont plus soutenus par vos applaudissemens et votre suffrage, ne peuvent vouloir autre chose que ce que vous vouliez vous-mêmes, et ce que veut absolument le Peuple français, la République, une, indivisible et démocratique, et le maintien du gouvernement révolutionnaire dans toute son énergie, jusqu’à ce qu’elle ne connoisse plus d’ennemi : nous le croyons fermement; l’union entre tous les patriotes et leur point de ralliement à la Convention nationale, voilà le seul garant de la permanence et des succès de nos armées. Les satellites des despotes fuient devant les soldats de la liberté; mais peut-être qu’ils veulent employer la même ruse qu’employa autrefois ce Romain qui ne put triompher de ses trois ennemis qu’en les séparant. Ils fuient, mais ils nous observent; ils ont sans doute encore en France leur arrière-garde, et si par le plus grand de tous les malheurs ils voient les Français divisés, n’est-il pas à craindre qu’ils ne reviennent sur leurs pas? Nous vous en conjurons, citoyens représentans, au nom de la patrie que vous avez déjà tant de fois sauvée, resserez les liens du faisceau! Que le glaive de la loi frappe toutes les têtes coupables; pas plus de pitié sans doute pour les faux patriotes, les ambitieux, les dominateurs que pour l’aristocratie et le modérantisme ; mais ne repoussez pas de votre sein les vrais Jacobins, les vrais patriotes de toute la République ! Ce sont vos meilleurs amis, puisqu’ils sont ceux de la liberté, et qu’ils verseront, s’il le faut, jusqu’à la dernière goutte de leur sang, pour la défendre contre toute espèce d’oppression et de tyrannie. Déclarez, citoyens représentans, que vous resterez toujours unis avec les vrais patriotes, et que les ennemis des sociétés populaires, les riches égoïstes, ceux qui se laissent traîner passivement par le char de la révolution sans favoriser sa marche, ceux qui tiennent le peuple des campagnes dans l’ignorance de ses droits et craignent un juste nivellement, que les ambitieux et les intrigans, quelque masque qui les couvre, sont vos ennemis et ceux de la République. Salut, union et fraternité. Suivent les signatures. 38 Le chef de brigade, inspecteur des côtes du département du Calvados, écrit le 6 vendémiaire qu’un sloop français, de 30 à 40 tonneaux, échoua la veille entre la Æ «. HSSTOiRE RF VOL FRANÇAIS* 402 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE redoute de Colleville et Cabieu : les mesures de défense avoient été prises en cas que ce fût un bâtiment ennemi; une patrouille s’étant avancée avec précaution, rencontra des matelots français qui avoient gagné le bord à la nage; ils demandèrent des secours pour ceux qui étoient restés à bord. Le citoyen Taille-pied, sergent-instructeur de la batterie, se débarrassa aussitôt de ses habits, se jeta à la nage, courut au vaisseau et aida les citoyens Ramir et Laporte à sauver un homme et une femme qu’ils ramenèrent au corps de garde, où les secours de tout genre leur furent prodigués. Ces particuliers ayant repris leurs sens, s’apperçu-rent que tout l’équipage n’étoit point sauvé, qu’il manquoit encore six individus enfermés dans la chambre du capitaine. Le citoyen Taillepied engage le caporal de garde et un jeune homme à le suivre ; ils affrontent la tempête et l’horreur d’une nuit ténébreuse, rien n’arrête leur intrépidité ; parvenus au bâtiment, la porte se trouve obstruée par des tonneaux : ils la débarrassent, et garantissent de la mort les individus qui alloient périr. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité d’instruction publique (59). 39 Les administrateurs du département des Bouches-du-Rhône font passer une adresse sur les événemens arrivés à Marseille le 5 vendémiaire. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de Sûreté générale (60). L’administration du département des Bouches-du-Rhône, écrit que Marseille est tout à fait régénérée, grâces à l’énergie qu’ont déployée les représentants du peuple. Les conspirateurs sont arrêtés ; quelques-uns ont prévenu la justice nationale en se suicidant ou en se noyant. D’autres, armés de pistolets et de poignards, étoient allés chez les représentants du peuple, dans le dessein sans doute de les assassiner; mais Auguis s’est jeté sur le plus audacieux, l’a désarmé et saisi. Cet attentat ne restera pas impuni. L’administration termine en jurant haine étemelle aux tyrans, aux dominateurs et aux fripons ; attachement inviolable à la République une et indivisible; respect et soumission aux lois et à la Convention, seul point de ralliement qu’elle connoisse (61). (59) P.-V., XL VII, 36-37. Bull., 22 vend, (suppl.); Gazette Fr., n°1011; J. Fr., n" 743; M. U., XLIV, 266. (60) P.-V. , XLVII, 37. Ann. R. F. , n" 17 ; Gazette Fr., n 1011 ; J. Fr., n” 743 ; J. Perlet, n° 745 ; Mess. Soir, n' 781. (61) J. Perlet, n” 745; M. U., XLIV, 266. 40 La société populaire de Lozy [?] fait passer une adresse à la Convention nationale. Renvoyé au comité de Sûreté générale (62). 41 La société populaire de Magny-le-Désert [Orne] félicite la Convention sur ses travaux, l’invite à montrer la même énergie et à anéantir toute rivalité d’autorité. Mention honorable, insertion au bulletin (63). [La société populaire de Magny-le-Désert à la Convention nationale, du 9 vendémiaire an III] (64) Citoyens représentais, N’attendez pas de nous de viles adulations, nous ne connoissons que le langage républicain. Placés au milieu des orages du fanatisme, du fédéralisme, des factions catilinaires formés dans votre sein sous le voile d’un ardent amour de la République, vous avez montré un front égallement redoutable et majestueux : la foudre républicaine dans vos mains a frappé à la fois les puissances européennes conjurées, les grandes communes insurgées, le général traitre et perfide, le fonctionnaire publique abusant de son autorité. Votre sagesse et votre prévoyance ont pénétré les épaisses ténèbres qui déroboient à l’oeil de l’observateur les conspirations de lèze nation : elles ont pénétré les manoeuvres des ambitieux et des intrigants dont les crimes étoient achetés par l’or des despotes coalisés : et vos mesures les ont déjouées. Aujourd’hui plus que jamais vous saisissez l’univers entier d’une profonde admiration. Vos miracles prouveront aux siècles futurs qu’avec le sentiment et le génie de la liberté c’est un crime de calculer les périls et les dangers ; mais prenez-y garde, représentons, vos travaux n’obtiendront l’immortalité que lorsque vous aurez écrasé de votre toute puissance les personnages qui sacrifient l’auguste caractère de représentant d’un peuple fibre à leurs vains projets de le refaire tomber en esclavage : que lorsque vous aurez anéanti ces rivalités d’autorité qui ne voient leur bonheur que dans la dissolution de la représentation nationale, frappez donc et n’oublyez pas que chaque minutte de retard généré les responsabilités sur vos têtes. Avez-vous besoin de force; que nos corps vous servent de remparts et qu’en expirant nous puissions jouir du doux entousiasme de dire : nous avons sauvé notre patrie. Ferouelle, président. (62) P.-V., XLVII, 37. (63) P.-V., XLVII, 37. Bull., 24 vend, (suppl.). (64) C 322, pl. 1352, p. 25.