[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ®6 1793 211 peuple et qu’il a sanctionné avec empressement. Cet ouvrage immortel qui, en nous apprenant nos droits, nous fait aimer nos devoirs, assure encore aux Français un bonheur qui, désormais, ne peut être troublé que par les trames et les insinuations perfides des malveillants. Achevez les grandes destinées de la France. L’Europe étonnée, en nous voyant heureux, viendra solli¬ citer le code sacré de nos lois pour les imiter : vous aurez tout fait, puisque vous aurez assuré à l’univers entier d’un pôle à l’autre, ces bases éternelles qui ne distinguant plus les nations, n’en feront qu’une famille de frères. « Vous avez renversé le despotisme royal, déjoué les projets insensés des fédéralistes. Déjà nos phalanges guerrières, dans leur immo¬ bilité fière et active {sic), n’attendent que le signal pour voler aux frontières chasser les hordes des brigands couronnés qui voudraient nous asservir : desseins ridicules. Le peuple a voulu être libre, il est libre et il sera libre; il n’a qu’à parler et, comme l’éclair, disparaî¬ tront les satellites des despotes, et les sillons de la terre de la liberté ou de la terre promise ne seront plus souillés d’un sang impur. O pères delapatrie, c’est vous qui nous avez nourris, de ce lait pur qui corrobore (sic) et fortifie l’homme libre. Ne vous servez pas encore de cette nourriture précieuse, c’est la nation entière qui vous la demande, elle y trouve son bonheur et vous voulez qu’elle soit heureuse. » (Suivent 33 signatures.) N° 90. Saint-Sauveur ( Saint-Sauveur -en-Puisaye ), département de l’Yonne (1). « Citoyens représentants, « Vous avez renversé le trône du dernier roi des Français, et, sur les décombres ensanglantés de ce trône tout dégoûtant de crimes devait s’élever l’édifice majestueux d’une Constitution populaire. C’est à cette brillante époque où. le peuple, après avoir brisé ses fers, s’attendait à jouir de cet estimable bienfait qu’il eut la dou¬ leur de voir naître dans le sein de ses représen¬ tants cette horde impie, cette faction liberticide qui, sous le masque trompeur du patriotisme, multipliait tous ses efforts pour se rallier autour de ce trône impur et en recueillir d’une main sacrilège les honteux débris. « Victime de leur complot parricide, la patrie était sur les bords de l’abîme tout prêt à l’en¬ gloutir. Une sainte insurrection pouvait seule la tirer de cet état de crise. Le Parisien, à la voix de la patrie en danger, se lève en masse, et ce généreux peuple, en butte depuis si longtemps aux traits envenimés de la malveillance, eut encore la gloire de sauver la chose publique. Un décret d’accusation fut lancé contre ces (1) Archives nationales, carton C 281, dossier 778. Cette adresse ne porte aucun nom; mais dans le lot d’adresses qui existe aux Archives nationales elle était classée à la place occupée, sur la liste que nous publions ci-dessus, par la commune de Saint-Sau-veur-en-Puisaye (Yonnef. mandataires infidèles; comme ces animaux immondes qu’une pluie orageuse enfante et qu’un premier rayon de soleil replonge dans la boue du néant, on vit aussitôt disparaître du sanctuaire des lois ces vils agents des Pitt et des Cobourg. A l’abri des miasmes pestilentiels qu’exhalait ce marais fétide, vous reprîtes avec une nouvelle force l’attitude majestueuse et cette sublime énergie qui caractérise les repré¬ sentants d’un grand peuple. Au milieu des orages et des convulsions du fanatisme et de l’aristocratie, on vit descendre du sommet de la Montagne sainte, dont le formidable aspect fait pâlir les tyrans sur leurs trônes ébranlés, cette Constitution populaire, le dernier résultat des lumières du. siècle et d’une sublime philosophie. En donnant au peuple cette Constitution po¬ pulaire qui assure son bonheur et celui des géné¬ rations futures, vous avez rempli une tâche digne de vous. Mais la justice nationale n’était pas satisfaite. Le sang d’Abel encore fumant criait vengeance et appelait sur la tête de ces scélérats, le glaive de la loi. En décrétant que ces monstres seraient traduits au tribunal révo¬ lutionnaire, vous avez donné à la France libre et à l’ Europe esclave un grand exemple de justice qui vous a acquis de nouveaux droits à l’estime et à la vénération publiques. Qu’ils tremblent, ces scélérats qui, dans leur rage impuissante, ose¬ raient encore enchaîner par dos complots liber - ticides vos glorieux travaux; semblables à ces feux aériens, ils disparaîtront du sol radieux de la liberté. « Nous vous renouvelons nos vœux, braves montagnards. Eestez au poste où une con¬ fiance si justement acquise vous a placés, ne quittez le gouvernail que la patrie a mis dans vos mains qu’ après avoir conduit à bon port le vaisseau de l’État. Quant à nous, contemplateurs de vos immortels travaux, comptez sur notre active et infatigable surveillance pour déjouer les complots des malveillants. Nous avons tous juré de vivre libres et de mourir et des sans-cu¬ lottes ne jurent pas en vain. « Ce 5e jour de la 3e décade du 1er mois de l’an II de la République française. « Billon, président; Louis -Victor Robineau, secrétaire. » N° 91. La Société républicaine de la ville de Saint • Licier (1). « Citoyens représentants, « Renverser la Constitution monarchique, en créer une républicaine, juger le dernier des tyrans, telle est la mission importante que vous avez reçue du peuple français. La monarchie est détruite, la tête coupable du tyran est tombée, une Constitution républicaine, fondée sur les bases éternelles de l’égalité et de la raison, nous est donnée; un monstre hideux, prêt à dévorer la France : le fédéralisme, a été terrassé. Vous avez donc avec succès rempli votre mission et fait tout ce que vous deviez pour le bonheur ( 1 ) Archives nationales, carton C 281, dossier 779