274r - [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | f* brumaire an II * *• ■* / 1K nnvnmhT'û 1 7QQ le texte de la lettre de Delacroix et Legendre et des 'pièces gui y étaient jointes, d'après des do¬ cuments des Archives nationales (1). Les représentants du peuple envoyés dans les départements de la Seine-Inférieure et circon-voisins, à la Convention nationale . « Rouen, ce 23 brumaire de l’an II de la République française une et indivisible. « Citoyens oollègues, « Informés hier au soir qu’un particulier avait été trouvé mort à 5 lieues d’ici, et sur la grande route de Paris à Rouen ; instruits qu’on avait trouvé dans ses poches des papiers qui faisaient soupçonner que ce pouvait être Roland, ex-ministre de l’Intérieur, nous avons arrêté qu’un de nous s’y transporterait sur-le-champ. Legendre s’y est rendu toute la nuit; il s’est fait représenter le cadavre et a reconnu faci¬ lement que c’était celui de l’ex-ministre Roland, qui s’était rendu justice pour se soustraire au glaive de la loi. « Le juge de paix nous a remis quatre pièces qui ont été trouvées dans ses poches; la pre¬ mière contieiit l’apologie de sa vie et de sa mort, avec quelques imprécations prophétiques; sur le verso, il donne les prétendus motifs de sa mort. Les deux autres sont les cartes de sa section. La quatrième est l’adresse d’une personne chez laquelle sans doute il se proposait de descendre à Rouen. Elle est en état d’arrestation. « Nous avons requis le juge de paix de le faire enterrer à l’endroit où il a été trouvé. La Convention nationale trouvera peut-être néces¬ saire de faire planter sur sa fosse un poteau sur lequel sera une inscription qui transmettra à la postérité la fin tragique d’un ministre pervers, qui avait empoisonné l’opinion publique, qui avait acheté fort cher la réputation d’un homme vertueux, et qui était le chef de la coalition criminelle qui a voulu sauver le tyran et anéan¬ tir la République. « Salut et fraternité. “ « Delacroix; Legendre. » Papiers trouvés dans lès poches de Roland (2). N° 1. jqjui que tu sois qui me trouves gisant ici, respectes mes restes; ce sont ceux d’un homme U) Archives nationales, carton C 278, dossier 737. Bulletin de la Convention du 5e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 15 novembre 1793); Moniteur universel [n° 56 du 26 brumaire an II (samedi 16 novembre 1793), p. 228, col. 1]; Aulard :■ Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 399. A ce dossier sont jointes quatre autres pièces qui paraissent provenir du comité de sûreté générale et qui ont sans doute été extraites du dossier de Roland pour être ajoutées aux documents relatifs à sa mort. Ces quatre pièces sont : 1° La dénonciation d’un nommé Tisset contre Roland, du 26 juin 1793; 2° Un procès-verbal de recherches de Roland, signé Tisset et Fontaine, du 10 juillet 1793; 3° Un autre procès-verbal des mêmes, du 11 juil¬ let 1793; 4° Un troisième procès-verbal, signé Fontaine, du 12 juillet 1793. Ces pièces n’ayant qu’un rapport indirect avec l’objet de la lettre des représentants Delacroix et Legendre, nous n’avons pas cru devoir les insérer. (2) Archives nationales, musée: AËii 1391. qui est mort comme il a vécu, vertueux et honnête. Un jour viendra, et il n’est pas éloigné, que tu auras un jugement terrible à porter; attens ce jour : tu agiras alors en pleine connais¬ sance de cause; et tu reconnoitras même la rai¬ son de cet avis. Puisse mon pays abhorer enfin tant de crimes, et reprendre (enfin) (1) des sentiments humains et sociaux ! J. M. Roland. (Verso du billet). Non la crainte, mais l'indignation. J’ai quitté ma retraitte au moment où j’ai appris qu’on alloit égorger ma femme; et je ne veux plus rester sur une terre couverte de crimes (2). N° 2. Copie des cartes de la section (3). Commune de Paris République française Section de Beaurepaire. Registre n° 190, fol. 8. Le citoyen Jean-Marie Roland, demeurant à Paris, depuis 2 ans, rue de la Harpe, n°... Agé de 59 ans. La Pouriette, président. ..., secrétaire. N® 3. Commune de Paris (3). N® 1060. Section des Thermes de Julien Citoyen actif. M. Jean-Marie Roland, ex-ministre demeu¬ rant dans l'étendue de cette section, rue de laHarpe, n° 51. Délivré le 5 juillet 1793, l'an 4e de la Liberté. Noël Behourt, secrétaire. Président de la Section. N° 4. Copie de l'adresse de la citoyenne de Rouen (3)* A la citoyenne Aimée Malortie rue aux Ours à Rouen. Arrêté (4). A Rouen, le 23e brumaire, l’an II de la Répu¬ blique française une et indivisible. Les représentants du peuple envoyés dans les départements de la Seine-Inférieure et cir-(I) Ce mot a été rayé. (2) A raison de son importance, nous avons cru devoir prendre une copie littérale de ce document, dont nous avons respecté et l’orthographe et la ponctuation. (3) Archives nationales, cartou C 27$, dossier 737. (4) Ibid. Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | brumaire an Ji 275 L 1 (15 novembre 1793 Convoisins, délibérant sur le rapport qui leur a été fait par Legendre, l’un d’eux, de retour de sa mission à Radepont, et d’après la lecture du procès-verbal qu’il a dressé sur les lieux et qui constate que le cadavre trouvé à l’entrée d’une avenue conduisant à la maison d’un citoyen de Kouen, au bord de la grande route de Paris à Rouen, et à cinq lieues de cette dernière ville, est celui de Roland, éx-ministre de l’intérieur, Arrêtent ce qui suit : Art. l". « Le juge de paix du canton de Pont-Saint-Pierre, district de Louviers, est requis de faire un trou à l’endroit où l’ ex -ministre Roland s’est poignardé, et de l’y faire enfouir. Il en sera fait mention par le fonctionnaire public de cette commune sur le registre servant à constater le décès des citoyens. Art, 2. « Les différents papiers trouvés dans la poche de l’ex-ministre Roland, cotés et paraphés par le juge de paix du canton de Pont-Saint-Pierre, et par lui remis aux représentants du peuple, seront envoyés à la Convention nationale. Art. 3. « La canne à deux poignards, dont Roland s’est servi pour se tuer, et le rasoir qui a été trouvé dans l’une de ses poches, resteront dépo¬ sés au greffe du juge de paix jusqu’à ce que, par la Convention, il en ait été autrement ordonné. Art. 4. « Les vêtements de l’ex-ministre Roland seront laissés au citoyen qui l’a gardé depuis sa mort jusqu’à ce jour, et il sera mis à la dispo¬ sition de la municipalité du lieu, par le percep¬ teur de la commune, et sur son simple reçu, la somme de cent livres pour être distribuée aux citoyens qui ont transporté et gardé le cadavre de Roland, et qui le feront porter à l’endroit où il doit être enfoui. La répartition en sera faite par le juge de paix. Art. 5. « Le présent sera adressé à la Convention, na¬ tionale, il en sera remis une expédition au juge de paix pour lui servir de décharge des quatre pièces trouvées sur Roland, qu’il a remises, « Delacroix, Legendre. « Par les représentants du peuple : < Fournel, secrétaire. » Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (1). Un secrétaire a donné à l’Assemblée com¬ munication de la dépêche suivante i (1) Annales patriotiques et littéraires |n° 319 du 26 brumaire an II (samedi 16 novembre 1793), p. 1479, col. 1]. (Suit un résumé de la lettre de Delacroix et Legendre que nous reproduisons ci-dessus d'après un document des Archives nationales.) L’Assemblée a renvoyé cette lettre au comité de sûreté générale, en a ordonné l’insertion au Bulletin et a passé à l’ordre du jour sur la demande d’élever un poteau infamant à l’en¬ droit où l’ex-ministre a été inhumé. Une députation des sans-culottes de la com¬ mune de Mesnil-Carrières fait hommage à la patrie de 41 marcs d’argenterie; elle demande que la Convention confirme son changement de nom de Mesnil-le-Roi en celui de Mesnil-Car¬ rières. Cette demande est convertie en motion. La Convention renvoie aux comités de divi¬ sion et d’instruction publique, ordonne la men¬ tion honorable des dons, et l’insertion au « Bul¬ letin » (1). Suit V hommage de la députation des sans-cu • lottes de Mesnil-Oarrières (2). « Citoyens représentants, ' « Poids de l’argenterie, environ quarante un marcs . « Une députation des sans-culottes de la com¬ mune de Mesnil -Carrières, district *de la Mon-tagne-du-Bel-Air, ci-devant S aint - Ger main - en - Laye, département de Seine-et-Oise, vient au¬ jourd’hui, avec allégresse, déposer dans le sanc¬ tuaire des lois les restes de la féodalité et du fa¬ natisme, et même jusqu’à notre Saint -Vincent, qui veut se dépouiller de sa tunique pour habiller au moins quatre défenseurs de la pa¬ trie, pour terrasser les despotes de son pays. « Nous désirerions, citoyens représentants, que vous donniez votre adhésion au change¬ ment de nom de notre commune qui se nommait Mesnil -le-Roy, en celle de Mesnil-Carrières, pour consolider l’union et la fraternité qui ont tou¬ jours régné entre Carrières, annexe du Mesnil. « Citoyens représentants, notre commune est une de celles qui ont le plus souffert de l’intem¬ périe des saisons, puisque depuis cinq ans nos vignes ont été constamment gelées, et la grêle du 17 juillet dernier, n’a fait qu’ajouter à nos maux, puisque les trois quarts des fruits et grains ont été perdus. Le décret du 18 février dernier, relativement à cet objet a été exécuté, et nous n’en avons reçu aucune indemnité. « Nous réclamons les vues sages de l’Assem¬ blée pour qu’il nous soit délivré des grains pour ensemencer nos terres, afin de calmer les in¬ quiétudes du cultivateur, qui voit avec peine le temps des semences se passer sans pouvoir s’en procurer, n’en ayant pu obtenir, pour le moment, que quatre septiers du district. « Notre mission, citoyens représentants, est en outre de vous annoncer l’adhésion à tous les sages déorets que vous avez rendus, et vous conjurer de rester à conduire le vaisseau de la liberté jusqu’à ce que vous soyez arrivés au port de la paix. (Suivent 9 signatures.) (I) Procès-verbaux de la Convention, |t>. 25, p. 235. (2) Archives nationales, carton C 278, dossiçr 741-