SÉANCE DU 30 FRUCTIDOR AN II (MARDI 16 SEPTEMBRE 1794) - N08 7-8 213 toute espèce ; nous jurons de ne jamais connoi-tre d’autre authorité que celle de la Convention, d’autre centre que dans son sein; nous jurons que, n’existât-il qu’un seul député, il sera notre point de ralliement [on rit ] (12), et que nous serons autour de lui seul. [La députation est admise aux honneurs de la séance] (13). 7 La société populaire des sans-culottes de Chartres [département d’Eure-et-Loir] exprime les mêmes sentimens et fait la même réclamation que la commune de Boulogne. Mention honorable, insertion en entier au bulletin (14). Des députés de la société populaire des sans-culottes de Chartres sont admis (15). [La société populaire et révolutionnaire des sans-culottes de Chartres, à la Convention nationale, s. d.](16) Représentans d’un Peuple à jamais libre, Un double [nouvel] (17) attentat vient d’être commis contre la Représentation nationale; en assassinant un de vos collègues, on vouloit sans doute assassiner la liberté de vos opinions. A ce forfait nous avons en frémissant reconnu Robespierre ; le tyran n’est donc pas mort tout entier, se sont écriés les sans-culottes de Chartres ! et aussitôt levés en masse, les vieux patriotes de 89 ont unanimement juré de ne déposer la massue révolutionnaire que sur le cadavre du dernier satellite de la tyrannie, ils ont de nouveau juré avec les vrais jacobins de ne connoitre d’autre centre que la Convention nationale et de mourir pour la défense de ses droits. Les membres composans la société révolutionnaire de Chartres et les autres citoyens de la commune réunie. Suit une page et demie de signatures. 8 Une députation de la société populaire du district de Thonon, département du Mont-Blanc, est introduite. (12) J. Fr., n° 722. (13) Moniteur, XXI, 782. (14) P.V., XLV, 284. (15) C. Eg„ n° 759. (16) C 320, pl. 1319, p. 23. Reproduit dans Bull., 30 fruct. ; J. Mont., n° 140 (ce journal attribue cette adresse à la société de Boulogne) ; M. U., XLIII, 487-488 ; J. Fr., n° 722 ; Ann. Patr., n° 624 ; Ann. R. F., n° 289 ; C. Eg., n° 759 ; J. Paris, n° 625. (17) Ann Patr., n° 624. C.Eg., n° 759. L’orateur : Citoyens-représentants, le 10 thermidor vient d’ajouter le plus brillant éclat aux triomphes de la République ; Robespierre, l’assassin de la vertu et de l’humanité est tombé sous le colosse de la liberté. Votre énergie sublime sauve encore une fois la patrie ; grâces vous soient rendues ! s’écrie la société de Thonon qui m’a député vers vous. Mais. ..quel étoit donc ce téméraire, qui vouloit seul profiter de nos victoires, qui vouloit disposer seul de la République et de ses citoyens! Quel étoit ce monstre qui arrosoit du sang des patriotes les cadavres corrompus de l’aristocratie, qui avoit opprimé la nation entière dans la personne de ses représentans ! Il n’est plus... que son nom ne soit prononcé qu’avec horreur, et que le souvenir exécrable de ce tyran soit à jamais l’effroi de quiconque tenterait à l’imiter. Cependant que l’aristocratie ne relève pas sa tête audacieuse, qu’elle ne pense pas que le peuple français ait voulu changer, ou se donner des maitres ; qu’elle ne pense pas que cinq ans de travaux, de sacrifices et de dangers soient perdus pour la liberté ! Non, citoyens représentans, vous ne lâcherez pas dans la société ces êtres altérés du sang des patriotes ; vous n’avez pas seulement voulu abattre les tyrans et les triumvirs, mais la tyrannie toute entière. En vain le modérantisme chercheroit-il à se faire entendre : étouffez ses langoureuses complaintes. En vain le royalisme s’agiteroit-il dans les convulsions de l’agonie : brisez ses derniers efforts, terrassez ces vils intrigants qui provoquent sans cesse le déchirement de la république, et rugissent des succès de nos armées triomphantes. Les peuples sont impatients d’atteindre le bonheur que leur a tracé la sagesse de vos lois ; tout doit marcher d’un pas uniforme dans un Etat libre : les lois et les armes doivent être considérées comme des alliées fidèles, les unes pour nous défendre au dedans, les autres au dehors ; celles-ci triomphent de toutes parts : continuez de même, citoyens représentans, à faire triompher les autres. Nos braves frères d’armes versent leur sang sur la frontière, le nôtre est prêt à couler pour seconder les efforts de la Convention qui est notre seul point de ralliement ; en un mot, nul répit, nulle pitié pour les ennemis de la liberté, sous quelque masque qu’ils se présentent; il faut qu’ils périssent, ou que la liberté s’engloutisse avec les Français. Nous avons juré de mourir libres ; nous avons juré une haine immortelle au despote sarde ; nos sermens sont inébranlables, et les rochers du Mont-Blanc s’écrouleront plutôt sur nous que d’être témoins de notre esclavage. La société populaire de Thonon vous invite à rester fermes au poste d’où vous combattez si glorieusement les traîtres à la patrie, jusqu’à ce qu’entièrement anéantis, l’acte constitutionnel puisse succéder au gouvernement révolutionnaire dont les circonstances commandent impérieusement le maintien : Cette société, fidèle à vos décrets et pénétrée de vos grands principes, vient déposer ses