[Convention nationale.) ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | JJ SJÏÏbre” W3 434 fut répétée par les acclamations les plus géné¬ râtes. Une chose remarquable, c’est qu’en brûlant les saints et saintes avec tous les harnais ecclé¬ siastiques, la flamme en était tricolore.; de manière que l’équipement même de ces animaux mûrs a montré au peuple les couleurs nationales, comme pour dire : la conversion des prêtres ne peut s’opérer qu’à leur dernière heure. Une infi¬ nité de sans-culottes, égarés par la vermine religieuse, avaient été incarcérés; ils m’avaient fait demander à assister à la fête : ils ont admiré le nouvel évangile; ils ont prêté le serment de n’en jamais reconnaître d’autre, et je les ai , mis en liberté, en les embrassant, au milieu des cris de Vive la République! Vive la Montagne! Jamais fête ne fut plus gaie et ne se termina mieux. « 24 frimaire. Je finis cette lettre à Amiens, où. je suis déjà de retour. Tout y est calme. Mon coup de filet et l’arrêté que j’ai pris consternent assurément les malveillants. « Salut et fraternité. « Dumont. » Les membres composant le comité de surveil¬ lance de la section de la Fraternité de Châlons, département de la Marne, écrivent qu’ils vien¬ nent d’exécuter l’mcorporation des citoyens de la première réquisition dans les anciens cadres, et qu’ils n’ont trouvé dans leur section aucun individu qui se soit soustrait à la loi de la pre¬ mière réquisition. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1) . Suit la lettre des membres du comité de surveil¬ lance de la section de la Fraternité de Châlons (2). « Châlons, le 21 frimaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Républicains représentants, « Le directoire du district nous a adressé, le 11 de ce mois , l’extrait du décret du 2 du cou¬ vant, concernant l’incorporation des citoyens de la première réquision dans les anciens cadres. Nous nous sommes à l’instant mis en mesure, dans nne seule séance, pour son exécution, et nous n’avons trouvé, dans notre section, aucun individu qui se soit soustrait à la loi de la pre¬ mière réquisition. « Salut et fraternité. « Les républicains composant le comité de surveillance de la section de la Fraternité de Châlons, département de la Marne. « Simon; Loué; P. Maiixet; Jagonet fils; Bourlon; GtUTON; Pinteviixe. » La Société populaire de Caussade, département du Lot, écrit qu’eUe va aussi consacrer un temple à la raison et célébrer une fête en son honneur : (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 177. (2) Archives nationales, carton C 286, dossier 841. l’argenterie des églises de cette commune a déjà été envoyée au district. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la Société populaire de Caus¬ sade (2). La Société populaire et républicaine de Caus¬ sade, district de Montauban, département du Lot, à la Convention nationale. « Représentants, « On n’est pas loin de la vérité lorsque ceux qui s’en disaient les ministres avouent qu’ils se trompaient ou nous trompaient ; alors la rai¬ son doit reprendre son flambeau; chaque homme doit s’instruire de tout ce qui peut le rendre meilleur envers son semblable, c’est là sans doute le plus bel hommage à rendre à l’Etre suprême. « Notre Société a aussi entendu l’appel que vous avez fait à la raison, et elle a délibéré que décadi prochain il serait célébré, dans la princi¬ pale église de cette ville, une fête en l’honneur de la raison, et que ce temple lui serait consa¬ cré. « Nous élèverons tous nos voix pour en éten¬ dre l’empire dans notre canton, et son langage et les vertus qu’elle doit faire éclore attacheront pour jamais les cœurs à son culte et à la recherche de la vérité. « Toute l’argenterie et galons de nos églises ont été déjà envoyés au directoire du district de Montauban, et nous venons vous témoigner notre vœu bien prononcé pour que le traite¬ ment des ministres du culte dans cette com¬ mune ne soit plus à la charge de la nation. « La liberté et l’égalité, dont nous serons tou¬ jours les ardents amis, réclament de vous cette juste mesure dans tonte l’étendue de la Répu¬ blique. « Les membres composant la Société populaire et républicaine de Caussade, « Lacoste Monlausur, président; Soulia-gou cadet, secrétaire; Catla, secrétaire; Caussade. « Le 16 frimaire de l’an II de la République, une et indivisible. » Extrait des registres de la Société populaire et républicaine de Caussade, affiliée à celle des Jacobins de Faris (3). Séances des 11, 12 et 14 frimaire de l’an II de la République, une et indivisible. Un membre a développé avec énergie et sen¬ timent tout ce qu’il avait vu et entendu à la fête civique de la raison, célébrée à Montauban décadi dernier. Il a demandé que la Société, se mettant à la hauteur des circonstances, célébrât elle-même, décadi prochain, dans la principale église, une fête à la raison, que ob (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 177. (2) Archives nationales, carton G 286, dossier 841. (3) Archives nationales, carton G 286, dossier 841. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, f ÿ Sé£SreÎTO3 temple lui fût eonsaeré à l’ avenir et qu’il fût nommé des commissaires pour faire tous les arrangements convenables à cet effet. L’assemblée a applaudi à tous les développe¬ ments donnés par ce membre sur cet objet, et a unanimement délibéré que la principale église de cette ville serait à l’avenir le temple de la raison et qu’il y serait célébré, décadi prochain, une fête civique à laquelle les commissaires municipaux, les juges de paix, les assesseurs seraient invités d’assister, ainsi que toutes les sociétés voisines auxquelles la nôtre est affi¬ liée. • Un membre a demandé que les prêtres de cette commune, salariés par la nation, ne le fûssent plus à l’avenir, et que la Convention nationale fût instamment priée d’en ordonner la suppres¬ sion. La motion, appuyée de toutes parts, mise aux voix, a été unanimement adoptée, et l’assemblée a délibéré que dans l’adresse à la Convention nationale, adoptée au commence¬ ment de cette séance, il serait inséré le vœu bien prononcé de la société pour la suppression de ce traitement national, dans notre commune, comme conforme aux principes de la liberté et de l’égalité des cultes. Un membre a exposé avec énergie les senti¬ ments qui devaient animer les citoyens aux approches de la fête de la raison; il a demandé que pour étouffer jusqu’aux moindres traces du fanatisme, qui aurait si longtemps divisé les catholiques et les protestants, tous les membres et citoyens présents fussent invités à noyer dans des embrassements fraternels, des souvenirs amers pour des cœurs républicains, et qu’on ne prononçât plus ces noms à l’avenir, tout devant se confondre dans le temple de la raison pour en cultiver les principes. Les applaudissements généraux qu’a obtenus cette motion, ont été la preuve de la sensation profonde qu’elle a causée; mise aux voix, elle a été unanimement adoptée, et les embrasse¬ ments les plus affectueux ont suivi cette déter¬ mination. Cette scène intéressante a fait couler les larmes de la sensibilité. Les oitoyennes présentes à la séance, participant à la joie générale, se sont donné entre elles les mêmes marques de frater¬ nité, et ont recueilli les vifs applaudissements de l’assemblée. Sur la motion d’un membre, il a été unani¬ mement délibéré que tous les bancs et chaises des différentes églises ou temples seraient trans¬ portés au temple de la raison, comme un signe de réunion générale. Collationné par nous, président et secrétaires : Lacoste Mon laits ur, président ; Souliagou cadet, secrétaire; Cayla, secrétaire . Les jeunes Montagnards de 18 à 25 ans, du district de Nantua, département de l’Ain, expo¬ sent qu’ils forment un bataillon composé de 1150 hommes, et demandent à être exceptés de la loi qui ordonne l’incorporation. Renvoyé au comité de la guerre (1). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p, 177 435 Suit un extrait de leur adresse, d'après le Bulletin de là Convention (I). Les Montagnards du bataillon du district de Nantua, département de l’Ain, observent 4 1 a Convention que le cri de la patrie en danger a été entendu par tous les patriotes de ce dis¬ trict. A la vue du décret du 23 août dernier, tous les citoyens de l’âge de 18 à 25 ans se sont levés et, dans trois jours 1 150 républicains ont été organisés et formés en bataillon. • Des citoyens de la Flèche apportent l’or et l’ar¬ genterie de leurs églises : « Les rebelles de la Vendée dévastent en ce moment notre malheu¬ reux pays, disent-ils, mais ils font d’inutiles ef¬ forts pour faire partager leurs sentiments parri¬ cides à nos concitoyens. Ils ont juré la liberté ou la mort; ils tiendront leurs serments. » Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit V adresse des citoyens de La Flèche (3) A la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Nous sommes chargés par les citoyens jde La Flèche, de vous présenter les effets d’or” et d’argent qui servaient précédemment au Culte catholique; il était juste d’employer au service de la patrie des richesses enlevées à nos pères par la superstition et l’hypocrisie. Nous venons de déposer à l’administration des Domaine» nationaux 300 marcs d’argenterie et un grand nombre d’ornements d’église. « Citoyens représentants, les rebelles de la Vendée dévastent en ce moment notre malheu¬ reux pays, mais ils font d’inutiles tentatives pour faire partager leurs sentiments parricides à nos concitoyens; ils ont juré la liberté ou la mort, ils tiendront leurs serments. « Citoyens représentants, la famine va suivre le passage de cette horde barbare. Déjà nous étions réduits à la plus grande détresse avant tant de ravages : quelle sera maintenant notre situation? Pères du peuple, nous vous en con¬ jurons, jetez sur nous un regard bienveillant et ne souffrez pas que ceux d’entre nous qui ont échappé au fer des rebelles périssent ensuite faute de subsistances. « Au surplus quel que soit le sort qui nous attend, nous ne cesserons jamais de chérir la liberté et l’égalité. « Paris, 24 frimaire, 2e de la République. Tostée, commissaire ; Panneau, commissaire * Le citoyen Aimé Goupilleau, représentant du peuple dans la 9e division, écrit qu’il a levé 1100 chevaux vigoureux dans ce pays qui n’est (1) Premier supplément au Bulletin de la Conven¬ tion du 4e jour de la 3e décade du 3e mois (samedi 14 décembre 1793). (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 178, (3) Archives nationales, carton C 284, dossier 815.