[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { D flaire an H $5 ■* (7 décembre 1793 en assignats, montant d’un dépôt que Saint-Front, aide de camp de Wimpffen, remit au por¬ tier de la maison qu’il occupait lorsqu’il fut ar¬ rêté. Sur cette dernière somme le représentant du peuple a prélevé celle de 300 livres pour ré¬ compenser la bonne foi du dépositaire qui en a fait sa déclaration, quoiqu’il n’en ait donné aucun récépissé. L’aide de camp contre-révolutionnaire va être livré à la sévérité des lois; l’esprit public commence à renaître à Caen, et bientôt cette commune et le reste du Calvados seront à la hau¬ teur des vrais principes de la révolution. Insertion au « Bulletin » (1). Suit le texte de la lettre de Laplanche, d'après le Bulletin de la Convention (2). « Je vous ai mandé que je vous ferais pas¬ ser incessamment 500 marcs d’argent prove¬ nant des vases et ornements d’église : l’envoi va surpasser de beaucoup votre attente et la mienne. A ce produit opulent, conquis par la raison et la vérité, je joindrai une valeur bien plus considérable encore : les Barbaroux, les Buzot et les Wimpffen n’eurent pas le temps d’emporter avec eux les caisses des départe¬ ments de l’Euro et du Calvados. Je viens heu¬ reusement de les découvrir, ces rapines secrètes du fédéralisme. « Cette précieuse découverte est due à la pro¬ bité du citoyen Berlhier, receveur du district de Caen. Ce riche envoi contient : « 1° En assignats de différentes valeur*, 778,110 liv. 15 s. « 2° Deux boîtes d’assignats, encore non ou¬ verte s, port aire. le cachet de 1 a trésorerie nationale et annoncées contenir 26,096 liv. 5 s. « 3° En numéraire, 4,048 liv. 10 « Plus, en assignats celle de 220,000 livres que le citoyen Berlhier a reçues à découvert, après la remise des sommes ci-dessus. « Ce premier total forme 1,028,255 liv. 10 s. « Par la même occasion la trésorerie nationale recevra en numéraire 174,633 liv. 12 s. prove¬ nant de la caisse du nommé Housset, ex-payeur fugitif de la guerre, à Caen ; plus, en assignats 2,600 liv. 10 s. montant d’un dépôt que Saint-Front, aide de camp de Wimpffen, remit au portier de la maison qu’il habitait au moment où il fut arrêté. « Vous approuverez sans doute, citoyens collègues, que sur cette dernière somme je pré¬ lève 300 livres pour récompenser la bonne foi du dépositaire qui en a fait sa déclaration, quoi¬ qu’il n’en ait donné aucun récépissé. « Je vais livrer cet aide de camp contre-révo¬ lutionnaire à la sévérité des lois. « La séance publique solennelle que j’ai tenue la dernière décade a produit l’heureux effet que je désirais. Le bon esprit commence à re¬ naître à Caen. La stupeur y enchaîne peut-être encore quelques citoyens peu prononcés, mais le courage abattu des vrais patriotes se relève; (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 37. (2) Supplément au Bulletin de la Convention natio¬ nale du 17 frimaire an II (samedi 7 décembre 1793); Journal des Débats et des Décrets, frimaire an II, n° 445, p. 233. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 127 (D’après le Moniteur [n° 79 du 19 frimaire an II (lundi 9 décembre 1793, p. 319, col. 3].) lre SÉRIE. T. LXXX I . le bandeau de l’erreur est tombé, et j’espère que bientôt cette commune et le reste du Calvados seront à la hauteur des vrais principes de la Révolution. » Les contrôleurs de la saline nationale de Dieuse [DieuzeJ instruisent la Convention que le citoyen Catoire Bioncourt, qui a fait don à la nation d’une somme de 100,000 livres sur celle de 300,000 liv. qu’il a dit lui être due par la nation, et qui a an¬ noncé qu’il quittait sa famille pour voler au secours de la patrie/n’a rien à répéter contre la nation, et n’a quitté sa famille, qui est en arres¬ tation, que pour se soustraire à un pareil man¬ dat lancé contre lui. Insertion au « Bulletin », renvoi aux comités de sûreté générale et de Salut public (1). Suit un extrait de la lettre des contrôleurs de la saline de Dieuze, d'après le Bulletin de la Con¬ vention (2). « Le contrôleur de la saline de Dieuze instruit la Convention que le citoyen Catoire de Bion¬ court, qui a fait don à la patrie d’une somme de 100,000 livres sur celle de 300,000 livres qu’il dit lui être due par la nation, n’a rien à réclamer contre elle; qu’il n’a quitté la place d’adminis¬ trateur de saline que pour so soustraire à l’ar¬ restation qui avait été prononcée contre lui. » Le représentant du peuple Ichon écrit d’Auxerre, le 9 frimaire, qu’il fut fait prêtre mal¬ gré lui; que, nommé à une cure depuis la Révo¬ lution, il n’en a jamais pris possession. Il ne dépose point ses lettres de prêtrise qu’il n’a plus, mais il remet à la nation les deux tiers d’une pension de retraite de 189 livres qu’elle lui fai¬ sait comme ci-devant membre d’une congréga¬ tion enseignante. Je réserve le troisième, dit-il, comme un titre qui m’honore, et qui me rappel¬ lera tous les jours de ma vie que je remplis un jour des fonctions que je sus rendre utiles aux progrès des lumières et de la liberté. Insertion au « Bulletin » (3). Suit la lettre du représentant du peuple Ichon (4). Ichon, représentant du peuple délégué par la Convention nationale dans le département de l' Y onne, au citoyen Président de la Convention nationale. « Auxerre, ce 9 frimaire, l’an II de la République. « Citoyen Président, « Fais lire ma lettre à la Convention nationale ; dis-lui que, nommé à une cure depuis la Révo¬ lution, je n’en ai jamais pris possession. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 38. (2) Bulletin de la Convention du 7e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II de la République (samedi 7 décembre 1793). (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 38; (4) Archives nationales, carton C 283, dossier 800; Bulletin de la Convention nationale du 7e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II de la République (samedi 7 décembre 1793). Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 9, p. 53. 5 66 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ��*"793 « Il me fut offert, il y a près de sept à huit ans, un diplôme appelé lettres de prêtrise. L’illu¬ miné qui me le présenta croyait sans doute avoir fait de moi un prêtre ; certes, c’est une erreur que je n’ai jamais partagée, elle lui appar¬ tient tout entière, ainsi que le diplôme sot et absurde dont il voulut me faire le dépositaire. C’est à lui à le retrouver pour le remettre au comité d’instruction publique chargé de re¬ cueillir ces sortes de monuments. « Quant à moi, je ferai la remise d’un dépôt bien plus honorable et plus digne de la Conven¬ tion. « Comme ci-devant membre d’une congré¬ gation enseignante (1), les décrets m’accordent une pension de retraite de 124 livres. J’en remets les deux tiers à la nation. Je réserve le troisième comme un titre qui m’honore et qui me rappel¬ lera tous les jours de ma vie que je remplis des fonctions que je sus rendre utiles au progrès des lumières et de la liberté. « Salut et fraternité. « Ichon. » Les administrateurs du département de Mayenne-et-Loire écrivent d’Angers, le 15 fri¬ maire, que les brigands fugitifs de la Vendée, qui s’étaient portés le 18 sur cette ville, en ont été repoussés après un siège de quarante-huit heures, et le feu le plus vif et le plus terrible. Les portes de Cussif et Saint-Michel sont les deux points qu’ils ont attaqués avec le plus d’acharnement; la dernière de ces portes a été sur le point d’être forcée, mais plus le danger augmentait, plus l’é¬ nergie et le courage de la brave garnison et des habitants redoublait. La déroute fut telle parmi les brigands qu’ils ont abandonné quatre pièces de canon, leurs morts et leurs blessés dont la terre était jonchée. Les citoyennes d’Angers, transformées en autant d’héroïnes, ont porté sur les remparts les vivres et les rafraîchissements dont les soldats avaient besoin, à travers une pluie de balles et de boulets, et sans être effrayées par la vue de plusieurs d’entre elles qui furent tuées ou blessées. La Convention nationale décrète que les ha¬ bitants et la garnison de la commune d’Angers ont bien mérité de la patrie. Une lettre du général Rossignol au ministre de la guerre confirme la levée du siège d’Angers. U ajoute qu’il prend des mesures pour poursuivre les brigands, les exterminer et défendre le pas¬ sage de la Loire. Insertion au « Bulletin » (2). Suit le texte de la lettre du général Bossignol et de la lettre de transmission du ministre de la guerre, d'après des documents des Archives na¬ tionales. Le ministre de la guerre, au Président de la Convention nationale (3). « Paris, le 17 frimaire, an II de la Répu¬ blique française. « Citoyen Président, « Je t’envoie copie d’une lettre du général Rossignol, qui annonce qu’ après 48 heures (1) Ichon axait été prêtre de l’Oratoire. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 38 et 44. (3) Archives nationales, carton C 283, dossier 800. d’attaque les rebelles ont abandonné Angers. Cette tentative infructueuse est un préjugé favo¬ rable de la manière dont ils pourront être reçus là où ils iront se présenter. Je te prie de vouloir bien en donner connaissance à la Convention nationale. « Salut et fraternité. « J. Bouchotte. » Bossignol, général en chef, au ministre de la guerre (1). « Angers, le 15 frimaire de l’an II de la République une et indivisible. « Je t’écris à la bâte, citoyen, pour t’informer de notre situation. Notre armée de Rennes se portait sur Angers pour venir au secours de cette ville menacée par les rebelles. La nouvelle de l’attaque de cette ville a ranimé le zèle de nos soldats républicains, et après vingt heures de marche sans relâche, l’armée est entrée dans Angers. Les rebelles, après 48 heures de siège, ont abandonné la place en laissant le champ de bataille couvert de morts. Nous nous occupons dans l’instant de prendre des mesures pour les poursuivre, les exterminer et défendre le passage de la Loire. Je t’informerai de tout, et encore un coup de collier, la République sera purgée des brigands qui l’infestent. « Salut et fraternité. « Signé : Rossignol. » , Pour copie conforme : Le ministre de la guerre, J. Bouchotte. Compte rendu du Moniteur universel (2). Billaud-Varenne lit une lettre d’Angers, qui annonce que les rebelles ont été forcés d’aban¬ donner leurs tentatives sur Angers. L’attaque (1) Archives nationales, carton C 283 dossier 800. (2) Moniteur universel [n° 79 du 19 frimaire an II (lundi 9 décembre 1793), p. 320, col. 1], D’autre part, le Journal de la Montagne [nn 25 du 18e jour du 3e mois de l’an II (dimanche 8 décembre 1793), p. 199, col. 1], le Mercure universel [18 frimaire an II (dimanche 8 décembre 1793), p. 284, col. 2], Y Auditeur national [n° 442 du 18 frimaire an II (dimanche 8 décembre 1793), p. 7! rendent compte des deux lettres lues par Billaud-Varenne dans les termes suivants 1 I. Compte rendu du Journal de la Montagne. Les représentants du peuple écrivent d’Angers, le 15 frimaire, que pendant les 48 heures qu’a duré le siège de cette ville, les citoyens ont partagé l’ar¬ deur et l’intrépidité de la garnison. Les femmes mêmes, oubliant la faiblesse de leur sexe, parcou¬ raient les remparts au milieu d’une grêle de balles et de boulets. Les assiégeants ont été repoussés en désordre, laissant la terre jonchée de leurs morts. Nous leur avons pris quatre pièces d’artillerie. On. dit que dans leur déroute ils se retirent sur La Flèche. Billaud-Varenne, qui transmet cette nouvelle, la confirme par la lettre suivante. (Suit, avec quelques légères variantes, le texte de