352 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE restera le témoignage d’avoir cherché à proposer une chose que je croyais bonne. » Michaux. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). y [Le C* Pournin au peuple anglais; Indremont, s.d. Lettre reçue à la Conv. le 27 germ. II ] (2). «Peuple anglais, Voilà l’olivier. Voilà des armes. Accepte l’un, ou pâlis à l’aspect des autres. Deviens notre ami ou tremble d’apprendre ce que peut un peuple libre justement courroucé. Mais frémis pour ton infâme capitale. Combats avec nous pour la liberté, ou crains de cesser d’exister, crains de disparaître de la surface du globe. Les Français viennent t’affranchir ou t’anéantir. Vingt-cinq millions d’individus, lassés des atrocités de ton exécrable tyran, de la scélératesse de son odieux agent, ont juré ta perte si toi même n’aide à les venger. D’autres nations, sont indignées de leurs forfaits : ils ont pris à tâche de troubler l’univers, l’orage se grossit. Deux cent mille argonautes soutenus d’un million d’autres, comme eux prêts à braver la fureur des flots, vont s’élancer sur votre coupable Colchide. Ils abhorrent le pillage; mais vos fabriques, pour nous indemniser des coûts d’une légitime vengeance, vos dépouilles enfin seront leurs conquêtes, seront pour eux la toison d’or. Chez nous l’amour de la liberté enfante des Jason, des Hercule, des Thésée. Des Scipions marchent à Carthage. Vos ports, vos forteresses, vos batteries, ils sauront tout foudroyer et renverser; les soldats de la liberté ne redoutent point les hasards; ils savent tout franchir, et le drapeau tricolore va flotter sur vos murs ébranlés; ils fondront, acharnés, sur l’antre infernal où l’on médite de les faire esclaves. Sur le foyer impur où se forgent les chaînes qu’on ose leur préparer. Comme à Dunkerque, ils seront vainqueurs; comme à Toulon, ils vengeront leur pays. Ils iront vaincre, détruire et ravager; ils iront entasser des monceaux de cendres et de cadavres. Ils vont faire le sac de Londres. Mais, non, devenons amis, entraînés par quelques factieux, pourriez-vous cesser de vouloir une patrie ? Pour eux voudriez -vous la livrer aux flammes, ou manqueriez vous de courage pour la défendre contre un pouvoir usurpé. Le excès commis contre notre nation par votre despote, par votre gouvernement, vous sont trop connus pour qu’un peuple sage, un peuple juste ne voie pas que nous ne poursuivons qu’une juste représaille. Livrerez-vous votre pays à toutes les horreurs de la guerre pour les fantaisies, pour les crimes de la race d’un usurpateur ? Déjà dit-on vos frères, les (1) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. (2) F17A 1010B, pl. 2, p. 2799. Châtillon-sur-Indre, Indre. peuples d’Ecosse et d’Irlande, annoncent qu’ils connaissent leurs droits. Nous n’avons qu’une cause; Anglais, devenons amis. Bravez vos chefs. A notre abord, comme nos sans-culottes parisiens, et à l’exemple des immortels vainqueurs de notre Bastille, insurgez-vous; foncez sur les satellites de vos tyrans, et en les désarmant, amortissez l’effet de ces foudres dont sont hérissés vos ports et vos ramparts. Forcez les repaires des monstres qui vous trompent. Justement irrités, tournez contre eux-mêmes les armes qu’ils amoncèlent au prix de vos sueurs et de vos peines, en leur présence; et tout en les narguant, accourez vous jeter dans les bras de nos guerriers. Tirez prompte vengeance de ces parlementaires vendus qui détournant dans vos chambres des propositions pacifiques attirèrent sur vous cet orage, délivrez-vous de George et de Pitt ou nous les livrez; ce sera, puissiez-vous le bien concevoir, votre plus sûr affranchissement : ce sera celui qui, le plus expéditif, vous épargnera le plus de sang et qui évitera le plus de maux à votre nation. Livrez-nous vos deux plus vrais ennemis; traduisez-nous George et Pitt. Non moins justement et non moins sévèrement que vos pères, nous savons abattre les têtes royales et punir les ennemis de l’humanité, les traîtres, les conspirateurs. Un million est là pour qui nous apportera la tête de George. Nous marchons; mais ce n’est pas avec de l’or, comme firent, à Toulon et partout chez nous, les lâches qui vous conduisent, que nous tenterons de vous gagner et de vous amorcer : c’est la liberté que nous allons vous offrir pour prix de vos généreux efforts; ce sont nos secours pour vous aider à la conquérir. Ce ne sera pas cette ombre de liberté dont vous êtes abusés; c’est la vraie, la réelle et durable indépendance. Anglais, il en est temps, devenez libres, en effet, et qu’ Albion devienne le siège d’une florissante République, plutôt qu’un amas de ruines. Secondez-nous, sachez vous lever et que l’anéantissement du centre de l’infernale coalition fasse respirer les nations asservies aux brigands couronnés qui osèrent la former. Que, comme nous, sachant mettre à profit l’ébahissement qu’éprouveront leurs despotes et se rendant enfin à elles-mêmes, elles se dégagent du pouvoir tyrannique; qu’elles brisent enfin un joug odieux. Devenus amis et affranchis de l’esclavage, que deux peuples philosophes ne deviennent plus rivaux que par la noble émulation de perfectionner les sciences et les arts. Parvenons à les cultiver dans une douce tranquillité; dans le sein, dans les charmes d’une paix solide et durable. Devenus amis, engageons pour jamais, sous les auspices de la Liberté et par les liens de la franchise des relations commerciales qui, étendues dans les deux mondes, fassent la splendeur et la prospérité des deux antion. » Pournin (juge du trib. de distr. d’Indremont) . Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). (1) Mention marginale, datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. 352 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE restera le témoignage d’avoir cherché à proposer une chose que je croyais bonne. » Michaux. Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). y [Le C* Pournin au peuple anglais; Indremont, s.d. Lettre reçue à la Conv. le 27 germ. II ] (2). «Peuple anglais, Voilà l’olivier. Voilà des armes. Accepte l’un, ou pâlis à l’aspect des autres. Deviens notre ami ou tremble d’apprendre ce que peut un peuple libre justement courroucé. Mais frémis pour ton infâme capitale. Combats avec nous pour la liberté, ou crains de cesser d’exister, crains de disparaître de la surface du globe. Les Français viennent t’affranchir ou t’anéantir. Vingt-cinq millions d’individus, lassés des atrocités de ton exécrable tyran, de la scélératesse de son odieux agent, ont juré ta perte si toi même n’aide à les venger. D’autres nations, sont indignées de leurs forfaits : ils ont pris à tâche de troubler l’univers, l’orage se grossit. Deux cent mille argonautes soutenus d’un million d’autres, comme eux prêts à braver la fureur des flots, vont s’élancer sur votre coupable Colchide. Ils abhorrent le pillage; mais vos fabriques, pour nous indemniser des coûts d’une légitime vengeance, vos dépouilles enfin seront leurs conquêtes, seront pour eux la toison d’or. Chez nous l’amour de la liberté enfante des Jason, des Hercule, des Thésée. Des Scipions marchent à Carthage. Vos ports, vos forteresses, vos batteries, ils sauront tout foudroyer et renverser; les soldats de la liberté ne redoutent point les hasards; ils savent tout franchir, et le drapeau tricolore va flotter sur vos murs ébranlés; ils fondront, acharnés, sur l’antre infernal où l’on médite de les faire esclaves. Sur le foyer impur où se forgent les chaînes qu’on ose leur préparer. Comme à Dunkerque, ils seront vainqueurs; comme à Toulon, ils vengeront leur pays. Ils iront vaincre, détruire et ravager; ils iront entasser des monceaux de cendres et de cadavres. Ils vont faire le sac de Londres. Mais, non, devenons amis, entraînés par quelques factieux, pourriez-vous cesser de vouloir une patrie ? Pour eux voudriez -vous la livrer aux flammes, ou manqueriez vous de courage pour la défendre contre un pouvoir usurpé. Le excès commis contre notre nation par votre despote, par votre gouvernement, vous sont trop connus pour qu’un peuple sage, un peuple juste ne voie pas que nous ne poursuivons qu’une juste représaille. Livrerez-vous votre pays à toutes les horreurs de la guerre pour les fantaisies, pour les crimes de la race d’un usurpateur ? Déjà dit-on vos frères, les (1) Mention marginale datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311. (2) F17A 1010B, pl. 2, p. 2799. Châtillon-sur-Indre, Indre. peuples d’Ecosse et d’Irlande, annoncent qu’ils connaissent leurs droits. Nous n’avons qu’une cause; Anglais, devenons amis. Bravez vos chefs. A notre abord, comme nos sans-culottes parisiens, et à l’exemple des immortels vainqueurs de notre Bastille, insurgez-vous; foncez sur les satellites de vos tyrans, et en les désarmant, amortissez l’effet de ces foudres dont sont hérissés vos ports et vos ramparts. Forcez les repaires des monstres qui vous trompent. Justement irrités, tournez contre eux-mêmes les armes qu’ils amoncèlent au prix de vos sueurs et de vos peines, en leur présence; et tout en les narguant, accourez vous jeter dans les bras de nos guerriers. Tirez prompte vengeance de ces parlementaires vendus qui détournant dans vos chambres des propositions pacifiques attirèrent sur vous cet orage, délivrez-vous de George et de Pitt ou nous les livrez; ce sera, puissiez-vous le bien concevoir, votre plus sûr affranchissement : ce sera celui qui, le plus expéditif, vous épargnera le plus de sang et qui évitera le plus de maux à votre nation. Livrez-nous vos deux plus vrais ennemis; traduisez-nous George et Pitt. Non moins justement et non moins sévèrement que vos pères, nous savons abattre les têtes royales et punir les ennemis de l’humanité, les traîtres, les conspirateurs. Un million est là pour qui nous apportera la tête de George. Nous marchons; mais ce n’est pas avec de l’or, comme firent, à Toulon et partout chez nous, les lâches qui vous conduisent, que nous tenterons de vous gagner et de vous amorcer : c’est la liberté que nous allons vous offrir pour prix de vos généreux efforts; ce sont nos secours pour vous aider à la conquérir. Ce ne sera pas cette ombre de liberté dont vous êtes abusés; c’est la vraie, la réelle et durable indépendance. Anglais, il en est temps, devenez libres, en effet, et qu’ Albion devienne le siège d’une florissante République, plutôt qu’un amas de ruines. Secondez-nous, sachez vous lever et que l’anéantissement du centre de l’infernale coalition fasse respirer les nations asservies aux brigands couronnés qui osèrent la former. Que, comme nous, sachant mettre à profit l’ébahissement qu’éprouveront leurs despotes et se rendant enfin à elles-mêmes, elles se dégagent du pouvoir tyrannique; qu’elles brisent enfin un joug odieux. Devenus amis et affranchis de l’esclavage, que deux peuples philosophes ne deviennent plus rivaux que par la noble émulation de perfectionner les sciences et les arts. Parvenons à les cultiver dans une douce tranquillité; dans le sein, dans les charmes d’une paix solide et durable. Devenus amis, engageons pour jamais, sous les auspices de la Liberté et par les liens de la franchise des relations commerciales qui, étendues dans les deux mondes, fassent la splendeur et la prospérité des deux antion. » Pournin (juge du trib. de distr. d’Indremont) . Renvoyé au Comité d’instruction publique par celui des pétitions (1). (1) Mention marginale, datée du 6 flor., signée Lesage-Senault. Voir J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique, T. IV, p. 311.