36C [Convention naiionaie.l ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ brumalre a" ” 1 il novembre 1793 par l’aveugle crédulité, et qui en fait une offrande généreuse à la République. Imitons là petite commune de Conlie qui, par instinct et dans le même temps, s’est empressée d’offrir à la nation le peu de superfluités qu’elle possé¬ dait en ce genre. Que les saints d’or et d’argent, si différents de leurs modèles, dont la plupart avaient vécu dans la plus édifiante pauvreté se hâtent de venir à la barre de la Convention nationale, faire une forte amende honorable, et rendre un hommage sincère à la sans-culotte-rie républicaine. Que nos temples n’offrent plus aux yeux du peuple qu’une majestueuse simpli¬ cité. C’est ainsi que nous nous rapprocherons des principes de l’ancien christianisme, dont tous les sectateurs étaient de véritables sans-culottes, qui ne formaient qu’une seule famille de frères. Ne confondons plus la religion avec le culte, et le culte avec les ministres : La religion n’est que le résultat des devoirs de l’homme; le culte varie au gré des préjugés; mais les ministres, toujours pervers, ont toujours fait, de l’une et de l’autre, l’instrument de leur ambition et de leurs vengeances particulières. Citoyens, dévouons-nous entièrement à la patrie, et la patrie reconnaissante saura pour¬ voir à tous les besoins de ses enfants. Abjurons l’égoïsme et la cupidité; sacrifions les objets de notre vanité à l’intérêt général : que tout ce qui ne nous est pas d’une absolue nécessité, soit consacré à la prospérité de l’Etat, au maintien de la liberté et de la République une et indivi¬ sible. C’est par de semblables sacrifices, et non par de vaines paroles, que nous prouverons notre attachement à la sans-culotterie et au règne éternellement juste de la sainte égalité. Thirion. Au Mans, le vingt -troisième jour du deuxième mois de l’an second de la République une et indivisible. Saffrey, curé de Saint-Jacques de Lisieux, re¬ nonce à son traitement de 3,000 livres et assure ne tenir à l’exercice de ses fonctions qu’autant qu’il pourra être agréable et utile à ses conci¬ toyens. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Saffrey (2). « Je soussigné, convaincu que les besoins de la patrie réclament impérieusement toute la sollicitude, et tous les sacrifices d’un vrai répu¬ blicain et que tout intérêt particulier doit dis¬ paraître devant l’intérêt général, déclare que pénétré de ces sentiments, je renonce au traite¬ ment de 3,000 livres qui m’a été accordé comme curé de la paroisse de Saint-Jacques de Lisieux, né tenant d’ailleurs à l’exercice des fonctions y attachées qu’autant qu’il pourra être agréable et utile à mes concitoyens. « A Lisieux, ce 21 brumaire, l’an II de la République une et indivisible. « Saffrey, curé de Saint-Jacques. » (1) Procès-verbaux de la-Convention, t. 25, p. 272. (2) Archives nationales, carton C 278, dossier 742, Un membre offre et dépose sur le bureau, au nom de Soullard (Poullard), ci-devant vicaire épiscopal de l’Orne, la renonciation à ses fonc¬ tions de prêtre, tous ses titres de ci-devant ecclé¬ siastique, une chemise pour un volontaire, un étui d’argent et une *bague. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de Poullard (2). « Du sextidi 26 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyen Président, « Je te prie d’instruire la Convention natio¬ nale que je renonce à l’exercice de mes fonctions de prêtre. Je t’en envoie les lettres et les titres. Je ne me souviendrai de les avoir obtenues que parce qu’elles m’ont procuré d’offrir à ma patrie dans le commencement de la Révolu¬ tion, un gage de mon attachement et de ma docilité, en lui prêtant mon serment. C’est encore une preuve qu’on a menti à la probité, lorsqu’on a dit qu’il suffisait d’avoir été prêtre pour être toujours un mauvais républicain. « Je joins à mes lettres de prêtrise une che¬ mise que je destine pour un de mes frères qui sont sur les frontières. De temps en temps je me propose de renouveler cette offrande. Je ne m’en garderai que ce qu’il m’en faut à peu près pour attendre la troisième réquisition; car j’en suis, et alors je compte bien sur tout ce que j’ai de courage, de forces pour vaincre ou périr à mon tour en défendant mon pays et ma liberté. « Je dépose encore sur l’autel de la patrie un étui d’argent et une bague de peu de valeur, il est vrai, mais que je donne de bien bon cœur, parce qu’ils sont les deux derniers hochets qui me restent de la très ridicule vanité de l’ancien régime. Il ne faut, à un véritable républicain que du pain, du travail et du patriotisme. « Poullard, ci-devant vicaire épiscopal du département de l’Orne, aujourd’hui répu¬ blicain français et républicain monta¬ gnard. » Les administrateurs et procureur syndic du district de Clermont-Oise annoncent à la Con¬ vention nationale, que sans faire de phrases ils vendent continuellement les biens des scélérats qui voulaient river nos fers : « Aujourd’hui, 22 bru¬ maire, disent-ils, 24 lots de terres labourables et préestimés 7,355 livres ont été vendus 20,985 li¬ vres; ils ont terminé cette vente par l’air patrio¬ tique, dont un des refrains dit : Nous vendrons vos châteaux jolis, Vous irez bâtir, mes amis. Des châteaux en Espagne. La Convention décrète la mention honorable et l’insertion au « Bulletin » (3). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 272. (2) Archives nationales, carton F*“ 890, dossier Poullard. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 272.