494 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ( 25 frimaire an il (15 décembre 1793 pensé qu’il était essentiel de balayer le sol de la liberté de tous les brigands, ou de les préci¬ piter dans la mer avant longtemps ; nous avons cru devoir prendre de grandes mesures, les ordres sont donnés pour leur exécution : pré¬ pare de ton côté les autres moyens locaux, rassemble les républicains, réunis les forces, électrise les armes et frappe un grand coup. « Aussitôt que tu seras arrivé, tu pourras renvoyer ici les représentants Garnier, Le Car pentier, le Tourneur et Pocholle. Un décret les rappelle aussitôt qu’ils seront remplacés. « Adieu : Activité, énergie et réunion de forces. « Salut et fraternité. » Autre lettre, écrite de Paris, le 30 brumaire, Van II de la République française une et indivisible. Le Comité de 8cdut public au représentant du peuple Jean Bon Saint-André, à Coutances ou Cherbourg. « Citoyens collègue, « Nous applaudissons à ton zèle patriotique, tu as franchi bien des obstacles et tu es à même de rendre à la République un grand service en défendant Cherbourg, convoité par les brigands fugitifs de la Vendée. Continue tes travaux et rallie les forees pour mettre Cherbourg à l’abri. « Mais le comité de Salut public n’a jamais entendu te confiner à Cherbourg et indiquer des bornes à tes soins actifs ; il a désiré te placer à la défense de la Manche; aussi tu es autorisé à aller partout où ta présence sera nécessaire, où tes secours seront utiles. « La véritable défense de Cherbourg nous paraît être dans la presqu’île du Cotentin; c’est par là que les brigands pourront l’attaquer. Les militaires qui sont sur les lieux te l’expli¬ queront encore mieux que nous ne pouvons le faire. Le comité apprendra avec plaisir que tu es là où est l’armée. Tu lui inspireras du courage et une impulsion révolutionnaire. « On se trompe de croire notre situation très mauvaise par rapport à la Vendée, puisque d’un côté les brigands sont battus à Granville avec grande perte, et que de l’autre, Bour-botte et Tureau nous apprennent par une lettre de Rennes, datée du 26 brumaire, que les armées des côtes de Brest et de celles de l’Ouest sont réunies et marchent contre les rebelles. Us ne tarderont pas, disent-ils, à être cernés de toutes parts ; ils ne peuvent pénétrer au nord de Granville, la mer les arrête du côté de l’Ouest, ainsi que les forces que nous avons à Saint-Malo, Dol et Dinan. Au midi, les armées de l’Ouest et de Brest réunies vont tomber sur leurs derrières et leur couper leur retraite, et les troupes du Calvados, rapprochées main¬ tenant de Vire, Villedieu et Mortain, nous assurent à l’est un point respectable de défense; notre situation militaire ne peut qu’ajouter aux espérances que fait naître la volonté for¬ melle de nos soldats d’achever promptement la destruction des brigands. Ainsi d’après cette lettre de Tureau et Bourbotte, le courage des représentants doit se relever et réunir toutes les forees vers un coup décisif, avant que les scélérats fugitifs puissent gagner la mer. « Le comité a envoyé un plan de campagne aux représentants près les divers corps de troupes et aux généraux. « Nous avons appris avec satisfaction que nos vues de défense étaient les mêmes que celles des représentants du peuple et des généraux; il ne manque plus que l’exécution simultanée par les chefs et les divers corps de troupes. Nous ne pouvons avoir de véritables succès qu’au pri de ce concours de vues et de moyens. Les représentants sont prévenus d’entre¬ tenir une correspondance plus fréquente entre eux et nous. « De notre côté, nous tirons des forces du nord pour vous les envoyer. Ainsi vous réunirez à un plan établi et à des forces réunies de nou¬ velles troupes bien aguerries, bien disciplinées, au nombre de 15,000, commandées par le général Duquesnoy. La victoire se range du côté des gros bataillons. « Tirez du Havre par mer et de Saint-Malo tous les secours nécessaires. Toute la eôte de l’Océan est solidaire de vos succès et de vos moyens. Il faut exterminer cette horde scélé¬ rate et fanatique; il faut balayer avant l’hiver le sol de la liberté. « Quant aux secours à accorder aux citoyens dont les propriétés ont été ravagées, prends dans les caisses des districts pour des secours provisoires, et nous ferons arriver les secours définitifs et décrétés déjà par la Convention nationale. Les rebelles nous laissent assez de biens et de propriétés pour dédommager les victimes de ce cruel fanatisme. « Courage, union, fraternité. « P. $, Le comité se repose entièrement sur un do ses membres aussi patriote que toi. Adieu. » Arrêté du 21 brumaire. Le Comité de Salut publie arrête ce qui suit : 1° Toutes les forces dirigées contre les re¬ belles en deçà de la rive droite de la Loire seront réunies sous le commandement du général Rossignol ; 2° Ce général rassemblera ses forces, agira en masse, poursuivra les ennemis sans relâche et avec méthode; il ne risquera point d’affaire générale avant le secours qui doit lui arriver, à moins que le succès ne soit presque certain : il entretiendra la correspondance la plus active avec le comité de Salut public; 3° Le ministre de la guerre donnera les ordres les plus prompts pour renforcer l’armée dirigée contre les rebelles. A cet effet, il y fera passer, sans aueun délai, 15,000 hommes de l’armée du Nord, sous les ordres du général Duquesnoy; 4° Le ministre de la guerre donnera en même temps les ordres nécessaires, tant au général Sepher qu’au commandant de l’armée de l’Ouest, ainsi qu’à ceux qui sont à la tête des rassemblements armés de l’Orne et de la Sarthe, pour qu’ils fassent marcher, à la demande du général Rossignol, toutes les forces qui sont à leur disposition ; 5° Le ministre de la guerre fera partir sur-le-champ un officier de confiance qui se rendra à Alençon et de là à Laval et à Rennes, s’il est possible, et qui dépêchera lui-même des cour¬ riers de ces différents lieux pour instruire le mi¬ nistre de la position des rebelles et de celle de nos armées. Cet officier continuera de même de donner des renseignements sur l’état des choses, en s’approchant de plus en plus des brigands,