573 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j fanvfer 1794 losophie, encore un plaisir pour nous d’avoir a l’annoncer à la Convention nationale à laquelle nous transmettons deux déclarations faites sur nos registres par deux ci-devant prêtres, avec cinq lettres d’ordre qui nous ont été remises par le citoyen Chauviteau, l’un d’eux. « Hier nous avons célébré la fête de la raison, de concert avec les autorités constituées et la Société populaire de cette commune, nous lui avons fait la dédicace de notre ci-devant église paroissiale et avons eu le plaisir de voir la majeure partie de nos concitoyens abandonner les hochets du fanatisme et de la superstition pour venir rendre hommage à la raison et à la philosophie. Ci-joint est la profession de foi dont le maire, au nom du conseil général, a donné lecture, et à laquelle un nombreux audi¬ toire a adhéré avec enthousiasme et aux cris de Vive la République ! « Salut et fraternité. » ( Suivent 8 signatures.) Profession de foi du conseil général de la commune des Sables (1). Nous, membres du conseil général de la com¬ mune des Sables, promettons de défendre jus¬ qu’au dernier soupir la liberté, la République, une et indivisible; déclarons que nos principes sont ceux de la Montagne, avec laquelle nous voulons toujours être unis pour travailler de concert à inspirer l’horreur de la royauté et du fédéralisme, défendre les droits du peuple et faire une guerre éternelle à tous les ennemis. Promet¬ tons en outre de déjouer par la persuasion et l’exemple les efforts de tout imposteur qui s’avi¬ serait de prêcher des principes contraires à ceux de la nature et de la raison. Nous jurons enfin le plus saint des respects aux personnes et aux propriétés. Pour copie conforme : Chevallereatj, maire; Jolly, secrétaire Le procureur général syndic du département du Mont-Blanc félicite la Convention sur son décret du 14 frimaire, qui établit le gouverne¬ ment provisoire révolutionnaire, et fait lé ser¬ ment de sacrifier tout ce qui lui reste de vie pour le triomphe de la République. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (2). Suit la lettre du procureur général syndic du département du Mont-Blanc (2). Le procureur général syndic du département du Mont-Blanc, à la Convention nationale. « Chambéry, le 30 frimaire, l’an II de la République française, une, indivisible et démocratique. « Législateurs, « Le fédéralisme qui a désolé le midi de la France, n’eût jamais existé sans les conseils et (1) Archives nationales, carton G 288, dossier 884, pièce 10. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 221. (3) Archives nationales, carton G 288, dossier 884, pièce 11. les procureurs généraux syndics des départe¬ ments. L’expérience vous l’a appris, législa¬ teurs, et profitant de ses leçons salutaires vous les avez supprimés. Vous avez senti que, dans un état révolutionnaire, une administration de département, abusant des pouvoirs immenses qui lui étaient confiés, un procureur général syndic abusant de la grande influence que lui donnaient ses relations avec les districts et les départements, pouvaient, sur une vaste cir¬ conscription, porter les coups les plus funestes à la liberté, tandis qu’au contraire un district qui n’agit que sur un très petit point de la Répu¬ blique, et qui est surveillé par les autres districts et par les comités de surveillance ne peut être puissant que pour le bien et est à peu près im¬ puissant pour le mal. Vous avez de nouveau sauvé la liberté, législateurs, par le décret du 14 frimaire; il s’agitait encore sur plusieurs points de la République, le fédéralisme hideux; il renouait sourdement les fils de ses trames infernales; maintenant, c’en est fait, vous avez tranché la dernière tête de l’hydre monstrueuse. Si le Mont-Blanc vit de près le monstre qui vint vomir son écume jusque dans le sein des auto¬ rités constituées, s’il en fut pénétré d’horreur et s’il demeura ferme et inébranlable au milieu des flots qui agitèrent les départements méridio¬ naux, il n’est que plus profondément pénétré d’admiration pour le décret salutaire qui orga¬ nise le gouvernement révolutionnaire et qui anéantit pour jamais le fléau de la liberté, de l’unité et de l’indivisibilité de la République. « Recevez, législateurs, l’hommage des senti¬ ments de mon admiration particulière, et le serment que je vous fais, en quittant mon poste, de continuer à consacrer tout ce qui me reste de vie au triomphe de l’égalité et de la liberté et de la République une, indivisible et démocratique. « F. Havre-Buisson. » Le citoyen Guillier, juge au tribunal du dis¬ trict de Pont-Libre, département du Finistère, envoie le récépissé d’un fusil de calibre avec la baïonnette, d’une chemise, et de 4 paires de sou¬ liers, qu’il a donnés pour les défenseurs de la liberté : il dépose, pour être livrées aux flammes, ses lettres d’avocat, souscrites par le traître Lan-juinais, et un brevet d’officier garde-côte, souillé du nom du dernier tyran des Français. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre d’envoi (2). Guillier, juge au tribunal du district de Pont-Libre, département du Finistère, dépose sur l’autel de la patrie le récépissé d’un fusil de calibre avec sa bayonnette, d’une chemise et de quatre paires de souliers qu’il a fournis pour l’armement et l’équipement des défenseurs de la liberté. Il dépose pareillement ses lettres d’avo¬ cat souscrites par le traître Lanjuinais, et son brevet d’officier garde-côte, souillé du nom du dernier tyran des Français. Il prie la Conven¬ tion de livrer aux flammes ses lettres et brevet et il invite tous les possesseurs de pareils titres (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 221. (2) Archives nationales, carton G 287, dossier 86g, pièce 12. ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ira" 574 [Convention nationale.] à leur faire subir le même sort et à hâter ainsi l’entière destruction de ces hochets que la sainte égalité réprouve et qu’un vrai républicain ne peut revoir sans horreur, ni conserver sans crime. Récépissé. Nous, maire, officiers municipaux et procu¬ reur de la commune de Pont-Croix, départe¬ ment du Finistère, avons reçu en don pour l’équipement des défenseurs de la liberté, du citoyen Vincent-Marie-Urbain Guillier, juge du tribunal de district en cette ville, un fusil neuf de munition avec sa bayonnette, une chemise et quatre paires de souliers. Fait en la maison commune à Pont-Croix, lre décade de frimaire, an II de la République française, une et indivisible. Testevuide; Tissier; Le Blouch, procureur de la commune. Le citoyen Langlois, capitaine des grenadiers du 10e bataillon de la Seine-Inférieure, félicite la Convention nationale sur ses travaux, l’in¬ vite à rester à son poste, et fait l’offre de deux écus de 6 livres. L’acceptation de l’offrande, la mention hono¬ rable et l’insertion au « Bulletin » sont décré¬ tées (1). La Société populaire de Montrevel, district de Bourg, invite la Convention nationale à res¬ ter à son poste, et demande qu’il lui soit accordé un local pour y tenir ses séances. Le renvoi au comité d’aliénation est décrété (2). Les jeunes républicains, élèves de l’école pri¬ maire d’Exideuil, demandent à la Convention nationale qu’elle leur procure les moyens d’agran¬ dir leurs connaissances dans les sciences et les arts, sans être forcés d’aller au loin en puiser les principes. Renvoyé au comité d’instruction publique (3.) La Société populaire de Chaumont, réduite à tenir ses séances de local en local national, et enfin dans un corps de garde, demande à la Con¬ vention de faire cesser cette singulière ambu¬ lance. Elle annonce qu’elle a armé et équipé trois cavaliers vigoureux et d’un patriotisme pro¬ noncé; ils sont prêts à partir, et seront suivis de deux autres. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au ministre de la guerre (4). Suit un extrait de l’adresse de la Société popu¬ laire de Chaumont, d’après le Bulletin de la Con¬ vention. La Société populaire de Chaumont, départe¬ ment d’Oise, observe que si les citoyens de ce (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 221. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 222. (3) Ibid. (4) Procès-verbaux de ta Convention, t. 28, p. 222. (5) Premier supplément au Bulletin de la Conven¬ tion de la séance du 13 nivôse an II (jeudi 2 jan¬ vier 1794). canton n’ont pas eu l’avantage d’avoir donné le mouvement aux escadrons de Jacobins qui vont grossir et électriser notre cavalerie, ils auront celui d’enchérir sur ses sacrifices. « Trois cava¬ liers vigoureux et d’un patriotisme épuré, dit-elle, sont prêts à partir ; ils attendent les ordres du ministre; deux autres vont incessamment les suivre. Que chaque société lance de son sein autant de ces foudres : Cobourg, les rois et le commis pontificalotin, sont pulvérisés en moins d’une décade. » Cette société, réduite à tenir ses séances dans un corps de garde, sollicite la Convention de faire cesser la situation. Renvoyé au ministre de la guerre. Les citoyens Jean et Sébastien Saulnier, de Commune-Affranchie, offrent la liquidation de leurs maîtrises d’orfèvre : ils envoient la lettre qui a été écrite à chacun d’eux, qui annonce cette liquidation, en vertu du décret du 8 janvier 1793. La Convention, en agréant cette offrande, décrète qu’il en soit fait mention honorable au procès-verbal, l’insertion au « Bulletin » et renvoie les deux lettres au comité de liquida¬ tion (1). Le citoyen Couyaud, procureur de la commune de Bourg, district et département du Bec-d’Am-bès, envoie, pour les frais de la guerre, deux pièces d’or de 24 livres chacune. La Convention agrée cette offrande et en ordonne la mention honorable au procès-ver¬ bal et l’insertion au « Bulletin > (2). Suit la lettre du citoyen Couyaud (3). Au citoyen président de la Convention nationale. « Bourg, le 7 nivôse, an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyen Président, « J’adresse à la Convention nationale deux pièces d’or de 24 livres chacune, l’une au nom de mon fils unique, qui est au service de la nation depuis le mois de septembre 1791 (vieux style), actuellement aux frontières du Nord; l’autre en mon nom. Cette petite somme pro¬ vient de l’économie sur le pain que depuis l’époque heureuse du décret qui fixe le prix du meilleur froment à 14 livres les 100 livres pesant nous a réduit à une disette que (sic) les ennemis de la patrie et du genre humain ne jouiront pas longtemps, espérant que la sainte Montagne viendra à notre secours et nous procurera, avec l’aide des bons citoyens et vrais républi¬ cains, à consolider la République, une et indi¬ visible. « Mon fils sera privé de la valeur de ce petit don avec plaisir, son amour pour la patrie lui ayant toujours fait manifester le désir de lui offrir ce que je pourrais faire de sacrifices tant pour lui que pour moi. « J’annonce à la Convention que notre petite (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 222. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 223. (3) Archives nationales, carton G 287, dossier 866, pièce 11.