SÉANCE DU 16 THERMIDOR AN II (3 AOÛT 1794) - N° 32 115 bliez être les plus fermes soutiens de la révolution, la constitution étoit votre ouvrage, la République vous devoit son existence, la patrie sa reconnoissance, les Français leur admiration, et, dans tout cela, quel étoit votre but ? Que vouliez-vous ? Nous assassiner ! Que vouliez-vous ? Régner ! Eh bien, régnez maintenant ! Ceux qui vous accompagnent en allant au sombre réduit, peuvent déjà vous former une cour assez nombreuse. Ceux qui vous ont devancés seront vos sujets. Soyez sans inquiétude : le nombre ne tardera pas à augmenter; tous vos bons amis iront vous rejoindre. Et toi, sublime Convention, reçois les hommages d’un peuple libre et reconnoissant. Tu viens de sauver encore une fois la République. Continues de déjouer les manœuvres des conspirateurs et les intrigues des modérés qui, sous le masque du patriotisme, assassinent encore journellement la liberté. Imprimes la terreur sur le front des méchans. Porte la consolation dans l’âme des hommes innocens et vertueux. Ne souffre pas qu’on te parle d’indulgence, ni de relâchement sur les mesures révolu-tion[n]aires. L’abyme est creusée; il faut y précipiter tous les rois, tous les brigands, tous les factieux, tous les contre-révolution[n]aires. Point de trêve, point de paix, que la liberté du monde ne soit assurée ! En toy réside notre unique espoir. De toy dépendent nos triomphes, la gloire et le bonheur du peuple français. S. et F. Morizet ( présid .), Arcidier ( secrét .). d [ Châlons-sur-Marne , 13 therm. II] (1). Dépositaires de la liberté d’une grande nation, vous venez d’acquérir un nouveau titre à sa confiance, en assurant son triomphe sur la perfidie la plus noir[e], sur la plus profonde scélératesse. C’étoit dans le sein de la Convention, au centre même du gouvernement révolutionnaire, que des hypocrites raffinés, des hommes d’une ambition vaste, jettoient les fondemens d’une conspiration liberticide, et ourdissoient la trame qui devoit établir leur tyrannie sur les débris de la représentation nationale. Ils s’imaginoient sans doutte, ces nouveaux Cromwels, que quelques anées de travaux douteux dont eux seuls étoient l’objet, leur confé-roit le droit de donner des fers à leurs concitoyens. Quoi ! Ils avoient bien osé, dans le temple même des loix, assumer un volcan terrible, dont l’explosion sourdement préparée devoit détruire jusqu’aux derniers vestiges de la puissance populaire. C’en étoit donc fait de la liberté, si les formes hideuses de la perfidie n’eussent tout à coup inspiré l’indignation et l’horreur aux âmes pures et vertueuses qui ont (1) C 312, pl. 1 241, p. 18. Mention dans Ann. patr., n° DLXXXI; J. Fr., nos 678, 679; J. Sablier (du matin), n° 1 477; B 26 therm. (2e suppl1). entouré la représentation nationale. Mais, grâces à l’énergie, au caractère imposant qu’ont développé les mandataires du peuple, la plus belle République du monde est encore une fois sauvée. Le peuple, appellé à l’insurrection par la tyrannie, s’est levé contre la tyrannie. Fidèle à la cause de la liberté, il a appesanti la massue nationale sur ses ennemis. Il s’est rallié autour de la Convention; il n’a vu que l’unité, que le centre du gouvernement. Il s’est attaché à l’ancre qui tient le vaisseau de la République dans une assiette ferme contre les flots de l’ambition. En un mot, le peuple de Paris a pressenti la volonté nationale, et, au nom de tous les Français, il a terrassé les monstres qui avoient dans le secret conspiré notre perte. Représentans du peuple, vous vous êtes montrés fidelles aux grandes destinées de la République. Votre courage la garantie (sic) encore une fois des fureurs d’une guerre civile. Investis de la confiance du peuple, vous achèverez son bonheur, vous continuerez d’avancer à grands pas vers l’immortalité. Le peuple, de son côté, au milieu des fluctuations politiques, ne verra jamais que l’ensemble de ses mandataires. Il fera disparoitre les grandes réputations; il brisera toute idole qui prétendroit à des hommages. Convaincus que vous seuls êtes les gages de la félicité publique, nous vous réitérons la protestation de notre dévouement, avec le serment de vivre libres, de défendre la représentation nationale, l’unité et l’indivisibilité de la République. S. et F. Signé Pétain, président, Henry, Caillet, Béguin, Martin, Jacquier, Henrionnet, Cheziat, Seigner, Raffin, Cornet, officiers-municipaux, Bablot, agent national, Jesson, secrétaire-greffier. Pour ampliation Jesson (secrét. -gal). e [Blois, 12 therm. Il] (1) Citoyens représentans, Si la victoire est à l’ordre du jour, si nos armées, toujours triomphantes, terrassent sans relâche nos tyrans étrangers; si les braves républicains qui nous défendent au-dehors méritent notre attachement, législateurs, quelle sera la somme de notre reconnoissance pour vous, qui avez en un seul jour terrassé la conspiration la plus hardie que l’on ait jamais osé tenter ! Ils sont découverts, les conspirateurs atroces; ils sont arrêtés, convaincus, jugés et punis dans un seul instant. Fermes à votre poste, invariables dans vos principes, nous vous voyons sur le fauteuil, dans la tribune, au milieu du peuple, former une armée qui détruit sans retour un triumvirat qui, sous le masque de la vertu, trompoit la République entière. Législateurs, vous avez fait votre devoir. Notre ga-(1) C 312, pl. 1 241, p. 9; Moniteur (réimpr.), XXI, 383-384; Débats, n° 682, 282; M.U., XLII, 250; J. Sablier (du soir), n° 1 475. Mentionné par J. Fr., n° 677; J. Paris, n° 580; B1", 26 therm. (2e suppl1).