364 [Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. j brumaire an II 1 J b novembre 1193 Le citoyen Cazalis, vicaire à la ci-devant abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ci-devant prêtre génovéfain, mais jacobin de 1789, vient remettre les titres de l’état ecclésiastique auquel il a renoncé, et qu’il abjure solennellement. Il demande à être utile, et à ne pas manger le pain de la République à ne rien faire. Renvoyé au comité de législation (1). Suit la lettre du citoyen Casalis (2). « Citoyens représentants, « Ci-devant prêtre génovéfain, mais jacobin de 89, je viens vous remettre les titres qui m’ont lié à un état auquel j’ai renoncé, et que j’abjure ici solennellement. « Curé pendant vingt ans, j’ai toujours été trop philosophe pour être superstitieux et en¬ tretenir la superstition. Ami de l’humanité, j’ai¬ mais mon état parce que je trouvais les occasions de me rendre utile, soit par les secours spirituels et les consolations, soit par les soulagements que je pouvais procurer aux malheureux. J’ai constamment prêché les principes de la Révo¬ lution, et je m’attachais à faire aimer les droits sacrés de la liberté et de l’égalité. « Ma cure a été supprimée en 91, depuis cette époque j’ai demeuré vicaire à la ci-devant ab¬ baye de Saint-G-ermain-des-Prés. Salarié par la nation, je désirerais me rendre utile et ne pas manger le pain de la République sans rien faire pour elle. « Je souffre, citoyens représentants, et je ne puis exister sous le poids de l’ignominie. Je de¬ mande de votre justice, car je crois l’avoir mé¬ rité pour mon dévouement pur et entier à la Révolution, je demande* que vous me rendiez à la classe commune et aux droits des citoyens, et puisque je n’ai jamais eu part à la coalition du fanatisme religieux, je ne dois pas demeurer enveloppé dans une proscription justement méri¬ tée par l’indignation pubüque. « Déclarez, législateurs, que vous ne recon¬ naissez point de prêtres, que vous ne voyez que des individus qui doivent servir leur patrie et que la loi réprime lorsqu’ils trahissent les inté¬ rêts du peuple. « Le 15 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. « Cazalis. » [ f [compte rendu du Journal des Débats ' et des Décrets (3). • : • f-Un citoyen, curé depuis vingt ans, et genové-fain, vient déposer sur le bureau ses lettres de prêtrise. Il a toujours prêché les principes de la Révolution. Il demande à la Convention d’ef¬ facer en lui la qualité de prêtre. Il n’a jamais exercé ses fonctions sacerdotales que pour rem¬ plir les devoirs de l’humanité. Il espère que la Convention voudra bien le replacer dans l’ordre de tous les citoyens, dont ses intentions ne l’ont jamais séparé. Renvoyé au comité de législation. (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 24, p. 326. (2) Archives nationales, carton F"’, n° 875, dossier Cazalis. (3) Journal des Débals et des Décrets (brumaire an II, n° 413, p. 208). On admet à la barre une députation de femmes qui se présentent au nom de plusieurs sections; elles se plaignent de la loi qui défend aux femmes de /assembler en clubs et en sociétés délibérantes. La Convention nationale passe à l’ordre du jour (1). Compte rendu du Moniteux universel (2). On admet à la barre une députation de ci¬ toyennes qui s’annoncent comme ayant à pré¬ senter une pétition très importante et d’un ob¬ jet urgent. Une d’elles. La Société des Républicaines ré¬ volutionnaires, cette Société composée en ma¬ jeure partie de mères de famille, n’existe plus. Une loi surprise par un faux rapport nous dé¬ fend de nous assembler... Plusieurs voix ; L’ordre du jour ! (La Convention passe unanimement à l’ordre du jour. La salle retentit d’applaudissements.) (Les femmes pétitionnaires se retirent avec précipitation de la barre.) (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 327. (2) Moniteur universel [n° 47 du 17 brumaire an II (jeudi 7 novembre 1793), p. 189, col. 2]. D’autre part, le Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 413, p. 208), le Mercure universel [16 bru¬ maire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 94, col. 1] et le Journal de Perlel [n° 410 du 16 brumaire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 290] rendent compte de l’admission à la barre des citoyennes révolution¬ naires dans les termes suivants : I. Compte rendu du Journal des Débals et des Décrets. Quatre femmes sont à la barre. L’une d’elles prend la parole : x Citoyens, dit-elle, nous venons vers vous en dépu¬ tation. La Société des républicaines révolutionnaires, presque entièrement composée de mères de famille, de femmes des défenseurs de la patrie, vient d’être dissoute, d’après le décret que vous avez rendu. Ce décret vous a été surpris par un faux rapport. Nous sommes chargées de réclamer... » L’ordre du jour ! s’écrie-t-on de toutes parts. La Convention passe à l’ordre du jour au milieu des plus vifs applaudissements. Les députées se retirent. II. Compte rendu du Moniteur universel. Des citoyennes se présentent. Elles exposent qu’un décret les empêche de se réunir en Société populaire et elles réclament contre ce décret. Dès les premiers mots de la réclamation, l’on crie : « A l’ordre du jour ! à l’ordre du jour ! » Les tribunes applaudissent et les pétitionnaires se retirent avec des huées. III. Compte rendu du Journal de Perlel. Une députation des citoyennes révolutionnaires paraît à la barre pour réclamer contre le décret qui interdit toute assemblée de femmes. La pétition, dont on n’a entendu que les premiers mots, est interrompue par de nombreux applaudis¬ sements et des risées. Les pétitionnaires, sans attendre la réponse du Président, se retirent par la barre. À