SÉANCE DU 12 FRIMAIRE AN III (2 DÉCEMBRE 1794) - N° 2 371 Convention nationale des importants bienfaits par lesquels elle a marqué sa carrière depuis le 9 thermidor; il étoit d’ordre immuable, disent-elles, que le supplice des monstres et la proscription des pervers donnassent aux bons, aux véritables repré-sentans du Peuple français, une énergie capable de porter la consolation et la tranquillité dans tous les cœurs ; le vice abattu devoit donner ce triomphe à la vertu ; restez à votre poste, �joutent-elles, et lancez la foudre vengeresse sur tous les pygmées qui voudroient encore entraver le char de la Révolution. Mention honorable, insertion au bulletin (8). a [Les citoyens membres de la société populaire de Villeveyrac à la Convention nationale, Viïle-veyrac, le 10 brumaire an 7/7] (9) Liberté, Égalité, Unité, Indivisibilité de la République ou la mort. Vive le peuple, vive la Convention nationalle. Périssent tous les tirans et les traitres. Citoyens Représentants, Nous avons reçu avec la plus vive satisfaction votre addresse au peuple français, nous avons admiré les grands principes qu’elle contient, et nous avons juré de ne point nous en écarter un seul instant. Périssent ceux qui ne voudroient point les adopter, et qui ne voudroient point que la justice et la probité fussent à l’ordre du jour. Oui, pères de la patrie, restés à votre poste jusques à ce que la république triomphante soit assise sur des bases inébranlables; consolidés enfin le bonheur des Français, lancés la foudre vengeresse sur les pigmées, qui voudroient entraver le char de la révolution, les sincères amis de la patrie sont là, ils sauront toujours former un rempart de leurs corps autour de la Convention nationalle, notre seul point de ralliement. Nous avons arrêté, citoyens représentans, que l’addresse au peuple français seroit lüe pendant trois décades consécutives à l’ouverture de nos séances, et les jours de décadi à la tribune du temple dédié à l’être suprême. Villeveyrac, le 10ème brumaire 3ème année de la République, une, indivisible, et démocratique. J.P. GALALLET, président et 32 autres signatures. (8) P.-V., L, 234. (9) C 328 (2), pl. 1458, p. 26. b [La société populaire de Vauvert à la Convention nationale, s.l.n.d .] (10) Représentans, C’est une fatalité attachée à tous les établis-semens humains que souvent ils dégénèrent et se corrompent, si des lois répressives ne viennent en extirper les abus : les sociétés populaires, les colonnes de la liberté, dont le devoir ne fut jamais que de faire connaître et respecter les loix, de propager les bons principes et de surveiller la malveillance ; ces sociétés déclinées pour la plupart du but de leur institution, n’étaient plus en certains lieux que des associations dangereuses ou les passions violentes avaient pris la place de la sagesse et de la vérité. Le citoyen vertueux, l’homme modeste, le vrai républicain en avaient été bannis ; une poignée d’intrigans audacieux mettant leur intérêt à la place de l’intérêt public y dominoient impudemment sur quelques individus faibles ou ignorants. Disciples de Robespierre, ils avaient emprunté son langage hipocrite, ils se disaient révolutionnaires et le salut public était l’étemel prétexte dont ils couvraient leur excès. Coalisés entre eux, ils se correspondaient de tous les points de la République et le vœu d’une société, ou plutôt de ses meneurs devenant ensuite universel et semblait exprimer la volonté générale, tandis qu’il n’était souvent que le désir que quelques ambitieux. Ainsi ce n’était pas le peuple qui se prononçait mais les usurpateurs de ses droits, les corrupteurs de sa morale, en un mot ses dominateurs. Bientôt, sages représentans, leur voix se fut élevée au-dessus de la votre, bientôt ils eussent tenté de vous faire la loi comme il la fesaient à ceux qui ne doivent la recevoir que de vous. Le 9 thermidor finit le régné de ces effrénés, mais l’intrigue pouvait le ressusciter, et la ruse être substituée à l’audace pour tromper encore le peuple et troubler l’action du gouvernement. Votre décret du 25 vendémiaire sur les sociétés populaires a prévenu ce nouveau danger... maintenant circonscrites dans leurs vraies limites, elles seront toutes puissantes pour le bien, mais sans influence pour le mal. Si quelqu’une d’elle s’égare, la contagion de ses erreurs ne dépassera pas son enceinte. Vous ne serez plus trompé sur l’opinion ou le vœu des citoyens, ils parleront eux-mêmes et leur langage découlant d’une source pure sera toujours celui du vrai patriotisme et de la liberté. Agréés, représentans, le tribut d’éloges que vous doivent nos cœurs et pour ce décret de prudence et pour tous ceux que le salut public vous a dicté. Votre adresse aux français a surtout pénétré nos âmes de la plus douce satisfaction... qu’ils sont rassurants et sublimes les sentimens que vous y énoncés ! ...qu’elle est belle et pure la morale dont vous nous faites à tour la leçon et l’exemple ! Heureux le peuple en Révolution, qui, (10) C 328 (2), pl. 1458, p. 25. 372 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE comme nous, trouve dans la sagesse et l’énergie de ses législateurs le seul moyen d’arriver à une heureuse indépendance malgré tous les orages excités par la licence, l’ambition et la perfidie !... Que de louanges nous n’avons pas encore à vous faire sur le choix de Perrin et Goupilleau, vos vertueux collègues délégués vers ces malheureuses contrées. La désolation et l’infortune étaient à leurs combles parmi nous, ils nous ont apporté la consolation, la paix et le bonheur. Représentans, l’amour, la confiance et la force des français républicains vous environnent à l’aide de ces remparts, braves courageusement tous les assauts que la malveillance peut susciter encore. Fermes à votre poste, dignes toujours du peuple et de vous, soutenez sans relâche le caractère de grandeur et de sévérité que vous avez déployé contre les partisans de tout système oppréssif, immoral ou liberticide. Ne souffrés plus surtout qu’aucun homme, aucune association d’homme influencer vos décrets. Faites taire toutes les passions, tous les intérêts privés devant le grand intérêt général et le triomphe de la liberté est assuré, et le vaisseau politique déjà en vue du port, achèvera glorieusement sa course au milieu des ondes mutinées. Pour nous, nous vous le jurons, soumis toujours aux loix et à l’emprise des bons principes, nous périrons plutôt que de laisser périr la liberté, l'égalité et la République une et indivisible. Suivent 80 signatures. c [Les citoyens de la société populaire de Sollies à la Convention nationale, s.l.n.d .] (11) Citoyens représentans, Votre sublime adresse au peuple français, a fait trésaillir nos cœurs d’allegresse. Nous y avons reconnu les principes et les sentimens qui vous animent pour le bonheur du peuple que vous représentés. Par la sagesse de vos décrets, par votre inébranlable fermeté, vous avés délivré nos frontières des ennemis extérieurs qui les ravageoient. Tour à tour, vous avez terrassé dans l’intérieur le fanatisme, l’aristocratie et le fédéralisme. Il vous étoit réservé d’anéantir la faction des révolutionnaires hipocrites, faction la plus dangereuse de toutes, puisqu’elle emprunte les dehors du patriotisme, pour trahir la patrie. Représentans, soutenés votre constante énergie pour le maintien du gouvernement révolutionnaire, qui ne doit plus peser que sur les méchans, restés fermes à votre poste, où la confiance du peuple vous a appellé ; poursuivés la carrière que vous avés si glorieusement parcourue. Et si quelque obstacle se rencontre sous vos pas, comptés sur nos bras, comme sur nos cœurs qui vous sont dévoués. (Il) C 328 (2), pl. 1458, p. 24. Nous vous aiderons de tous nos efforts a lever les masques sous lesquels les fripons, les dilapi-dateurs et les hommes de sang, se livrent à leur brigandage et à leur cruauté. Ces scélérats osent se nommer les patriotes par excellence ; mais les patriotes vertueux sans vanité, aussi modestes que sincères, sauront bien leur prouver qu’ils les regardent comme leurs plus cruels ennemis. Vive la République. Vive la Convention, notre unique point de ralliement. Suivent 44 signatures dont celles de Marguerite et Marianne Cromy. d [Les membres de la société populaire de Surgères à la Convention nationale, Surgères, le 15 brumaire an III] (12) Après la chiite des ambitieux et des tyrans, il étoit naturel que les vertus dont ils prostituaient le mot, reprissent leur empire. Il étoit naturel que la terreur dont il avoient constitué l’autorité sur un appareil de sang, doublât en tombant, les ressorts de la vérité comprimée et triomphante. Il étoit d’ordre immuable que le suplice des monstres et la proscription des pervers donnait aux bons, aux véritables représentans du peuple frnaçais, une énergie capable de porter la consolation et la tranquilhté dans tous les cœurs. Le vice abattu devoit donner ce triomphe à la vertu. Vous avés bien plus fait encore dans votre immortelle adresse du dix-huit vendémiaire : la touche de sentiment et de morallité qu’on aperçoit à chaque paragraphe, à chaque phrase porte la conviction et la confiance dans tous les cœurs. Ce n’est plus un décret arraché sur des mots, c’est un mouvement unanime d’admiration et de respect, dont la proclamation doit être portée à tous les peuples de l’univers. C’est pour les bons Français un livre de maximes fondamentalles de leur gouvernement et de garantie de leurs droits; c’est pour les rebelles ennemis de leur patrie une source de remords étemels. Esclaves de la loi, nous eussions versé, sans examiner jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour elle ; jugés ce que nous ferions aujourd’hui, que notre raison est éclairée et que notre confiance, sans borne, est fondée sur notre affection et notre respect pour vous. Dignes représentans, nous le jurons dans un sain respect, nous vivrons libre par vous, ou nous mourerons pour vous. Suivent 17 signatures. (12) C 328 (2), pl. 1458, p. 23.