IConvention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ” leur avoir conquis une liberté dont ils doivent commencer à sentir le prix. « Sur la motion du citoyen Picot Belloc, com¬ missaire des guerres ayant la police de l’armée révolutionnaire de l’Ariège, il a été arrêté qu’il serait célébré une fête en l’honneur de la liberté pour honorer la mémoire d’une si belle journée; que tous les ans à cette époque elle serait re¬ nouvelée, comme un des grands triomphes qui doit faire époque dans les fastes de notre révo¬ lution. « Le lendemain, tous les corps constitués se rassemblèrent avec le commissaire des guerres, la force armée et la Société des sans -culottes. « On se rendit au Club, où l’ardent patriote Picot Belloc étant monté à la tribune, déve¬ loppa au peuple les grands principes qui doivent détruire à jamais les germes du fanatisme, et engendrer la haine la plus implacable pour tous les despotes ; il fit hommage à la Société d’un hymne montagnard qu’il a offert à tous les Ja¬ cobins, et que nous vous adressons ; il le chanta avec cette chaleur qui caractérise l’homme vrai et pénétré de son ouvrage ; les applaudissements réitérés de l’assemblée, la répétition des cou¬ plets prouvèrent l’impression qu’il fit sur le cœur des vrais patriotes. Ces chants d’allégresse furent accompagnés d’une salve de canons; on se rendit au pied de l’arbre de la liberté, où l’hymne fut répété par tous les citoyens, et la fête se termina par les cris répétés de Vive la République! Vive la Montagne! et au bruit du canon. L’accolade fraternelle et la Carmagnole firent le dénouement. « Pardon, si nous avons pris sur votre temps précieux pour vous peindre notre joie, les en¬ fants de la patrie aiment à s’occuper de leur mère. « Saint-Girons, le 6 novembre 1793, l’an II de la République, une et indivisible (vieux style). « P. Rouaux, président; Signorel, secré¬ taire. » HYMNE MONTAGNARD Aux Jacobins (1). Sur l’air : Allons, enfants de la pairie. Français, volons à la victoire Pour détruire tous les tyrans, Perdons à jamais leur mémoire Et sur eux soyons triomphants. (bis) Qu’aucun danger ne nous arrête, Avec notre mâle fierté Combattant pour l’égalité, Nous sommes sûrs de leur défaite. Volons tous au combat, vengeons l’humanité, Jurons (bis) de ne mourir que pour la liberté. Tous les tyrans se réunissent Pour nous donner de nouveaux fers. Ah I si jamais ils réussissent, Ils régneront sur des déserts. (bis) Non, non, jamais, jamais la France Ne sera l’asile des rois; Oui, plutôt mourir mille fois Que d’être sous leur dépendance. Volons tous au combat, etc. (1) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. ire SÉRIE. T. LXXXI. 81 O toi, déesse que j’adore, Protège-nous dans les combats. Extermine ceux que j’abhorre, Porte la mort dans leurs climats, (bis) Que de ta foudre vengeresse, Tu détruises tous les palais, Ton feu punira les forfaits Des brigands et de la tigresse. Marchons, mes chers amis, volons aux étendards, Courons (bis) sur les tyrans, enfoncer nos poignards. Il ne nous reste de l’espèce, Qu’un petit loup qu’il faut veiller Comme ils sont tous remplis d’adresse, Il pourrait bien nous étrangler. (bis) Coupons ses griffes meurtrières, Méfions-nous de sa douceur, Craignons, redoutons sa fureur, C est un germe de nos misères. Veillons, républicains, il est fils des tyrans, Veillons (bis), soyons humains, mais soyons surveil¬ lants Si nous voulons la République, Il n’est pour nous qu’un vrai moyen, Chassons la troupe fanatique Ennemie du citoyen. (bis) Faisons rentrer dans la poussière Tous les ennemis de nos lois, Qu’ils soient exterminés cent fois Ou chassés de notre frontière. A bas les calotins, indignes charlatans ! Jurons (bis) de les punir des crimes des tyrans. Ouvrons les yeux à la lumière, Et n’adorons que l’ Eternel. Que le peuple ingrat, sanguinaire, Succombe écrasé sur l’autel. (bis ) Nous ne voulons point d’autre idole Que le Dieu de la liberté, Sans ce Dieu point d’égalité, Et tout autre culte est frivole. Périssent les faux dieux, ennemis de nos droits. Jurons (bis) de ne mourir qu'en défendant nos lois. Et toi Sanson (1), vaillant athlète, Protège tous les Philistins. Que ta hache coupe la tête Aux parricides Brissotins, ( bis > Que ton nom seul effraye la terre, Que tous les tyrans endurcis, Par toi soient vite raccourcis, Et tous privés de la lumière. Détruisons tous les rois, vengeons l'humanité, Offrons (bis) ce sacrifice à notre liberté. O toi, charmante guillotine, Tu raccourcis reines et rois; Par ton influence divine, Nous avons reconquis nos droits. j (bis ) Viens au secours de la patrie, Et que ton superbe instrument Devienne toujours permanent Pour détruire la secte impie. Aiguise ton rasoir, pour Pitt et ses agents, Remplis (bis) ton sac divin de têtes des tyrans. Picot-Belloc. (I) Exécuteur des hautes oeuvres à Paris.