{Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [30 juillet 1790.] 133 soires du département de la guerre, afin que les observations qu’il pourra faire à ce sujet ayant été pareillement mises sous les yeux de Sa Majesté, l’Assemblée puisse décréter de même définitivement ces articles. Art. 6. Les fonds à assigner au département de la guerre ne pourront excéder la somme de quatre-vingt-huit millions cent cinquante et un mille cent quarante-trois livres, portée en l’état remis par le ministre du roi. Les 26,935,478 livres, portées dans l’état du ministre pour l’état-major général de l’armée, pour l’artillerie, le génie et pour les dépenses accessoires du département, ne seront décrétées que provisoirement et seulement comme un maximum susceptible de réduction, s’il y a lieu, à la suite de i’examen qui sera fait de chacun de ses articles, d’après le rapport du comité militaire. Art. 7. Il sera exercé, sur les hommes absents par congé dans les régiments d’infanterie française et dans les troupes à cheval, la retenue de la demi-solde et de la masse entière de la boulangerie pendant le temps de leur absence. Sa Majesté sera suppliée d’autoriser ces hommes à s’absenter pendant dix mois tous les ans, sur le pied du tiers dans l’infanterie, et pendant neuf mois seulement sur le pied du quart, dans les troupes à cheval. Il sera fait un fonds particulier de ces retenues, lequel servira à l’entretien des hommes auxiliaires, conformément au traitement qui sera décrété ultérieurement eu leur faveur, sur le rapport qui en sera fait par le comité militaire, dans le cas où cette armée sédentaire devrait avoir lieu, ou lequel tournera en économie sur les fonds attribués au département, dans le cas où ce projet ne serait pas adopté. Art. 8. Les appointements, Soldes et masses de tous les grades demeureront fixés, ainsi qu’il suit : ( Tels que le comité militaire les a proposés , d’après les calculs énoncés au plan du ministre.) M. le Président. J’invite MM. du comité ecclésiastique à s’assembler sur-le-champ pour prendre connaissance d’un paquet concernant M. le cardinal de Rohan. On me dit que cette affaire est importaute et qu’il est urgent de prendre un parti. La discussion sur V organisation de V armée est reprise. M. Victor de Broglte. Le plan, dont l’ensemble a été présenté hier par le comité militaire, paraît fondé sur des bases solides, appropriées aux circonstances et à l’intérêt de la liberté; il est tellement combiné d'après tous les principes constitutifs d’une bonne armée, que je ne crois pas avoir à en développer les avantages. Je vais me borner à examiner les points principaux dans lesquels le comité diffère avec le ministre. Le premier est la réduction de 4 hommes par compagnie, qui, par cette opération, se trouverait portée de 54 à 50 hommes; cette diminution priverait un régiment de 150 hommes, excédant nécessaire pour les maladies et autres accidents imprévus. Ainsi, sous ce premier rapport, je crois, avec le comité, qu’il est utile d’avoir des compagnies de 54 hommes : elles présentent encore l’avantage de pouvoir manoeuvrer sur un grand front et d’assurer le coup d’oeil des officiers. Le ministre emploie ces 4 hommes à former des légions, qui me paraissent inutiles pendant la paix, et qui présentent une augmentation considérable d’officiers et d’états-majors. Il sera facile de faire, pour la guerre, une infanterie légère; 4W SÉRIE. T. XVII. le service présente plus de dangers ; et quand' sous le régime arbitraire, l’émulation de la gloire formait rapidement ces corps, peut-on en douter qu’ils ne se forment avec une rapidité plus grande quand tous les Français, à l’amour de la gloire, joignent le patriotisme et le courage de la liberté? Je crois qu’il m’est permis de dire que mon père pensait qu’il ne faut former Jes troupes légères qu’au moment où l’on entre en campagne. — La seconde différence porte sur l’institution des lieutenants-colonels pour chaque bataillon ; le ministre la regarde comme inutile à l’égard du quatrième bataillon; mais ce bataillon étant un bataillon de garnison, devant servir à donner aux soldats malades du repos et des secours, il est nécessaire de mettre à sa tête un officier expérimenté et élevé en grade. — Troisième différence. Le ministre compose les régiments de cavalerie et de dragons de quatre escadrons, et le comité de six; cette dernière formation est plus analogue à celle de l’infanterie; les corps nombreux ont de grands avantages à la guerre : le grand Frédéric a consacré ce principe par ses ouvrages, par ses institutions, et plus encore par ses victoires. Une considération puissante a déterminé votre comité à adopter cette formation; il lui a paru nécessaire de resserrer un plus grand. nombre de soldats sous le même drapeau, dans les liens de la fraternité, et d’établir une unité d’intérêt et d’action. Les motifs du comité sont les mêmes à l’égard des brigades. — Quatrième différence. Le comité a pensé que le seul moyen d’attacher les oticiers généraux aux soldats, était de mettre un maréchal de camp à la tête de chaque régiment, sous le nom de général-colonel; il aura, pour ainsi dire, une famille militaire; il s’empressera de mériter l’estime de ses soldats, qui, de leur côté, seront conduits par l’émulation naturelle à tout soldat français, et par le désir d’obtenir des éloges de leur chef supérieur : le régime paternel, si recommandé par les plus grands généraux, sera réalisé. Le ministre a cru qu’il serait dangereux de faire perdre au grade de colonel l’importance qu’il tenait de sa supériorité; cependant, à la guerre, le colonel est toujours aux ordres d’un officier général. Peut-il craindre, pendant la paix, d’être ce qu’il a toujours été dans un moment plus intéressant pour sa gloire? MM. Luckner et de Puységur ayant été appelés au comité, la grande majorité a été pour l’institution des généraux-colonels. M. de Beauharnais, le jeune ( ci-devant le vicomte). H m’est impossible de présenter mes idées sur les plans qui vous sont proposés sans exprimer le regret que j’éprouve devoir l’Assemblée nationale entrer dans le détail de la formation de l’armée, avant d’avoir considéré, dans son ensemble, ce que c’est que la force publique. Sans doute, l’armée est un des moyens les plus importants de la force publique, mais ce u’est qu’une partie de cette force. Il fallait embrasser d’un même coup d’œil, considérer sous un même rapport, renfermer également dans les bornes de tous les pouvoirs, et combiner avec eux l’organisation des troupes de ligne et celle des gardes nationales. Ces deux parties de la force publique tiennent essentiellement l’une à l’autre et se touchent par tous les points. Le comité militaire aurait donc dû se concerter avec le comité de Constitution. Si, comme je le crois, il y a, par la suite, dans tous les départements, une certaine quantité de gardes nationales soldées, le nombre de ces troupes doit influer sur celui des indivi-28 434 [Assemblée nationale. [ ARCHIVES Pi dus qui composeront l’armée. Quand on a dit qu’il fallait 40,000 hommes au midi vers les Pyrénées, je crois qu’on a trop dit, et que 30,000 hommes suffiront, si l’on y joint 10,000 hommes de la garde nationale soldée. Je suis forcé de marcher en tâtonnant, puisque nous avons si mal entamé la force publique. Trois des rapports qui ont été annoncés devaient surtout composer l’ensemble de nos vues et de notre discussion. C’est le troisième sur la forme des enrôlements et des dégagements des recrutements en temps de guerre, les bases de la discipline militaire; le cinquième sur les maréchaussées et les invalides; le neuvième sur la suppression des emplois inutiles, la disposition des forces militaires dans l’intérieur du royaume, le système de défense, c’est-à-dire les places à conserver et à abandonner. Dans mon système complet de force publique, j’attache à chaque bataillon de gardes nationales de district une compagnie soldée; avec cette donnée, 30,000 hommes de troupes de ligne sur les frontières de la Sardaigne ; 30,000 vers les Pyrénées; 60,000 pour nos côtes et nos colonies, me paraissent suffisants. C’est donc par des vues d’économie et de liberté publique qu’il me semble nécessaire de réduire à 120,000 hommes l’armée de ligne. Le comité part de l’hypothèse d’une attaque générale ; mais alors sera-ce une armée de 200,000 hommes qui nous défendra? non; ce sera la nation entière qui sauvera la nation. C’est 5 millions d’hommes libres armés pour la défense de leurs foyers. Si nous voulons assujettir les nations voisines, ayons des armées nombreuses; mais si nous voulons vivre libres et heureux, ayons une force publique nationale. Il nous faut un noyau d’armée, un cadre propre à recevoir une augmentation proportionnée aux moyens des ennemis qui nous attaqueraient. En proposant 120,000 hommes, je crois faire tout ce qui est nécessaire* et comme toutes mes sollicitudes sont pour la liberté, le problème que j’ai dû me proposer était de trouver un nombre d’hommes assez fort pour la défendre et pas assez redoutable pour l’opprimer. Comme je vois une partie de la force publique soumise à une obéissance passive, à une discipline sévère, sous un seul homme, je dois la réduire au point que la réflexion et la prudence m’indiquent. Je dois donner à l’autre partie toutes l’extension possible, parce que je vois en elle la sauvegarde de la liberté publique. On cite l’exemple des armées étrangères : mais peut-on comparer des Etats arbitraires à un Etat libre, où ûn seul ne commande qu’au nom de tous, où celui qui commande est soumis à la volonté de chaque individu, exprimée parla loi même? Il faut une grande puissance, il faut des moyens de domination pour maintenir l’ordre dans un Etat contre nature; mais dans un Etat libre, il faut des moyens de défense. L’organisation mécanique de l’armée est d’une importance bien faible auprès de la nécessité d’établir une force puissante dans la Constitution : quant à la différence qui se trouve entre le ministre et le comité, sur le nombre des bataillons et des escadrons qui doivent composer un régiment, je suis si persuadé de l’instabilité nécessaire de toutes les dispositions de cette espèce, que j’y attache peu d’intérêt. Au reste, à cet égard, j’adopte l’avis du comité. Les développements qu’il a donnés hier me semblent rendre tous nouveaux développements inutiles, ou même impossibles. J’adopte donc l’avis du comité sur la réunion du génie et dé l’artillerie, sur la proportion des armes ; je l’adopte en tout, excepté LEMËNT AIRES, [30 juillet 1790. J sur le nombre des individus dont il croit que l’on doit composer l’armée. Je diffère en ce point, parce que j’embrasse dans son ensemble toute la force publique, parce que je redoute Une puissance hors de ia Constitution. M. d’Ambly. Autant de fois qu’un militaire parlera, autant il vous sera présenté de systèmes différents. Parlons pendant huit jours, ce sera toujours la même chose. Il faut donc se décider pour un plan, je dis pour celui du comité, ou pour celui du ministre, ou pour celui de M. deBouthillier* que j’adopte. Le rapporteur du comité militaire a présenté un plan artistement travaillé : il est entré dans beaucoup de détails; mais il n’a pas tout dit. Permettez à ma longue expérience quelques observations. Tous savez que toutes les puissances voisines sont prêtes à entrer en campagne; et c’est le moment que vous prenez pour proposer des incorporations. Les régiments suisses ne sont composés que de deux battaillons : pourquoi ne pas rester, comme nous sommes, jusqu’à la paix? Le ministre propose de former des régiments de cavalerie de quatre escadrons : il a raison; c’est la vraie composition française. Pourquoi toujours nous proposer du prussien? Nous sommes-nous bien trouvés d’avoir été à leur école? Je suis persuadé qu’une armée de 200,000 hommes ne coûterait pas plus que celle que propose le comité, et ne tourmenterait ni les soldats, ni les officiers. Le comité pense qu’il làut mettre les maréchaux de camp à la tête d’un régiment : ces messieurs seraient inamovibles, tant qu’ils ne seraient pas destitués en vertu d’un jugement. Et que deviendrait le pouvoir du roi ? Une vingtaine de maréchaux de camp jeunes, ambitieux, peut-être intrigants, pourraient devenir dangereux * Youlez-vous que le roi, à l’entrée d’une campagne, soit obligé de laisser le commandement à un officier inepte? Le comité propose 124 officiers généraux : pour le coup* en voilà assez pour commander l’armée de Darius. Ces messieurs coûteraient au moins 2,180,000 livres; J’espère que vous prierez le roi d’employer peü d’officiers généraux : une vieille expérience m’a appris qu’il était salutaire de n’en pas employer beaucoup. Au reste, quelque plan que vous adoptiez, je dois vous répéter de vous défier des innovations brillantes; elles seraient de la plus haute imprudence en ce moment. M; d’Esttfnrniel. Vous avez déjà décrété que la dépense de l’armée serait de 84 millions ; on en demande aujourd’hui 88, il faut commencer par rendre un nouveau décret. On propose deux plans. : j’observerai d’abord que l’organisation détaillée de l’armée appartient uniquement au pouvoir exécutif, et que vous devez seulement décréter en masse le nombre des hommes et la somme de la dépense. Si cependant il est nécessaire de présen ter des observations, je remarquerai que les changements faits au plan du ministre sont peu considérables. Les différences sont relatives : 1° Aux maréchaux de camp : si on les attache aux régiments* les colonels-commandants seront des colonels en second, et l’on a reconnu l’inconvénient des colonels en second; 2° Aux commissaires des guerres : les besoins du service exigent que leur nombre soit tel que le ministre le propose ; 3° A l'infanterie légère : l’eipérience de la guerre a démontré l’inconvénient de prendre des [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [30 juillet 1790.] 13g volontaires pour aller en avant, et prouvé que toujours les troupes légères doivent être prises hors de la ligne; 4° Au nombre d’escadrons dont un régiment doit être composé : le nombre doit être rejeté pour éviter les inconvénients qu’en traîneraient avec elles les différentes opinions, l’esprit divers des corps réunis; 5° À la réunion du génie et de l’artillerie : cette réunion a été tentée; on en à reconnu les inconvénients. Je demande donc qu’on décrète dé nouveau la dépense, puisqu’elle est plus considérable; qu’on décide ensuite quel plan doit être discuté� et qu’on applique successivement à chaque article les observations dont ils paraîtront susceptibles. M. de Tonlongeon. Il faut présenter la Question nettement : Incobporera-t-on, oui ou non ? On passera ensuite aux détails qui jusqu’alors seront inutiles. M. de Sérerit. L'incorporation n’est pas lé but; elle est seulement le moyen: M. Alexandre de Laméth. Il est très important de ne pas empêcher la discussion de s’étendre sur tel ou tel objet. La question proposée par M.de Toulongeon ne serait pas la première à discuter. Il n’est point exact de dire le plan du comité, le plan du ministre. D’après les principes constitutionnels que vous avez établis; le comité n’a pas de plan sur l’organisation dë l'armée; il a une opinioD sur le plan présenté de la paît du roi. Il me semble cependant que l’attëütidn de l’Assemblée devrait être fixée particulièrement sur léS premiers articles du projet de décret, et sur les légères différences qui se tbouvetit entré ces trois articles et les parties cdirespoüdâhtes dli plan présenté. M. Bureaux de Piisÿ. Eh délibérant Sür les trois premiers articles On préjugerait un objet important. Quand vous aurez déterminé le nombre d'hommes, la quotité des individus dë chaque grade, vous aurez tout fait. L’agrégationt individuelle, ou la formation eû corps militaires, est un acte purement du pouvoir, exécutif. D’après les bases que vous avez posées, son detibti Boit avoir une certaine latitude. Ecartez donc l’dfticle 3 qui porte que l’infauterie sera composée dë tant de régiments. M. Alexandre de Làihetli. Le préopinant në rappelle pas le décret par lequel l’Assemblée a reconnu qu’elle devait fixer le nombre des individus de chaque grade : quand le comité aiira dit qu’il y aura 46 colonels dans l’infanterie, ne sera-ce pas absolument la même chose que s’il disait qu’il y aura 46 régiments? M. Bureaux de Ptisy. Oui; mais en disant cela on n’aura pas ôté aù pouvoir exécutif le droit de faire un régiment dè deux bataillons; de donner ou de ne pas donner un lieutenant-colonel à, tel bataillon. J’ajoüterai qüe l’opinion dh comité, quand il fixe à 54 hommes le nombre des individus formant les compagnies, ôte au poüvoir exécutif la facilité d’établir des troupes légères. M. de Hodilles ( ci-devant le vicomte). Je désirerais qu’on fît ce qui s’est tobjouis pratiqué ; qu’on laissât discuter librement, non seulement leS ba: ses du plan, mais encore tous ses détails : on se resserrerait èhSÜite dans Un oridHi de Questions sur lesquelles là discussion serait déterminément fixée. Deux militaires éclairés, qui joignént à l’habitude de réfléchir sur ces matières Une très grande expérience, ont attaqué lëâ plans présentés; ils ont trouvé dâbs célüi du ministre dès défectuosités qu’ils se sont attachés à 'cbhibàttië. Il est Sans doute i’mpbrtatit, pour Gclalrbr l’Assemblée, d’écbuter avec soin mutes les dotions de cette nature qui pourront être présentées. Je demande donc, qü’aujoürd’hui toutes leS opinions soient euteüauës de là manière Qu’il plaira à chacun ti’étàbhf là discussion; demain, l’ Assemblée fixerâ les Questions sur lesquelles elle voudra successivement prônoncer. M. du Châtelet. It ÿ a des défauts dans le plan du ministre et dans celui du comité : pour établir lès avantages de l’un sur l’autrë, il faudrait éritetldre le ralbistre comme lé comité à été entendu. Je rie vois pas ce qu’il y attrait d’avân-tagéux à polter les régimënts d’iufariteriè à quatre batriillbriS, ceux de cavalerie à six eseadfdns. DariS la dernière güefre, douze régiments de quatre bataillons avaient été formés. L’assemblée des inspecteurs, eu 1774, voulut les détrüirë : les raisons qüi poüvaient y déterminer étaient très fortes; Un n’avàit pas celles qui ont été expdéëes poür ptOUver les darigefS de l’idcorporatiott , et on be laissa subsister ces régimënts qüè parice qu’ils existaient ainsi depuis plusieurs àiihées, que parce Qu’ils âvaiëüt fëüdü des Services essentiels, ét qu’â ce titre on lëür devait des ménagements. On ne Vbulut pas rompre Unë existence dont ils avaient pris l’habitüde, et séparer des individus qui, pendant longtemps, avaient vécu réüriiâ.../. Je défie tous les comités, tous les ministres, de faire dans le militaire quelque chose qu’on n’ait pas tenté et qu’on n’ait pâS Vu depuis ciriquante-deüx ans que je sers. . L’expérience m’a démontré que le moyen d’in-corporalioh pour augmenter lés régiments ne valait rien; il faut pouvoir les augmenter, il faut ue lé cadre soit formé ; mais bn doit employer 'autres moyens. La diminution du nombre des régiments, dans l’iritëntion de diminuer celui de l’état-major et de faire ainsi Unë grande économie, n’est point dü tout économique : il faudra donner des pensions à utt grand nombre d’officiers qui Ont bien servi et qui, depuis très longtemps, sont attachés à l’armée; on prouvera, en ce moment, ce que i’&kpéüenee a déjà prouvé pluêiëürs fois, que leê réformes consistent toujours à payer des gens pour ne rien faire. Dans l’hypothèse des régiments composés de quatre bataillons, le comité tië’ht Këâficoiip à ce Que le bataillon dé garnison soit, commandé par fin liéu-tenant-cdlonel; mais c’est fine chose absolument indifférente* car lé premier capitaine commandera, et c’est lui Qui, le premier, doit monter au raDg de lieutenant-colonel; ainsi, sans avoir le grade, il dura là même ancienneté. Qüaht à la réunion de l’artillerie et du génie, je l’ai vu faire d’une manière infructueuse. J’observerai, pour ce qui regarde les maréchaux de camp attachés à des régiments, qu’il y aurait beaucoup d’officiers ayant fait la guerre qui ne seraient pas employés. Un coup de fusil en Allemagne ne vaut pas moins qu’un coup de fusil reçu en Amérique. Il arrivera que, pour le général-colonel, le colonel 11e sera vraiment que colonel en second, et tout ce qui est en second ne ?Vaut rien. On vous dit que le maréchal de camp' ne se mêlera pas des détails de régiment; les inspecteurs mêmes ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [30 j «illet 1790.] 43g [Assamblée natien&le.l pe mêlaient de commander depuis Paris. Vous ferez de mauvais colonels : c'est en forgeant qu’on devient forgeron, et on n’est bon colonel qu’en étant colonel. Les maréchaux de camp étant placés dans l’ordre d’un tableau, ce sera suivant l’ordre du tableau qu’un général d’armée devra contier l’intérêt de PEtat et sa gloire propre ; le général d’armée est responsable des événements par la perte de sa réputation. Vous ne serez donc pas étonnés que je pense que les maréchaux de camp ne doivent pas être autrement qu’en ligne. Je passe à l’armée auxiliaire; si le plan deM. Emmery était discuté, je prouverais qu’il est impossible d’avoir 70,000 hommes de troupes auxiliaires. Si, par hasard, elles se formaient, ce ne pourrait être qu’aux dépens de l’armée, surtout d’après la manière dont on veut les instituer. Un grand vice de votre constitution militaire, je le dirai franchement, c’est la diminution de la durée des engagements. Dans 4, 5 ou 6 ans de service, vous ne ferez pas un cavalier. Avec de bons officiers ou sous-officiers d’infanterie, vous ferez en 6 ans de bons soldats : mais ils vous quitteront lorsqu’ils pourraient vous servir. Quant aux gardes nationales, je connais leur patriotisme et je ne doute pas de leur courage. Cependant tout ce qui est juste et nécessaire dans l’état civil ne convient pas à l’état militaire. Vous aviez des milices, et vous avez détruit avec raison les enrôlements forcés qui dépeuplaient les campagnes. Ges milices s’assemblaient pendant un mois, et à peine après ce temps ces soldats savaient-ils mettre leurs guêtres. Les auxiliaires feraient une dépense considérable et inutile. Le jour où vous aurezrésolu d’augmenter vos troupes, vous n’aurez qu’à augmenter les engagements avec le projet de vos économies, et vous aurez assez de soldats. Je propose le projet de décret suivant : « L’Assemblée nationale décrète : 1° que l’armée sera composée de 151,899 hommes au moins, et de 154,000 au plus; que l’infanterie sera de 107,000, et la cavalerie de 29,588, l’artilleriede 12,000 hommes; enfin que les dépenses nécessaires pour l’entretien de l’armée, y compris les dépenses accessoires, ne s’élèveront pas à moins de 88,151,143 livres, ou à plus de 88,298,737 livres au plus, et que ce sera d’après ces bases que la force de l’armée et la dépense qu’elle nécessite seront fixées, sauf par le Corps législatif à faire au roi les observations que, sur le rapport de son comité militaire, il croira nécessaires, pour y être définitivement statué par Sa Majesté. » (La discussion est interrompue à 2 heures et continuée à demain.) M. MHIanois, député de Lyon. Les décrets des 13 et 17 de ce mois sont parvenus à la ville de Lyon ; ils ne sont point encore exécutés, par le retard des dispositions du ministre. Il est arrivé de nouveaux événements, et je suis chargé de vous lire des pièces qui vous sont adressées. La première est une lettre de la municipalité de Lyon ; la seconde, un procès-verbal. M. Milianois fait lecturede ces pièce s, dont voici l’extrait: Lettre des officiers municipaux de Lyon, le 27 juillet. « C’est avec une vive douleur que nous avons à vous rendre compte des événements qui ont de nouveau troublé l’ordre et la tranquillité publique dans notre ville. Nous devons rendre témoignage au courage et à la prudence de la garde nationale, du régiment de Sonnemberg, de la maréchaussée, de la compagnie du guet et des arquebusiers. » Procès-verbal de la municipalité , du 26 juillet. « Ce jour, étant assemblés à quatre heure après midi, nous ‘entendîmes un bruit extraordinaire, et nous sûmes bientôt qu’environ deux mille ouvriers, qui s’étaient réunis sur la place de Belle-cour, se rendaient, en marche réglée, à la place des Terreaux, sur laquelle est l’hôtel commun. La démission de M. Dervieux-Duvillart, commandant de la garde nationale, excitait les regrets des ouvriers. Etant allés à la campagne de la mère de cet officier, ils avaient exigé d’elle qu’elle lui écrivît et leur fît parvenir sa réponse. Ils venaient s’adresser à l’état-major et à la municipalité, pour savoir si M. Dervieux avait répondu. Ne pouvant satisfaire à leur demande, ils jetèrent de grands cris et s’agitèrent avec violence. Redoutant des motifs secrets et des manœvres des ennemis du bien public, M. le maire et nous, dévoués au rétablissement du calme, nous descendîmes sans escorte sur la place. « M. le maire fit tous ses efforts pour représenter les dangers des attroupements; il assura que nous avions écrit à M. Dervieux pour l’engager à retirer sa démission. Les exhortations et les instances furent inutiles. Pressés par le peuple, fatigués par les chocs que nous éprouvions, nous fûmes obligés de remonter à l’hôtel de ville; les ouvriers nous y suivirent en grand nombre. Enfin ils se retirèrent pour aller forcer l’arsenal. Nous pensâmes alors que nous ne nous étions pas trompés, en supposant que cette insurrection était l’effet des instigations des ennemis de la chose publique. Nous crûmes qu’il fallait employer la force. Nous commandâmes des détachements nombreux de la garde nationale pour renforcer l’arsenal, le magasin à poudre et l’hôtel commun. Nous ordonnâmes aux officiers de l’arsenal de faire toutes les dispositions nécessaires pour repousser la force par la force. La troupe d’ouvriers ayant attaqué un corps degardeei enlevé les armes, se portasur l’arsenal, fit feu sur la garde nationale et la compagnie du guet qui les repoussèrent parles même moyens. Il y a eu un homme tué et un autre blessé. Les ouvriers paraissaient se retirer; mais bientôt nous fûmes menacés d’une nouvelle incursion. Pressés par l’état-major, nous avons requis le régiment de Sonnemberg. Instruits qu’en venant au poste qui lui était assigné, il avait, ainsi que la garde nationale, reçu plusieurs coups de fusil, nous avons requis le commandant de l’artillerie de nous donner deux canons qui ont été placés sur le quai, en face du Bourg-Neuf où les ouvriers s’étaient retirés et d’où ils avaient fait feu sur les troupes. Deuxobusiers ont aussi été placés devant l’hôtel commun. Le drapeau rouge avait été placé à l’une dès fenêtre de cet hôtel, pour annoncer la publication de la loi martiale. La nuit étant arrivée, nous avons cru plus convenable de remettre cette publication au lendemain. Nous avonsdépêché ua exprès à Vienne, pour demander tous les secours dontonpourraitdisposer, soit en gardes nationales, soiten troupes de ligne. Des patrouilles multipliées ont assuré le repos de la nuit. Nous n’avons pas désemparé de l’hôtel commun, et plusieurs personnes ayan t étéarrêtées.nous avons décidé qu’elles seraient interrogées et ensuite emprisonnées, s’il y avait lieu. »