SÉANCE DU 2 BRUMAIRE AN III (23 OCTOBRE 1794) - N° 22 361 berté, nous leur dirons comme vous : perfides ! vous ne parliez sans cesse des droits du Peuple que pour vous en réserver l’exercice. Perdez toutes espérances, hommes immoraux qui vouliez armer d’un poignard assassin la main conssolatrice de la philosophie, qui, du bonnet auguste de la liberté, vouliez faire une autre boiète de Pandore, et secouer sur le sol français le germe de tous les maux. Le dernier de vos soleils a lui! Le Peuple est là; il vous arrachera votre masque quelque forme qu’il emprunte; croyez en sa promesse, le courage de nos armées est la mesure de sa dignité. Ne craingnés point citoyens représentans d’avancer dans la carrière ; le Peuple vous précède armé de sa massue. A la voix de la justice, déjà l’agriculture, le commerce, les Lettres, et le génie des Arts, s’élancent du sein des tombaux que leur avoient creusé la jalousie et l’ignorance; déjà la propriété n’est plus un fléau, la modestie un crime ; couronnés leurs grandes déterminations, que l’instruction publique germe promptement dans le coeur de la génération qui nous presse, qu’un code basé sur notre gouvernement éclaire les citoyens sur leurs transactions sociales, que l’industrie soit rendüe à toutte son énergie, et bientôt la france donnera à l’Europe étonnée l’exemple sublime de ce que peuvent, l’amour de la vertu, et de la Liberté. Vive la République. Vive la Convention na-tionalle. Boissier, Gautier, Pallix, Guérin, Mancy, Delaporte. c Les citoyens de la section de la Fidélité défilent dans le sein de la Convention nationale (43). [La section de la Fidélité à la Convention nationale, s. d.] (44) Législateurs, Dans toutes les crises de la Révolution, la section de la Fidélité (ci-devant Maison-Commune) n’est jammais restée en arrière pour soutenir et manifester les principes fondateurs de la liberté et de l’égalité. Elle vient dans ce moment vous faire part de ceux qui l’anniment, et vous jurer qu’elle ne varira jammais au gré des passions de quelques téméraires ou audacieux qui cherchent à s’emparer de l’opinion public pour la tourner à leurs vues ambitieuses et particulières. Nous avons entendus dans notre séance du 20 vendémiaire le raport de vos trois comités réunis, sur la situation intérieure de la Répu-(43) Bull., 3 brum. (44) C 325, pl. 1402, p. 26. blique et l’adresse aux français. Nous y avons applaudis avec entousiasme. Parceque nous y avons reconnus les principes et la vérité ; et que ce langage est celui qu’attend toujours de vous le peuple françois, qui veut le reigne des loix et de la justice. Législateurs, répandez sur la surface de la france la lumière. Par des discours semblables, et vous y verrez bientôt les haines, les passions disparoitre, et tous les ha-bitans de cette belle république, admirer vos travaux, jouir de la tranquilité, et de la fraternité la plus pure. Surtout, n’oubliez jammais la situation où s’est trouvée plusieurs fois la patrie. Menacée par l’irruption de la Vendée, les urlements du fédéralisme se répétant d’une partie de la république à l’autre, menacée par une coalition de brigands couronnés. Vous avez parlés au Peuple français, vous luy avez fait voir ses dangers, vous lui avez tracés la route de la victoire, et bientôt à votre voie, les braves républicains qui composent nos armées, ont détruits, vaincus et repoussés jusque dans leurs marais, les cohortes d’esclaves, qui espéroient s’emparer de nos fertiles départements, détruire le gouvernement représentatif et démocratique que vous avez proclamés, pour y substituer le reigne de la tirannie. Quelques scélérats aussi, ont voulu s’emparer du fruit de tant de travaux, à votre voie, le glaive de la loy, vengeur de l’humanité outragée, les a fait disparaitre, et rentrer le Peuple dans ses droits, qui lui avoient été usurpés, à l’aide d’une trop grande députation, acquise par une hipocrite popularité. Qu’attendons nous de vous législateurs pour completter vos nombreux travaux. Que vous ferez exécuter strictement le gouvernement révolutionnaire, seul soutien de la liberté, jusqu’à ce que nos lâches ennemis soient forcés de recevoir la paix de vous, et digne d’un peuple de héros. Jusqu’à ce que nos ennemis de l’intérieur soient réduits en poussière, ou à un silence absolu. Que vous ferez promptement et sévèrement punir cette nuée d’intrigants couverts du masque du patriotisme, qui ont siemment abusés de leurs pouvoirs, en mettant leurs volontés à la place de la loy pour exercer des actes arbitraires, et tiranniques. Que le glaive de la loy frape enfin tous les fripons et dilapidateurs de la fortune public. Que vous ferez mettre de même en liberté les patriotes qui n’ont été qu’égarés, qui n’ont point commis de crimes, qui ont dans l’âme l’amour de la patrie, qui ont rendus de si grands services à la Révolution, en remplissant des fonctions qui ne pouvoient l’être bien, que par des hommes énergiques et révolutionnaires, tel que le nécessitoient les circonstances. Que vous metterez à exécution le plus promptement possible vos projets sur le commerce, les arts, et l’agriculture, afin d’y ramener la confiance, et l’activité si nécessaire à la prospérité nationale. Que vous continuerez à organiser l’instruction public, pour le bonheur commun à commencer par les spectacles qui, si vous n’y portez un oeil vigilant, corromperont les moeurs ré- 362 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE publicains, ordonnez leur de donner des pièces patriotiques qui ranime l’énergie, et fassent (comme chez les romains, et les athéniens) détester le reigne des rois, en les montrant avilis et vaincus ; et admirer l’héroisme, le courage et la vertus. Que vous ferez mettre à exécution la loy contre les agitateurs, marchand d’argent, vous le scavez comme nous, le commerce infâme reprend avec plus de fureur que jammais. Ce seroit bientôt si vous n’y mettiez ordre, une calamité public. Nous avons vu vos sentiments dans le ra-port sur la situation de l’intérieur ; vous y dites que vous ne lesserez renaitre aucune faction, ni divisions, vous ferez donc disparaitre ces écrits anonimes qui inondent les rues de Paris, alimentent les haines, les passions, et retardent l’harmonie, et la tranquilité si désirée par tout bon patriote. Législateurs, nous nous rendrons dignes du beau nom que vous nous avez donnés ; vous pouvez conter sur nous, nous ne sommes agités par aucune passion, si ce n’est celle du bonheur générale. Aucun audacieux n’ose troubler nos séances, nous nous (sic) des moyens de mettre à exécution les loix, à être utile et soulager les viellards et les malheureux, a secourir les femmes et les enfans des déffenseurs de la Patrie, afin de leur faire suporter leurs absences avec plus de facilité. S’il arrivoit jamais que quelque scélérat voulussent porter atteinte au gouvernement démocratique, et à la représentation nationale, nous sommes là. Comme au 10 août, 31 mai et 9 termidor, les premiers, prêt à faire pâlir par notre contenance les ambitieux, et à faire de cette robuste population qui composent notre section un rempart de nos corps. Pour vous couvrir, oui vous, notre seul point de raliment, et celui de tous les vrais amis de la liberté et de l’égalité. Vive la République, vive la Convention. Lamy, Choquet, Morand, Leridais. La commission du salpêtre de la section de la Fidélité a rendu jusqu’au 25 vendémiaire dernière livraison la quantité de 28 616 livres de salpêtre et continue toujours ses travaux avec activité. d Les citoyens de la section des Sans-Culottes défilent dans le sein de la Convention nationale (45). [La section des Sans-Culottes défile ensuite. On remarque avec un vif intérêt, marchant en tête avec l’ordre et la tenue de militaires consommés, les enfans qui n’ont d’autre mère que la patrie, et que l’on flétrissoit jadis de la dénomination humiliante d 'enfans de la pitié. (45) Bull., 3 brum. Cette touchante espérance de la patrie recueille les applaudissemens les plus vifs.] (46) [La section des Sans-Culottes à la Convention nationale, s. d.] (47) Citoyens représentans, Une section de Paris qui a toujours été fidèle aux bons principes et à vos sages décrets, vient en ce moment joindre sa voix reconnois-sante à celle de tous les bons citoyens, et vous féliciter sur votre adresse au peuple français. Nous l’avons lue deux fois dans nos assemblées cette adresse vraiment républicaine, nous la reliront encore pour nous fortifier dans les vrais principes dont la section des Sans-Culottes ne s’est jamais écartée. En effet, au milieu des secousses excitées par le dernier triumvirat, par cette horde de monstres qui avoit ajournée la justice et mis la terreur à l’ordre du jour, qui tenoit les clefs de toutes les prisons, ou plutôt avoit fait une prison de la France entière ; qui dictoit les juge-mens d’un tribunal de sang, qui marquoit du signe de la réprobation tous les citoyens opposés à ses tyranniques desseins, qui s’élevoit à la souveraine puissance sur les cadavres entassés des ennemis et des amis de la patrie sans distinction : loin de nous laisser entraîner par les efforts tentés pour nous détourner de la vraie route, nous avons opposé une résistance constante à toutes les suggestions d’une cabale perfide. Et certes on peut savoir quelque gré à la section des Sans-Culottes d’avoir résisté lorsqu’on saura qu’elle avoit le malheur de voir dans son sein un des principaux agents de la faction justement abhorrée. Dans la journée à jamais mémorable du neuf thermidor, livrée à elle-même, n’ayant pas eu, comme les autres sections, l’avantage d’être visitée par l’un de vous, elle s’est cependant montrée digne de la liberté. Bravant les satellites de Hanriot qui depuis longtems avoit pour ainsi dire mis le scellé sur la pensée, et qui multi-plioit alors les efforts et la séduction pour l’en-trainer dans la rébellion d’une commune conspiratrice, elle a prononcé hautement son voeu pour la Convention. Sa force armée conduite par son commandant est venue se joindre aux amis de la patrie, et se placer sous les étendards de la représentation nationale. Depuis ce moment, rentrée dans tous ses droits par la suite de la glorieuse révolution que vous avez opérée en restant constamment à votre poste, elle a repris sa première énergie ; chaque citoyen lui apporte sans crainte le tribut de ses lumières et de son civisme, et nous pouvons dire qu’aucune section n’est plus animée du bien public, plus ennemie des factieux, des intrigans et des hommes sanguinaires, plus exacte à maintenir l’ordre et l’observance de la (46) J. Univ., n” 1793. (47) C 325, pl. 1402, p. 29. Bull., 3 brum.