[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ” dé8Œts“nô 583 craignant la force qui résultait de l’union des patriotes* cherchèrent à les disperser, Lès So¬ ciétés populaires que la Révolution enfanta leur parurent surtout dangereuses; dès lors, leurs membres furent par eux proscrits, incarcérés et voués à la mort. « Telle était notre cruelle situation lorsque la sainte Montagne, dans sa justice* jeta sur nous un regard favorable, nous envoya deux anges tutélaires. O jour heureux ! ton souvenir sera à jamais cher à nos cœurs. Non, le souffle impur des contre-révolutionnaires ne souille plus l’air que nous respirons, ils oht disparu du milieu de nous. Grâces immortelles en soient rendues aux représentants Rovère et Poultier, délégués dans les départements méridionaux. Cependant d’obscurs blasphémateurs Ont prodigué contre eux les injures et les calomnies les plus atroces. Intrépides au milieu des plus grands dangers, ils ont su mépriser les injures et braver la calom¬ nie, qui sont les armes du méchant ; ils ont fait le bien parce qu’ils sont vertueux. « Véritables enfants de la Montagne, dignes de toute l’étendue de notre reconnaissance, con¬ tinuez avec persévérance cette tâche pénible mais glorieuse qui Vous a été imposée; la patrie que vous aurez sauvée par votre généreux dé¬ vouement saura bien vous dédommager un jour amplement de vos travaux, en partâgéânt avec elle la gloire de son triomphe. « Feren, président; LandEllE, secrétaire. » Le citoÿeii Bellecourt, officier du 20e régiment des chasseurs à cheval, à l’avant-garde de l’ar¬ mée des Ardennes, fait part à la Convention na¬ tionale qu’ayant eu ordre de se porter avec sa troupe sur Miche, village du pays ennemi, il a investi ce village et s’est empare de 60 bêtes à cornes et 100 moutons; que le maire du village, pour ravoir tous lès bestiaux, à offert plein un Chapeau d’écus aux chasseurs, qui les ont refu¬ sés, en disant qu’ils méprisaient autant son offre qu’ils étaient vrais républicains; Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit ta lettre du citoyen Dellecourt (2). Au citoyen Président de ta Convention nationale. « Citoyen Président, « Dellecourt, sans-culotte, officier du 20e régi¬ ment des chasseurs à cheval, de l’avant-garde de l’armée des Àrdemiés, résidant à Mârgen, district de Sèdâtt, prend la liberté dé vous ins¬ truire qu’à l’époque du 31 octobre dernier, deux heuresi du matin, fut commandé par ordre du colonel Sestrier, de se rendre à Thonnelle. Y étant, reçut de nouveaux ordres du citoyen Hardy, commandant la colonne de gauche, com¬ posée d’un bataillon du Pont -Neuf et 25 de (1) Procès-verbaux de la Convention� t. 26, p.?3S7. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 832* mes chasseurs. Je reçus l’ordre du citoyen Hardy de me porter sur Mèche, pays de nos infâmes tyrans pour investir les villages. Y étant par¬ venus, fai divisé ma troupe de manière à pré¬ voir tout ce qui pouvait arriver en pareil cas. J’ai aperçu è un des bouts dudit village Une centaine dé paysans des deux sexes, armés de bâtons, fourches et couteaux qui entouraient un parc de bœufs, vaches et moutons. À cet aspect, j’ai réüni ma troupe et ai chargé sur eux. Après quelque résistance, mes chasseurs s’étant bien montrés, ces paysans prirent la fuite, aban¬ donnèrent leurs bestiaux et se sauvèrent dans les bois, à l’exception de huit qui Sé rebellèrent au point de se servir de leurs couteaux. Après les avoir désarmés de leurs bâtons et fourches un d’entre eux en donna plusieurs coups au cheval d’un de mes chasseurs, lequel cheval est présentement blessé. Voyant ceci, je me suis emparé d’eux avec injonction d’être les conduc¬ teurs de CCS bestiaux jusqu’à Thonnelle où ils sont détenus en prison. « Par réflexion, auparavant de sortir de Mèche par ordre du commandant de monter ftVéé lüi au clocher pour y enlever les cloches, surpris de n’en trouver auèune, je fis la demande à un paysan ce qu’on en avait fait. Il me répondit qu’on les avait portées à Luxembourg pour faire des sols. « Je ne dois point vous laisser ignorer, citoyen Président, combien mes chasseurs ont tenu une sage conduite pendant le temps de cette opéra¬ tion; je ne puis assez Vous faire connaître leur désintéressement. Ayant été témoin que le mayeur dudit Mèche vint leur offrir plein un chapeau d’écus de 6 francs s’ils voulaient lui remettre la prise de ses bestiaux, ces braves chasseurs répondirent i Non, non. Nous mé¬ prisons autant votre offre que nous sommes vrais républicains. « Enumération de notre prise particulière, consistant en 60 Ibêtes à cornes tant bœufs que vaches et 100 moutons, non compris celle de l’avant-garde. Le total peut se monter à tant chevaux, bœufs, Vaches et moUtofis,à 8,000 où environ : cette prise fut faite au même moment et dans un seul clin d’œil. « Nota. Le citoyen Dellecourt observe que sa prise est évaluée à 25,000 livrés par le Commis¬ saire de l’âvànt-gârde. « Citoyen Président, je crois devoir vous ins¬ truire lors dé la dévastation de la fameuse abbaye Dorval, qüe le citoyen Beauregard S’éSt emparé d’une carte géographique que l’on dit être original (sic) de l’Europe entière; prévoyant qu’elle peut être utile à la nation, je Croirais manquer à mon devoir si je ne Vous en donnais pas connaissance, étant pour lors chargé de la part dudit citoyen Beauregard de faire évacuer les fourrages de cette dite abbaye, jé l’ai VU s’en emparer, o’est Ce que je puis certifier. « Je ne finirai pas cette longue épître pâf des compliments, ils ne sont plus d’usage, et ils ne conviendraient pas à Un sage républicain. Je vous dirai tout simplement que je suis, avec autant d’estige que de confiance, votre servi¬ teur, « Dellecourt. « A Margue, le 5e jour de la 2e décade de l’an II de la République française, une et indi¬ visible, *p’an Ier de la mort du tyran, »