SÉANCE DU 28 BRUMAIRE AN III (18 NOVEMBRE 1794) - N°1 347 la gloire : et si la constance la plus inébranlable, si l’énergie la plus prononcée ne se soutiennent jusques à la consommation de ton ouvrage, c’en est fait de toi et de la République. Des vampires insatiables demandent encore du sang et des victimes : ils le crient, tu dors, parce que tu leur a soustrait leur proye, du nord au midi de la France leurs cris épouven-tables se font entendre et répandent l’effroi ; ils se prêtent des forces réciproques pour obtenir par la violence ce sang qu’on n’offre plus volontairement a leur voracité. Eh! quoi donc, ô sénat françois, le fédéralisme des cités fut un crime, quoi qu’il ne parut formé que pour contrebalancer l’influence d’une cité plus puissante qui leur faisoit ombrage, et le fédéralisme de certaines sociétés dirigé évidemment contre l’autorité que la nation a constituée seroit innocent aux yeux de cette même autorité, de cette même nation, et de la loi! Sénat françois, notre société ne se souciera pas d’un pareil crime : elle ne reconnoitra d’autre point de réunion que toi meme ; elle ne se dirigera que par tes principes : et ses forces, ainsi que ses autres ressources, ne sont qu’a ta disposition. Elle applaudit avec enthousiasme au régné des loix et de la justice que tu as proclamé et substitué à cellui de la terreur qui n’est autre que cellui de la tirannie, qui ne fit jamais que des esclaves. Vivent donc les loix et la justice, vive la République, vive la Convention et périssent à jamais les factieux. Voté en séance publique le 22 vendémiaire l’an troisième de la République une et indivisible. Archambeaud, président, Dessllez, Chambley, secrétaires. u [La société populaire régénérée de Montagne-sur-Sorgue à la Convention nationale, le 29 vendémiaire an III] (26) Liberté, Égalité, Fraternité. Représentans, Gloire et triomphe à la République française, amour et reconnaissance à la Représentation nationalle. Après une lutte longue et pénible entre le crime et la vertu, les principes étemels de la justice l’emportent, les dominateurs sont précipités du haut de leurs trônes sanglans et l’ombre épouventée de Robespierre, descend avec lui dans la nuit infernale. Représentans, cinq ou six scélérats signalés depuis long-tems, par leurs crimes, et frappés de l’anâthême public, avoient couvert ce grand district de doeuil et d’effroy, leurs menées sourdes et artificieuses, faisaient gémir dans les cachots, les (26) C 326, pl. 1421, p. 6. patriotes les plus énergiques et les plus purs; en vain l’immence majorité du peuple les ecra-soit du poids de son opinion, disciples fidelles, continuateurs forcenés du sistême atroce et sanglant des derniers triumvirs, ils menaçaient, ils se débattaient encore, lorsque votre digne collègue Goupilleau [de Montaigu] à parû au milieu de nous, c’est devant le tribunal souverain du peuple entier, qu’il à cité ses oppresseurs, ces hommes qui voulant tout sacrifier à leur embition et à leur vengeance, trafiquaient honteusement du patriotisme et sous le masque imposant qui couvrait les passions les plus viles, anéantissaient la liberté, et la République. La justice nationalle à parlé par l’organe du réprésentant Goupilleau, un volume immense de preuves matérielles, à servi de bâse et de motifs, aux arrêtés qu’il à pris, contre quatre fonctionnaires prévaricateurs et coupables; cinquante mille individus sanctionnent ses opérations et bénissent avec enthousiasme la représentation nationalle, unique centre des pouvoirs souverains et légitimés et nous aussy nous lui faisons hommage de nos sentiments et de notre entière existance. Représentans, défen-dés votre ouvrage, que le gouvernement actuel, fondé sur toutes les vertus, et sur les principes de justice et de moralité, qui honorent l’homme, en lui rappellant sa dignité, ne soit plus entravé, dans sa marche rapide par des conjurations, ourdies par le crime, l’écume de l’espece humaine. Démasqués, poursuivés, ces scélérats insensés qui frémissent au seul nom des vertus qui font leur honte, parce qu’ils ne les connürent jamais ; faites régner la justice sévère, mais égale pour tous; comprimés les malveillans de toutes les couleurs et que les fers et la mort soient seuls réservés pour les incorrigibles aristocrates. Périssent les tirans et leurs complices. Paix à tous les vrais amis du peuple. Calmés, vice-président, Caspan, secrétaire et une autre signature. v [La société populaire épurée d’Entrechaux à la Convention nationale, le 27 vendémiaire an III] (27) Liberté, Égalité, Probité. Législateurs, La vérité se fait entendre de tous les points de la france. La République et les républicains ne doivent leur salut qu’à l’énergie et au vertueux courrage que vous avez déployé au milieu de la tempête des journées mémorables des 9 et 10 thermidor. Revevez donc, Législateurs, l’expression générale de nos remerciemens, vous nous avez sau-(27) C 326, pl. 1421, p. 5. 348 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE vés du naufrage ; vous nous avez tirés des mains de la barbarie, vous nous avez enfin, fait jouir du bien inapréciable de la liberté et de l’égalité que nous étions sur le point de perdre; grâces soyent rendues a vos glorieux et pénibles travaux qui font le bonheur du peuple françois et qui fai-ront sans doute l’admiration de l’univers entier. Nous vous votons encore des remerciemens d’avoir envoyé dans ces contrées les vertueux représentans du peuple : Goupilleau [de Mon-taigu], Perrin, la marche de la sceleratesse de la faction monstrueuse de l’homme dont le nom seul fait horreur qui se joueoit impunément de la vie des hommes a été réduite au silence a l’arrivée de ces représentans vertueux. Enfin, Législateurs, achevez de purger le sol républicain de tous les fripons, nous vous aiderons de tous nos pouvoirs et jurons d’etre toujours unis et soumis a la représentation nationale. Frappez donc indistinctement tous les scélérats de quelque masque qu’ils se couvrent et quelque parti qu’ils embrassent, que le gouvernement ne soit plus que la terreur de méchans seuls ennemis qui restent à la République. Restez a votre poste, dirigez la foudre nationale sur les hommes impurs et vous aurez enfin sauvé la République et rendu les françois heureux révolutionnaire. Lecture faite de la présente adresse. La société populaire en a délibéré l’envoy a l’humanité, à la Convention nationale et aux représentans du peuple Goupilleau et Perrin envoyés dans le département du Vaucluse et ont signé ceux qui ont su. Ravoux, président, Charasse, secrétaire et 16 autres signatures. w [La société populaire de Belle-Ile-en-Mer à la Convention nationale, le 3 brumaire an III\ (28) Liberté, Égalité, Fraternité. La société populaire de Belle-Isle-en-Mer pressée du besoin de se ralier à la représentation nationale qui par son adresse aux français appelé autour d’elle la confiance de ce peuple généreux a arrêté dans sa séance du trois brumaire an 3e de la République qu’elle la félici-teroit sur la nuit du 9 thermidor qui a vu périr le tyran, et sur ses efforts heureux depuis cette époque pour écraser la tyrannie et mettre à l’ordre du jour la justice étemelle. Mais pour remplir le voeu des tribunes qui ont manifestés, d’une manière bien prononcée leur adhésion a cette mesure de la société, elle a invité tous les citoyens non sociétaires a signer indirectement l’adresse suivante qui a été votée a l’unanimité. (28) C 326, pl. 1421, p. 11. Législateurs, Le soleil de la justice s’est enfin levé pour le peuple français : ses premiers rayons ont dissipés les nuages qui obscurcissoient son hori-son politique, et l’on voit aujourd’hui son disque radieux s’élever majestueusement sur le sol de la liberté aux acclamations des vingt-cinq millions d’hommes qui célèbrent en concert le retour de cet astre bienfaisant, et la gloire des hommes immortels qui ont terrassés les tyrans qui trop longtems l’avoient éclipsés. Qu’il est beau, Citoyens Législateurs, ce mouvement d’un grand peuple arraché comme par enchantement à l’oppression et se pressant autour de ses libérateurs. Mais, citoyens, il ne suffit pas que la justice, soit remontée sur son trône eternel, il faut encore qu’elle y soit maintenue ; c’est la volonté prononcée du peuple français, vous seuls en êtes les organes, a vous seuls il a confié le dépôt de sa toute puissance, et vous seuls serés comptables envers lui de l’emploi qui en aura été fait. Il existe, nous le savons, des hommes couverts de forfaits qui craignant la lumière qui brille aujourd’hui, voudroient pouvoir en éteindre le flambeau : ces hommes sont sans doute les auteurs ou les complices de ces scènes d’horreurs qui feront frémir dans la postérité le voyageur instruit qui parcoura les rives infortunées de la Loire : vengeance, Législateurs, vengeance! les cris de nos frères innocents, luttans contre les flots ont rétentis jusque sur nos bords, et leurs mânes plaintives réclament une justice inflexible. Que le sol libre de la fiance ne soit plus habités que par ceux dont l’ame est sensible au principe du philosophe immortel qui nous a tracé nos devoirs sociaux. Sois humain, doux, indulgent, dit-il, ces vertus te sont nescessaires pour vivre avec des êtres aussi foibles que toi. Périssent donc les canibales qui ont voulu déshonorer le nom français, périssent avec eux ceux qui voudroient établir parmi nous, deux authorités directrices du gouvernement. Périssent aussi ceux qui osent vous supposer des intentions perfides lorsque vous rendez des decrets salutaires. Périssent enfin tous vos ennemis, ils sont à coup sur les ennemis du peuple français. Pour vous législateurs, soutenez l’attitude respectable contre laquelle ont été impuissantes les fureurs de la cupidité et de la vengeance; conservez les avantages que vous avez remportés, principalement depuis le 9 thermidor, maintenez les principes que vous avez développés dans votre sublime adresse au peuple; et comptez sur le dévouement des vrais français ; ils vous entourent de leur confiance comme ils jurent de vous entourer de leurs corps au premier mouvement usurpateur de l’authorité légitimé. Tels sont, représentans, les voeux et la profession de foi des habitans et de la garnison de Belle-Isle-en-Mer : quoique séparés du continent, leur amour pour la patrie les raliera toujours autour de leur centre commun. Qu’il est touchant le concert universel d’actions de grâces qui de tous les points de la