80 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j rL li'!mair,e anJJ J 17 décembre 179; second mois de la 2e année de la République, une et indivsible. « J’observerai qu’un citoyen gendarme dont j'ignore le nom a partagé avec moi l’honneur de cette découverte, » Les autorités constituées de Lesmont écrivent que, sur une population de 500 individus dont cette commune est composée, elle a fourni 51 dé¬ fenseurs à la patrie; et, quoique frappée de sté¬ rilité depuis cinq ans, elle a déposé 3,000 livres sur l’autel de la patrie. Elle invite la Convention à rester à son poste. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des autorités constituées de Les¬ mont (2). La commune de Lesmont, aux citoyens représen¬ tants du peuple français. « La commune de Lesmont, chef-lieu de can¬ ton de l’Aube, qui n’a de population effective que 500 individus, a fourni 51 hommes pour la défense do la République, ce qui revient au 10e do sa population individuelle. « Si toutes les communes étaient animées du même esprit et fournissaient des défenseurs à la patrie dans la même proportion, sur 25 mil¬ lions d’êtres, nous aurions 2,500,000 combat¬ tants. « Chaque commune peut cependant faire le même effort ; il s’ensuit que nous avons beaucoup de ressources et que la cause de la liberté doit triompher. « Les citoyens de Lesmont ont tâché de ré¬ pondre par des sacrifices pécuniaires au géné¬ reux dévouement de la jeunesse; la stérilité absolue de leurs vignes pendant cinq ans ne les a pas empêchés de faire un sacrifice de 3,000 li¬ vres; ce sont des Spartiates austères et laborieux qui réparent ces offrandes par des privations. « Continuez, braves représentants, l’exercice de vos pénibles et importantes fonctions jusqu’à l’affermissement de la République, c’est le vœu de toutes les communes du canton, qui ont imité le chef -lieu. « Agréez l’expression de notre sincère recon¬ naissance. « Les officiers municipaux, juge de paix et as¬ sesseurs de Lesmont, « Massez, maire; Pertuizot, juge de paix; C. Michaut; Bourcier; Prévôt; P. Mi-ch aut; Thomas; Cousin, procureur de la commune. « A Lesmont, le 5e jour du second mois de l’an II de la République une et indivisible. » Les administrateurs du département de Seine-et-Marne envoient les glands d’or de leur ban¬ nière qu’ils ont brûlée. Ils demandent en échange du fer pour armer les défenseurs de la patrie; 10,000 sont prêts à marcher pour la cause de la liberté, mais 8,000 sont sans armes. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 812. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. Suit la lettre des administrateurs du départe¬ ment de Seine-et-Marne (1). Les administrateurs du département de Seine-et-Marne, à la Convention nationale. « Melun, le 24 brumaire de l’an II de la République, une et indivisible. « Nous avons brûlé la bannière de notre dé¬ partement qui aurait pu servir aux ennemis de la République, une et indivsible, de signe impie de fédéralisme; il nous en reste les glands d’or qui y étaient attachés, ornements dont le pouvoir monarchique couvrait toujours tout ce qu’il exposait aux regards du peuple. Nous vous les envoyons pour en tirer un parti plus utile au profit du peuple à cause de leur valeur. Ce n’est point assez que de tous les points de la République l’or et l’argent arrivent au Trésor national, il faut encore armer du fer vengeur nos jeunes citoyens de la première réquisition, 10,000 sont levés dans notre département pour défendre la cause de la liberté, mais 8,000 sont sans armes et brûlent du désir de se mesurer avec nos ennemis. Vous ne pouvez plus longtemps retarder leur impatience. Paris, dans ce mo¬ ment, offre le spectacle le plus révolutionnaire par rétablissement de nombre de forges pour la fabrication des armes; elles doivent produire mille fusils par jour. Nous devons donc vous faire connaître la quantité de ceux nécessaires à armer nos volontaires et en solliciter auprès de vous le plus prompt envoi. « Ne perdez pas un instant pour porter le dernier coup ; le fanatisme est détruit dans notre département, il ne divise plus l’intérieur par ses moyens perfides, nombre de prêtres vien¬ nent journellement abjurer leur erreur et livrer aux flammes le titre honteux de leur charlata¬ nisme. « Les membres de V Administration du dépar¬ tement de Seine-et-Marne. » (Suivent 9 signatures.) La Société populaire de Saint-Girons écrit qu’à la nouvelle de la destruction de la Vendée, elle a célébré une fête en l’honneur de la liberté. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la Société populaire de Saint-Girons (3). La Société populaire de Saint-Girons, à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Après avoir appris la grande nouvelle de la destruction de la Vendée, qui consolide à jamais les fondements de notre liberté, nous avons ressenti le tressaillement de la joie la plus vive; l’ardeur de nos braves citoyens a ac¬ quis un nouveau degré, nous sommes tous prêts à porter la mort chez les tyrans ennemis des peuples, et à ne rentrer dans nos foyers qu’après (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 823. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 27, p. 43. (3) Archives nationales, carton G 286, dossier 835. IConvention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ” leur avoir conquis une liberté dont ils doivent commencer à sentir le prix. « Sur la motion du citoyen Picot Belloc, com¬ missaire des guerres ayant la police de l’armée révolutionnaire de l’Ariège, il a été arrêté qu’il serait célébré une fête en l’honneur de la liberté pour honorer la mémoire d’une si belle journée; que tous les ans à cette époque elle serait re¬ nouvelée, comme un des grands triomphes qui doit faire époque dans les fastes de notre révo¬ lution. « Le lendemain, tous les corps constitués se rassemblèrent avec le commissaire des guerres, la force armée et la Société des sans -culottes. « On se rendit au Club, où l’ardent patriote Picot Belloc étant monté à la tribune, déve¬ loppa au peuple les grands principes qui doivent détruire à jamais les germes du fanatisme, et engendrer la haine la plus implacable pour tous les despotes ; il fit hommage à la Société d’un hymne montagnard qu’il a offert à tous les Ja¬ cobins, et que nous vous adressons ; il le chanta avec cette chaleur qui caractérise l’homme vrai et pénétré de son ouvrage ; les applaudissements réitérés de l’assemblée, la répétition des cou¬ plets prouvèrent l’impression qu’il fit sur le cœur des vrais patriotes. Ces chants d’allégresse furent accompagnés d’une salve de canons; on se rendit au pied de l’arbre de la liberté, où l’hymne fut répété par tous les citoyens, et la fête se termina par les cris répétés de Vive la République! Vive la Montagne! et au bruit du canon. L’accolade fraternelle et la Carmagnole firent le dénouement. « Pardon, si nous avons pris sur votre temps précieux pour vous peindre notre joie, les en¬ fants de la patrie aiment à s’occuper de leur mère. « Saint-Girons, le 6 novembre 1793, l’an II de la République, une et indivisible (vieux style). « P. Rouaux, président; Signorel, secré¬ taire. » HYMNE MONTAGNARD Aux Jacobins (1). Sur l’air : Allons, enfants de la pairie. Français, volons à la victoire Pour détruire tous les tyrans, Perdons à jamais leur mémoire Et sur eux soyons triomphants. (bis) Qu’aucun danger ne nous arrête, Avec notre mâle fierté Combattant pour l’égalité, Nous sommes sûrs de leur défaite. Volons tous au combat, vengeons l’humanité, Jurons (bis) de ne mourir que pour la liberté. Tous les tyrans se réunissent Pour nous donner de nouveaux fers. Ah I si jamais ils réussissent, Ils régneront sur des déserts. (bis) Non, non, jamais, jamais la France Ne sera l’asile des rois; Oui, plutôt mourir mille fois Que d’être sous leur dépendance. Volons tous au combat, etc. (1) Archives nationales, carton C 286, dossier 835. ire SÉRIE. T. LXXXI. 81 O toi, déesse que j’adore, Protège-nous dans les combats. Extermine ceux que j’abhorre, Porte la mort dans leurs climats, (bis) Que de ta foudre vengeresse, Tu détruises tous les palais, Ton feu punira les forfaits Des brigands et de la tigresse. Marchons, mes chers amis, volons aux étendards, Courons (bis) sur les tyrans, enfoncer nos poignards. Il ne nous reste de l’espèce, Qu’un petit loup qu’il faut veiller Comme ils sont tous remplis d’adresse, Il pourrait bien nous étrangler. (bis) Coupons ses griffes meurtrières, Méfions-nous de sa douceur, Craignons, redoutons sa fureur, C est un germe de nos misères. Veillons, républicains, il est fils des tyrans, Veillons (bis), soyons humains, mais soyons surveil¬ lants Si nous voulons la République, Il n’est pour nous qu’un vrai moyen, Chassons la troupe fanatique Ennemie du citoyen. (bis) Faisons rentrer dans la poussière Tous les ennemis de nos lois, Qu’ils soient exterminés cent fois Ou chassés de notre frontière. A bas les calotins, indignes charlatans ! Jurons (bis) de les punir des crimes des tyrans. Ouvrons les yeux à la lumière, Et n’adorons que l’ Eternel. Que le peuple ingrat, sanguinaire, Succombe écrasé sur l’autel. (bis ) Nous ne voulons point d’autre idole Que le Dieu de la liberté, Sans ce Dieu point d’égalité, Et tout autre culte est frivole. Périssent les faux dieux, ennemis de nos droits. Jurons (bis) de ne mourir qu'en défendant nos lois. Et toi Sanson (1), vaillant athlète, Protège tous les Philistins. Que ta hache coupe la tête Aux parricides Brissotins, ( bis > Que ton nom seul effraye la terre, Que tous les tyrans endurcis, Par toi soient vite raccourcis, Et tous privés de la lumière. Détruisons tous les rois, vengeons l'humanité, Offrons (bis) ce sacrifice à notre liberté. O toi, charmante guillotine, Tu raccourcis reines et rois; Par ton influence divine, Nous avons reconquis nos droits. j (bis ) Viens au secours de la patrie, Et que ton superbe instrument Devienne toujours permanent Pour détruire la secte impie. Aiguise ton rasoir, pour Pitt et ses agents, Remplis (bis) ton sac divin de têtes des tyrans. Picot-Belloc. (I) Exécuteur des hautes oeuvres à Paris.