[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [15 mars 1791.] 95 L’Assemblée peut, sans rien craindre, décréter la réduction de l’imposition foncière qui lui est proposée, cir je suis convaincu que cette contribution s’élèvera viaisemblablement beaucoup au delà du taux lixé par le comité des contributions pub iques, D’amre part, le produit de la vente des biens nationaux, dépassant de beaucoup les espérances que la nation en a conçues, amortira même cette année, ainsi que le dit le comité lui-même dans son rapport, une portion considérable de la dette publique, ce qui soulagera en proportion le Trésor national. En supposant d’ailleurs que nous n’ayons pas pris acturl ement mutes les précautions nécessaires, reposon--nous-en sur les législatures qui nous suivront, car elles auront des avantages pue vous n’avez pas. Les peuples, dans ces temps-là, auront éotxiuve les douceurs du nouveau régime ; les prochaines législatures pourront lever des emprunts (Murmures à gauche.)... Je vit ns de me servir n’uu mot impropre à mes y> ux même;. je suis ennemi des emprunts autant que cet'e Assemblée; je voulais dire que les prochaines législatures pourront faire des revirements départies, établir des annuités pour éteindre des charges viagères. Il faut aujourd’hui ménager le peuple fat igné, épuisé par les dépenses inséparables de la Révo-lut on et attendre le calme pour établir sur ses pro priétés des taxes aursi considérables. Ma nropo.-ition se réduit donc à ce que vous adoptiez la division faite par M. Ramel-Nogaret et la proposition deM. deDelley. (Applaudissements.) (La suite de la discussion est renvoyée à demain). Un de MM. les secrétaires fait lecture d’une lettre de M. le maire de Paris; elle porte que la municipalité de cette ville a fait hier l’adjudication définitive de deux maisons, dont l’une située rue des Poulies, louée 1,306 livres, estimée 17,056 livres, a ljugée 70,000 livres; la seconde, rue Suint-fîonoré, louée 5,200 livres, estimée 87,827 livres, adjugée 140,000 livres. M. Laurent, évêque du département de l'Ailier , demande un congé de six semaines pour se rendre dans son diocèse. (Ce congé e;t accordé.) Un membre du comité d' agriculture demande, au nom de ce comité, que l'À-semblée veuille bien s’occuper promptement des mines et minières. (Marques d'assentiment.) M. le Président. La discussion de cet objet pourrait être mue à Pordre du jour de dimanche. (Marques d assentiment.) (La tixatmn à dimanche est adoptée.) M. le Président. Je préviens l’Assemblée qu’en conséquence ne son décret d’hier, lus particuliers de Nîint s et d’Uzès, mandés à la barre de l’Assemblée nationale, s’y présenteront ce soir. M. le Président annonce l’ordre du jour des séances de ce soi' et de demain. La séance est Lvée à trois heures un quart. ANNEXE A LA SÉANCE DE [/ASSEMBLÉE NATIONALE DU 15 MARS 1791, AU MATIN. Résultats extraits d’-un ouvrage intitulé : De LA RICHESSE TERRITORIALE DU ROYAUMEDE FRANCE, ouvrage dont la rédaction n'est point encore achevée , remis au comité de l'imposition par M. Lavoisier, de l’Academie des sciences, député suppléant à l’Assemblée nationale et commissaire de la trésorerie. (Imprimé par ordre de l’Assemblée nationale.) Avertissement. L’ouvrage dont j’ai communiqué les principaux résultats au comité de l’imposition, et dont l’As-sembiée nationale a décrété l’impression, a été commencé dès 1784. M. Dupont, aujourd’hui membre de l’Assemblée nationale, en avait jeté les premières bases dans un mémoire rédigé pour le comité d’administration de l’agriculture qui se tenait alots sous la présidence de M. de Ver-gennes. J’ai cherché depuis à donner plus d’étendue à ce travail, à rassembler plus de faits po-itifs, à multiplier les moyens de vérification, à me former des méthodes pour calcul r les consommations et les productions, comme on s’en est fuit pour calculer la population. 20 fois j’ai repris et interrompu ce travail, et quoique je sentisse l’importance de son objet, quoique je désirasse d’en publier les résultats assez tôt pour que le comité de l’imposition pût s’en aider dans la fixation des bases de l’impôt; continuellement détourné par des occupations d’un autre genre et dont plusieurs mê nés u’é-taieut pas étrangères à l’Assemblée nationale, il m’a été absolument impossible d’y mettre la dernière main. C’est le soi t de presque tous les ouvrages de longue baleine; rarement ils sont achevés. Il reste même aux personnes les plus habituées au. travail, si peu d’instants qui ne soient pas affectés à des devoirs d’une nécessité impérieuse, que le temps se consume à former des projets u’ouvrages sans qu’il soit permis de lesexéc Ter. Cependant, puisque le comité de l’imposition, puisque l'Assemblée nationale a jugé que ces essais, tout imparfaits, tout incohérents qu’lis sont encore, pouvaient être de quelque utilité, je dois le sacrifice de mon amour-propre et je ne sais plus qu’obéir. Qu’il me soit permis d’observer ici que le genre de combinaisons et de calculs dont j’ai cherché à donner ici quelques exemples, est la base de toute l’économie politique. Cotte science, t omme presque toutes les autres, a commencé par des discussions et des raisonnements métaphysiques ; la théorie en est avancée; mais la science pratique tst dans l’enfance et l’homme d’Etat manque à tout instant de laits sur lesquels il puisse reposer des spéculations. Puissent les représentantsde la nation française, puissent ces hommes de génie, dont les travaux feront l’étonnement des races futures, comme ils font dès aujourd’hui l’admiration de tout s les nations, sentir combien leur marche aurait été assuiée, combien ils auraient évité de difficultés, peut-être d’erieurs, si les philosophes qui les ont piécedés, avaient préparé d’avance les matériaux de l’édifice qu’ils se proposaient d’élever, si leurs