[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. I SnSeSbre 1TO3 1 607 graphique, nous avons cru devoir vous rendre les juges souverains pour décider si ce discours et ces médailles méritent de figurer au Muséum ou si le tout doit être livré aux flammes. Les voilà ; prononcez. Longtemps nous avons vu, dans un silence forcé, que les ministres des autels dans le culte catholique (quoique le moins répandu) vou¬ laient nous persuader que Dieu et les saints aimaient l’or et l’argent et toutes les matières précieuses. Nous avons découvert avec l’œil de la raison que le royaume des cieux n’était ainsi dénommé, que pour tâcher, par l’exemple du bel ordre céleste, de démontrer la nécessité d’un royaume terrestre, et que les rois de la terre avec les prêtres ne faisaient qu’un et que ce seul royaume avait besoin et absorbait tout l’or et l’argent pour mieux soutenir son existence. Nous avons vu crouler le système, nous en avons ramassé les débris, nous vous les appor¬ tons pour qu’ils servent à empêcher éternelle¬ ment ce système de jamais se reproduire. Les voilà. Enfin, nous avons vu que la coalition sacer¬ dotale avait encore dans les mains un glaive à deux tranchants. Nous avons vu qu’avec une cloche elle bra¬ vait vos décrets en montrant aux autres cultes qu’elle avait sur eux le privilège exclusif d’ap¬ peler publiquement ses dupes à ses cérémonies et ensuite qu’en cas de besoin elle avait un canon d’alarme toujours à sa disposition exclu¬ sive. Nous avons pensé qu’il était de principe révo¬ lutionnaire d’empêcher les contre-révolution¬ naires de les attaquer directement ni indirecte¬ ment. En conséquence, nous avons arrêté que dans notre arrondissement, la cloche et le clocher se¬ ront un objet purement civil, que la cloche ne pourrait à l’avenir être sonnée que pour rap¬ peler les citoyens de tout culte aux assemblées civiles, ou pour annoncer les événements ex¬ traordinaires de la République, et toujours par les ordres des autorités constituées, sans qu’elle puisse être employée à l’annonce d’actes ayant trait à aucun culte. Mais en même temps nous avons arrêté que son exécution serait suspendue jusqu’à ce que vous en eussiez connaissance. Notre soüicitude nous impose le devoir de vous informer de tout ce qui intercepte la circu¬ lation des subsistances. Les marchands de Corbeil, et particulière¬ ment les épiciers, se sont présentés à nous et nous ont exposé qu’ils ont écrit à tous leurs cor¬ respondants et négociants en gros pour en tirer, comme précédemment, les articles de leur com¬ merce, mais que ceux-ci ont tous fait réponse qu’ils ne pouvaient plus fournir, attendu qu’ils étaient en réquisition et même en prohibition pour ces objets, dont la plupart, tels que l’huile à brûler, l’eau-de-vie, le] vinaigre, le savon, le sucre et autres semblables manquent absolu¬ ment, et nous vous observons que s’il en est ainsi dans toute l’étendue de la République, votre sagesse et votre prévoyance vous feront prendre des mesures générales dont nous profi¬ terons. t Enfin, la Société, considérant que tous les actes de sûreté intérieure et extérieure que vous avez multipliés avec tant de succès, n’avaient pas encore mis la dernière main à rétablisse¬ ment du bonheur public, nous a chargés de vous marquer toute sa reconnaissance pour vos tra¬ vaux et de vous inviter à ne pas épargner le sang des traîtres, fussent-ils parmi vous, et à conti¬ nuer les fonctions qui vous sont déléguées jus¬ qu’à ce que la paix et l’ordre régnent dans toutes les parties de l’administration républicaine. Tournant, député de la Société populaire de Corbeil, orateur; Barat; Grignet. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (1). Une députation de la Société populaire de Corbeil fait part de la régénération qui s’est opérée dans leur canton. Les saints de pierre et d’argent ont été dénichés et convertis en objets utiles; les cloches ne seront d’usage que pour avertir les citoyens de leurs devoirs civils. Elle présente plusieurs observations sur la taxe des denrées. IV. Adresse du conseil général provisoire DE LA COMMUNE DE BORDEAUX (2). Suit le texte de cette adresse d’après un docu¬ ment des Archives nationales (3) : Le conseil général de la commune de Bordeaux, à la Convention nationale. « Législateurs, « Enfin les généreux efforts des représentants Ysabeau, Tallien, Baudot et Chaudron-Rous-sau, puissamment secondés par le républica¬ nisme des sans -culottes de toutes les sections, ont triomphé des obstacles que le fédéralisme, lâchement coalisé avec toutes les aristocraties, opposait au bonheur du peuple. Les lois bien¬ faisantes que la sainte Montagne a données à la nation française sont exécutées avec vigueur; les braves sans-culottes goûtent les heureux fruits de la Révolution du 31 mai et trouvent, dans l’exécution des lois, la pleine jouissance de leurs droits sacrés. « L’infâme conspiration des Girondins a été dévoilée et leurs projets liberticides ont été déjoués par la prévoyance et le zèle actif des commissaires représentants; la Révolution s’est faite à Bordeaux sans commotion violente, les mesures vigoureuses qu’ils avaient sagement (1) Annales patriotiques et littéraires [n° 312 du 19 brumaire an II (samedi 9 novembre 1793), p. 1149, col. 2]. (2) L’adresse du conseil général provisoire de la commune de Bordeaux n’est pas mentionnée au pro¬ cès-verbal de la séance du 18 brumaire an II; mais il y est fait allusion dans les comptes rendus de cette séance publiés par le Journal des Débats et des Décrets et par Y Auditeur national. En outre, le texte original de cette adresse, qui se trouve aux Archives nationales , porte en marge l’indication suivante ! « Mention honorable et insertion au Bulletin : le 18 brumaire. Signé : Philippeaux, » Elle est, en effet, mentionnée au Bulletin dù 19 brumaire. (3) Archives nationales, carton C 279, dossier 752. „