214 [Convention nationale. | ARCHIVES PARLEMENTAIRES, ( les adulateurs des rois qui souillaient le temple de la liberté; vous venez d’arracher le masque hypocrite aux traîtres qui étaient encore oachés dans votre sein ; les bras de tous vos concitoyens levés sur les rebelles et les esclaves vous assurent des victoires et vous promettent de nouvelles conquêtes à la liberté. « Mais le peuple français qui partage votre gloire ainsi que vos dangers, se croirait déçu de son espérance, et craindrait de perdre en un moment le fruit de quatre ans de travaux et le prix de tout le sang qu’il a répandu pour la patrie si vous abandonniez en d’autres mains les rênes de la République avant d’avoir raf¬ fermi pour toujours le sol de la liberté. « Ce grand ouvrage ne peut atteindre sa per¬ fection que pax vous qui l’avez commencé; il serait trop dangereux de détourner, au milieu des tempêtes d’une nouvelle représentation nationale, le vaisseau de l’État prêt à entrer dans le port. « Restez donc, citoyens représentants, au poste pénible mais glorieux que la nation vous a confié, jusqu’à ce que ses ennemis, vaincus et dispersés, la laissent jouir en paix des bienfaits de sa Constitution. « La Société des Amis de la liberté et de l’égalité, séant à Gamaohes, après avoir approuvé dans le temps, par un serment solennel, les journées des 31 mai, 1er et 2 juin, se réjouit aujourd’hui avec vous de la découverte des nouveaux conspirateurs dont vous venez encore de purger la représentation du peuple souverain ; elle a arrêté de vous en témoigner sa joie et sa reconnaissance, et de vous inviter à continuer vos travaux, jusqu’à ce qu’une paix soüde et durable rende la Constitution française aussi inébranlable que la Montagne dont elle est émanée. « Salut et fraternité. « Les membres de la Société des Amis de la liberté et deV égalité séant à Oamaches, le 8e jour de la 3e décade du 1er mois de Van II de la Répu¬ blique française ,une et indivisible. « Nourgeen, président ; Sarrazin, secrétaire. » N° 97. La Société populaire d' Abbeville, département de la Somme, à la Convention nationale (1). « Législateurs, « Si la tête de Louis Capet est bombée, si tous les complots liberticides ont été déjoués, si les contre-révolutionnaires tremblent, la France entière en est redevable à l’énergie et à la fer¬ meté que vous avez déployées. Le gouvernement libre et républicain que vous nous avez donné, demande a être consolidé; il ne peut l’être qu’ autant que les représentants du peuple sou¬ verain resteront à leur poste. Vous avez fait le serment d’y mourir, ce serment ne peut être il usoire pour des républicains. a Mark -Antoinette, en montant sur l’échafaud a sûrement conservé l’espoir d’un nouvel effort de la part des tyrans coalisés. Elle' s’est flattée, en subissant Un supplice trop doux pour ses forfaits, que les satellites des despotes secon¬ deraient ses vues et rétabliraient, sur les ruines de la République française une, indivisible et impérissable, ce faible rejeton de sa race à ja¬ mais proscrite. « C’est ici l’instant de faire face à l’orage, de réaüser ce que vous avez promis aux envoyés du peuple au moment où ils vous ont remis l’arche constitutionnelle. Heureux et fiers de l’approbation de la France, vous leur avez dit que vous vouliez être éternellement unis et identifiés avec elle comme le faisceau qu’ils ont déposé au milieu de vous; que toutes vos pen¬ sées, tous les instants de votre vie, que votre sang, jusqu’à la dernière goutte, appartenaient à la République. Ne trompez donc point l’at¬ tente de vos mandataires, et comptez que les braves sans -culottes d’Abbeville sont prêts à périr pour le maintien de votre ouvrage. « Les membres composant la Société populaire et républicaine d’ Abbeville, «J. -B. Sans on, président; Morgand, secré¬ taire. » N° 98. Mont-Bard [ Montbard ] (1). « Citoyens législateurs, « En acceptant le poste glorieux, mais pénible, de la représentation nationale, vous vous êtes chargés de tous les pouvoirs de la souveraineté que le peuple vous a déléguée. Assis dans le sanc¬ tuaire des lois, vous nous avez donné une Cons¬ titution républicaine; maintenez-la et affermis-sez-la jusqu’à ce qu’elle soit assise sur des bases inébranlables. Nous sommes entourés d’ennemis qui se disputent la rage et la cruauté de nous ravir cette chère félicité. Ne quittez point, législateurs, votre poste, que vous ne nous ayez délivré de cette horde impitoyable de scé¬ lérats qui ont juré notre perte et de nous écraser sous l’édifice de notre liberté, et jusqu’à ce que ces monstres couronnés ne soient forcés de re¬ connaître notre souveraineté. « Ce ne sont pas seulement les rois et princes étrangers, mais ce sont encore les enfants déna¬ turés de cette chère patrie qui veulent la déchirer ; vous venez de rendre une justice éclatante au peuple français, en mettant en impossibilité de faire le mal ces mandataires qui, depuis long¬ temps, n’avaient point sa confiance. Il vous reste encore à décréter, législateurs : « 1° Que les officiers de l’armée ne pourront s’opposer à ce que nos défenseurs nous infor¬ ment des bons et des mauvais succès de nos armées : une nation libre ne doit ignorer ni les uns ni les autres, et ce n’est que par cette con¬ naissance qu’elle peut connaître les officiers fidè¬ les ou les traîtres; « 2° Le mode de responsabilité de tous les agents de la République; « 3° De laisser le droit à toutes les commîmes (1) Archives nationales , carton G 281, dossier 776. (1) Archives nationales, carton G 281, dossier 776. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 215 de se choisir et de prendre les instituteurs qui leur conviendront, ou qu’elles pourront entre¬ tenir, et qui se guideront d’après les livres et le mode d’enseignement qui sera choisi par vous, législateurs ; « 4° D’organiser le pouvoir exécutif et le mode de punition pour les délits dont chaque membre se rendra coupable ; « 5° L’établissement des ateliers de charité pour donner de l’ouvrage aux pauvres valides et soulager les infirmes hors d’état de travailler; ce faisant, vous mériterez les bénédictions de tous les Français. C’est le vœu de la Société républicaine de Montbard. « Montbard, ce 29 du 1er mois de la seconde année de la République française, une et indi¬ visible, et 9e de la 3e décade. « Rigoley père, président; E. Bavonotte, commissaire; Randa, secrétaire. « P. -S.' — Nous venons de voirpar les papiers-nouvelles que vous avez, législateurs, rempli les vœux du vrai citoyen et du pauvre, en com¬ mençant de décréter l’organisation des ateliers de charité : nous en attendons l’établissement avec la plus vive impatience. » N° 99. Les autorités constituées et la Société populaire de la ville du Dorât réunies, à la Convention nationale (1). « Délégués du peuple, a La République, une et indivisible, la perte des tyrans, l’anéantissement des despotes, le triomphe de la vérité ou la mort, voilà nos ser¬ ments. Nous les avons faits depuis longtemps, nous les répétons aujourd’hui. « Représentants, nous avons marché à grands pas des premiers dans la carrière de la Révolu¬ tion, nous avons solennellement accepté, à l’unanimité, la Constitution le même jour de sa réception, nous avons juré de verser tout notre sang pour elle. C’est au nom de cette belle Cons¬ titution, c’est au nom du salut du peuple que nous vous invitons aujourd’hui à rester à votre poste. Auriez-vous construit un si majestueux édifice pour l’exposer à s’écrouler un instant après? « Nous vous le disons en républicains, ou l’anéantissement total des despotes de l’Eu¬ rope, ou la ruine entière de la République fran¬ çaise. La victoire ou la mort. Plus de milieu, ô Montagne, oppose ta masse redoutable au dé¬ bordement des innombrables cohortes du des¬ potisme européen ! Electrise-toi ! Fais éclater la foudre de ton énergie et des millions de rochers vont rouler sur les têtes des tyrans. Nos dangers sont grands, mais notre courage est invincible. Que l’air pur qu’on respire près de toi chasse de notre atmosphère les exhalaisons du marais; qu’un rocher détaché de ton sommet en écrase les animaux malfaisants, et la République est sauvée. (1) Archives nationales , carton G 281, dossier 776. « Eh ! si par un de ces coups funestes que la sagesse humaine ne peut prévoir, nos ennemis venaient à triompher, leur victoire ne satisfe¬ rait guère leur orgueil, nos cadavres en seraient le fruit, et les siècles futurs diraient en gémis¬ sant : « Les Français sont morts en défendant la liberté : ils étaient dignes d’être libres. » « O sainte Montagne, la Constitution, ton ou¬ vrage, immortel comme toi, assure notre bonheur. Reste à ton poste, nous jurons de mourir au nôtre, et les jours tranquilles et sereins que la li¬ berté triomphante va faire naître, ne sont pas loin, notre républicanisme en est un sûr garant. » (Suivent 47 signatures.) N° 100. La Société républicaine séant à Gallas, district de Draguignan, département du Var, à la Convention nationale -(1). « Citoyens législateurs, « C’est en terrassant le despotisme que vous avez créé la Constitution; c’est en bravant les pé¬ rils que vous avez su la maintenir. Vous avez proclamé la République, ce décret était gravé dans nos cœurs, écrit dans nos serments, avant que votre sagesse l’eût prononcé; sans ce décret salutaire, la France, déchirée au dedans, mena¬ cée au dehors, n’aurait plus présenté que les lambeaux d’une monarchie chancelante et inu¬ tile. Poursuivez, citoyens législateurs, d’aussi glorieux travaux, toujours inébranlables au milieu des orages et des périls, ne quittez pas le poste qui vous a été confié, que vous n’ayez as¬ suré sur des bases indestructibles l’ édifice du gouvernement républicain, et que vous n’ayez tout à fait écarté les dangers de la patrie. Alors, citoyens représentants, vous pourrez confier à d’autres le soin du bonheur du peuple. « Bounaud ; Vite, président; Lioux, secré-. taire; Brieu ; G-tjigues, membre du comité de correspondance de la Société républi¬ caine séant à Collas. « Callas, ce 11 octobre 1793, l’an II de la République française, une et indivisible. » N° 101. Les sans-culottes composant la Société populaire de Dun-sur-Auron, à la Convention natio¬ nale (2). « Législateurs, « Nous vous devons la vérité tout entière, et c’est une jouissance bien douce pour nous de n’en avoir que de flatteuses à vous dire. « Fermes à votre poste vous avez sauvé la patrie. En vain des scélérats ont tenté de replacer (Il Archives nationales, carton G 281, dossier 776, (2) Ibid.