230 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 13 brumaire an il 1 J I 3 novembre 1793 les témoignages de satisfaction, d’affection et d’estime dont il me comble, les cris de : Vive la République, vive la Montagne, qui se firent entendre de toutes parts, tout, jusqu’aux in¬ terruptions fréquentes que j’éprouvai, occa¬ sionnées par les mouvements du peuple qui se poussait en foule pour me voir et m’entendre, me faisaient bien voir clairement, que partout le peuple est bon, qu’il désire le bien, et qu’il ne faut pas le lui montrer pour qu’il l’accepte de bon cœur. A la vérité, les campagnes sont extrêmement fanatisées, voilà la source du mal, je vais les faire parcourir par des missionnaires de liberté; j’en ai choisi quelques-uns de la Société populaire de Toulouse, j’attends un bon effet de cette mesure. « Le général de brigade, Laferrière, qui com¬ mande dans la Lozère un corps de 1,000 hommes, a tenu, ce me semble, une conduite bien cou¬ pable. Informé des dangers qui menaçaient, ce département, au lieu de lui prêter des forces, en demandait lui-même, et a cherché à tirer toutes les munitions qui étaient dans ce pays. Je l’accuse d’avoir dégarni la forêt d’Aubrac, au moment où les rebelles cherchaient à s’en emparer, pour prêter la main à ceux de la Lo¬ zère; d’avoir donné l’ordre d’évacuer Séverac, château-fort dont la conservation était essen¬ tielle, et qui renfermait beaucoup de canons : mesure qui eût entraîné des maux incalcu¬ lables, si on n’eût refusé d’exécuter ses ordres. Pour l’achever, il a le déshonneur d’être un peu soi-disant gentilhomme. Vous sentez qu’avec de si beaux titres, j’ai dû le suspendre et l’en¬ voyer au tribunal révolutionnaire. « Vous voilà instruits de tout; le citoyen Mas-sabio (sic), commissaire du pouvoir exécutif, est chargé de donner au comité de Salut public, une infinité de renseignements et de remettre des pièces relatives à ce que nous avons cru à propos de faire : il mérite toute confiance. Comptez, citoyens collègues, que je ne néglige¬ rai rien pour me montrer digne de la mission que vous m’avez accordée, et pour coopérer au salut de notre République. «- Salut et fraternité. « Le représentant du peuple dans les départe¬ ments du Lot, Cantal et Aveyron, « Taillefer. » II. Adresse, au nom des ateliers extraordi¬ naires ÉTABLIS DANS PARIS POUR LA FABRI¬ CATION DES ARMES, A LA CONVENTION NATIO¬ NALE, DANS LA SÉANCE DU 13 BRUMAIRE, L’AN 2e de la République (1). (Imprimée par ordre de la Convention nationale) (2). A la Convention nationale. « On ne fabriquait que 50,000 fusils en France sous le règne des tyrans. (1) L’adresse des administrateurs de la fabrica¬ tion des fusils n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 13 brumaire an II; mais il en est rendu compte dans le Bulletin de la Convention de cette séance et dans la plupart des journaux de l’époque. D’après ces journaux, l’admission à la barre de la députation aurait eu lieu immédiate¬ ment après le rapport de Carnot sur la fabrication des armes. (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 763; « Toutes les puissances de l’Europe réunies ne fabriquaient que 200,000 fusils par an. « La Convention nationale, par son décret du 23 août dernier, a demandé à la ville de Paris 360,000 fusils par an. « Il faut ordinairement deux ans pour monter une manufacture d’armes; voilà dix -huit mois que la manufacture d’armes de Moulins est commencée, et elle n’a pas encore produit un fusil ; « Voilà dix mois que la manufacture d’armes d’Autun est décrétée; il n’y a pas encore un fusil de produit. « Voilà deux mois que la Convention natio¬ nale a décrété une fabrication extraordinaire à Paris et nous lui présentons des fusils fabriqués de toutes pièces dans cette grande commune. « Les suppôts des puissances étrangères, de Pitt et de Cobourg, se sont agités dans tous les sens pour entraver la fabrication; plusieurs même se sont couverts du masque du patrio¬ tisme exalté pour arriver plus sûrement à leur but. « Les trois administrations se sont réunies sous les ailes de votre comité de Salut public, et, aidées de sa puisssance, ont vaincu tous les obstacles. « 19 ouvriers forgent des canons au Luxem¬ bourg, et 104 sont forgés; 20, à la place de l’In-uivisibilité, et 134 sont forgés. « 30 platineurs montent leurs outils à l’ate¬ lier de la maison de Baschi {sic); 40, travaillent à l’atelier du marché au poisson de Bonne-Nouvelle; 36, à l’ atelier des écuries de Montmo¬ rency; 138, à l’atelier des Chartreux. «14 monteurs et ajusteurs travaillent à l’ate¬ lier des écuries du ci-devant Monsieur, rue Plu¬ met; 32, travaillent à l’atelier des Jacobins, rue Saint-Dominique, et 200 fusils y ont déjà été fabriqués; 62, à l’atelier de la maison d’Egmont, rue des Piques, et 175 fusils y ont déjà été fabri¬ qués. « 130 ouvriers travaillent à l’atelier de rhabil¬ lage de la Fraternité; 112, à l’atelier des capu¬ cins, rue Saint-Honoré. « Ce qui fait 633 ouvriers en pleine activité dans les ateliers de Paris. « Indépendamment de ce travail, 800 mar¬ chés sont passés par les ouvriers de Paris qui travaillent dans leurs ateliers, et déjà 2,000 ou¬ vriers y travaillent. « Les magasins sont approvisionnés de char¬ bon de terre, de fer, d’acier et d’outils, et cette fabrication subite de 1,000 fusils par jour qui aurait été un beau roman pour le reste de l’Eu¬ rope, se réalise à Paris. « Qu’ils tremblent donc les rois coalisés si les Parisiens seuls font entre eux plus que toutes les puissances des tyrans réunis, quel sera leur sort lorsque toutes les parties de la République auront aussi transformé leurs ateliers en fa¬ briques d’armes (1). Bulletin de la Convention du 3e jour de la 2e décade du 2e mois de Fan II (dimanche 3 novembre 1793); Bibliothèque nationale : 3 pages in-8° Lë83, n° 545; Bibliothèque de la Chambre des députés : Collection Portiez (de l'Oise), t. 42, n° 31. (1) Vifs applaudissements d’après le Journal de la Montagne [n° 155 du 14e jour du 2e mois de l’an II (lundi 4 novembre 1793), p. 1139, col. 2] et d’après le Mercure universel [14 brumaire an II (lundi 4 no¬ vembre 1793), p. 60, col. 2].