278 [Convention nationale.] ARUMYES PARLEMENTAIRES, j l8f novembre 1793 citoyen Daste. Comme aussi d® regarder à l’avenir ledit arbre comme faisant dépendance des possessions communales dudit beu. » Le corps municipal, après avoir entendu le procureur de la commune, délibérant sur ses réquisitions et louant le zèle républicain de ses eoncitoyeimes, arrête qu’elles peuvent se réunir, ainsi que les citoyens de la commune, pour célébrer cette fête d’unité et de fraternité; qu’il adopte le choix de l’arbre du citoyen Daste, et qu’il consent à ce que ledit arbre reste planté sur le beu; arrête encore que le consen¬ tement par écrit dudit citoyen Daste sera transcrit tout au long à la suite du présent délibéré et paraphé par les sachant écrire et le greffier, et le déposer dans les archives pour y avoir recours au besoin. Le procureur de la commune sera chargé de faire part aux ci¬ toyennes du lieu, du présent arrêté et de leur assurer que la municipalité se rendra à leur invitation fraternelle. Ainsi a été arrêté les jour, mois et an ci-dessus et ont signé, ceux qui [ont su, Pérès, officier mu¬ nicipal., Montaut, secrétaire greffier. Pour copie conforme à l'original : Montaut, secrétaire greffier. de soussigné, pénétré des sentiments républi-cains de mes concitoyennes de Mouchés, cède avec une joie inexprimable le peuplier qui m’est demandé par le procureur de la commune, pour être désigné l’arbre de la fraternité. Non seule¬ ment je consens que ledit arbre reste planté sur ses racines, mais encore je déclare que je fais abandon du sol sur lequel il végète, en faveur des citoyennes de Mouchés; j’affirme que je ne regarderai plus à l’avenir l’arbre ni le terrain sur lequel il est planté comme faisant partie de mes possessions, je ne réserve, tant pour moi que pour ma famille, qu’une part qui nous est acquise par le droit de l’égalité et de la liberté, avec le désir de vivre fraternellement avec nos concitoyens. Protestant d’ores et déjà, de mou¬ rir poux le soutien de l’unité et de l'indivisibi¬ lité de la République, j’offre de rendre public le présent devant qui de droit lorsque j’en serai requis. A Mouchés, ce vingt-trois juin mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an second de la Répu¬ blique française. Signé {ne varietur) : Daste; Pérès, officier municipal ; Montaut, secrétaire greffier. Collationné conforme à l'original en exécution de l'arrêté de ce jour. A Mouchés, ce vingt-quatre juin mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an II de la République française. Je soussigné certifie la présente déclaration conforme à l’original qui reste devers le greffe. A Mouchés, ce vingt-trois octobre mil sept cent quatre-vingt-treize l’an II de la République française une et indivisible. Montaut, secrétaire greffier. Le citoyen Bourgeaud, commissaire de l’as¬ semblée primaire de Nyons, fait part à la Con¬ vention nationale fus, dans son district, la levée des jeunes citoyens, au nombre de 915, s’est faite avec autant de célérité que d’allégresse. Ils brûlent de combattre les vils esclaves de Pitt, et de venger l’outrage fait au nom français dans le sang des lâches et traîtres Toulonnais. * Mention honorable, insertion an « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Bourgeaud, commis¬ saire de l'assemblée primaire de Nyons (2). Nyons, le 2e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II de la République française, démocratique, sans germe de fédéra¬ lisme. « Représentants, «J’annonce à la Convention que les jeunes gens de ce district sont au nombre de 915 hommes, divisés en 9 compagnies. Cette levée s’est faite avec autant de célérité que d’allégresse; leur organisation a suivi de près et ce jour a été un jour de fête, mais si exalté et si piquant que les insouciants et les modérés ont été en quelque sorte électrisés paT le vif enthousiasme de nos jeunes guerriers pour la patrie. Quelles effusions de cœur ! Douces chansons patriotiques et banquets fraternels ont terminé cette journée incomparable. « La mort, disent ees braves républicains, nous serait moins coûteuse que le délai qui nous gêne pour aller combattre les ennemis de notre liberté. « Jurons plutôt, disent-ils, de nous ensevelir sous les antres les plus obscurs que d’abandon¬ ner lâchement la cause sainte de l’égalité. » Ils brûlent de combattre les vils esclaves de Pitt, etc., etc. et de venger la honte faite au nom français dans le sang purulent des lâches et traîtres Toulonnais. « Nous vaincrons, disent -ils, encore eu nous serons effacés de la terre des vivants. » « J’ai stimulé, l’esprit publie dans ce canton et je continue à le ranimer et à le vivifier. Heureux si, en remplissant mon devoir et vos intentions, j’ai accompli la tâche que vous m’aviez imposée. « Salut et fraternité. « Bourgeaud, commissaire de l'assemblée primaire de Nyons. Vive la République ! » Le directoire du département de la Seine-Infé¬ rieure fait part à la Convention nationale que le département de l’Orne ayant demandé à la com¬ mune de Rouen des secours contre l’irruption des rebelles, cette commune a, sur-le-champ, levé deux bataillons d’infanterie, une compagnie de [1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 191. (2) Archives nationales, carton G 285, dossier 829. [Conveatina nationale.J AKGiüVES t A*U0ffiNTAIRlSS. I 4fStmWl793 279 canonniers et on corps de cavalerie, qui sont parlas avec 8 pièces de canon. Ils annoncent aussi que les jeunes citoyens 4e la première réquisition attendent le signal du départ avec impatience. Mention honorable. Suit la lettre du directoire du d&partement de la Seine-Inférieure (1). Le directoire du département de la Seine-Infé¬ rieure, à la Convention nationale (2). « Rouen, le 22 brumaire, l’an II de la République française une et indivisible. « Législateurs, « La commune de Rouen, dont on vous a dit tant de mal, vous paraîtra peut-être enfin digne de la République. Le département de l’Orne lui ayant demandé des secours contre l’irrup¬ tion des rebelles de la Vendée, à la voix des représentants du peuple, deux bataillons d’in¬ fanterie, une compagnie de canonniers et un corps de cavalerie, choisis parmi les hommes les plus exercés au maniement des armes, et subitement organisés, sont partis avec six pièces de canon. « Ils volent fortifier la digue qui se forme contre le torrent dévastateur des fanatiques et des brigands. Comptez sur leur stricte obser¬ vance de la discipline, et sur leur tranquille intrépidité. Si les Rouennais ont paru moins effervescents, ils n’ont pas tiré l’épée contre leurs frères; s’ils ont été moins bruyants en patriotisme, ils n’ont pas commis de ces fautes éclatantes qui ont coûté tant de sang et de plfeurs à la patrie; s’ils n’ont pas fait retentir le sanc¬ tuaire des lois de leurs cris belliqueux, on re¬ connaît néanmoins parmi eux des descendants de ces hommes qui ont conquis l’Angleterre. « Rappelez-vous aussi, législateurs, qu’au mois de janvier dernier, un mouvement contre-révolutionnaire ayant été aussitôt apaisé que senti, vous avez décrété que Rouen avait bien mérité de la patrie. « Rappelez-vous que notre département a fourni 12 bataillons complets, qu’il a conti¬ nuellement recrutés; une compagnie de canon¬ niers sur nos côtes, 300 cavaliers dans les armées de terre, plusieurs milliers de marins de tout grade dans les armées navales. « Sur tous les points du département de la Seine-Inférieure, l’esprit public se monte à une hauteur majestueuse. Dans tous les cantons, s’établissent des sociétés populaires où l’on s’instruit avec ardeur des devoirs du républi¬ cain et des droits de l’homme. Les jeunes gens de la première réquisition attendent, le si¬ gnal du départ avec une silencieuse et me¬ naçante impatience. Cependant, depuis 15 mois, 630,000 âmes luttent misérablement contre la famine, et nulle part la libre circulation des subsistances n’a été si efficacement protégée. « Cependant, à Rouen, un emprunt de (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 192. (2) Archives nationales, carton G 284, dossier 820, 10 millions sur iss riches vient d’être tran¬ quillement arrêté par le conseil général 4e la commune pour acheter des grains, sans trop savoir dans quels lieux de la terre. « Cependant, depuis 20 Jours, les pauvre» sont rationnés à 16, 12 et 8 onces de pain par individu, tandis que les riches Jont venir de loin et à grands frais des légumes pour leux nourriture. A ce tableau fidèle du courage stoïque des citoyens -de la Seine-Inférieure, de leur patience constante à supporter les maux inévitables d’une longue révolution, de leur obéissance religieuse aux lois et à la voix des représen¬ tants du peuple, législateurs, reconnaissez des républicains qui méritent une meilleure répu¬ tation et la bienveillance de la Convention nationale. » (Suivent 9 signatures.) Le citoyen Saugnier (Sangnier) fait part à la Convention nationale qu’il vient 4e déposer à la trésorerie 260 livres en numérake, trouvées sur un espion prussien, pris par une patrouille de chasseurs bons tireurs, au nomhre desquels est un jeune homme qui n’a pas encore quinze ans, que Cusiine avait fait tirer an sort pour être fusillé, et qui, par ses ordres, a subi six semaines de cachot. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Sangnier (2). « Citoyen représentant, ' « Je viens de déposer à la Trésorerie natio¬ nale 260 livres en numéraire provenant d’une prise faite sur nn espion prussien en faisant patrouille sur le pays ennemi; cinq soldats républicains me l’ont amené, dans lequel nombre est un chasseur bon tireur âgé de pas encore 15 ans, Ce jeune républicain est le même que Custine a fait tirer au sort pour être fusillé; ce jeune homme a subi par ses ordres six se¬ maines de cachot au fort de Bitcbe; le même enfin qui a été blessé à l’ennemi, le 21 juillet, d’une balle à l’affaire..., de part en part à la hanche droite. Le même, en patrouille, le 26 août, a pris 5 chevaux, avec leB camarades, et toujours le premier au feu à eôté de ses père qui est capitaine en second de la com¬ pagnie des chasseurs bons tireurs que j’ai l’ hon¬ neur de commander, et bon soldat, courageux et sachant son métier. Ce capitaine a fait la guerre en Corse du temps du traître Paoli. « Je suis avec fraternité, un Montagnard. « Sangnier, commandant. « Xavier Doguet est le nom du jeune homme, ( 1 ) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 192. (2) Archives nationales, carton G 283,, dossier 807.