SÉANCE DU 16 PRAIRIAL AN II (4 JUIN 1794) - Nos 7 ET 8 293 7 Les administrateurs et l’agent national du district de Nancy félicitent la Convention nationale sur le décret qui proclame l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame; c’est l’Etre-Suprème, disent-ils, qui a sauvé les jours de Collot-d’Herbois. Ils finissent par annoncer la vente des biens des émigrés dans leur arrondissement. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (1) . « Législateurs, S’il avoit pu encore rester des doutes sur l’atrocité des complots ourdis par la faction qui vient d’être détruite, l’attentat commis sur les représentans du peuple Robespierre et Collot d’Herbois a dû les éclairer. Les restes impurs de cette faction ressentant déjà le supplice de survivre à leur infamie, voient leur arrêt de mort dans les décrets qui proclament, avec toute la nature, l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme; isolés depuis que la justice et la probité sont à l’ordre du jour, ils cherchent à se venger sur les plus purs amis du peuple, de la destruction du système d’athéisme, d’immoralité et de corruption sur lequel étoit fondé le seul espoir de l’étranger. Le district de Nancy se félicite avec vous, et avec tous les vrais républicains, de la conservation des 2 représentans contre lesquels le crime avoit dirigé ses coups. Ils admirent le dévouement du brave Geffroy, ils voudroient, au prix de tout leur sang, donner de pareilles preuves de leur attachement sincère à la représentation nationale et de leur reconnoissance envers les vrais amis du peuple. » Ils terminent par annoncer que dans le cours du mois de floréal, ce district a vendu des biens des émigrés en 360 lots, pour une somme de 2 221 888 liv. qui n’étoient estimés que 909 421 liv. : c’est à peu près la 2e partie des biens de cette espèce qu’ils ont à vendre et qui seront vendus avec autant d’avantage que les premiers (2) . 8 Le conseil-général de la commune de Nancy (3), au nom de ses concitoyens, félicite la Convention nationale sur le décret qui proclame l’existence de l’Etre-Suprême, de l’immortalité de l’ame et l’invite, en leur nom, à rester à son oste. Mention honorable, insertion au bulletin (4) . (1) P.V., XXXIX, 30. B<n, 17 prair. et 22 prair. (1er suppl1); J. Sablier, n° 1361; M.U., XL, 264; J. Fr., n° 619; M.U., XL, 297. (2) Débats, n° 625, p. 294. (3) Meurthe. (4) P.V., XXXIX, 4. Débats, n° 625, p. 294; M.U., XL, 298. [Nancy, s.d.] (1). « Citoyens représentans, Les tyrans conjurés contre la liberté n’ayant plus l’espoir de vaincre le peuple français, avaient médité son deshonneur, en plongeant sa moralité dans les ténèbres d’un athéisme révoltant. Des hommes pervers, exaltés par l’ambition, en avaient longtemps imposé, mais à la vue des chaînes dorées de l’esclavage, ils ont levé le masque, ils ont servi la tyrannie en réduisant en maxime le système absurde du matérialisme; ils se sont efforcés de lui donner faveur sous des dehors spécieux de l’anéantissement du pouvoir d’un seul qui ne s’est maintenu pendant une longue suite de siècles que par les erreurs et les crimes du fanatisme, mais votre profonde sagesse a renversé ces projets de la destruction morale d’un peuple que ses lumières ont ramené à sa véritable condition : celle d’être libre avec dignité. Vous avez proclamé l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme. Ces principes élevés et certains vengent la nation de l’opprobre dans lequel ses ennemis voulaient l’ensevelir en nous faisant adopter la grossière erreur de l’inexistence d’un dieu; ils dégradaient le sentiment de la liberté qu’il grava dans le cœur de l’homme en lui enlevant l’espérance de trouver, après la cessation de son être, un rémunérateur des vertus et des sacrifices qu’il aura faits à la chose publique; ils le ravalaient à la condition des brutes; ils ne l’auraient rendu sensible que pour son intérêt personnel; ainsi l’homme, perdant le caractère qui le distingue des autres êtres, n’était plus fait pour la liberté. Vous avez brisé le sceptre qui nous asservis-sait, vous avez anéanti le fanatisme qui servait de ses forfaits l’odieuse tyrannie. Vous avez rendu l’homme à la dignité de son être; une philosophie pure et sublime a pris la place de l’art sophistiqué des passions; et du haut de la Montagne, où les français ont reçu de vous une nouvelle vie morale, ils voient dans les abîmes les préjugés et l’hypocrisie de leurs propagateurs. Vous avez attaché à la félicité du peuple une jouissance bien précieuse, celle de porter à l’auteur de toutes choses le tribut d’une reconnaissance digne de lui. Le culte que vous instituez est aussi pur que son objet puisque c’est par la pratique des vertus sociales que les français honoreront désormais la divinité. En fixant le code moral du peuple français sur la base immortelle de l’existence d’un Etre Suprême, vous avez élevé un monument auguste de bienfaisance; vous l’avez réduite dans une activité intéressante pour les indigents de la campagne que de longues années dans des travaux durs et pénibles ont privés de leurs forces physiques. Par votre institution, le bienfait va trouver le pauvre dans son domicile d’où il ne sortira pas privé des consolations de sa famille et de ses amis pour aller consommer les restes d’une triste existence dans les asiles où trop souvent une pitié insultante accompagne de faibles secours. Il restait ce nouveau genre de gloire à la nation française. Votre amour pour (1) C 305, pl. 1147, p. 3. SÉANCE DU 16 PRAIRIAL AN II (4 JUIN 1794) - Nos 7 ET 8 293 7 Les administrateurs et l’agent national du district de Nancy félicitent la Convention nationale sur le décret qui proclame l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame; c’est l’Etre-Suprème, disent-ils, qui a sauvé les jours de Collot-d’Herbois. Ils finissent par annoncer la vente des biens des émigrés dans leur arrondissement. Mention honorable, insertion au bulletin et renvoi au comité des domaines nationaux (1) . « Législateurs, S’il avoit pu encore rester des doutes sur l’atrocité des complots ourdis par la faction qui vient d’être détruite, l’attentat commis sur les représentans du peuple Robespierre et Collot d’Herbois a dû les éclairer. Les restes impurs de cette faction ressentant déjà le supplice de survivre à leur infamie, voient leur arrêt de mort dans les décrets qui proclament, avec toute la nature, l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme; isolés depuis que la justice et la probité sont à l’ordre du jour, ils cherchent à se venger sur les plus purs amis du peuple, de la destruction du système d’athéisme, d’immoralité et de corruption sur lequel étoit fondé le seul espoir de l’étranger. Le district de Nancy se félicite avec vous, et avec tous les vrais républicains, de la conservation des 2 représentans contre lesquels le crime avoit dirigé ses coups. Ils admirent le dévouement du brave Geffroy, ils voudroient, au prix de tout leur sang, donner de pareilles preuves de leur attachement sincère à la représentation nationale et de leur reconnoissance envers les vrais amis du peuple. » Ils terminent par annoncer que dans le cours du mois de floréal, ce district a vendu des biens des émigrés en 360 lots, pour une somme de 2 221 888 liv. qui n’étoient estimés que 909 421 liv. : c’est à peu près la 2e partie des biens de cette espèce qu’ils ont à vendre et qui seront vendus avec autant d’avantage que les premiers (2) . 8 Le conseil-général de la commune de Nancy (3), au nom de ses concitoyens, félicite la Convention nationale sur le décret qui proclame l’existence de l’Etre-Suprême, de l’immortalité de l’ame et l’invite, en leur nom, à rester à son oste. Mention honorable, insertion au bulletin (4) . (1) P.V., XXXIX, 30. B<n, 17 prair. et 22 prair. (1er suppl1); J. Sablier, n° 1361; M.U., XL, 264; J. Fr., n° 619; M.U., XL, 297. (2) Débats, n° 625, p. 294. (3) Meurthe. (4) P.V., XXXIX, 4. Débats, n° 625, p. 294; M.U., XL, 298. [Nancy, s.d.] (1). « Citoyens représentans, Les tyrans conjurés contre la liberté n’ayant plus l’espoir de vaincre le peuple français, avaient médité son deshonneur, en plongeant sa moralité dans les ténèbres d’un athéisme révoltant. Des hommes pervers, exaltés par l’ambition, en avaient longtemps imposé, mais à la vue des chaînes dorées de l’esclavage, ils ont levé le masque, ils ont servi la tyrannie en réduisant en maxime le système absurde du matérialisme; ils se sont efforcés de lui donner faveur sous des dehors spécieux de l’anéantissement du pouvoir d’un seul qui ne s’est maintenu pendant une longue suite de siècles que par les erreurs et les crimes du fanatisme, mais votre profonde sagesse a renversé ces projets de la destruction morale d’un peuple que ses lumières ont ramené à sa véritable condition : celle d’être libre avec dignité. Vous avez proclamé l’existence de l’Etre Suprême et l’immortalité de l’âme. Ces principes élevés et certains vengent la nation de l’opprobre dans lequel ses ennemis voulaient l’ensevelir en nous faisant adopter la grossière erreur de l’inexistence d’un dieu; ils dégradaient le sentiment de la liberté qu’il grava dans le cœur de l’homme en lui enlevant l’espérance de trouver, après la cessation de son être, un rémunérateur des vertus et des sacrifices qu’il aura faits à la chose publique; ils le ravalaient à la condition des brutes; ils ne l’auraient rendu sensible que pour son intérêt personnel; ainsi l’homme, perdant le caractère qui le distingue des autres êtres, n’était plus fait pour la liberté. Vous avez brisé le sceptre qui nous asservis-sait, vous avez anéanti le fanatisme qui servait de ses forfaits l’odieuse tyrannie. Vous avez rendu l’homme à la dignité de son être; une philosophie pure et sublime a pris la place de l’art sophistiqué des passions; et du haut de la Montagne, où les français ont reçu de vous une nouvelle vie morale, ils voient dans les abîmes les préjugés et l’hypocrisie de leurs propagateurs. Vous avez attaché à la félicité du peuple une jouissance bien précieuse, celle de porter à l’auteur de toutes choses le tribut d’une reconnaissance digne de lui. Le culte que vous instituez est aussi pur que son objet puisque c’est par la pratique des vertus sociales que les français honoreront désormais la divinité. En fixant le code moral du peuple français sur la base immortelle de l’existence d’un Etre Suprême, vous avez élevé un monument auguste de bienfaisance; vous l’avez réduite dans une activité intéressante pour les indigents de la campagne que de longues années dans des travaux durs et pénibles ont privés de leurs forces physiques. Par votre institution, le bienfait va trouver le pauvre dans son domicile d’où il ne sortira pas privé des consolations de sa famille et de ses amis pour aller consommer les restes d’une triste existence dans les asiles où trop souvent une pitié insultante accompagne de faibles secours. Il restait ce nouveau genre de gloire à la nation française. Votre amour pour (1) C 305, pl. 1147, p. 3. 294 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’humanité vient de lui donner le plus sublime essor. De vos travaux à jamais immortels, est donc sorti le destin moral des peuples de l’univers qui voudront être éclairés. Le peuple français, le premier frappé des rayons de votre philosophie vous rend grâces de vos généreux efforts pour sa félicité. Il vous invite à rester à votre poste. Continuez à faire tout pour le triomphe de la liberté. Il fera tout pour vous prouver le dévouement le plus absolu. » Glassonbrelle (maire), Darsant, D arrivage, Botta, Bertrand, Posson, Lefebvre [et 17 signatures illisibles]. 9 Le conseil-général de la commune de Laval (1) félicite la Convention nationale sur la découverte des conspirations et la punition des conspirateurs, sur la proclamation de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Laval, s.d.] (3). « Républicains, L’aigle se plait à planer au dessus des montagnes, c’est de là qu’il se joue des aquilons et des tempêtes; vous avez fixé votre séjour au sommet de celle de la Convention nationale; c’est pour y découvrir de plus loin les orages et braver les efforts des conspirateurs; grâces vous en soient rendues, la liberté a couru un instant du danger; vous avez découvert ses ennemis, ils ne sont déjà plus... La commune de Laval, réorganisée par vos collègues, a juré entre leurs mains de ne pas rester tranquille spectatrice de vos triomphes; elle aspire à la gloire de seconder vos travaux, elle en a fait le serment solennel; restez à votre poste. Oui ! nous mourrons tous s’il le faut, pour vous suivre dans le caractère d’une révolution qui ne doit s’arrêter qu’au moment où le bonheur de l’univers sera assis sur les bases de la liberté. Qu’avec empressement elle unit sa voix à la vôtre pour glorifier l’Etre Suprême ! nos âmes retrouvent en ce moment toute l’énergie que des scélérats avaient en vain voulu comprimer un instant. Ah ! puisque leurs élans sont encore libres, le premier est pour l’Etemel, le second pour la Montagne. Heureux à l’abri de son ombre protectrice nous nous abandonnons aux douceurs de la vertu, aux consolations de l’immortalité. Quel encens plus doux peut fumer sur l’autel de la patrie. Oh ! Législateurs, il est aujourd’hui allumé dans notre cité, il ne s’y éteindra jamais puisqu’il doit durer autant que la République. Vive la Montagne. » Le Pescheux (maire), Lormy, Le Roux fils, Marchal, Lachapelle, Mermoud, Dutes-tre. (1) Mayenne. (2)) P.V., XXXIX, 6. Btn, 22 prair. (1er suppl‘); M.U., XL, 264. (3) C 305, pl. 1147, p. 4. 10 Le conseil-général de la commune de Cognac (1) félicite la Convention sur ses glorieux travaux, sur la sagesse et l’énergie des mesures qu’elle ne cesse de déployer pour le succès de la révolution, et applaudit au décret par lequel elle déclare que le Peuple français reconnoit l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Cognac, 8 prair. II] (3). « Représentans, A votre voix toute puissante parce qu’elle est celle du peuple, les trônes ont croulé, les satellites des rois ont mordu la poussière, les intrigans ont passé, les fédéralistes ont payé de leurs têtes leurs forfaits, la République a été créée une, indivisible et impérissable. Au premier signal parti de la Montagne, l’airain républicain a foudroyé les despotes, la France s’est convertie en un vaste camp, quatorze cent mille combattans se sont rangés sous les bannières de l’égalité, la terre s’est entr’ouverte pour fournir la foudre, toutes les enclumes ont gémi pour forger le fer vengeur de l’humanité, tous les bras, toutes les productions du sol ont été mis en œuvre, tous les élémens ont retenti du bruit de nos exploits et la République a triomphé. Ces miracles devaient être suivis de plus frappants encore... l’ordre physique avait éprouvé la plus étonnante des révolutions; une révolution non moins étonnante devait se faire dans l’ordre moral... Et c’est encore vous, Représentans, qui l’avez faite. Vous aviez proclamé les droits de l’homme, il vous restait à proclamer la raison et la vertu. La raison et la vertu si méconnues parmi les hommes, si défigurées par les prêtres de tous les siècles, si poursuivies et si avilies par les despotes ! La raison et la vertu, enfin les bases les plus solides du gouvernement populaire. Ils ne sont donc plus vides de sens ces mots sacrés de raison et de vertu. L’homme probe l’ami des mœurs, l’homme affranchi des préjugés du fanatisme, le patriote enfin peut donc parmi ses concitoyens jouir de la sérénité d’une conscience pure et de tous les avantages que lui procure l’égalité. O jouissances ! sont-ils donc réalisés ces siècles fortunés célébrés par l’antiquité ! nous voyons devant nous s’ouvrir une vaste carrière, c’est celle du bonheur... mais que serait-il encore ce bonheur si les erreurs de l’athéisme remplaçaient les absurdités de la superstition. Si en pratiquant le bien, l’homme n’avait dans son âme la douce confiance qu’il existe un être qui voit, qui dirige, qui conduit tout, qui lit dans le cœur des méchants comme dans celui de l’homme vertueux, aussi inexorable envers le premier que bon et juste envers le dernier. Représentans, vous avez vu l’abime où la malveillance précipitait le peuple, et vous vous êtes (1) Charente. (2) P.V., XXXIX, 4. M.XJ., XL, 264; J. Fr., n° 619. (3) C 305, pl. 1147, p. 5. 294 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’humanité vient de lui donner le plus sublime essor. De vos travaux à jamais immortels, est donc sorti le destin moral des peuples de l’univers qui voudront être éclairés. Le peuple français, le premier frappé des rayons de votre philosophie vous rend grâces de vos généreux efforts pour sa félicité. Il vous invite à rester à votre poste. Continuez à faire tout pour le triomphe de la liberté. Il fera tout pour vous prouver le dévouement le plus absolu. » Glassonbrelle (maire), Darsant, D arrivage, Botta, Bertrand, Posson, Lefebvre [et 17 signatures illisibles]. 9 Le conseil-général de la commune de Laval (1) félicite la Convention nationale sur la découverte des conspirations et la punition des conspirateurs, sur la proclamation de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Laval, s.d.] (3). « Républicains, L’aigle se plait à planer au dessus des montagnes, c’est de là qu’il se joue des aquilons et des tempêtes; vous avez fixé votre séjour au sommet de celle de la Convention nationale; c’est pour y découvrir de plus loin les orages et braver les efforts des conspirateurs; grâces vous en soient rendues, la liberté a couru un instant du danger; vous avez découvert ses ennemis, ils ne sont déjà plus... La commune de Laval, réorganisée par vos collègues, a juré entre leurs mains de ne pas rester tranquille spectatrice de vos triomphes; elle aspire à la gloire de seconder vos travaux, elle en a fait le serment solennel; restez à votre poste. Oui ! nous mourrons tous s’il le faut, pour vous suivre dans le caractère d’une révolution qui ne doit s’arrêter qu’au moment où le bonheur de l’univers sera assis sur les bases de la liberté. Qu’avec empressement elle unit sa voix à la vôtre pour glorifier l’Etre Suprême ! nos âmes retrouvent en ce moment toute l’énergie que des scélérats avaient en vain voulu comprimer un instant. Ah ! puisque leurs élans sont encore libres, le premier est pour l’Etemel, le second pour la Montagne. Heureux à l’abri de son ombre protectrice nous nous abandonnons aux douceurs de la vertu, aux consolations de l’immortalité. Quel encens plus doux peut fumer sur l’autel de la patrie. Oh ! Législateurs, il est aujourd’hui allumé dans notre cité, il ne s’y éteindra jamais puisqu’il doit durer autant que la République. Vive la Montagne. » Le Pescheux (maire), Lormy, Le Roux fils, Marchal, Lachapelle, Mermoud, Dutes-tre. (1) Mayenne. (2)) P.V., XXXIX, 6. Btn, 22 prair. (1er suppl‘); M.U., XL, 264. (3) C 305, pl. 1147, p. 4. 10 Le conseil-général de la commune de Cognac (1) félicite la Convention sur ses glorieux travaux, sur la sagesse et l’énergie des mesures qu’elle ne cesse de déployer pour le succès de la révolution, et applaudit au décret par lequel elle déclare que le Peuple français reconnoit l’existence de l’Etre-Suprême et l’immortalité de l’ame. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [Cognac, 8 prair. II] (3). « Représentans, A votre voix toute puissante parce qu’elle est celle du peuple, les trônes ont croulé, les satellites des rois ont mordu la poussière, les intrigans ont passé, les fédéralistes ont payé de leurs têtes leurs forfaits, la République a été créée une, indivisible et impérissable. Au premier signal parti de la Montagne, l’airain républicain a foudroyé les despotes, la France s’est convertie en un vaste camp, quatorze cent mille combattans se sont rangés sous les bannières de l’égalité, la terre s’est entr’ouverte pour fournir la foudre, toutes les enclumes ont gémi pour forger le fer vengeur de l’humanité, tous les bras, toutes les productions du sol ont été mis en œuvre, tous les élémens ont retenti du bruit de nos exploits et la République a triomphé. Ces miracles devaient être suivis de plus frappants encore... l’ordre physique avait éprouvé la plus étonnante des révolutions; une révolution non moins étonnante devait se faire dans l’ordre moral... Et c’est encore vous, Représentans, qui l’avez faite. Vous aviez proclamé les droits de l’homme, il vous restait à proclamer la raison et la vertu. La raison et la vertu si méconnues parmi les hommes, si défigurées par les prêtres de tous les siècles, si poursuivies et si avilies par les despotes ! La raison et la vertu, enfin les bases les plus solides du gouvernement populaire. Ils ne sont donc plus vides de sens ces mots sacrés de raison et de vertu. L’homme probe l’ami des mœurs, l’homme affranchi des préjugés du fanatisme, le patriote enfin peut donc parmi ses concitoyens jouir de la sérénité d’une conscience pure et de tous les avantages que lui procure l’égalité. O jouissances ! sont-ils donc réalisés ces siècles fortunés célébrés par l’antiquité ! nous voyons devant nous s’ouvrir une vaste carrière, c’est celle du bonheur... mais que serait-il encore ce bonheur si les erreurs de l’athéisme remplaçaient les absurdités de la superstition. Si en pratiquant le bien, l’homme n’avait dans son âme la douce confiance qu’il existe un être qui voit, qui dirige, qui conduit tout, qui lit dans le cœur des méchants comme dans celui de l’homme vertueux, aussi inexorable envers le premier que bon et juste envers le dernier. Représentans, vous avez vu l’abime où la malveillance précipitait le peuple, et vous vous êtes (1) Charente. (2) P.V., XXXIX, 4. M.XJ., XL, 264; J. Fr., n° 619. (3) C 305, pl. 1147, p. 5.