SÉANCE DU 15 FRUCTIDOR AN II (1er SEPTEMBRE 1794) - N08 3-4 167 grés, estimés 1 998 012 L, ont été vendus 5 118 618 L, et que ces ventes se continuent avec le même succès. Enfin, ils félicitent la Convention nationale sur son courage et sur la chûte et le supplice de l’infame Robespierre, et jurent que la Convention sera toujours leur unique point de ralliement. La Convention nationale décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (15). 10 La société des défenseurs de la Constitution républicaine, établie à Uzès-la-Monta-gne° [ci-devant Uzès, Gard]; le conseil-général de la commune de Dijon6 [Côte-d’Or], le conseil-général de la commune des Arcsc [Var], et la Société populaire de l’Isled, district d’Avignon, félicitent la Convention sur la punition des triumvirs, qui ont osé concevoir l’infame projet d’asservir leur patrie. Ils témoignent à la Convention leur admiration sur sa fermeté et son union, et l’invitent à rester à son poste jusqu’à ce qu’elle ait consolidé le bonheur des Français. Mention honrable, insertion au bulletin (16). a [La société des défenseurs de la Constitution républicaine d’Uzès-la-Montagne, département du Gard, à la garde nationale parisienne, s.d] (17) Liberté Egalité Mort aux conspirateurs Braves Parisiens, soldats de la patrie, qui dans toutes les grandes crises de la Révolution avez déployé cette énergie révolutionnaire, qui ne se trouve que dans les hommes vraiment républicains; qui toujours liés à la Convention nationale, l’avez déffendue, contre les efforts de la malveillance, et de la tyrannie, recevez nos sentiments de reconnaissance et d’attachement, encore une fois vous avez concouru au triomphe de la Patrie. Continuez braves Parisiens, soyez autour de la Convention, qui fait pâlir la tyrannie. Liés comme vous à la Liberté, nous volerons au premier signal, pour soutenir ensemble la représentation nationale et porter le dernier coup de mort aux traîtres et aux conjurés. Suivent deux pages de signatures. (15) P.V., XLIV, 269. C 318, pl. 1293, p. 17-18; Af. U., XLIII, 294; Bull., 16 fruct. (16) P.V., XLIV, 269-270. (17) C 320, pl. 1314, p. 21. Bull., 16 fruct. b [Le conseil général de la commune de Dijon, département de la Côte-d’Or, à la Convention nationale, s.d.] (18) Législateurs, Le conseil général de la comune de Dijon a étouffé le fédéralisme dans le midi de la République; il a prédit le supplice des Hébert et des Chaumette dans le tems de leur plus grande popularité; il a reconnu dans la fausse vertu de Robespierre le projet profond mais tyrannicide de criminaliser les opinions du philosophe sincère ami de sa patrie; toujours attaché au peuple, il a défendu ses intérêts avec chaleur; il a vu d’un œil satisfait les factions périr les unes par les autres; il apperçoit aujourd’hui sourire les ennemis secrets du peuple; il pénètre leur cœur; il apprend qu’ils voudraient profiter de la juste indignation que le peuple ressent et que vous éprouvez vous-mêmes à l’aspect des atrocités que Robespierre et ses complices ont commises; il entend dire à l’aristocratie et au modérantisme qui s’embrassent : faisons tourner à notre profit l’humanité que le peuple et la Convention exercent envers les patriotes opprimés; disons-nous aussi patriotes opprimés; disons-nous victimes de Robespierre; et nos fers seront bientôt brisés. Non, ennemis irréconciliables du peuple, vos fers ne seront pas brisés; le peuple et ses représentants sont là; ils sauront frapper les coupables et sauver les innocens; l’expérience les a mis en garde contre votre hypocrisie; toujours caméléons, en vain vous changerez de couleur suivant les circonstances; vous paraîtrez à leurs yeux ce que vous êtes. Représentans du peuple, redoublez de surveillance; vous avez encore besoin de votre énergie qui a terrassé tant de factions; déjà nous entendons l’aristocrate et le modéré se glorifier de leurs opinions liberticides; déjà un ex-chanoine a osé dire dans sa prison que la nation lui avait volé son canonicat. Tenez vos yeux ouverts; continuez de faire ce que vous avez toujours fait, simplifiez les rouages de la machine révolutionnaire; vous en frapperez les vices; vous fortifierez le gouvernement. Reculons d’horreur et redoublons à la fois d’amour pour la patrie à la mesure captieuse qui tenterait à ménager l’aristocratie, à fatiguer le peuple et à le dégoûter par là de la liberté. Non, il ne se fatiguera pas, non, il ne se dégoûtera pas de sa liberté; plus les tyrans cherchent à lui enlever, plus elle lui est chère, plus il montre de constance à la défendre; plus ses ennemis lui causent de peines, plus ils les exècrent; plus vous veillez à son bonheur, citoyens représentans, plus il vous entoure de sa force et de sa confiance. (18) C 319, pl. 1304, p. 29. Bull., 15 fruct. (suppl.); J. Univ. n° 1744. 168 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Le conseil général de la commune de Dijon vous dit avec lui de continuer à consolider la République. Sauvageot, maire, Naillau, agent national, et vingt-et-une signatures. c [Les membres du conseil général des Arcs, département du Var, à la Convention nationale, s.d] (19) Un homme profondément pervers, un homme vertueux dans ses discours, et corrompu dans ses actions, un homme qui ne parlait jamais que des droits du peuple, qu’il caressait avec astuce et qu’il étouffait, en opprimant ses véritables défenseurs, un homme jaloux des grandes réputations et qui n’employait jamais que des gens d’un esprit médiocre et corrompu, un homme qui dans cette cité célèbre qui a été le berceau de la Révolution, et qui en a été le soutien jusques en ce jour, avait accaparé tous les pouvoirs, un homme qui disposait à son gré de toutes les places, qui protégeait tous les intrigants pour s’en faire des créatures, et fesait enfin trembler la Convention nationale par un sistème de terreur qui était à l’ordre du jour, allait s’élever sur les débris de la Représentation nationale, altéré du sang de nos législateurs. Il touchait à la dictature, la libellé allait s’évanouir et les patriotes les plus purs devaient tomber sous le poignard de ses assassins. Mais du haut de la sainte Montagne, le génie de la liberté se réveille et déjoue à l’instant les complots horribles et les conspirations liberti-cides qui devaient réenchaîner, non point ces véritables républicains qui n’auraient péri que sur les cadavres des Robespierre, des Saint-Just, et des Couthon, mais ces hommes indifférents à la chose publique qui crient selon les temps, vive le roi, vive la ligue. En vain, une municipalité rebelle fait marcher du canon contre la représentation nationale, en vain une émanation infîdelle d’une section considérable du peuple qu’on cherchait à égarer lutte contre son véritable souverain; à la voix de la Convention nationale, tous les parisiens se réunissent à elle et les brigands abandonnés à eux seuls expient leurs forfaits dans les supplices. Vous l’avez écrasée, ô nos dignes repré-sentans, cette tyrannie monstrueuse qui était déjà prête à se baigner dans les flots du sang des patriotes. Par un concert unanime des mêmes volontés et par un courage intrépide; vous l’avez écrasée parce que vous ne voulez point de dominateur sur le sol de la liberté; vous l’avez écrasée et vous avez rempli le vœu du Peuple. Non jamais la Convention nationale n’a été aussi grande que dans la nuit du neuf au dix thermidor, et jamais les sénateurs de Rome n’ont été aussi grands que les législateurs français l’ont été dans cette mémorable journée. Continuez à marcher noblement dans la nouvelle carrière qui vous est marquée pour faire (19) C 319, pl. 1304, p. 28. Bull, 15 fruct. (suppl.). le bonheur du peuple; continuez à foudroyer tous les scélérats qui voudraient anéantir la représentation nationale; continuez à tendre une main protectrice aux patriotes que le moderne Catalina avait opprimé; continuez à démasquer tous ces hommes corrompus qui couvrent leur infamie, des apparences de la probité et de la vertu; continuez à être les redoutables ennemis de la tyrannie, et la liberté sera impérissable. Tandis que d’une main vigoureuse vous terrassez les ennemis de l’intérieur, tandis que vous étonnez l’Europe humiliée par le succès de nos armes, nous vous jurons de ne reconnaître d’autre point de ralliement que celui de la Convention nationale, et de soutenir jusques à la mort votre indépendance et votre gloire qui est inséparable de la notre. Vive la République et vive la Convention nationale. Firming, maire, Lombard, agent national, et neuf signatures. d [La société populaire et montagnarde de la commune de l’Isle, district d’Avignon, département de Vaucluse, à la Convention nationale, s.d] (20) Représentants du Peuple, La société populaire de l’Isle, jalouse de partager l’indignation de toutes les sociétés sur le complot récemment formé contre la liberté, s’empresse de vous porter l’hommage de ses sentiments. Ce n’était pas assez d’avoir fondé une République au milieu des orages, et sur les débris du throne, ce n’était pas assez d’avoir détruit la royauté et ses satellites, d’avoir abattu la tiran-nie pour faire régner la liberté, ce n’était pas assez d’épouvanter les tirans coalisés, et d’étonner l’univers par des victoires accumulées; un nouveau prodige vient d’éclater du sein de la Convention, un infâme scélérat a voulu s’emparer de la souveraineté nationale, un nouveau Catilina sorti de votre enceinte, a voulu faire renaître le despotisme, et se faire reconnaître le souverain dictateur de la République, il a voulu enfin se placer au-dessus de la loi; ô crime inouï ! Il fallait un nouveau genre d’attentat, pour ajouter un nouveau triomphe à votre gloire; le monstre a levé la tête, et d’une main puissante aussi rapide que l’éclair, vous avez lancé la foudre et Robespierre a péri avec ses complices. Il ne reste d’eux, que leur mémoire pour être vouée à l’excécration universelle. Recevez, Représentants du peuple, nos félicitations, vous avez fait en un jour triompher la liberté, vous avez dit, et la République a été sauvée, le règne des traîtres, des tirans passera, et la liberté sera étemelle. Continuez vos travaux, restez à votre poste, nouveaux Hercule, n’abandonnez pas la massue qui est en vos mains, nos yeux, notre admiration (20) C 320, pl. 1314, p. 22. Bull., 16 fruct.